jeudi 27 décembre 2012

Epurer le bonheur

Je crois que lorsque cela arrive il ne faut pas oublier de l'écrire.
Alors voilà, je suis heureuse.
J'aime ma vie.
J'aime la vivre.

Et si je m'impatiente d'être au jour suivant, ce n'est que l'enthousiasme d'accueillir en moi une occasion d'existence supplémentaire. Merci pour ça.

Merci

samedi 22 décembre 2012

Se libérer des projections sentimentales

Un mini paradis de journée.
J'ai enfin une véritable lumière dans mon appartement.
Je peux cuisiner, je peux manger en remerciant les aliments, me délecter de bonheurs simples, du toit qui m'abrite et laisse s'entasser la chaleur, je peux m'endormir en fixant les étoiles et le matin très tôt, je peux voir le soleil se lever sur la ville. C'est parfait. C'est la vie rêvée. Je bois des tisanes au pop corn et j'aime être là, pile à ma place. Je ne pensais pas être capable d'éprouver autant de gratitude. Vers les neuf heures le chat est revenu faire un coucou l'espace de deux heures et je crois que c'est une femelle.
J'aime ma vie.
C'est officiel.

Je pensais pas mal à cette idole de chanteur, à l'éventualité de notre entrevue future.
J'y réfléchissais tout en trouvant cela dommage de me contraindre à n'attendre de lui que ce que je projette qu'il puisse me donner. C'est d'une limitation idiote.
Quoi, il n'est pas capable de nouer une relation constructive à mes côtés mais il se sent attiré par ma chair et pas dégouté par ma personnalité? Alors du coup, bah on se dit que ça tombe bien parce qu'on n'est mutuellement pas prêt à s'engager mais que tant mieux parce que de toute façon, c'est pas ça qu'on veut?
Ce n'est pas le moment? Ce n'est pas ce qu'on attend?

Mais qu'est-ce que j'en sais au fond.
Qu'est-ce que je sais de lui.

Je ne fais que l'enfermer dans mon cadre imaginaire, tiraillée par la peur de l'échec et la complaisance de l'amour impossible à concrétiser. Je ne fais que poser des barrières, avant de vivre. Je restreins les champs d'actions, pour ensuite me persuader qu'il faut se contenter de ce qu'on a, en l'occurrence, un espace étroit.
Je ne suis pas obligée.
Épargner mes espoirs de la sorte.

Je peux me libérer des préjugés.
Et peut-être qu'il n'est pas si moyen, et peut-être qu'il souhaite se donner en entier.
Peut-être qu'il est pur.
Et qu'il m'aime, tout simplement.

A m'être persuadée qu'un tel homme ne pourrait jamais envisager une fille comme moi, j'ai dégommé une à une chacune de mes chances, ai réduit à néant le moindre de ses élans. Parce qu'en mon esprit, même là, en face de moi, ça ne pouvait exister réellement. Il était inconcevable qu'il m'apprécie.

Je vais déjà commencer par arrêter de croire qu'il ne peut me désirer autrement que de la manière la plus basse qu'il soit. Et laisser faire les cœurs.

Laisser faire.

jeudi 20 décembre 2012

Constatation

C'est quand même assez con, faire le choix de s'installer dans une ville où est né un amour qu'il nous faut oublier.

mardi 18 décembre 2012

Vladimir ou Stanislas

Et ce matin à ma fenêtre est venu montrer patte blanche ce chat noir et borgne comme un cheveu sur la soupe à point nommé après ton départ sur l'autre hémisphère.

Je me plaignais qu'il n'y aurait personne pour me consoler.

Mais il m'a bien fait oublier l'espace de deux heures que c'est toi que j'attends.
Bon d'accord c'est parce que j'étais occupée à vérifier qu'il ne casse pas tout dans la maison et mette le souk dans mes cartons, quelle idée de le faire rentrer sérieux, je ne sais même pas son petit nom.
J'ai envie de l'appeler comme toi.
Parce que c'est un résidu de ton esprit qui guette à ma fenêtre, vérifier que je ne prenne pas froid, que je ne pleure pas trop, que le temps passe sur moi sans trop d'intempéries.

Alors j'ai pris la boule de poils entre mes doigts et l'ai laissée dehors, non sans un petit remord.
Parce que tu n'as plus à t'inquiéter désormais.
Que je dois balayer à ma porte, soulever la poussière de tous ces espoirs réduits en cendres depuis que tu es parti sans moi.

Je vais le faire, promis.
Ne te retourne pas.

lundi 17 décembre 2012

Bonne route à toi

Un je t'aime avant le décollage.
Le premier je crois qui parvient à s'extraire.
C'est quand même con qu'il faille se dire au revoir sur ça.

Ce n'est pas grave.
Parce qu'il m'a laissé la possibilité de lui souhaiter un bon voyage.
De lui dire les mots de la fin.
De le remercier.
De l'encourager pour la suite.
De recevoir ses bienveillances, au bord du départ.

Mon garçon des étoiles.
Tu as été mon soleil.
Ma bouée de sauvetage.
Un amoureux exemplaire.
Un être fondamentalement bon, dans tous les domaines.

Tu as fait tes propres choix qui je suis certaine, te mèneront vers ce qui est le mieux pour toi.
Je te soutiendrai.
Ce n'est pas un poids à porter.
Cette décision là, j'y adhère par avance.
Parce qu'aujourd'hui c'est sur, dans mes yeux d'obstinée, je ne la comprends pas.
Alors j'attends.

J'attends de voir ce qu'on y gagnera.

dimanche 16 décembre 2012

L'un part, l'autre reste

Lorsque j'ai ouvert le petit encart numéroté 16 et avalé le sapin de Noël chocolat au lait Bonhomme que m'a légué mon garçon des étoiles en cuisinant le quart de butternut qu'il me reste j'ai pensé, qu'il est triste de faire à manger pour une personne. Puis, comme c'était son dernier jour en France, lors de notre coup de fil de midi je me suis effondrée. Je n'arrive toujours pas à assimiler que nous ne sommes désormais plus ensemble. Juste, parce qu'il lui fallait partir. Juste ça.

"Ne t'en vas pas."
Je n'ai pas pu m'empêcher de le lui sortir.
Même si ça n'a aucune légitimité.
Même si c'est indépendant de notre personne.
Ne t'en vas pas.

Je ne comprends pas les faits. Ni même les conséquences. L'entièreté me dépasse comme son avion qui survolera mon crâne d'ici quelques heures. Comment en est-on arrivé là?
C'est plus fort que toi, hein.
Et je n'ai aucun son à émettre.
A part un "c'est dommage" habituel.

Alors c'est dommage.

Devoir tirer un trait, c'est dommage. Oublier les sentiments tout frais pourtant, c'est dommage. Se consoler dans les bras d'un autre ou rien qu'entre ses draps, c'est dommage. L'idée seule de céder ta place. Faire rentrer les candidats. Passer vite à autre chose pour ne pas gangréner ton image, c'est tellement dommage.

Mais c'est comme ça.

T'inquiète, j'ai saisi la généralité.

Si je me pose un instant, je finirai bien par ne plus pleurer sur ce destin qui ne m'appartient pas.
Regarder à travers les fenêtres de mon nouvel appartement.
Y voir toutes ces lumières haut perchées dans la nuit.
Chacune comme des parcelles d'espoir qui brillent, m'apporter cette chaleur qu'aucun individu aujourd'hui n'est en mesure de me donner. Je voudrais que l'on me serre bien fort, construire un gouffre à mes larmes.
Mais je me contenterai de ça.

Demain, tu ne seras réellement plus là.
Et notre histoire se signera de sa plus belle mort.
Enfin, sa seule.

samedi 15 décembre 2012

La groupie du chanteur

Je viens de retrouver les premiers mails échangés avec cette idole de chanteur.
Haha, je lui causais comme si c'était un pote.
Je m'emportais comme une gamine et lui pondais des pavés, il répondait avec peu de mots, de manière toujours très polie et posée, le défaut de sa grande gentillesse sûrement, s'occuper d'une furie telle que moi.
Le rencontrer en chair et en os un an après m'a calmée net.
M'a fermé le clapet, son être, frêle et réservé, sa présence vive lorsqu'il ouvre la bouche pour chanter, et lorsqu'il l'ouvre pour le reste, l'embarras qui nous lie les poignets.
Je ne peux pas renier mon passé de groupie.
Je me dis, quand même, le nombre de situations peu glorieuses, en ma défaveur, le nombre d'occasions où il a pu penser, "celle là elle est barrée".
Mais il est encore là.
Envers et contre tout.
Nous sommes aussi maladroits qu'aux premiers instants.
Si peu débrouillards.

Mais il est là, encore.
Pour essayer quand même.
Et l'impatience dans tout ça?

vendredi 14 décembre 2012

Confessions de fin de chanson

I think, I love me fait définitivement pleurer.
Des larmes chaudes, mais solitaires.
Cette chambre est le reflet de ma réclusion en mes mondes intérieurs.

Mon idole de chanteur m'envoie un message pour me dire qu'il n'aura probablement pas le temps avant que son train ne parte de nous trouver un moment pour se voir.
Et moi, alors qu'il vient de décliner mon invitation, je suis heureuse.
Je suis heureuse parce qu'il m'a envoyé un message.
Non mais, euthanasiez-moi.

Je n'arrive pas à décoller de mon lit parce que je passe des heures à nous imaginer sous toutes les formes, des heures à l'effeuiller, embrasser son ventre d'enfant que j'ai entraperçu hier immerger de ses pitreries scéniques. Je rejoue un millier de fois nos actes manqués et je les résous. Sous la pluie fine je lève les talons pour accrocher ses lèvres et je les noie, je démêle ses cheveux, il me porte, un peu, parce que j'adore ça et nous nous fracassons l'un contre l'autre dans une explosion d'élans tenus en laisse jusque là. Si seulement.

I think, I love me fait définitivement pleurer et je sais pourquoi.
Je sais pour qui.
Je sais qui j'aime et de qui je suis amoureuse.
Mais il est parti.
Mon garçon des étoiles.
Il est parti sans que je n'aie pu lui transmettre par les mots l'évidence de mon amour.
Il le devine, sûrement.
Le devine-t-il dans le moindre de nos gestes?
Dans nos pensées intériorisées, dans nos silences?
A chaque instant, jusque dans le souffle échangé de nos repos partagés?
Et ce, malgré le filtre de la distance?

"Should let you know
But maybe tomorrow
"

Peut-être qu'à force de remettre au lendemain, je n'ai fait que passer à côté de ce qui se vit véritablement.

Une soirée comme une autre

Un petit goût d'inachevé qui me reste en travers de la gorge.

C'est officiel, nous n'arrivons pas à nous délier en public. Rien à faire, nous nous tournons autour sans jamais nous dire bonjour, nous nous suivons à l'intérieur à l'extérieur par des va-et-viens incessants et infructueux, nous nous envoyons des œillades au loin, peu probantes et même un peu fuyantes, nous nous défilons. Oserais-je dire que c'est complètement ridicule.

Oserais-je dire une deuxième chose?

J'en suis peut-être amoureuse.

Mais plus si malade.
La preuve, j'ai réussi à partager un repas avec les autres après le concert. Bon, je me suis un peu forcée, mais sans nausée ni dégout, j'ai pu me sustenter d'une manière saine. Ça ne me noue plus l'estomac si fort, la perspective de le retrouver.
Même si je n'ose toujours pas le regarder, même lorsqu'il ne me voit pas.
Alors que l'on s'est serrés plus d'une fois de tout notre saoul, repartir à zéro à chaque rencontre.

Il y a quand même qu'il se confie à moi plus aisément. Qu'il vient me dire "le concert, c'était pas terrible hein". Que lorsqu'il me demande "et toi, tu tiens le choc?" j'hésite à lui répondre un "oui ça va" de convenance. Alors je lui précise que c'est assez horrible, mais que je le vis plutôt bien. Il rétorque un "je comprends tout à fait ce que tu ressens". Parce qu'on se ressemble dans le fond, vraiment. Et quand j'enchaîne sur un "et toi?", pour une fois, il ne répond pas "ça va". Il m'explique qu'il est sur la tangente des émotions, qu'il oscille très vite d'un extrême à l'autre en faisant avec les mains le trajet d'une vague, même s'il voulait plutôt dessiner la montagne à gravir et les grands huit à descendre. Et même si je m'abstiens, j'ai envie de lui faire la remarque, "dis donc toi, tu n'aurais pas des difficultés dans la vie à exprimer ce que tu ressens?", parce qu'au début, il me le dit comme ça :
-"Des fois ça va, des fois ça va pas et puis....et puis voilà."
Et on sent que c'est rare qu'il le signale alors on est obligé de poser les questions pour trouver les réponses à sa place. De peaufiner ses intentions, façonner ses phrases pour qu'elles collent à ses sensations. Heureusement que je suis empathe et analytique. Quel merdier là dessous.
Lui aussi, sacré débarras insalubre.

Alors, je ne lui ai pas dit que j'étais là parce que je voulais le voir.
Je n'ai pas eu l'occasion de le plaquer contre un mur, lui avouer à quel point ça me démange de découvrir son corps. Je n'ai pas passé ma main sur ses reins, l'inviter à la danse. Ni réitéré les embrassades.
Je lui ai juste demandé si durant ces trois jours il faisait halte sur ma ville.
Il m'a informée qu'il ne s'y rendrait que pour prendre son train.
J'ai ainsi proposé, s'il lui restait du temps, de le prendre ensemble.
En insistant sur le fait que du temps pour lui, j'en avais.

Je ne crois pas qu'il ait véritablement saisi le message.
Mais sait-on jamais, il suffit d'une fois.

mercredi 12 décembre 2012

I think, I love

C'est la première fois que je suis émue en chantant celle là.
Sans en connaître les paroles, bien évidemment.
Alors, en allant me renseigner sur ces mots en anglais que je ne comprends pas toujours, voire peu souvent, je réalise pourquoi.
C'est juste que je ne saisis pas à qui ça peut bien être adressé.

Mon cœur largue ses déclarations d'amour, sans cesse, des "je t'aime" qui remontent à mes tympans et se déploient en ma cavité crânienne à tout instant. Ils sont souvent orphelins et sans destinataire. Peut-être l'impression perpétuelle d'aimer en toutes circonstances. Peut-être. Mais comment dissocier ça et le reste?

Des "je t'aime" qui me restent en travers de la gorge lorsqu'il faut les sortir. Alors qu'ils peuplent mon corps sans vergogne, qu'ils ont investis les lieux depuis belle lurette et qu'ils n'en font qu'à leur tête à l'intérieur.
Sacré débarras insalubre.

Une chanson pleine de sentiments exprimés à soi-même, et à d'autres, à défaut de l'autre.
C'est le paradoxe de l'artiste qui expose à tout le monde ce qu'il ne peut exprimer à une personne.

Cette idole de chanteur c'est son dada, sa récurrence, son fil conducteur. La pudeur de ses émotions débordantes dont il ne veut surtout pas faire subir les éclaboussures malencontreuses. Et à chaque nouvelle œuvre qui se profile revient la même rengaine du non-dit, de l'envie, avant de renoncer et tourner du talon penaud, dépouillé du langage et de son courage.

Je suis comme ça aussi, parfois.
Tout dépend de celui que j'ai en face.

Et demain j'irai retrouver mon idole de chanteur qui me pétrifie, m’atrophie les ventricules, me coupe le sifflet et ce ne sera pas important.
Parce que je voulais le revoir.
Parce que ce qui compte, ce sera lui et moi, en train de partager le même espace.
En souvenir de notre étreinte, son baiser dans mon cou.
Et tant pis si l'on ne trouve pas les mots.
Si personne n'ose se lancer.
Tant pis.

Je serai là pour accueillir.
Le plus profond des silences.


I Think, I Love by Jamie Cullum on Grooveshark

mardi 11 décembre 2012

L'heure des adieux minables

Se tenir la main à travers la vitre du train et se rendre compte, trop tard peut-être, qu'on ne pourra plus la toucher. Que son visage qui rit sera la dernière image et la brouiller instantanément par les larmes.
Se dire qu'il n'y aura pas les hasards pour nous permettre de faire se recroiser les chemins, qu'il n'y aura plus rien. C'est l'Australie et au moins pour un an et demi si ce n'est pas toujours. C'est pas comme si on pouvait décider un jour de se prendre un café, comme ça, en souvenir du bon vieux temps commun. Il est loin.

Il est si loin maintenant.

Pourquoi.
Merde.

dimanche 9 décembre 2012

Les sanglots sous les draps

Je suis partagée.
J'ai trouvé un appartement.
Dix mètres carré plus dix mètres carré.
Vue sur les toits et l'infinité des pensées égarées à venir.
Lorsque j'ai foulé les pieds de cet endroit devenu mien pour la première fois, j'ai pleuré.
A chaudes larmes.
Les lumières étaient faiblardes et avares, les murs crasseux, le matelas tâché le sommier grinçant et bancal, le frigo d'une puanteur infecte ainsi que la salle de bain aux odeurs d'eaux usées j'ai pensé, je ne peux pas, pas dans ces conditions là, je ne peux pas envisager ce lieu impersonnel et sale comme un chez soi. Dans les bras de mon garçon des étoiles qui prend le train lundi et arrivederci. J'ai chouiné de longues minutes, d'une ritournelle d'enfant.
Je ne veux pas qu'il s'en aille.
Je ne veux pas le quitter.

Aujourd'hui quelqu'un m'a fait cette remarque : "ton visage ne laisse pas entrevoir ce que tu traverses". A quelques mots près. Personne ne sait.
Même pas moi.
A quel point cela peut être difficile.
La rupture de masse.

Pourtant, quelques textes auparavant, j'exprimais mon appréhension à tout lâcher pour là-bas. Et mon nouvel amour pour cette ville que je connais à peine. Mon désir de rester y vivre de belles journées.
Je n'imaginais juste pas le faire par moi-même, probablement.
Et sans lui.

Peine perdue.
Rien ne le retiendra.
C'est son chemin, et il ne souhaite pas prendre la responsabilité de tirer les rennes de mon destin en l'incorporant au sien. Je le comprends.
Mais quand même.
Les sanglots sous les draps.
Pourquoi doit-on s'infliger cela?

Subir les départs et encaisser les adieux, se blottir dans le lit en sachant que c'est la dernière nuit.
Que l'on ne se reverra pas.
Alors qu'on s'aime.
D'un amour sain, qui ne demande rien à personne.
Ce n'était peut-être pas à la folie.
Mais c'était là pour sur.

Le garçon des étoiles s'en va sans moi.
C'est effectif depuis la semaine dernière.
Une semaine pour trouver où se loger, et dans quelle ville.
Une semaine pour revoir à la baisse ses projets d'avenir, et se proposer à soi-même les brouillons des nouveaux buts à suivre.
Une semaine durant laquelle on ne pense plus que c'était la dernière. Et qu'il n'y aura pas de rab.

Alors oui c'est dur.
Ce n'est pas si dur.
Ni très dur.
C'est dur.

Et c'est déjà pas mal.


mardi 4 décembre 2012

Allons donc

Je rêve de lui toutes les nuits. Cette idole de chanteur.
Et lorsque je me retrouverai seule et enfermée dans un dix mètres carré, comment faire pour contenir l'envie?
L'espace est trop petit.

Je vais t'attraper, je crois.
Même si je sais qu'il ne faut en aucun cas te courir après.
J'ai l'impatience qui palpite.
Faire tomber ton masque, le bouton de ton costume miteux, la bretelle de ta salopette qui fait de toi cet énergumène de clownerie que tout le monde remarque.
Comment, personne ne te drague?
Allons donc.

T'as qu'à lire ton livre d'or. T'attarder un peu sur toutes celles qui t'ont proposé leur cœur et leur chambre à coucher. S'introduisant par "je ne suis certainement pas la seule". Mais je pense que ce temps là tu l'as pris déjà. Ne mens pas. Ne mens pas.
Je te sais sincère.
Alors, comment peux-tu m'affirmer : personne ne t'a jamais dragué?
Combien as-tu à chaque œil?
Il faudrait sévèrement les corriger.

Et quoi, toi tu ne dragues pas?
Tu es timide? Tu n'oses pas?
Qu'importe.

Quand je t'ai avoué avoir rencontré mon garçon des étoiles à un de tes concerts, tu as rétorqué, "faudrait que j'arrête". D'en faire.
Quand j'ai admis vivre modestement, tu m'as devancé d'un "tu es pourtant toujours très élégante".
Quand je t'ai appris mes origines métissées tu as précisé "c'est pour ça que tu es belle" et lorsque je feignais être parfois dérangée par mon visage que j'imaginais assez plat tu répondais "je ne trouve pas".
Quand je faisais des théories sur les hommes sensibles à tendance cérébraux et leur désir trop introverti pour moi tu ne pouvais t'empêcher de t'immiscer "moi, je ne crois pas être comme ça" et lorsque je penchais pour ceux travaillant la matière de leurs mains développant une intelligence du toucher tu répondais "ça me correspond davantage".
Quand je me définissais charnellement comme une gourmande, voire une ogresse plutôt....et que je ne trouvais pas le mot tu as proposé "sensuelle" en souriant, "je ne sais pas, une intuition".
Quand, entraînée par ma verve, j'avançais que dans le sexe le véritable problème des hommes est qu'ils ont peur de la femme, tu as ajouté "moi je n'ai pas peur des femmes et c'est plutôt ça le problème".
Quand à la fin de la soirée tu t'es excusé de ne pas m'héberger chez toi parce que "sinon, tu aurais dormi dans mon lit" et qu'il y eut un silence, dans ce long regard, tu n'as pas démordu et c'est moi qui ai fini par baisser les yeux.

Tu vois, je trouve que tu te débrouilles pas si mal.
Quand tu me prends dans les bras, que tu me caresses, que tu m'embrasses dans la nuque en haut des escaliers de tout ton soûl, ton ivresse, que tu vives, comme ça si fort, et que tu réussisses à me le transmettre. Tu te débrouilles pas si mal. Et même que tu te débrouilles. A me mettre sur pause. En attente de toi, de tes mains, ton désir, en attente d'autre chose, de folies, d'éclats de grâce comme tu peux les répandre. Je me sens bercée par ta tendresse. En même temps, emportée par le courant de tes élans, du grand point d'interrogation planté en mon cœur qui ne cesse de me remettre la question à la bouche, au centre de mes inspirations.

Dis, quand reviendras-tu?

lundi 3 décembre 2012

Perdre pied

Il ne reste que trois jours.
Mon piano n'a pas changé de place.
Sans adresse.
Trois jours.
C'est tout ce qu'il me reste.

J'essaie de garder le cap.
Mais je sais ce que je perdrai lorsqu'il s'en ira.
Avec lui, le chez soi, la ville, la situation.
Le cadre.
Les pieds.
Perdre pied.

Perdre espoir.

J'essaie de ne pas pleurer.
Je ne rumine qu'en mes songes.
Que sera ma vie d'ici les prochains mois?
Retourner sur mes pas.
Je ne veux pas.

Je ne veux pas.

Et laisser se flétrir mes élans.
Se pourrir les relations.
Parce qu'il n'y a plus d'endroit pour les y accueillir.
Pour y pendre notre linge sale, il n'y a plus de lien.
Plus de corde sur laquelle tirer.
Ni bouée de sauvetage.

Je me noie.

Personne pour me repêcher.
Il n'y aura que le vide que tu lègues.
A mes amours suspendues.
Sur la corde raide.

Ah j'oubliais.
Celle là aussi, tu l'as gardée.
Mais que me reste-t-il?
Franchement.

Que me reste-t-il.
A part trois maudits jours.

vendredi 30 novembre 2012

Egarer les cartons à remplir

Ça y est. J'ai oublié la fougue de ses gestes.
Les creux de son visage qui s'enfonce en ma chair.
Quatre jours pour faire d'une palpitation vive un moment incertain.

Il en faut peu.
J'ai même perdu cette envie mystérieuse qui m'aurait fait dire oui pour une balade à n'importe quelle heure de la nuit. Qui m'aurait fait flancher pour un bout de lèvre, un bout de joue, un bout de nez, à croquer dans la pomme.

A la place, j'écris dans mes toilettes pour encore une semaine et adieu cette vie nouvelle qui m'aurait bousculé l'esprit.
Je ne pars pas en Australie.
Parce qu'il n'y aura sûrement plus personne pour m'y accueillir.
Parce que c'est fini la vie de couple et qu'on est tous soulagés.
Que j'étais tellement bien seule que c'en était pesant pour les autres.

Mais.
Je ne veux pas rentrer chez moi dans la France d'en bas.
D'en bas du sud.
Je préfère le sud d'à côté.
Celui que je n'ai plus envie de quitter.
Habiter seule.
Habiter seule?
Sans travail autre que la musique potentiellement?
Sans ancrage.
Sans lui.
Mon garçon des étoiles.
Il est déjà parti.
La tête ailleurs.

Il pensait probablement qu'il n'aurait jamais à décider pour nous deux.
Pourtant, c'est à lui que je laisserai le mot de la fin.

mardi 27 novembre 2012

Redite

Le 26.11.12 à 19h40

Voilà, c'est dit et expédié.
"Nos au revoir, ce serait presque ce que je préfère."

J'aime les gens qui ont cette spontanéité là de serrer dans les bras.
Lâcher les rampes de métro et risquer de trébucher d'ivresse.
J'aime la force qu'il déploie à m'empoigner l'échine, j'aime qu'il courre dans les escaliers tout en haut pour m'y attendre, me tendre une embuscade, se sauter à la gorge, se renverser à deux en se tenant très fort entre nos cœurs, c'est comme s'il débordait d'amour sincère et désintéressé lorsqu'il a attrapé ma tête pour me baiser le cou à tel point que je ne sais plus si je lui plais en tant que femme ou en tant qu'être.
J'étais loin de m'imaginer, encore une fois, enfoncer mes doigts dans ses côtes, à en perdre l'équilibre, pour ensuite m'élancer, à en perdre le souffle, jusqu'aux quais, rentrer dans le premier wagon le cœur battant la chamade et rester bloquée un instant, pensive, silencieuse, ne pouvant croire à autant d'amour à la fois, déversé sur une presque inconnue, c'est tombé sur moi la chance, en dépit des circonstances, un geste salvateur mettant de côté les questionnements concernant un futur proche ou lointain enfin, un lendemain.

Peu importe aujourd'hui les décisions capitales.
Elles peuvent attendre un jour ou deux, le temps que je m'en remette.
Sauf que selon les dires, ce soir c'est le grand soir.

Irrelevant

Le 23.11.12 à 17h54

Le temps est allongé comme le Starbuck café.
Retrouver des vieilles connaissances.
S'ennuyer.
Les mots qui veulent sortir ne sont pas de circonstance.
Mon envie d'évoquer son prénom.
Irrelevant.

Les gens ont arrêté de se passionner pour une histoire sans fin ni palpitation, ni retournement de situation depuis plusieurs années déjà. Et le jour où il y aurait matière à argumenter.
Ils restent passifs.
Peu interloqués.
Blasés.
Tout comme moi.

Je n'ai pas envie de rencontrer tout son monde, me présenter à ses amis, sa famille pour la première fois, si c'est pour dans trois semaines qu'il parte sans moi et retour à la normale, les efforts de sociabilisation inutiles alors que j'ai pas le moral à sourire hypocritement.
Pour quoi faire?
Ces gens là, j'ai une chance sur deux de ne plus jamais les revoir.
A quoi bon. Je suis lassée et ai abandonné l'espoir.
Que peut-il m'arriver de bien?

Tout le reste, sûrement.
Il suffit de prendre le temps de regarder hors de soi et s'en réjouir.
Mais pour cette histoire là, je n'en ai plus la force.

Je végète, stoïque, dans la file d'attente, prête à entendre ma sentence.
Ou pas prête, peut-être.
Je ne sais pas.
L'impression soudaine que toute ma vie va me tomber entre les bras.
Comme une pluie de briques.
Les briques, ce sont mes larmes.
Pour chacune, des fleuves, des torrents d'eaux boueuses.
Qui ne s'écoulent pas.
Cernés par les barrages de ma lassitude.

Vite, que l'on passe au plan suivant, que la roue tourne et qu'on conclue l'histoire.

Qui de l'homme ou du chanteur

Allez, c'est reparti pour un tour et comme en quarante.

Je me repasse en boucle ses vidéos sur mon ordinateur essayant d'en tirer quelque chose. Un souvenir commun, ou partagé. Ses nouvelles chansons résonnent comme des réminiscences de conversations récentes et j'aime sur scène le voir exploser d'un charisme inné. Je suis tombée amoureuse du chanteur je crois il y a deux ans de ça. De son visage qui s'illumine sous les couleurs des projecteurs.

En vrai, sa trogne n'a pas le même éclat.
En vrai, il n'est pas si drôle. Il est même un peu lent, et sa voix est enrouée.
Il est bavard. Sans forcément être des plus intéressants, même s'il l'est. Il touche une profondeur frileuse dans ses réflexions pures et même s'il n'est pas dans l'erreur ne palpe que le concret de l'humain et ça lui convient.
Il n'est pas éclatant, ni même extravagant, il garde ses émotions pour lui la plupart du temps. Même s'il tend à être sincère. Même s'il aime les gens, ne peut s'empêcher de ne pas aimer ce qu'ils construisent de leurs propres mains, a la critique facile et l'estime peu haute. Les mœurs légères bien malgré lui. Le sourire facile, la colère étouffée remplacée par la froideur perceptible de l'être.
En vrai, il dégagerait presque une fadeur tiède qui dissuaderait plus d'un curieux.

Il y a deux ans de ça, je suis tombée amoureuse du chanteur, pas de l'homme.
Je me suis éprise du rêve qu'il projetait sur l'écran de mes rétines. De la situation magique engendrée par la rencontre matérialisée d'un prince tout droit sorti de mes contes de fées.

Aujourd'hui il est là, de plain-pied, et il n'est plus un prince.
Il est lui.
Et ça m'aurait suffit à tourner la page.
S'il n'avait pas intercepté mon cœur au creux de ses bras.
S'il ne m'avait pas transmis son amour simple sur la courbe de ma nuque.
S'il n'était pas si généreux dans ses émotions, dans ses actes, par explosions soudaines.
Je n'aurais pas cru qu'il pouvait donner autant en si peu de gestes.
Je suis encore touchée par la pureté de son sentiment.
De sa neutralité, rare.

C'est comme ça qu'il est en émoi alors?
Mais c'est magnifique.
Tellement juste.
Modeste.
Que j'aurais envie d'apprendre l'homme, même si je connais l'histoire par cœur.
J'aurais envie d'étudier avec lui cette finesse du tremblement de l'âme qui trouve en l'autre sa résonance.
Je suis émue.
Par l'être, seul.

Et quand je visionne ses passages concert pour me rappeler, le chanteur fait la grimace et l'homme me manque. Impossible à rabibocher, les bouts d'images, de personnalités tangentes qui s'effacent plus les informations s'empilent, s'amoncellent lorsque s'impose à moi son art, s'esquive timidement celui qui m'a confié ses envies, ses doutes et ses douleurs, qui a lâché tout ancrage pour me rendre l'étreinte.
Très vite, les souvenirs s'effacent.
Au point qu'il n'est plus si évident d'avoir partagé conjointement les mêmes intensités.

Il faut alors accepter que le soufflé retombe.
Que les liens se distendent.
Pour un jour, peut-être, se renouer.
Un jour qui n'est pas demain.

Au revoir

Je n'ai pas vomi cette fois-ci, mais c'est peut-être parce que je n'avais rien avalé non plus.
Mon idole de chanteur, une deuxième fois juste avant mon départ. C'est une histoire de trains qui ne se ratent pas, à ma grande malchance.
La veille, je revoyais cet autre ami musicien aussi qui le connaissait depuis plus de dix ans.
Il me le confirmait : oui, elles tombent toutes amoureuses.
Sur son passage, comme des mouches.

Je n'ai pas été épargnée je le sais. Je le chante le jour, je le rêve la nuit, cela fait trois années qu'il me fascine pudiquement, deux qu'il m'a brulée les pupilles publiquement depuis que j'ai voulu l'approcher de trop près sans visière à l'émoi, au coup de foudre. Bim, dans ce troquet charmant, malade des poumons, du foie, du cœur à sa rencontre, mes organes lâchent prise, subjugués par l'homme en face ils en oublient leur travail, et moi l'option parole.

J'avais appris à m'y résoudre.
Jusqu'à mercredi dernier je crois.
Huit heures à son crochet et ne plus en démordre.
Aujourd'hui, de dix-sept à dix-neuf, entre deux rendez-vous, il se déplace jusqu'à l'Eglise Ste Eust*che.
Que pouvait-on se dire après avoir autant parlé quelques jours plus tôt, qu'avait-on encore à se raconter?
Etonnamment, on trouve toujours.
C'est le fait simple de sa présence qui ravit les cœurs.
Qui les ravive.

A dix-neuf heures moins dix, mon idole de chanteur s'est affolé à ma place.
Entre Chat*let et la gare, il n'y a qu'un seul arrêt. Mais lui comme moi ne sommes pas des doués des bouches de métro alors il s'applique et demande, me mène d'un pas pressé qui me fait sourire dans son dos lorsque je tends à le rattraper. Nous nous courrons après dans les tunnels interminables de la ratp, il s'enlève le bonnet il a le cheveu qui pointe, il m'attendrit, malgré la vitesse, il est petit et frêle et habillé comme un plombier il me fait craquer de toute sa gentillesse et son implication réservée.

Entrés en trombe dans le wagon il remarque qu'il s'est trompé de sens pour son prochain rendez-vous. L'espace d'une station on souffle de s'être un peu stressés mutuellement. Il me reste moins de huit minutes pour arriver à bon quai. Je lui dis au revoir dans la rame histoire de prendre de l'avance sur ma prochaine course, il me serre dans ses bras comme la dernière fois mais cette fois-ci je lui rends l'étreinte, alors il lâche la barre pour ne se tenir qu'à moi, attaque cardiaque, pourvu que le métro ne freine pas. Rester debout en déséquilibre, immobiles ou presque alors que tout avance, et se désentrelacer progressivement, sans un regard, fixer le sol ça dure une plombe, la proximité outrageante de ces corps un instant trop intimes.

Les portes s'ouvrent, nous descendons d'un pas accéléré, je trace devant pensant que les au revoir avaient déjà été consumés mais il me double dans les escaliers et tout en haut m'y attend "pour me dire au revoir".
Il faut savoir.
Dans le feu de l'action et cette folie des minutes qui ne cessent de s'écouler au fond du sablier nous finissons par nous rentrer dedans, se sauter au cou sans demi-mesure, s'agripper de toute la force d'une tendresse sans retenue, au point d'un peu danser légèrement sur les deux pieds, les gens autour de nous s'agitent sans nous bousculer, le temps par charité nous accorde un sursit de quelques secondes. Alors il m'étreint de plus belle lorsque entre deux respirations il enfouit sa tête dans mon cou son baiser sur ma nuque ma colonne qui frémit d'audace à m'en faire frétiller les cils, je ne l'imaginais pas si fougueux et entier, si coriace, je me sens portée, léviter, légère, débarrassée d'un poids lorsque nos yeux se croisent une véritable fois, emplie d'un sourire qui déborde de mon visage lorsque je lui souffle la mine comblée mon dernier "au revoir" avant de m'éclipser dans le mouvement de foule, disparaître de la surface de la planète et maugréer en silence enfouie dans mon siège sur le départ ces instants qui s'éloignent en même temps que mon train file jusqu'à la prochaine gare.



vendredi 23 novembre 2012

Illusoire

Alors que je l'informais que pour moi c'était 50/50, une chance sur deux de me faire larguer avant le grand voyage, lui me parlait de sa copine qui lui avait fait les parties piano de son nouveau disque en se frottant le front "enfin, ma copine, je ne devrais plus l'appeler comme ça". Quatre ans la durée de l'histoire, et trois mois qu'il est célibataire. Elle veut revenir, parce qu'ils s'étaient quittés bêtement, sur une résignation commune.
Elle voulait un enfant.

Et moi. Deux mois depuis cet instant où je vois mon garçon des étoiles m'annoncer "je ne sais plus si je veux que tu m'accompagnes" "tu sais, si tu tardes à me rejoindre, un mois, deux mois, ce sera peut-être trop tard". Le laisser y réfléchir tout seul et se sentir moins emprisonné, l'entendre au téléphone s'exclamer de joie "aujourd'hui, j'ai fait ci et ça, ceci et cela, j'ai créé continuellement, c'était génial" "j'ai fait tellement de choses que je n'arrive pas à faire quand tu es là", ça me laisse sans voix. Perplexe. Blasée.

De toute façon, je suis blasée.

Quand j'y repense. J'étais tellement bien toute seule.
Je le suis encore.
J'aime ces moments où je ne rejoins personne.
Alors pourquoi?
Pourquoi se forcer?
Je l'ai choisi lui, parce qu'il avait la flamme. Mais elle s'estompe si vite.
Illusoire.

Je suis blasée. Peu importe l'issue de ce drame. Et s'il me laisse le vide aux bras, le rien entre les doigts. L'absence d'être, de ville, de chez soi, d'appartenance. L'absence de projet et d'avenir. La remise à zéro subite pas du tout négociée. J'avais tout misé sur toi. T'avais tout pour qu'on soit heureux et c'est pour ça que je t'ai choisi, t'ai demandé du temps, pour apprendre à cultiver l'amour qui n'en était qu'à germe, même si j'avais espoir. Et l'âme d'une jardinière consciencieuse.

Mais à la place, c'est toi qui baisse les bras.
Fuck.
J'avais fini par m'imaginer partir sur tes terres australiennes, moi qui porte encore en moi le cadavre de mes anciennes projections malheureuses. Peu importe.
Finalement.
Peu importe.
On peut anticiper, parer aux éventualités mauvaises.
Se protéger comme on peut.
C'est toujours pareil.
C'est juste que ça arrive plus tard.


Le décalage.
Le déséquilibre du sentiment que l'on se partage.
On peut pas une fois être sur la même dose d'émoi ensemble, au même moment, et s'en contenter.
C'est bien trop compliqué.
Même lorsque l'on agit avec prudence.
Alors fuck.

J'aurai essayé un tas d'approches différentes, tenter de se fouler le cœur le moins douloureusement possible.
Au final, il n'y a pas plus d'amour.
Au final, c'est la même bouse dans laquelle on se plante, qu'on voit venir de loin, loin, sans pouvoir bifurquer, juste, arrêter le moteur. Descendre de la bagnole.
Se casser hors des emmerdes.

J'étais bien moi toute seule!
J'voulais juste pas d'une histoire sans lendemain.
D'une moitié de relation accomplie.
J'voulais construire quelque chose.
Quitte à un peu se forcer la main.
Parce que c'est pas dans nos habitudes.

Alors, il me suffirait de retourner à mon état initial.
Marcher le long des rues les yeux dans les nuages, des airs de mon idole de chanteur en tête, semi amoureuse, semi rêveuse, ça fonctionnait très bien avant. Ça ne faisait de mal à personne. Les mots me venaient naturellement, remplir mes carnets à images et fantaisies multiples, produire l'idéal de ma vie dans mes espaces creusés d'inspirations nocturnes et de temps en temps, lui écrire des déclarations à n'envoyer sous aucun prétexte. L'introvertisme prude de mes envies déliées.

Assis dehors à grelotter un peu sur la terrasse de ce bistrot parisien, mon idole de chanteur et moi on se rejoignait sur la même conclusion intime. On est bien, juste avec soi. Besoin de rien d'autre. Libre d'explorer les horizons. Tout en se serrant fort contre nos cœurs, chercher à se revoir.
Je suis bien, seule.
Je suis bien, avec toi.
Et c'est comme si ça ne faisait aucune différence.

jeudi 22 novembre 2012

Le coeur valser dans le tourniquet

J'ai eu beau m'imaginer un nombre incalculable de fois cette journée parfaite dans son ensemble, touche par touche, poser les ingrédients de la farce qui la rendent exquise, me repasser le film de mes fantasmes à travers la vitre du métro, je n'aurais pas pu imaginer cela se concrétiser sous toute sa forme. Mon rendez-vous idéal avec mon idole de chanteur.

Après toutes ces années d'abstinence expressive, de soupape émotionnelle jamais prête à s'ouvrir, c'était maintenant. C'était tout ce que j'attendais.
Un moment simple.
Un échange, sans pudeur.
Sans retenue.
Parler d'amour. Qu'est-ce que j'en avais envie. Parler d'amour avec celui qui pour moi l'inscrit par ses notes en mes oreilles, au quotidien.
Se confier. Se raconter nos expériences. Se partager nos idées et lubies, nos prises de conscience.
J'ai aimé ce type sans le connaître, sans savoir.
A en vomir ce matin, avant de le voir.
Dans tout mon corps, être affectée par la rencontre, comme s'il était question de vie ou de mort.
Alors que bon.

C'est absurde, et je l'admets. Et j'en rirais volontiers.

Quinze heures, et avec une demi-heure de retard. Mais il avait amené les mignardises.
Jusqu'à minuit devant le tourniquet.

Marcher longtemps. Traverser Paris. Se tromper. D'itinéraire. Dévier les sujets. Sans se regarder. Ne pas s'épiler l'âme trop fort.
L'entendre dire qu'il me trouvait belle.
Se raconter nos timidités respectives.
Mettre en scène ses râteaux et mauvais coups du sort, ses efforts pour y aller plus franco retombés à l'eau.
Un homme attendrissant.
Pourtant.
Il n'a pas mâché ses mots pour s'excuser de ne pas m'inviter chez lui.
"Je t'aurais bien hébergée ce soir, mais ma colloc a organisé une fête avec des gens un peu cons et dedans il y a cette amie de mon ex, ce serait maladroit de t'amener avec moi surtout que tu aurais dormi dans mon lit."
Un homme paradoxal.

Est-ce parce que je lui ai avoué trouver cela étrange et non naturel que le premier contact intime avec l'être qui nous plait se fasse par l'intermédiaire du baiser?

Toujours est-il que devant la bouche du métro, il a tenu à m'accompagner, descendre les marches pour inévitablement les remonter je me suis moquée de lui en lui signifiant l'absurdité des gestes mais peut-être voulait-il seulement se donner l'élan. Me demander combien de temps je restais encore sur la capitale, s'accorder à penser que c'était un chouette moment, surprenant, et après les bises de convenance, me glisser un sourire agrémenté d'un "merci pour tout" avant de m'entourer de ses bras quelques instants, respirer dans son torse, se caresser l'échine à travers nos six épaisseurs de vêtements et repartir vite fait à nos vies d'accoutumances, sans se retourner, le cœur valser dans le tourniquet, la tête ailleurs, trembler devant les quais, redescente rapide d'une réalité rêvée devenue rêve réalisé.

J'ai encore du mal à m'y faire.

lundi 19 novembre 2012

Papillon noir

Danser à poil chez soi sur du Bl*ck L*ght Orchestra, c'est ça la vie.
Un regain d'énergie.
Et la nostalgie qui s'immisce comme une squatteuse d'ambiance.

Alors j'ai pris la plume du bout des doigts, rompre une page blanche de cinq années immenses.
Je lui ai écrit qu'il était un cadeau.
Parce que les gens se doivent de savoir, lorsqu'ils apportent réconfort à autrui, à quel point ils peuvent être doux et utiles en cette période de froid glacial dans les cœurs.
Parce que, de là où il est, il en a peut-être besoin.
Besoin qu'on lui rappelle des évidences.

J'ai écrit à ce Mr Oblique comme si l'on s'était quitté hier à la porte du garage d'où sortaient des airs manouches reprisés à la sauce Miguel. Une époque d'insouciance. Un bonhomme tombé de nulle part, et surtout d'Ecosse, son chapeau melon en poche, sa clarinette sous le bras, un charme british d'une grande école. Des histoires à dormir debout, comme il est si doué pour les raconter. Et un rendez-vous, jamais honoré, autour d'un piano d'un magasin de musique dans une de ces rues animées par une joie désordonnée.
Si j'avais su franchement, que je ne le reverrais plus.
J'aurais fait l'effort, je crois.
Honte à moi.

Il n'est peut-être jamais trop tard.

jeudi 15 novembre 2012

Allez viens, on arrête d'être cons

Depuis que nos peaux se sont frôlées pour de bon, je rêve de lui toutes les nuits. Les matins je cogite. Quelques heures, j'émerge de ces aventures lumineuses.
Je ne sais pas trop comment me positionner dans cette affaire.
Si je dois laisser tomber, ne plus perdre de temps à ça.
Si je dois persévérer, comme un investissement sur l'avenir.
Et qu'un jour, mes efforts me profitent.

J'ai eu envie plusieurs fois, vraiment, de passer mon tour. D'abandonner mon espoir sur une aire d'autoroute. Ça fait bientôt trois ans maintenant et je m'étais dit que l'émoi finirait par s'essouffler comme une fatalité.

Parce qu'il peut bien être celui que je brûle de connaître.
Il en reste mon chanteur préféré.
J'aurai beau l'effacer, l'oublier, le mettre dans un coin, il ne disparaîtra pas. Il s'immiscera entre mes tympans, se fredonnera en ma mémoire. Il sortira tous les deux ans un nouveau disque et c'est si con de se priver d'une telle musique pour un seul homme. Bon, en l’occurrence, celui qui la façonne.

Que faire?
Je m'en vais peut-être pour une année dans un pays dont il est étranger.
Imaginer ne pas lui parler un temps si prolongé m'achève un peu.
J'aurai toujours ses chansons accrochées à mes oreilles alors, ce n'est pas comme si nous allions très loin l'un de l'autre.
Mais si, quand même.

Comment lui dire?
Je voudrais saisir cette dernière chance. Cesser de faire l'enfant et défoncer ses murs. Allez viens, on arrête d'être cons. On laisse la timidité de côté et on se dit vraiment ce qu'on a à se dire, depuis tout ce temps. On range nos statuts respectifs et on se jette sans filet, sans entrave à l'expression. On s'ouvre, juste. Parce que c'est forcément par là que tout commence.

Alors, pourquoi n'y sommes-nous pas encore?

mardi 13 novembre 2012

A deux doigts

Le 11.11.12 à 02h17

Malgré les intempéries et les bottes ruinées par la boue, les marches loupées les jeans déchirés, malgré l'appréhension des échecs successifs, le cœur noué par l'attente et les regrets, il y eut sa main.
Enfin.
Ses doigts chauds et chaleureux rencontrant le glacé de ma paume. Un choc thermique d'une douceur extrême. D'un réconfort infini et soudain qui embauma mes doutes. Le clin d’œil de la fin me dévoilant l'happy end alternative, si jamais elle put être pour moi. C'était comprendre que cet entremêlement là de doigts, ce n'était pas si loin et improbable et qu'ensemble, ils créaient quelque chose.

D'eux-mêmes.
De leur propre initiative.

Ça me soulagea du poids de l'amour impossible.
Savoir que sa peau avait été acceptée sans rejet de greffe, et qu'il n'avait pas bougé, pas émis l'ombre d'un sursaut, même si ne nous le cachons pas ce sont nos âmes qui ont frémi en secret, en silence, qu'il accepta mon geste, simple, spontanné.
D'ailleurs je me suis étonnée toute seule, ça ne me ressemblait pas.
Soutenir de ma main la sienne en dérobant une part de sa tatin, cela pourrait paraître anodin, mais en deux ans d'existences communes, nous ne nous étions jamais osés à nous toucher de la sorte, mélanger nos effluves.Trop de pudeur.
Trop de respect peut-être.
Et timidité mal placée.
Trop d'orgueil.

Ici, je n'ai plus rien à perdre.
Je sais déjà que tu n'es pas à moi.
Que je suis à un autre.
A deux doigts de partir.
Deux doigts.
Posés sous cette tarte.

Qui tendent encore à caresser l'espoir.

samedi 10 novembre 2012

Rouge gorge, comme la braise

En relisant de vieilles conversations je tombe sur des fragments qui résonnent :

"Merci
un jour j'essaierai de te remercier dignement
mais pour l'instant je peux pas
j'y arrive pas
mais sache au moins que j'aimerais bien le faire."


C'était il y a six ans.
Depuis, j'attends toujours qu'un jour, il s'exécute.
J'attends son merci qui vient du cœur.
Même si, en écrivant cela, il a déjà fait tout le trajet.
Jusqu'au mien, c'est certain.

Je me dis que c'est loin tout ça. Qu'on était jeunes. Quand je me remémore les rencontres et les gestes, ils étaient insouciants, vifs, audacieux et illogiques. Irréfléchis. C'était quand on voulait simplement impressionner l'autre par nos talents pas naturels, et qu'on s'essayait à l'exprimer. Sans la contrepartie en tête. On avait peur bien sûr, pour des trucs bateaux qui aujourd'hui nous feraient rire en nous émouvant un peu. Alors on tournait autour du pot, en se chamaillant de tout ce qu'on pouvait. Avec toutes nos tripes, se les lancer à la gueule. S'éclabousser le visage des couleurs de nos entrailles.

Mais je ne me souviens pas avoir aimé quelqu'un de cette manière. Si jouissive. Vivante.
Cette attirance, elle prenait parti de l'ardeur de la jeunesse.
M'y replonger dans tous ses textes, c'est comme palper un cœur rigide.
Un souffle posthume d'une histoire vite oubliée.
Pour l'autre, bien sûr.
Pour l'autre.

Et ce soir, lorsque je soulèverai le drap, il y aura luisant comme un astre mon garçon des étoiles blotti tout contre la place qu'il me tenait au chaud. Je le regarderai un instant dormir, le sourire attendri et je lui caresserai le visage en lui murmurant tout un tas de superlatifs. Alors, encore dans son rêve, il embrassera l'air pour répondre à la tendresse. Il fait toujours ça. Des baisers dans le vide.

On ne peut pas comparer toutes les histoires.
C'est parfois une peine inutile.
C'est parfois même incomparable.
Le temps, les contextes et les prises de conscience.
Le chemin parcouru.
Seulement, de temps en temps, il m'arrive d'avoir l'impression qu'en sachant moins de choses, j'en comprenais plus.

mercredi 7 novembre 2012

Dédale

J'aime cette ville.
Enfin, j'aime surtout y être.
Marcher dans ses rues. Ça m'émeut.
Je suis émue. Par ce simple geste.
A ma portée, je pourrais être heureuse en sortant tous les jours.
Je pourrais devenir émotive.
Je commence à penser pouvoir y appartenir.
En faire un chez moi.
Un séjour.
Mais il va falloir partir.
A peine le temps d'en faire un désir concret, qu'il faut déjà le céder.
L'appartement.
Le cocon d'amour.
Je n'ai pas envie de partir.
Je n'ai pas envie de partir.
Encore un peu.
Accordez-moi pleinement ce temps qu'il me reste.

dimanche 4 novembre 2012

Jour polaire

Il est encore deux heures et demi du matin sans que j'aie pu y faire quoi que ce soit.
Il est rare que je puisse avoir autant de temps avec moi-même, sans accro ni surprise alors. Je chasse le sommeil. Je dormirai une prochaine fois. Me dis-je toutes les fois.

Il faudrait franchement des journées de 26 heures.
28, même.
Pour les grasses matinées.

Ça doit pas être trop compliqué à mettre en place. On pourrait préparer une pétition. Qu'on remettrait ensuite à un cosmonaute qui s'envolerait dans sa fusée, un astronaute de la poste, la délivrer au soleil et à la lune, leur demander gentiment de décaler d'une heure ou deux leur levée quotidienne respective. Ça ne leur ferait aucune différence à eux, à part pimenter un peu leur routine plan plan établie depuis la nuit des temps. Pas plus de travail qu'à l'accoutumée. Après tout, comment peut-on compter les heures supplémentaires sur une éternité ou presque?

Ah oui. J'oublie souvent que le temps d'ici a une forme très humaine, adapté à son environnement proche. Les montres et autres calendriers. Ce sont tout de même des inventions fabuleuses, qu'on utilise depuis pratiquement toujours. L'heure. Alors que chaque pays vit sa propre saison, son propre climat, sa propre culture, alors qu'au même moment le soleil se couche à l'ouest pour les uns et se lève à l'est pour les autres, que pour d'autres, rares, perchés tout en haut, il se repose au même titre que ceux pour qui, perchés tout en bas, il brille avec insistance, alors que certains fêtent le nouvel an en janvier, certains en février, certains rentrent en classe en septembre, certains en avril, qu'il y en a qui n'ont ni nouvel an ni rentrée scolaire, tous, me semblent-il, tous possèdent l'heure.
Tous possèdent le temps.
Ils n'ont peut-être pas du temps à eux, ni même pour eux.
Mais ils l'ont, dans la forme brute.

Chacun sait qu'il est le milieu de journée lorsque le soleil est au dessus d'eux. Instinctivement, je crois.
Je me demande bien comment se déroule une vie quand on approche un pôle. Se plient-ils aux montres des hommes qui ont fait le cycle, ou s'allongent-ils avec les jours?

J'en reste subjuguée.
Cet état de captivation intense m'ensuque un peu.
En même temps, vu l'heure...

samedi 3 novembre 2012

Calcul mental

Je parviendrai peut-être à tenir un rythme de vie régulier lorsque les jours compteront 26 heures.

vendredi 2 novembre 2012

Arret maladie

On peut être jeune et être déjà tombé amoureux. Avoir vécu des expériences multiples et singulières. Des amourettes naïves, quand on connaissait pas le mode d'emploi. Et puis, des déceptions qui valent pour toute une vie.

J'ai l'impression que la mienne file en accéléré, empilant les existences comme on empile les mottes de foin, écrasées par le poids des années. Je ne sais pas si c'est en rapport avec mes sens exaltés et mes émotions crues. Ou si c'est juste mère nature qui s'est acharnée avec les pots de peinture penchée sur mon berceau à saturer mon monde en couleur et intensité. Je ne peux pas savoir si, techniquement, je respire plus fort que les autres.

Ce n'est qu'un ressenti.

Certains se transforment parfois en certitude.
Celle d'avoir trouvé l'homme de notre vie.
Qui s'en va la faire ailleurs.
Ça reste.
Qu'il puisse se marier si jeune.
Histoire de bien anéantir l'espoir.
Même celui qui ne fait de mal à personne, logé au chaud dans nos inventions romanesques.
Je n'ai jamais eu que cette certitude là je crois.
Eh bien ça t'apprendra, tiens.

Evidemment, les rêves se foutent allègrement de ce qui est possible ou non de réaliser.
Alors ils continuent à rendre cela crédible, les renouements, les happy end. Et le matin, je les engueule et leur mets des mauvaises notes.
Eux, ne comprendront jamais la leçon.

Il y en a bien eu, des leçons retenues. Sur les mensonges, les jalousies et colères excessives, les dépendances, les excès. Les départs, les retours incertains, les jeux d'emprise, de séduction et les illusions. J'ai encaissé, souvent en silence, avant de pouvoir mettre quelques mots dessus. J'ai aussi essayé un paquet d'alternatives, ne voulant jamais recommencer deux fois la même histoire. J'ai couru après des amours non partagées, des amours en pointillé, simulées, insinuées, j'ai couru après des amours rendues, des amours tendues, teigneuses, destructrices et passionnelles, fusionnelles, improbables, délectables, uniques, parfaites, trop parfaites. J'ai couru après l'amour.
Et parfois, je l'ai rattrapé.

J'ai aussi couru après les rêves et les fantasmes. J'en ai rendu palpables quelques-uns. J'en ai également aperçu la limite. De mes envies, de ce dont j'étais capable. De ce que je voulais faire ou ne pas faire, vivre ou ne pas vivre. De ce que je ne voulais pas subir, ni faire subir à autrui. J'ai pu observer où se trouvaient mes libertés. Et même si elles restent à l'intérieur d'un cadre, il est très, très vaste.

Alors, il faut garder espoir, et aller de l'avant.
Malgré les déceptions et la crainte que l'inconnu nous ravage. Même si certaines couleurs s'estompent avec l'âge. Je ne suis plus une enfant. Il m'est difficile de sauter à pieds joints dans l'amour et les opportunités sans tenir compte du chemin parcouru et des différentes menaces. Mon coeur s'est refermé lentement pour chaque coup ascéné. Aujourd'hui, il n'est plus qu'une boule sur laquelle gisent les cicatrices.
Mais j'ai confiance. Une fois que les croûtes seront toutes tombées, comme neuf, il pourra à nouveau se déplier sans que cela ne le fasse souffrir.

Les douleurs mal digérées ne prennent jamais de jours de congés.
Heureusement, les cadeaux de la vie et petites joies qui réchauffent non plus.
Il suffit d'accepter de trimballer son gros sac bourré de vécu avec soi, le bon comme le mauvais.

Et un jour, le larguer sur la route.

lundi 29 octobre 2012

Du di@ble au sortir du b@in

Je me sens loin de tout ça maintenant.
Enfin, en réalité, je ne me sens en retrait qu'au début. La première heure passée, mon corps est en charpie, gisant par petits bouts sur le parquet n'attendant que de se reconstituer sur sa silhouette de chanteur le dévorant de l'intérieur. C'est fou à quel point ça ne passe pas, ce genre d'attirance.

Il y aurait beaucoup de choses à raconter sur les différentes formes d'amour.
Mais l'heure n'est plus aux bavardages.

Minauder.
J'aime bien ce mot.
Il est aussi distrayant qu'inutile mais on s'y attache.

Et puis je ne sais pas. Les moments les plus marquants de ces derniers jours se sont déjà broyés contre les parois de mes rétines. Ne reste plus que des vieux éclats de couleur. M*se était, bleu électrique qui t'en met plein la vue. Bl*es, plutot vert d'eau, d'eaux marécageuses. Mes parents ocre, leur visite douce comme la lumière du matin.
L'Australie est orange.
Comme lui.

Une couleur chaude et complémentaire.

dimanche 7 octobre 2012

Mascarade

Ah, mon chanteur me manque, cette idole des jeunes. J'aimerais revenir à l'époque où je pouvais lui écrire des lettres naïves d'inspirations nocturnes et l'attendre, comme ça, des mois entiers.
Maintenant je suis grillée.
J'ai trop tiré sur la corde sensible et usé mes cartouches une à une.

Me restera ce goût âpre d'inachevé et de sable qui s'échappe d'entre mes doigts, me dire que j'aurais pu, quinze fois, si j'avais pas piétiné chacun de ses élans, marché sur son courage pourtant pris à deux mains et remis au lendemain les miens, d'efforts. J'ai été naze, je le sais. Mais un peu amoureuse. Alors, ça vaut peut-être une excuse.

Au fond de moi, je n'arrive pas à tirer un trait sur l'histoire, passer sereinement à autre chose. Parce que je n'ai pas réussi. Être moi-même, faire du mieux que je peux. Je ne peux m'empêcher d'avoir envie d'y retourner, et retenter ma chance, parce que cette fois-ci, j'aurais vraiment essayé, ça aurait été la bonne.
Ce sont à chaque fois les mêmes sensations qui se pointent à la fin.
Sentiment de vague déception. De n'avoir vécu que le commencement alors que. Youhou. Ils sont tous partis. Tu t'es plantée. Le temps de te mettre à l'aise et merci bonsoir.

La dernière fois était criante de vérité. A anticiper le malaise et tenter de l'éviter tout du long avant son concert. Lui tourner le dos, constamment. Pour ne pas qu'il me remarque. Pour ne pas qu'il vienne. Me parler. Planter sa face d'ange à ma cornée et me couper le sifflet. Il a quand même fini lui, le grand timide, par me toquer l'épaule pour lui claquer la bise et là, mascarade, les mots s'emmêlent, mon verre déborde lorsqu'il m'aborde "vous vous êtes coupée les cheveux?", -"bien sûr que non" répondis-je sur une ironie massacrante qui méritait même pas un sourire, sur cette phrase maladroite d'accroche, je vois qu'il se fait tomber sa cendre sur la veste et je rigole en le pointant légèrement du doigt mais il n'a pas vu son geste, juste mon doigt, et mon rire, sans savoir pourquoi, et me regarde comme ça, interloqué, et je ravale mon éclat en pivotant vers mon voisin de droite entamer une conversation mettre un terme à la torture de son être désarmant face à ma verve incapable. Et là je pense : "tout à l'heure, à la fin du concert". Tout à l'heure, j'irai lui causer tranquille. La pression retombée. Comme au début, où c'était facile. Où sans m'en rendre compte, le charme opérait. Sans moi. Même sans moi.

Existe-t-il réellement d'erreur de timing?

Le spectacle terminé, je me suis fait trente millions d'amis. Parce qu'à part lui c'est facile, tellement facile, et que je suis du genre accueillante. Et qu'on discutaille peut-être une plombe voire davantage devant les portes du théâtre avec A***s B**l et les autres et que pas là, l'idole des jeunes (des surtout moins jeunes, entre parenthèses). Et que quelqu'un devait passer me prendre, à contrario des autres soirs. Et que, ne pouvant plus repousser l'heure, j'ai vu la voiture rentrer dans l'allée en même temps que mon chanteur dans mon petit cercle d'entourage, vaillamment lancer "bon eh bien, moi je vais finir la soirée dans un bar, si jamais quelqu'un veut suivre..." pendant que la portière s'ouvrait à mes pieds j'ai dû répondre à l'offre par un "bon eh bien, moi je rentre" savamment placé et un geste de la main à la peuplade. J'ai observé sa mine moitié déconfite, moitié rien d'autre articuler un "au plaisir" et je me suis engouffrée dans la bagnole frustrée, furax, farouche et fauchée en plein vol par l'inexactitude des horaires qui tombent pile poil ensemble au même moment, au même endroit.

C'est assez nul.

mercredi 3 octobre 2012

Et l'amour me manque

Brad Mehldau, et le soleil décline. Peu à peu. L'Italie de Bologne. L'étudiant en musique. L'amphithéâtre vide, ses doigts sur le piano, Brad Mehldau. Dans la cuisine.

Les souvenirs ne m'aident pas à arrêter d'écrire.

Le poulet au gingembre mijote au chaud dans la mienne. Si on m'avait dit il y a un mois de ça que je serais une fervente -et douée cuisinière, j'aurais pu parier de me couper un bras. Avouons-le, ça aurait été dommage pour la suite.

Je pense à plein de choses.
Peur de les immortaliser sur la toile.
Dit comme ça, on pourrait croire que je cause peinture.
M'enfin.

Je pense surtout à des choses interdites. Des hommes proscrits qui me serrent dans leurs bras. Faut pas.
Je me rassure en faisant passer ça pour des rêves. Des petits écarts de pensées matinales. Rien de bien grave.

Pourquoi mon imagination fertile ne cesse de vouloir aller voir ailleurs?
Il est vrai qu'ailleurs est un endroit que j'affectionne.
Un endroit.
En va-t-il de même pour les êtres?

Mon corps se languit Paris. L'élan de liberté qui m'emplit lorsque je pose un pied là-bas. Et ce type. Pas bien pour moi.
Ils ne le sont jamais.
C'est quoi alors? C'est le frisson de l'éventualité, c'est ça? Ce n'est même pas quelqu'un, finalement. Ce n'est encore qu'une histoire de contexte.

Malgré tout, ce qui se noue est bien réel. Il l'est, si on veut lui donner l'ampleur d'un impact. Et pour ça, on n'est jamais tout seul. Si seulement chacun était raisonnable.
Mais peut-être que je les choisis en fonction. Insouciants et insoupçonneux. Elle me gonfle cette loi qui fait qu'on n'aimera jamais qu'une seule personne à la fois. Je ne veux trahir personne.

Alors je suis heureuse de ne pas avoir dépassé les stades.
Même si, il manque quelque chose.
C'est sur.

Il manque l'amour.

Trois mois

Here I am. Retour à la case foyer. A la casa.
A peine le temps de le dire qu'il me faudra déjà m'en aller.

Je n'ai pas envie de partir. J'aime cette ville. Quand je sors dans la rue, j'entends ces vieux airs de cool jazz New-Orleans oui tout ça à la fois. Alors je m'arrête quelques instants et j'ai la larme à l’œil qui me titille parce que. J'aime ces moments là. Où je suis ailleurs. Où je suis ailleurs juste en bas de chez moi.

Je n'ai pas envie de partir. Je serpente à travers les allées dans les petits quartiers à deux pas de mon appartement et c'est comme un rêve. Je veux dire, c'est vraiment comme un rêve. Que j'aurais déjà fait. Je reconnais quelques paysages. Des cours d'eau minces se frayant une nouvelle existence sous les ponts de la ville. Nous sommes en automne. Déjà, mince. C'est trop tôt. Je n'ai pas eu le temps de m'y résoudre.

Je n'ai pas envie de partir. L'Australie c'est trop loin, trop éloigné de moi. Trop peu charmant à mes yeux.
Et de là où je viens, les gens sont devenus fous. Ce serait comme faire un pas en arrière vers les mauvaises habitudes. Alors. Ici, c'est mon entre-deux. Mon asile.

Je ne veux pas. Trois mois. C'est rien trois mois.
Qu'est-ce que je pourrais imaginer? Envisager? Mettre en place, construire?
En seulement trois mois.

Même pas le temps de m'estimer heureuse.

samedi 22 septembre 2012

Nos propres eaux

Le froid dans le bas des reins. La pluie qui s'écoule entre les poils hérissés. J'ai aimé hier. Avant hier, aussi. Sentir cette liberté de côtoyer et sourire à des non-inconnus, à des dangereux, à partager une couette contre un aveu et laisser nos chairs collées à nos propres os. Nos propres eaux.

Je suis bien, là. J'ai rencard dans une heure avec un crane rasé et une petite qui ne peut que cligner de l'oeil pour s'exprimer. Z*mbie W*lk dans les rues de Paris. Et il refait soleil. Je ne veux pas rentrer dans les hantises passées. C'est comme si je m'y étais attachée, à mes travers. Qu'ils avaient pris un côté charmant et douillet. Je suis mieux sans, c'est juste que je ne sais pas à quoi ressemblera ma vie auprès d'un certain lâcher prise sur les êtres. Purée, pourquoi toujours vouloir pousser les limites d'une histoire?

jeudi 20 septembre 2012

Un air de quena

Paris regorge de curiosités. De curiosités humaines.
J'ai toujours l'impression, le pied à peine posé sur le sol de la capitale, qu'elle m'a préparé son lot de surprises, de mystères. Les secrets de ses habitants qui viennent à ma rencontre. A Paris, les gens me parlent et me sourient. Ces gens là, qui s'amènent à moi, sont toujours des illuminés d'artistes.

Je me suis déjà demandé par le passé si les êtres à la fibre similaire étaient capables de se sentir à des kilomètres et se reconnaître à travers les obstacles. Parce qu'à Paris, ce sont à chaque fois les mêmes qui m'abordent, des musiciens au parcours dense et aux histoires intenses. Des sorciers aussi. Ils pensent que personne ne les remarque.Ou ne se posent pas la question... Bref.

Aujourd'hui, c'était Alb*rto D* Rob*rtis qui me disait bonjour dans la rue parce qu'il s'interrogeait sur la provenance de mon pantalon. Que les paysans pour monter à cheval avaient les mêmes en Argentine, mais qu'il n'en avait jamais vu de cette couleur. C'est un vieil homme, il pourrait être mon grand père. Sauf qu'au milieu des rues on se confie l'un à l'autre avec du baume au coeur. Il me dit qu'il a été auteur-compositeur aussi. Et me fait part de son amour pour la flute indienne. Les groupes pour lesquels il a joué sonnent comme des rengaines d'antan, des images en noir et blanc, des contines de mon enfance. Je n'étais même pas née. C'était une autre époque. Mais.

C'était chouette à entendre.

samedi 15 septembre 2012

Une de ces soirées où...

Il est de ces soirées où l'on plaquerait tout pour une vie intense de solitude, à une table où la place n'est donnée qu'au hasard des rencontres. Eh bien voilà. J'ai tout plaqué mon ordi sous le bras et je suis à cette table. Ecrire. Regarder la vie en bas au premier rang du podium et la voir défiler vêtue de tous ses apparats, les uns après les autres.

Je craque. Ca y est. Je crois que je suis venue à bout de l'asociabilité. Envie d'une diversité de profils à piocher pour agrémenter les instants et s'en instruire. Et si ce soir je suis en colère, ce n'est pas de sa faute. C'est juste qu'après une journée difficile il n'était pas là et que mes rêves d'escapade se sont effondrés net parce qu'à part lui, je n'ai personne. Zéro possibilité de partage. Dans cette ville nouvelle qui me remplit d'allégresse, je virevolte au dessus des occasions sans jamais pouvoir m'y fondre.
Je ne veux pas d'amis. Je m'en vais dans trois mois.
Mais jusque là, j'aurais besoin, d'au moins, quelques échanges.

Je redoute toujours de découvrir après coup que mon instinct premier n'était pas d'échanger mais de séduire. Je crains la séduction. Je la rejette. La fuis. Parce qu'en sa présence, je me sens faible et déformée. Sous son emprise.

Je veux être libre.
Libre de ne pas plaire.
Libre de ne pas désirer d'un bel homme qu'il m'appartienne.
Alors.
Pour l'instant.
Je ne veux pas d'amis.

Parce qu'on sait bien. Vous comme moi.

mercredi 12 septembre 2012

L'insignifiance des heures

Il y a des barreaux à ma fenêtre.
Mais de là où je suis, je marcherais presque sur les tuiles orange rouille des voisins. De là où je suis, je suis libre et je vole au dessus des toits avec mon esprit et c’est comme un rêve. Je rêve souvent que je vis sur les toits. Que je les traverse, et que, de maison en maison, de ville en ville, je voyage. Lorsque je suis fatiguée, je me pose sur l’un d’eux, un confortable, j’en fais une grande terrasse de détente sereine. Une escale. Une ouverture sur l’horizon pas toujours accessible.

Il y a des jours comme ça où il ne se passe rien de grave.
C’est aussi un travail personnel de les écrire.
Accepter que l’on a pas toujours quelque chose à dire de spécial, une palpitation, une réflexion, du suspense. Et faire avec. Ici, je suis à ma fenêtre. Il n’y a nulle part où aller mais mon esprit s’attarde. Il voyage dans une immensité qui ressemble au vide. Qui ressemble.

lundi 10 septembre 2012

Carte postale

Je pensais à ce brésilien rencontré au Japon le visage collé contre la vitre du tramway. J'avais dû oublier le fait même de son existence depuis bien un an. Lorsque je suis descendue au terminus, c'est une brésilienne qui m'a accueillie et amenée à destination. J'ai trouvé la coïncidence étrange et belle, comme un petit pincement, une main au fond du coeur qui me fait des coucous lorsque je la regarde. L'émotion qui palpite, j'ai eu envie de lui demander si elle ne connaissait pas l'homme qui avait hanté mes pensées durant mon trajet, comme si le Brésil n'était qu'un village de 30 habitants qui se croisaient inlassablement tous les jours.

Je regrette de ne pas avoir immortalisé les instants humains à travers l'objectif.
Résultat, les images se froissent. Trop vite.

vendredi 7 septembre 2012

Zéro

Du temps à perdre.
Comme des gouttes qui se gaspillent, et laisser l'encre couler.

Je crois qu'un jour, il faut recommencer quelque part. J'ai cherché où mais pas très longtemps. Parce que ce n'est pas si important. Recommencer quelque part. Peut-être ailleurs. Dans une autre ville. Un pays étranger à mon langage. J'aime les carrés de toile perdus dans l'immensité des lignes. Ici, je suis nulle part. Et n'importe qui. Ici, je suis Anne O. Et personne ne le sait.