mardi 27 mai 2014

Life is like Legos

Je tombe de sommeil.
Peut-être l'occasion de me remettre dans un rythme de vie approximativement normal.
Le weekend était si intense que je m'en suis fait une jolie sciatique et ai complètement oublié tous les rendez-vous que j'avais organisés pour le lundi. Ah bravo.
Mais je suis heureuse quand même.
Quand je me couche. Quand je me lève.
Il y a une sorte de plénitude jouissive à chaque fois que je pose les yeux au plafond et que je réalise qu'ici, c'est mon chez moi, et que je m'y sens bien.

La veille, mon sorcier bienveillant m'avait transféré une petite vidéo sur comment attirer l'homme de ma vie et bon, même si je ne suis pas super fan de l'art et la manière dont c'est dit, le propos quant à lui avait son utilité et ses ressources.

Regardez un peu comme la vie emboite ses petits cubes ensemble.

Je visionne donc cette vidéo qui me dit à peu de choses près qu'on choisit ce qu'on attire en fonction de ce qu'on émet, de notre vision de l'homme et de ce que l'on veut. Ce même soir, je tombe sur la page évènement du festival auquel je participe le lendemain. Dans les commentaires, celui d'un photographe à la verve intrigante. Coup d'oeil sur son profil, il est vraiment très mignon et totalement mon type, et histoire d'en rajouter une couche, son travail est bluffant ainsi que ses expressions folles du visage. Son nom me dit vaguement quelque chose. Je cherche, je cherche. Je finis par me rendre compte qu'il a joué dans le même groupe qu'un bon ami à moi. Je me rappelle aussi ce que cet ami m'avait dit à son sujet : qu'il était obsédé par le sexe et libre dans ses mœurs. L'un n'impliquant pas forcément l'autre, je passe la soirée sur son compte vidéo à m'imaginer tout ce qu'on pourrait faire de ces informations là ensemble, tout en me rappelant que j'ai choisi de faire un jeûne sexuel de 9 mois et que ce dernier est loin d'être terminé. Mais je sais que cet homme sera là demain toute la journée et que j'aurais bien envie de le rencontrer, juste pour voir. (tu parles)

Comment attirer l'homme de ma vie, m'explique Lilou Mace.
Les défauts qu'on leur trouve, les rayer. Et projeter positif.
J'ai pensé : les hommes sont lâches. J'ai corrigé.
Les hommes sont lâches courageux.

Je vous avais brièvement évoqué mon penchant astrologique pour les compatibilités synastiques.
Il se trouve que les deux derniers coups de cœur pour lesquels j'avais fait les calculs étaient nés la même date. Deux émois complètement inaccessibles, qui plus est. Or, leur anniversaire commun était le lendemain, jour du festival.

Je ne leur ai pas souhaité. Je n'ai pas non plus mis la main sur le beau gosse d'internet et c'est pourtant pas faute d'avoir essayé. A la place, il y a ce garçon que j'ai vu s'avancer de très loin et qui a marché vers moi. Qui m'a lancé "on ne se connaît pas déjà?" et qui m'a prêté un coin de stand, présenté à ses coéquipier. Il m'a annoncé, "le prochain projet est d'ouvrir une autre épicerie (NDLR : bien que ce ne soit pas vraiment une épicerie, cela a un rapport avec les produits de la terre) vers la rue ******". J'ai pensé que c'était à une rue de chez moi. Puis, en y réfléchissant, je me suis souvenue que ma voisine m'avait sollicitée pour prendre avec d'autres gens motivés un local à un prix dérisoire, parce que l'affaire valait le coup de se mobiliser. J'en ai fait part à cet homme, ainsi que l'adresse du local. Il m'a répondu, "ta voisine, ce ne serait pas ***** par hasard? j'ai entendu qu'elle souhaitait ouvrir une épicerie juxtaposée à son association en plus, ce serait vraiment approprié!". Et le monde se rétrécissait de jour en jour. 

Sur le trajet du retour, mon acolyte musicien me demandait curieux quel était ce local à louer et s'il avait un nom. Ne parvenant plus à me rappeler, je finis par faire un petit crochet devant celui-ci, avant de prendre un temps la clef dans ma porte d'entrée.

"La graine", qu'il s'appelait.
Faut le faire, non?

samedi 24 mai 2014

Une belle personne

Je suis encore tombée furtivement amoureuse aujourd'hui.
C'est pas comme si ça m'arrivait quotidiennement depuis que le printemps avait pointé le bout de son nez, n'est-ce pas?

C'est marrant, ça s'est fait de manière assez frontale.
Plusieurs années que mon acolyte musicien me vantait les mérites de cet homme incroyable, formidable, dont les actions sont vraiment estimables et utiles pour tous, qui en plus était un humain au top, comme-ci, comme ça, blablabla. J'avais parlé à mon acolyte de certains projets concernant la Terre qui me tenaient à coeur, il m'avait alors redirigée vers cet homme qui effectuait déjà un travail similaire. J'ai alors dû visionner quelques vidéos de ses interventions et bon, même si ça m'avait fait un petit quelque chose, fondamentalement, je n'y ai pas prêté plus d'attention. D'autres connaissances m'avaient alors fait passer des invitations (je n'avais pourtant rien demandé) pour des conférences auxquelles il participait, je n'y étais pas allée.

C'est là que je me dis, quand même Anne, ne sens-tu pas les rencontres qui se trament depuis un moment et qui attendent, gentiment, que tu te sentes prête? Toutes les mains que l'on te tend afin que tu sortes chaque jour de ton petit nid douillet, de tes habitudes, te balancer dans l'imprévu qui a de la suite dans les idées et qui t'ouvre grand les bras?

Bref.

Il était là, cette après-midi.
Moi j'étais sur scène, lui derrière son stand. Un horaire pourri et complètement bâtard, où il y avait plus de monde dans le staff que dans le public. Puis, comme une fleur, il s'est avancé avec son espèce de sweat enroulé autour de la tête, avec son grand sourire, il s'est appuyé contre les barrières et il m'a regardée. J'étais en train de murmurer "s'il te pl@it viens d@nser" et il n'y avait que lui pour recevoir. Cela a duré une moitié de chanson, puis me rendant compte de l'intrusion publique dans ces sphères de l'intime, j'ai repris mes esprits et le cours de la musique.

A la sortie de concert, il a été le premier à venir nous saluer. Nous nous sommes mutuellement présenté et cela a été direct. Il a commencé par "Mais on ne s'est pas déjà rencontré, en fait?". L'éclat dans le regard. Lui en face de moi, il se passait un truc inaudible qui criait "j'ai envie de te connaitre". Je ne sais pas pourquoi, dès le début de l'échange, je lui ai demandé s'il écrivait des textes. Ça l'a étonné, évidemment. Surtout qu'il avait une trentaine de paroles en stock. Il m'a questionnée "Comment tu as rencontré ton acolyte? Depuis combien de temps tu le connais?". Depuis toujours, puisqu'il m'a vue naître. "C'est un peu comme ton grand frère, alors?". Tiens, j'avais jamais vu ça comme ça.

- Pas vraiment, mais c'est une relation particulière. Tu sais, on est né le même jour lui et moi.
- J'imagine que vous n'êtes pas de la même année...
- Oui, on a ** ans d'écart...
- Et d'ailleurs, quel est le jour?

Alors ça me fait doucement rire, parce que d'habitude c'est moi qui pose cette question. Après je rentre chez moi toute jouasse et je plonge dans les cartes du ciel ainsi que les calculs de compatibilité.
D'accord, c'est une sale manie. Je plaide coupable.

- Pourquoi tu veux savoir? Tu es calé en astrologie?
- Non, c'est juste qu'on en a pas mal parlé hier avec un ami et voilà. Je lui disais que je trouvais ça peut-être plus judicieux, quitte à regarder les cartes du ciel, de se pencher sur celle de notre conception plutôt que celle de notre naissance.
- C'est sûrement aussi significatif, mais la naissance a tout autant son importance, puisque malgré les 9 mois de gestation, il reste une bonne part d'imprévisibilité. C'est probablement nous qui choisissons la date de notre naissance...

Il avait l'air d'acquiescer. En quelques phrases, nous avions compris que notre chemin de réflexion était similaire. Entente silencieuse. Puis il m'a parlé de mes chansons. De la première, qui l'avait particulièrement touché, il m'en a fait une analyse assez détaillée et intérieurement j'étais plutôt heureuse que quelqu'un écoute de la sorte, dès les premières notes. Il m'a dit qu'il aimait ces échanges spontanés avec les gens, les rencontres de la vie, et que j'avais l'air d'être une belle personne.

Ça m'a un peu émue.


A suivre, peut-être...

jeudi 22 mai 2014

Peu importe les raisons

Je me rends compte que je suis plutôt heureuse en ce moment.
Je crois que cela a un lien avec cet élan créatif qui m'anime depuis plus d'une semaine.
Qui de l’œuf ou la poule est arrivé le premier? Lequel de ces deux sentiments a engendré le second?
Ce n'est peut-être pas très important. De savoir.

J'ai de quoi bosser toutes les journées. Ça me remplit. Véritablement. Une sorte d'extatisme du quotidien, où chaque petite chose de la vie pourrait me faire sauter au plafond, un alcool joyeux qui se distille dans l'air ambiant. Je bondis sur ma chaise impatiente de répéter sans cesse les mêmes refrains et cela me convient plus que bien.

Et c'est officiel.
Je me trouve belle telle quelle.
Assise au fond de cette salle obscure, je crevais l'écran. C'était magique, savoir que lors de ce tournage là ma fièvre carabinée m'avait laissé un jour de congé, par bonté de coeur, je tenais debout, et sans maquillage je n'étais pas livide. Les titres tournaient derrière l'histoire et la musique s'harmonisait parfaitement avec le propos. Je suis sortie de là, je n'avais pas de mots, encore moins de critique constructive à prononcer tant tout m'allait, comme sur un nuage. C'était pourtant il n'y a pas si longtemps, que j'avais du mal à me voir et m'écouter. Un pas de plus vers soi, je crois.

Je n'ai maintenant plus qu'à trouver suffisamment de confiance en moi pour répondre à la question : "Et tu fais quoi dans la vie sinon?" sans me plaindre par habitude, énoncer les difficultés du métier comme pour justifier nos moments sans et rabaisser les efforts et espoirs conçus à une simple chimère, impalpable, un rêve irrattrapable car trop grand pour ceux qui n'ont pas toutes les cartes en main, qui ne trichent pas, et au fond, les meilleurs joueurs, on le sait que c'est ceux qui gagnent peu importe les cartes.
J'aimerais, pour une fois, ne pas rentrer dans cette coutume systématique lorsque l'on croise un confrère artiste "c'est dur d'être qui on est et de s'en sortir", "on n'a pas choisi le chemin le plus facile" parce que, quand même, quelle chance! Quelle chance on a de pouvoir choisir!

Tout individu pourrait s’apitoyer sur son sort ainsi que la rudesse de son travail. Quand on veut se trouver des raisons, on en a toujours. On a toujours tant d'obstacles sur notre route quand on a envie de s'en créer soi-même pour ne pas réussir. Et puis, qu'est-ce que c'est, réussir?

Finalement, puisque tout le monde a la possibilité de se plaindre de sa condition, que font ceux qui se taisent?


Ils profitent, non?


jeudi 15 mai 2014

Traquenard 2

Il m'a serrée dans ses bras.
J'avais oublié ce que ça faisait de tenir un homme comme ça, au creux de ma paume.
J'avais aussi oublié qu'il existe des odeurs et textures épidermiques complètement enivrantes. J'avais aussi oublié que c'était un homme. Un bel homme. Masculin. Du sexe opposé.
Et ça fait tellement longtemps.

Je me suis engagée envers moi-même, à faire une diète sensuelle jusqu'à septembre au minimum.
Neuf mois.
Émoi neuf.
Alors je tremble. Tapie dans les recoins sombres de mes envies, je convulse.
De rage et d'amertume.
Conflit d'intérêt entre le présent et le futur, l'immédiat et la durée.
Comment résister.

Ne pas projeter ses désirs sur un avenir qui n'existe pas et vivre ancrée dans le présent, là est la véritable profondeur de la vie.
Mais n'assouvir que ses envies immédiates sans penser aux conséquences futures de ses propres actes, n'est-ce pas la vie la plus superficielle qui soit?

Un grand tiraillement. Je me suis promis de m'abstenir, mais mon corps réclame. Mon coeur vient s'étaler du bout des doigts sur une chair prompte aux balades. Mes sens pleurent de plaisirs indécis, lorsqu'en alerte ils répondent aux signes des peaux qui s'entrelacent. Et quelles peaux! J'en eus fait tout un pamphlet, il y a deux ans de ça. J'en eus employé des adjectifs gourmets et nutritifs, sans n'être jamais assez repue de ce plat qui se mange froid et chaud, à toutes les sauces. Alors, lorsqu'il m'a serrée dans ses bras, je me suis laissé un temps pour moi, profiter des affres de l'existence.
Et nous avons dansé.

Sur le lit, nos courbes en connivence, le sol se soulevait. Nous ondulions ensemble d'une tendresse chatoyante, aimable et fraiche comme le printemps. Qu'est-ce que j'aime les danseurs. Ils ont le sens du phrasé. Du toucher gracile. Puis, lorsque nos gestes ont eu fini de s'échauffer, il me fallait éteindre le feu, calmer nos ardeurs. Il le savait. Que mon corps était en jachère. Il le savait. Je ne lui avais pas expliqué tous les détails du pourquoi mais ce n'était pas comme si je l'avais pris au dépourvu et laissé là, sur le carreau. Nous étions debout devant la porte d'entrée lorsqu'il m'a avoué : "J'ai envie de toi. Je ne sais pas si je dois te le dire.". Se mordre les lèvres et se ronger les ongles. Qu'est-ce qu'il est désirable, qu'est-ce qu'il respire la tarte meringuée d'une gourmandise inquantifiable. - "Je ne souhaite pas faire quelque chose que tu pourrais regretter le lendemain.", mais il m'assure qu'il n'y a rien à regretter.

Je reste consternée. Pourquoi moi. Il en a pourtant eu des occasions, des filles plus belles que moi. Plus sexuelles, plus abordables. Je veux dire, en vue de ce qu'il est et émane, il n'a aucun mal à trouver, et c'est plutôt elles qui viennent à lui en général. En plus, c'est quelqu'un d'honnête et de sentimental dans ses relations. Je réfléchis. J'ai longtemps pensé que tous les hommes étaient comme cela. Mythomanes, manipulateurs. Qu'ils avaient toujours en tête d'effleurer les femmes, peu importe les intentions désintéressées dont ils faisaient preuve. Je pensais tous les hommes comme ça parce qu'en mon vécu, je n'avais aucun contre exemple. Ils avaient beau se justifier : "d'ordinaire je sais me tenir", "je ne pensais pas à ça quand je t'ai proposé qu'on se voie", "avec les autres filles ça ne se passe pas comme ça", "je ne me reconnais pas", "je n'avais pas envie à la base", etc... je finissais par ne plus les croire du tout vu qu'ils avaient tous le même discours à mon égard. Et puis j'ai réalisé, en entendant d'autres témoignages de femmes sur ces mêmes hommes, complètement différents en leurs présences. Ce n'est pas qu'ils sont tous comme ça. C'est qu'ils sont tous comme ça avec moi. Que le dénominateur commun de leurs agissements sournois, c'est moi. Que c'est moi qui attire ce genre de situations, à répétition. Et que s'il y a quelque chose à modifier dans l'équation pour sortir du sujet, ça ne peut qu'être une partie de ce facteur de récurrence. Mon comportement. Mes énergies. Les désirs que je projette.

Je n'ai pas réussi à partir tout de suite, mais je suis restée habillée. Nous nous dévisagions la tête posée sur l'oreiller, et je lui caressais les cheveux. D'une tendresse insatiable. Nos mains courraient dans tous les sens, se rencontraient parfois. L'une dans l'autre, elles s'apaisaient. Deux heures de chamboulements. Enfin, lorsque la lune se fit à son sommet, je nouai mon manteau. Doucement, nous descendîmes les escaliers, en silence. Il rejoignit son vélo alors que je lui faisais un signe d'au revoir de la main, de loin. C'est trois rues plus tard que j'entendis les battements de son pédalier derrière moi. Il se cala un instant sur mes pas, pour une dernière promenade nocturne. J'observais cette pleine lune affriolante de splendeur subjuguer mon attention. Lui, m'observait. Quand je me rendis compte de son regard posé sur moi et que nos yeux interceptèrent la même seconde, il eut un éclat de rire spontané. Puis la cadence de ses pieds s’accéléra et il me doubla, pour disparaître au bout de la rue, sans un mot de trop.

Traquenard

Je sais que j'ai fait le bon choix. Je le sais.
Je sais que dans quelques jours, je me remercierai.
Ça ne m'empêche pas pour autant d'être terriblement déçue et frustrée.
Et quelques sanglots coincés au fond de la gorge qui ne se décident pas à sortir.

J'aurais dû le voir venir. Finalement, je me demande si je ne devrais pas me faire davantage confiance plutôt que d'écouter les gens parler de leurs propres sentiments. Parce qu'au fond, c'est comme si je savais mieux qu'eux lorsqu'ils se mentent à eux-mêmes. Malgré tout, je les crois aveuglément, parce que c'est dans ma nature, de faire confiance.

Je me disais, tiens, un message de cet amant à la peau à croquer, il n'a peut-être plus personne à se mettre sous la dent. C'était une histoire d'il y a deux ans et quelques, un moment où j'avais eu envie d'y croire mais où j'avais dû choisir intérieurement entre un homme qui me plait et un mode de vie qui me convient. Là aussi, léger goût d'amertume dans la bouche mais satisfaite sur le long terme de mes décisions de raison. Fallait dire que le timing était mauvais, lui même ne s'était pas rendu compte qu'il était en train de tomber amoureux de sa collègue de travail et me retrouver entre les deux, je ne me sentais pas à la meilleure position. D'ailleurs, elle ne m'a jamais aimé cette fille, jalousie et concurrence oblige. Juste après moi, ils se sont mis ensemble et le sont encore aujourd'hui.

Bref, il y a environ un mois, alors que je n'avais plus de nouvelles depuis plus d'un an, je rêve que je porte en mon ventre son enfant. Le rêve est bien plus complexe que cela mais bon, une semaine après, je tombe sur lui par hasard dans la rue. Il se trouve qu'il habite juste à côté de chez moi. On s'échange nos numéros que l'on avait perdus en se promettant qu'on ira se boire un café à l'occasion.

L'occasion, c'était cette après-midi. Sauf qu'immédiatement après m'avoir invitée, il se souvient que des amis à lui jouent leur spectacle en plein air et qu'il s'était engagé à venir. Pas de panique, on s'y rend ensemble. Je me dis que ça va encore être le gros bordel de gens et que j'ai pas envie d'aller boire un verre avec ce garçon....suivi de tous ses potes. Gentiment après la représentation, je lui annonce que je file en catimini. Étonné, il me rassure, lui non plus n'a pas l'intention de traîner longtemps ici. Nous rentrons donc boire un verre. Là où j'aurais dû faire plus attention, c'est quand j'ai compris qu'on allait le boire chez lui. D'un autre côté, quelle est l'utilité essentielle d'un bar quand on ne boit pas d'alcool?

On discute, il me confie que tout va bien dans sa vie. Et quand j'insiste un peu, que ce n'est plus comme avant avec sa chérie. Je lui demande s'il a parlé de ses doutes avec elle, il me répond qu'il vient de le faire ce matin (ou hier matin?). Tiens tiens. Vous la sentez celle-là aussi? La bonne vieille odeur louche. De toute façon, je suis censée rentrer dans une demi-heure. Il me dit qu'il a récupéré une Playstation 2. Toute jouasse, je lui propose de l'essayer. Avec un ton feint de déception dans la voix, il balance : "Et moi qui pensais que tu allais me proposer de faire l'amour...". Haha, qu'est-ce qu'on rigole.

Sous nos yeux ébahis, lever de lune gigantesque sur la montagne. Les plaisanteries douteuses se tassent d'elles-mêmes. Devant cette lumière d'un autre monde, nos confidences s'entremêlent. En vue de ses réactions, je lui pose sérieusement la question : "Tu as vraiment décidé que tu allais tromper ta copine alors?". Il me fait des yeux de merlan frit. Non non, qu'il me dit, depuis que je suis avec elle ça ne m'est jamais venu à l'esprit, et pourtant ça n'a pas été les opportunités qui ont manqué, elle n'est pas souvent là et puis dernièrement elle est partie un mois à l'étranger, j'ai aussi dormi la semaine dernière avec une amie nus comme un ver et c'était génial parce que pas ambigu pour un sou, et ma copine est au courant, et puis on sait se tenir face aux désirs physiques, blablabla blablabla. Okay.
C'est moi qui interprète, sûrement.

Une demie heure devant la fenêtre, fascinés par l'astre qui se fraye une place haut dans la nuit. Il fait presque jour tellement elle reluit, cette lune aux reflets dorés. Soirée à part. On se regarde, ce garçon à la peau à croquer et moi. Lui a rendez-vous avec ses amis de la compagnie, et moi avec une italienne. On se décide enfin à bouger d'ici. En deux temps trois mouvements, il a glissé ses mains sous ma taille et me porte contre lui, comme une mariée qui s'apprête à franchir la chambre nuptiale. Je frémis. C'est ma faille, lorsque l'on me soulève. Il me dépose sur le lit, drôle de manière de s'en aller.

- Bon, moi j'y vais, et toi tu m'attends là!
- Oui c'est ça, je t'attends en faisant l'étoile de mer.
- Chouette!
- Ah bon, tu trouves?


A suivre, peut-être...

dimanche 11 mai 2014

Hounds of Love

" Hounds of love are hunting me
   I’ve always been a coward
   And i don’t know what’s good for me
"

Ils ne sont pas passés me rendre visite sur le retour du trajet.
La boule au ventre, mais c'est sûrement pour le mieux. Si ça ne s'est pas fait, tout ça.
Je comprends que c'est pour me protéger et me chérir, que mes anges me laissent ce soir seule pour dormir, si après une journée entière de service et de don de soi j'en arrive à ce résultat là. Je comprends qu'il est là le cadeau, la gratitude du retour d'échange. Dans le silence de la non-réponse.

Bien qu'il avait écrit qu'ils m'auraient bien embarquée avec eux si j'avais osé le leur proposer avant leur départ. Tous les trois embrigadés ces jours durant, lui, le contrebassiste et moi, nous aurions passés de courtes nuits. A parler, rire, chanter, danser, faire de la musique, des rencontres, des confessions. Mon amie ayant vue hier une de ses vidéos parlant de son jeu en flash dont tu es le héros s'est tournée vers moi en riant : "ouais bon, c'est toi en homme, quoi". Et ce n'est peut-être pas si faux.

Dans l'obscurité de la salle de concert, nous chantions systématiquement les mêmes voix intermédiaires. C'en était frustrant, d'avoir ces mêmes réflexes intuitifs, temporels et musicaux, qu'il s'est senti obligé de me le faire remarquer, alors que je me forçais à faire taire les ressemblances. C'est aussi lui qui a relevé notre humour commun et particulier, nous félicitant de nous être assis l'un à côté de l'autre lors des repas plan-plan, étant de surcroît notre public respectif le plus adapté. Nous étions à l'écart, en recul, dans un coin de tablée, spectateurs, complices des contextes. Il m'a demandée "Ton copain n'est pas venu, au fait?", comme ça, l'air de rien, de ne pas y toucher, ni manger de ce pain là. Mais est-ce qu'on continue de nos jours à employer "ton copain" pour signifier "ton pote" ou "ton ami"? Est-ce que le synonyme s'emploie encore auprès du sexe opposé sans être définitivement connoté? 

Je me remémore les phrases, les épisodes.
Ses yeux.
Je crois que ça faisait longtemps qu'un homme ne m'avait pas permis de réellement le regarder dans les yeux. J'en avais pleuré, à l'époque. Qu'ils me le refusent, même mes amoureux, même inconsciemment. Que les pupilles se ferment dès la connexion établie. Cette source d'amour infinie qui m'eut mené à une jouissance universelle, me laissait devant la porte close des recalés d'office, pour des raisons toutes plus impalpables les unes que les autres. Parce que j'étais la sorcière qui s'emparait de leurs âmes, les envoûtait, les volait de leurs biens les plus précieux.

Lui, ces soirs là, ne craignait pas de plonger ses pupilles dans les miennes. Je les voyais reluire, scintiller alors qu'il me parlait et j'en étais émue, à en baisser le regard.
Je pouvais le voir.
Si je le voulais, je pouvais le voir.
Dans son intégralité.
Dans son intégrité.
Nous pouvions échanger nos vues et les mélanger, nous avions accès libre à nos intérieurs.
Par pudeur, et parce la permission n'avait pas été fondamentalement donnée, j'ai laissé ce qu'il était à lui-même. Je n'ai pas fouillé son intimité à travers les fenêtres de l'âme parce que nous n'avions pas encore établis ce lien qui l'autorise. Mais. J'ai été tellement heureuse de réaliser qu'il m'en donnait la possibilité. Qu'il ne me l'interdisait pas. Pas comme les autres.

Je repense à ces derniers soirs, oui.
A tous ces trucs qui s'envolent.
Les papillons, vers des cieux qui se recréent.
Je suis libre de m'éprendre à nouveau.
Encore et encore, recommencer.
Ce n'est plus si décourageant.
Désormais.

En rentrant de ce voyage, je suis passée devant la vitrine de ma voisine qui chantait des bhajans. Je me suis arrêté un instant chanter avec elle. Elle m'a alors raconté qu'ici il suffisait de formuler un souhait pour le voir s'exaucer. Qu'aujourd'hui, la jeune fille qu'elle hébergeait avait émis le vœux de retrouver sa grand mère sans nouvelle depuis 6 ans, et que celle-ci avait appelé dans la journée.
Je me suis mise debout, ai levé la main au ciel, déclamer :

- J'aimerais bien trouver un amoureux.

Ma voisine a fait les gros yeux :
- Tu n'es plus avec ton sorcier bienveillant?
- Non, ça fait plusieurs mois déjà.
- Ah booon! Je ne savais pas! Mais tu sais, ici, il y a plein d'hommes qui demandent après toi. J'en ai déjà rembarré trois à qui j'ai dit que tu n'étais plus un cœur à prendre...

Voilà.

Morale de l'histoire. Pourquoi se limiter?
Il n'y a jamais qu'un seul choix.
Un seul amour.
Une seule emmerde.
On pense refermer devant soi l'unique porte disponible.
C'est parce que tant qu'on la regarde, on ne voit qu'elle.
Renoncer à quelque chose, n'est-ce pas garder de la place pour autre chose?
Faire le vide, le débarras, pour pouvoir accueillir?

J'aimerais bien trouver un amoureux.



Hounds Of Love by Eivør Pálsdóttir on Grooveshark

jeudi 8 mai 2014

Une porte entrouverte

Écrit sur un vieux canapé, une vieille lueur, un 8 mai 2014 à 02h10 du matin.

Une porte entrouverte.
Flot de pensées qui s'attardent sur l'envers des possibles d'une porte entrouverte.
De cet espace là, sombre, obscur, qui nous sépare du coup d'état d'esprit, d'être et de ressenti.
Tu vois, de toi à moi, il n'y a qu'un pas, une feinte, une fente sujette aux courants d'air, si fébrile, si légère...

Il n'en faudrait pas plus pour tomber amoureux.

De la fabuleuse idylle à l'histoire de fesses dégueulasse, une subtile ligne, et quand sait-on qu'on la dépasse? Je ne vais pas pouvoir dormir.
J'en ai rêvé, les deux fois où j'ai été logée sous le même toit.
Dans mes songes, de l'aimer.
Et au réveil, le retour au bercail d'une réalité refroidie.
Je m'étais dit, en vue des circonstances : "n'essaie même pas d'y penser".

Mon sorcier bienveillant la veille m'avait fait remarquer :
- En voilà un type bien pour toi.
J'avais dû rétorquer :
- Comment tu sais qu'il me plait?

"C'est parce que quand tu en parles, ta voix sourit.
"

Et alors que ma retenue se justifiait uniquement par les contextes, les voilà qu'ils s'ébranlent un à un. Et les lapsus qui ne trompent personne : "Machine (prénom de chanson et d'actuelle copine), vous la trouvez vraiment indispensable?". Les phrases qui en disent long : "J'ai trébuché parce qu'Anne m'a fait un clin d'oeil.", "Pourquoi Machine a acheté ton disque alors qu'on l'a déjà à la maison? Je sais pas, c'est parce qu'on se sépare?". Et les quiproquos sur le partage des lits et des salles de bain que les autres n'oublient pas de relever. Sans y prêter attention plus que ça, les mots, ces sournois, tendent à nous réunir aux mêmes endroits. Et je me tais. Parce que si je l'ouvrais, ce ne serait probablement pas pour refuser l'invitation.

Comment procéder?
Mon cœur s'emballe, court après l'amour.
Tellement, que je ne parviens plus à distinguer une morale, de ce qui est respectueux, de ce qui n'appartient qu'à moi, des envies que je m'impose. La pression d'un résultat sentimental.
Derrière ce brouhaha, une porte entrouverte, sur l'envers des possibles et au devant, la seule chose qui tient encore la route, qui réussit malgré le brouillard à me porter aujourd'hui.

La patience.


mercredi 7 mai 2014

L'idéal de l'idylle

Ressentir l'urgence de ses envies.
Je crois qu'il toque déjà à ma porte, ce besoin irrépressible de tomber amoureuse.
Les histoires naissantes.
C'est la saison, j'ai dit.

Chercher midi à quatorze heures.
Parce qu'au fond, on a peur de trouver.
Se retrouver nez à nez avec l'évidence.
Et quoi faire après?

L'idéal de l'idylle.

S'en aller divaguer dans un coin de page blanche.
Rêvasser à ses amours impossibles.
C'est tellement plus facile.

Et quand on en aura marre de nos films à l'eau de rose, de nos idoles impalpables et toutes ces fantaisies quotidiennes que l'on se raconte à pas d'heure pour mieux s'endormir le soir, on ira éteindre l'ordinateur, puis l'imaginaire en verve. On tâtera d'une main molle cette place vacante sur le matelas et on fermera les yeux sur la solitude. On se demandera si c'est vraiment ce qu'on veut, se remettre dans un rythme à deux, une vision binaire des espérances, des objectifs. Se construire ensemble là, tout de suite. On se demandera si c'est pas un peu tricher avec la vie que de vouloir s'enivrer, sentir la passion qui s'anime au contact de l'étranger, tout en tournant le dos au travail qu'elle implique. Si c'est de la paresse, de l'inconscience, voire de l’irrespect pour celui qui aime, pour soi-même.

Et qu'est-ce qu'on attend de tout ça?
Rien?

Mais si on attend vraiment rien, pourquoi est-on déçu au final?
Pourquoi est-on déçu par ce rien que l'on attendait?

C'est qu'il doit bien y avoir quelque chose derrière, d'un de ces espoirs que l'on ne se dit pas.
De ceux que l'on se cache pour mieux se protéger.
Et pourtant, si on prenait ce temps de bien regarder nos désirs profonds, il n'y aurait plus de paradoxes. Il n'y aurait plus de rien, puisqu'il y aurait quelque chose.
Là, sous nos yeux.
Et la possibilité de l'obtenir.
Puisqu'on le regarde.
Puisque dorénavant, il existe en nous.
Ce sentiment. Cette envie.
Donnons-nous les moyens.

C'est une prière que je m'adresse.
Anne, donne-toi les moyens d'accueillir le fruit de tes désirs véritables.