mercredi 15 septembre 2021

Voir la date au dessus de la boîte

C'est drôle. C'est quoi ma vie ?
Les journées qui défilent sont pas si mal, au final. J'étais partie pour chercher l'amour, encore. J'ai l'impression d'être dans la phase grise de mon existence, un peu avant les starting blocks. Là où t'as droit de t'échauffer parce que le top départ n'a pas encore sonné. De faire ce que tu veux de ton corps.
Me sens comme ça. A l'endroit de la libre action et de la libre pensance. A l'endroit où tenter et se tromper, c'est pas très grave.

Ma réflexion m'a menée à ce constat.
Je veux un mec bien, avec qui je prendrai mon temps.
Je veux aussi un max de gourmandise.

Suffit de trouver un mec bien et gourmand avec qui prendre son temps. Mais, en attendant, quand t'as qu'une moitié des deux ?

Faut être honnête avec soi-même. A s'embarquer dans quelque chose d'un peu moins coloré mais sérieux, je préfère l'édulcoré de l'éveil des sens. Il y a une raison à cela, j'ai de fins gourmets devant moi. Qui travaillent la précision des recettes, la virtuosité des mélanges, qui ont le palais affiné, entraîné.
C'est rare de trouver tant d'artisans passionnés par leur domaine sur une même période. Pouvoir ensemble, façonner la matière.
Est-ce que j'ai envie de lâcher ce labeur, nos champs de recherche respectifs pour un mec sérieux avec de belles valeurs ? Est-ce que ça suffit ?

Pour clôturer mon insatiable curiosité et la diriger dans un seul sens, faudrait me mettre un certain nombre de paillettes dans les yeux et être prêt à recevoir mes envies féroces de découverte. Pour l'instant, pas de magie à l'horizon. Pas d'émoi grandiloquent. Pas de petite flamme qui nait sans se casser la gueule, se faire étouffer par la vitesse avec laquelle on prend les tournants sur un site de rencontre. De vrais chauffards de l'attraction.

Je suis exigeante, romantique, passionnée, crue.

Au milieu de la phase grise de mon existence.

Dans cette temporalité où ma peau est encore douce et élastique et le sablier du temps qui continue de se déverser. Je privilégie ce qui survit à la décrépitude de la vie. Ce qui compte au delà d'un regard. D'une attirance furtive. Mais on sait bien, vous et moi. Quand la date de péremption approche.

Faut manger tout ce qu'on a.

samedi 4 septembre 2021

Insomnie

 J'ai oublié de dormir.
A la place, je me suis raconté des blagues. Toute seule dans mon lit, me suis entraînée à les scander correctement, mettre l'emphase sur l'effet de surprise. Et je me suis fait rire.
Me suis fait rire de me voir solo à sept heures sur matin, mimer des blagues en direction du plafond en position horizontale. Mais qui fait ça, sérieux.

J'ai refait l'intégralité de la stratégie de mon jeu mobile les yeux fermés, j'ai corrigé le dossier de subventions de mon pote sur mon matelas parce que je me suis rappelée qu'il me l'avait envoyé par mail pour avoir un avis mais c'était plein de fautes, j'ai repensé à ma mère qui disait de la merde sur les cotons tiges des tests antigéniques alors je suis allé vérifier les infos, remonter les sources d'un article qui parlait d'autres chose, mal interprété ensuite par des dizaines de blogs vaseux, ça m'a réconfortée et en même temps je me suis dit que ce serait cool que ma mère soit plus méfiante sur la véracité des infos qu'elle véhicule plutôt que sur la dangerosité des cotons tiges des tests antigéniques, j'ai repensé aux cycles circadiens, à ma digestion et sa potentielle influence sur mon éveil en essayant de faire des statistiques de mes nuits et de leur évolution, je suis tombée sur le post Instagram d'une capture d'écran d'un texte de Navo d'il y a dix ans alors j'ai retracé son blog, j'ai lu, mais je me suis rendue compte que j'avais déjà tout lu il y a longtemps, j'ai reconstruit en mon esprit cette discussion de rupture que j'aurai jamais avec ce gars d'OkCupid d'il y a six mois et dedans je lui disais que j'aimais pas les trucs qui s'achèvent d'une manière pas nette et qu'elle me manquait cette conversation d'adulte à adulte, j'ai repensé à l'italien mentaliste qui débarque demain, au désir, et j'ai imaginé un cours pour expliquer aux hommes que bien toucher le sexe d'une femme c'est pas si éloigné dans l'esprit que leur manière de se donner du plaisir à eux-mêmes, avec méthodes à l'appui, puis j'ai repensé à ma vie amoureuse de ces dernières années qui aurait pu ressembler au début d'une bonne blague : "c'est un italien, un belge et un américain qui rentrent dans un bar" sauf que c'est dans ma chatte. Le soleil s'est levé sur mes pérégrinations nocturnes et il a commencé à se faire faim.