lundi 2 mai 2022

Certainement pas un chef-d'oeuvre

Je ne sais pas à qui dire tout ça alors je fais comme si tu pouvais m'entendre.
Forcément, c'est étrange, ce sont des mots que je n'aurais probablement pas le droit de prononcer. Des aveux qu'il serait incorrect de te faire. Mais, c'est le printemps, mes hormones me jouent des tours. Tu dégages un truc, une odeur d'émoi adolescent mêlée à une virilité que j'ai pas l'habitude de fréquenter. Je le sens bien, que ma peau vient se frotter à la tienne, l'air de rien, par hasard, pour ne pas que j'aille la réprimander. A quel point me ment mon corps, que je pourrais le surprendre à trébucher sur toi. Mettre en place des stratagèmes vicieux pour te frôler, se rappeler ta douceur, y'a vraiment un truc chelou dans le concept de force de gravité entre nos êtres. Et ça me rend dingo et électrique et je sais pas toi mais, l'euphorie du désir me fait péter des câbles. Tu présentes tes mains à mon visage et tu me dis "frappe". Tu me pousses à jeter mes poings contre tes paumes et je me demande, forcément, si ta proposition c'est pas un moyen d'évacuer la violence de ta pulsion. Parce que clairement, je veux bien faire semblant de me battre avec toi si c'est le seul détournement qu'on ait trouvé pour se faire l'amour très fort de manière platonique. D'ailleurs, c'est vraiment sournois que dans platonique, il y ait "nique". Mais c'est un autre sujet.

C'est fou l'énergie que peut dégager une attirance. On pourrait alimenter des villes avec ça.

Je crois que ce qui me donne envie de te manger, c'est tes petits pics d'adrénaline quand on fait de la musique ensemble. Quand tu cuisines, aussi, t'es vraiment sexy. Moi à côté de toi et d'une planche à découper les légumes, il se passe un truc incontrôlable. Ton extrême douceur et gentillesse, ta générosité et ton attention pour les autres, au sein du bulldozer sur pattes que tu es, ça ne peut être qu'attendrissant. Dans le fond je le vois bien, que tu m'aimes déjà. Mais genre, vraiment. Peu importe la manière. Je crois que t'as eu un coup de foudre sans couleur à l'amour. J'ai vu que t'as tout retenu, mes goûts, ce que j'aimais et ce que je n'aimais pas, les anecdotes, les détails, que tu ne te trompes jamais. Tu prends tellement soin de moi, tu me ramènes de quoi me réconforter quand tu sais que je suis fatiguée, à chaque fois, tu le dis pas aux autres mais tu fais quand même en sorte que je sois la reine de la soirée. Quand j'ai mal au ventre, tu me portes comme un prince pour me relever du canapé. Puis après t'ajoutes "n'en profite pas pour me peloter". Mais qui fait ça, sérieux ?

Allez, avoue-le. Ce projet, c'est un prétexte pour que je vienne te voir dans ta ville. T'as craqué quand on s'est rencontré, tu m'as lancé plusieurs fois pendant mon séjour "c'est con que tu sois pas là plus souvent" et le lendemain de mon départ, t'as trouvé une solution. C'est tout. Et je sais bien que c'est prétentieux de le croire.
Mais déjà à notre troisième entrevue, tu me préparais un des meilleurs anniversaires de mon existence. Autant d'amour en une seule personne, je me dis que ça n'existe pas de manière inconditionnelle et ouverte à tous. Qu'il a dû se passer en toi quelque chose de vraiment exceptionnel pour être une personne si adorable. Qu'à ce degré là, ça ne peut pas être juste une nature. Sinon y'aurait pas d'excuse à ce que tu sois un peu parfait, quoi.

Enfin, si t'étais célibataire.
Marrant comme une simple info change les souvenirs en un tableau assez dégueulasse.