samedi 22 septembre 2012

Nos propres eaux

Le froid dans le bas des reins. La pluie qui s'écoule entre les poils hérissés. J'ai aimé hier. Avant hier, aussi. Sentir cette liberté de côtoyer et sourire à des non-inconnus, à des dangereux, à partager une couette contre un aveu et laisser nos chairs collées à nos propres os. Nos propres eaux.

Je suis bien, là. J'ai rencard dans une heure avec un crane rasé et une petite qui ne peut que cligner de l'oeil pour s'exprimer. Z*mbie W*lk dans les rues de Paris. Et il refait soleil. Je ne veux pas rentrer dans les hantises passées. C'est comme si je m'y étais attachée, à mes travers. Qu'ils avaient pris un côté charmant et douillet. Je suis mieux sans, c'est juste que je ne sais pas à quoi ressemblera ma vie auprès d'un certain lâcher prise sur les êtres. Purée, pourquoi toujours vouloir pousser les limites d'une histoire?

jeudi 20 septembre 2012

Un air de quena

Paris regorge de curiosités. De curiosités humaines.
J'ai toujours l'impression, le pied à peine posé sur le sol de la capitale, qu'elle m'a préparé son lot de surprises, de mystères. Les secrets de ses habitants qui viennent à ma rencontre. A Paris, les gens me parlent et me sourient. Ces gens là, qui s'amènent à moi, sont toujours des illuminés d'artistes.

Je me suis déjà demandé par le passé si les êtres à la fibre similaire étaient capables de se sentir à des kilomètres et se reconnaître à travers les obstacles. Parce qu'à Paris, ce sont à chaque fois les mêmes qui m'abordent, des musiciens au parcours dense et aux histoires intenses. Des sorciers aussi. Ils pensent que personne ne les remarque.Ou ne se posent pas la question... Bref.

Aujourd'hui, c'était Alb*rto D* Rob*rtis qui me disait bonjour dans la rue parce qu'il s'interrogeait sur la provenance de mon pantalon. Que les paysans pour monter à cheval avaient les mêmes en Argentine, mais qu'il n'en avait jamais vu de cette couleur. C'est un vieil homme, il pourrait être mon grand père. Sauf qu'au milieu des rues on se confie l'un à l'autre avec du baume au coeur. Il me dit qu'il a été auteur-compositeur aussi. Et me fait part de son amour pour la flute indienne. Les groupes pour lesquels il a joué sonnent comme des rengaines d'antan, des images en noir et blanc, des contines de mon enfance. Je n'étais même pas née. C'était une autre époque. Mais.

C'était chouette à entendre.

samedi 15 septembre 2012

Une de ces soirées où...

Il est de ces soirées où l'on plaquerait tout pour une vie intense de solitude, à une table où la place n'est donnée qu'au hasard des rencontres. Eh bien voilà. J'ai tout plaqué mon ordi sous le bras et je suis à cette table. Ecrire. Regarder la vie en bas au premier rang du podium et la voir défiler vêtue de tous ses apparats, les uns après les autres.

Je craque. Ca y est. Je crois que je suis venue à bout de l'asociabilité. Envie d'une diversité de profils à piocher pour agrémenter les instants et s'en instruire. Et si ce soir je suis en colère, ce n'est pas de sa faute. C'est juste qu'après une journée difficile il n'était pas là et que mes rêves d'escapade se sont effondrés net parce qu'à part lui, je n'ai personne. Zéro possibilité de partage. Dans cette ville nouvelle qui me remplit d'allégresse, je virevolte au dessus des occasions sans jamais pouvoir m'y fondre.
Je ne veux pas d'amis. Je m'en vais dans trois mois.
Mais jusque là, j'aurais besoin, d'au moins, quelques échanges.

Je redoute toujours de découvrir après coup que mon instinct premier n'était pas d'échanger mais de séduire. Je crains la séduction. Je la rejette. La fuis. Parce qu'en sa présence, je me sens faible et déformée. Sous son emprise.

Je veux être libre.
Libre de ne pas plaire.
Libre de ne pas désirer d'un bel homme qu'il m'appartienne.
Alors.
Pour l'instant.
Je ne veux pas d'amis.

Parce qu'on sait bien. Vous comme moi.

mercredi 12 septembre 2012

L'insignifiance des heures

Il y a des barreaux à ma fenêtre.
Mais de là où je suis, je marcherais presque sur les tuiles orange rouille des voisins. De là où je suis, je suis libre et je vole au dessus des toits avec mon esprit et c’est comme un rêve. Je rêve souvent que je vis sur les toits. Que je les traverse, et que, de maison en maison, de ville en ville, je voyage. Lorsque je suis fatiguée, je me pose sur l’un d’eux, un confortable, j’en fais une grande terrasse de détente sereine. Une escale. Une ouverture sur l’horizon pas toujours accessible.

Il y a des jours comme ça où il ne se passe rien de grave.
C’est aussi un travail personnel de les écrire.
Accepter que l’on a pas toujours quelque chose à dire de spécial, une palpitation, une réflexion, du suspense. Et faire avec. Ici, je suis à ma fenêtre. Il n’y a nulle part où aller mais mon esprit s’attarde. Il voyage dans une immensité qui ressemble au vide. Qui ressemble.

lundi 10 septembre 2012

Carte postale

Je pensais à ce brésilien rencontré au Japon le visage collé contre la vitre du tramway. J'avais dû oublier le fait même de son existence depuis bien un an. Lorsque je suis descendue au terminus, c'est une brésilienne qui m'a accueillie et amenée à destination. J'ai trouvé la coïncidence étrange et belle, comme un petit pincement, une main au fond du coeur qui me fait des coucous lorsque je la regarde. L'émotion qui palpite, j'ai eu envie de lui demander si elle ne connaissait pas l'homme qui avait hanté mes pensées durant mon trajet, comme si le Brésil n'était qu'un village de 30 habitants qui se croisaient inlassablement tous les jours.

Je regrette de ne pas avoir immortalisé les instants humains à travers l'objectif.
Résultat, les images se froissent. Trop vite.

vendredi 7 septembre 2012

Zéro

Du temps à perdre.
Comme des gouttes qui se gaspillent, et laisser l'encre couler.

Je crois qu'un jour, il faut recommencer quelque part. J'ai cherché où mais pas très longtemps. Parce que ce n'est pas si important. Recommencer quelque part. Peut-être ailleurs. Dans une autre ville. Un pays étranger à mon langage. J'aime les carrés de toile perdus dans l'immensité des lignes. Ici, je suis nulle part. Et n'importe qui. Ici, je suis Anne O. Et personne ne le sait.