jeudi 18 juillet 2013

J'aime l'homme qui dort dans mon lit

J'ai encore sur ma peau des fragrances de souvenirs, les empreintes de ses lèvres mordillant ma nuque pour la toute première fois et sa main me ramenant tout doucement contre son torse, pieds nus en haut de cette cage d'escalier, nous qui n'osions nous faire la bise pour nous saluer, nous nous croquions déjà.

Ce choc si frontal entre l'impalpable et l'épidermique. Ces souhaits éthérés qui deviennent corruptibles.
Il n'empêche que je frémis toujours lorsque j'y repense.
A sa salive sur le bout de mes doigts lorsque mes yeux se ferment. Quelle déconnexion intense, retour rapide sur la terre ferme. Si brut, le décalage. Entre la pensée et le toucher, il y eu l'espace d'un bras tendu. Et je l'aime. Cet étranger. Je l'aime pour la toute première fois. A chaque fois.

A chaque matin. A chaque réveil. Où il vient promener sa bouche, ses baisers et ses mots tendres qui ne font qu'un souffle à mes oreilles. J'aime son corps suave, ses caresses félines. J'aime l'homme qui dort dans mon lit. Dans toute sa splendeur. J'aime son désir transpirant de ses mains, j'aime qu'il soit le même qu'à nos débuts comme j'aime qu'il se transforme avec nos histoires. J'aime le regarder se mouvoir. J'aime ses yeux lorsqu'il me fixe. J'aime m'y perdre, même si je n'ai pas le droit. Encore, de tout voir.

Et j'aime lui faire l'amour.
Même si c'est interdit.

lundi 8 juillet 2013

Tous les cons sont permis

Il fait chaud. Le soleil tape comme un marteau piqueur sur les fragiles crânes de coquilles d’œufs cuits sur le coup. Poupoule ne sort plus. Ne mange pas beaucoup. J'espère qu'elle ne s'est pas chopé une insolation sur sa petite tête pleine de plumes.

Le cuistot n'a pas aimé.
Il dit qu'il n'y avait pas d'ambiance.

Je me demande à quoi s'attendent les organisateurs lorsqu'ils programment de la chanson.
En duo, qui plus est.
Piano contrebasse.

A de l'ambiance?
Au bal masqué?
A la chenille qui redémarre?

Même si c'est pas la fin du monde, c'est un peu minant tout de même. Il y avait des émotions. Il y avait de l'écoute. Et un vrai échange. Et bien que ce soit seulement de la chanson, il y avait des rires. Des reprises décalées. Des déguisements burlesques. Des lancés de roses de dérision et des moments de complicité à déambuler dans le public. Et une dizaine de disques vendus à la fin du concert. Pratiquement tous venant me dire qu'ils avaient été touchés, heureux, amusés. Faisant ce geste là de proposer un retour.

Mais la salle n'était pas remplie.
Et ils n'ont pas beaucoup consommé.

Puis le cuistot n'a pas aimé. Dommage, c'est le seul qui devait faire un compte rendu de la soirée au gérant. Gérant qui évidemment, n'a pas pris la peine de se déplacer. Je pourrais me plaindre des contextes défavorables voire irrespectueux. De la communication, en retard, aux informations divulguées changeantes et inexactes. Au fait qu'on nous ait reporté trois fois la date, alors que j'ai deux heures de train pour me rendre dans cette ville. Que nous avons au final été les seuls à ramener notre public. Que la salle n'a fait venir personne. Pour une paye qui n'équivaut même pas le cachet minimal, réévaluée à la baisse quelques jours avant le concert.

Je pourrais me plaindre des conditions non convenables mais j'en suis l'unique fautive car c'est moi qui les accepte. C'est moi qui laisse faire. C'est moi qui me laisse être rémunérée sans défraiement, facilement quatre fois en dessous de ce qu'il faudrait demander pour une prestation autonome en son et technicien, au répertoire original, à la mise en scène personnelle et aux journées de répétitions préalables. C'est moi qui me retrouve dans une situation similaire à quémander jouer dans une petite salle, comme s'ils allaient me faire une faveur alors que je propose le fruit d'un travail respectable qui n'a pas de honte à être présenté comme tel.

C'est sur, s'il y avait dans le sud des alternatives sympas pour la chanson française, on aurait moins de temps à perdre. Car bien que ça forge l'expérience, au bout d'un certain temps, on aimerait en vivre d'autres. Des expériences.

Et si je persévère autant dans mes efforts, c'est parce que j'ai vu et vécu de mes propres yeux que le sort pouvait en être autrement. Dans d'autres lieux, d'autres villes, à d'autres moments. Que des passants sur le chemin de ma vie même dix ans après sont marqués, se souviennent toujours de mes petites compositions, me soutiennent dans mes convictions même s'ils sont loin, même si l'on ne s'est croisé qu'une fois voire moins. Même si ces compos là ne sont allées nulle part, pratiquement pas diffusées, pratiquement pas découvrables par un heureux hasard. Faut le vouloir pour l'entendre. Et pourtant, encore aujourd'hui et malgré le manque cruel de concret, il y a encore des gens qui veulent.

Et pour ceux là....