samedi 28 juin 2014

Du bas latin sorcerius

Le sorcier (selon Anne O., et son expérience strictement personnelle) :
- a vécu cent vies en une
- a fait le tour du monde, ou tout du moins a essayé
- a frôlé la mort entre trois et dix fois, voire est brièvement mort, puis revenu à la vie
- s'intéresse à beaucoup de sujets et est souvent doué dans nombre de domaines assez éclectiques
- d'ailleurs, il adore en parler
- parle beaucoup (de lui, de son parcours, mais pas que)

En option, le sorcier :
- est célibataire
- est doué dans nombre de domaines, mais n'en approfondit aucun sur la durée
- est attaché à sa liberté au point d'avoir du mal avec toute forme d'engagement et d'autorité
- a des blessures de guerre, des parties de corps en charpie
- un regard qu'on n'oublie pas
- un toucher particulier, surtout dans ses paumes
- une relation particulière avec la nature
- des expressions bien spécifiques à la bouche comme "vieille âme" et "lien karmique"
- pense qu'il sait ce qu'il fait, sans jamais savoir où il va

Si jamais vous veniez à vous reconnaître dans cette définition (incomplète, je le crains), prière de ne pas me retourner le cerveau en m'expliquant qu'on s'est déjà rencontré dans une vie passée et que j'ai en moi des pouvoirs vibratoires insoupçonnés. C'est surfait, merci.

jeudi 26 juin 2014

Nuit blanche à nos actes manqués

A la suite de ceci et de cela :
Il était aux alentours des sept heures du matin quand nous décidâmes de mettre un pied dans la vie sociale, les rues de la ville, et les descendre s'installer sur le port se réchauffer à la lueur du lever de soleil. Marcher côte à côte. Comme des bons potes. Comme si nous n'avions pas commencé à nous connaître depuis seulement quelques heures.

Sur le quai, un homme est allongé en étoile de mer.
De loin, on se moquait un peu de lui. Jusqu'à ce qu'on le voie convulser.
Appeler les secours. Cet espiègle argentin qui s'accroupit. Mesure le pouls. Rien d'anormal.
L'homme crie à la mort, son ventre fait des remouds incroyables, son visage se déforme.
Quand on lui demande où il a mal, il ne répond pas.
L'argentin pose alors ses mains sous le crâne du souffrant, pour un peu l'apaiser. Puis lui tient la main jusqu'à l'arrivée des secours.
Je trouve ça touchant.
En voilà une drôle de manière de conquérir mon cœur.
Les pompiers débarquent. Une petite pichenette sur le front de l'homme hurlant, il se réveille.
Se lève, comme si de rien n'était, et commence à parler.
Il ne sait pas, il avait mal au pied alors il a enlevé ses chaussures, puis il est tombé, raconte-t-il aux urgences.
Les larmes recouvrent son visage entier, de la douleur insupportable d'il y a seulement quelques minutes, et dont il ne se souvient pas.
Scène surréaliste.

Nous partons perplexes, sans mot devant ce qu'il vient de se passer.
Le soleil commence à réchauffer les terrasses encore fermées.
Je marche à ses côtés, mais je me sens proche. Plus proche encore.
Il n'y a que les boulangeries pour accompagner nos envies à cette heure. Nous nous dorons assis en tailleur sur les dalles de pierre, un café chaud, des pâtisseries maison. Les camions paradent autour de nous, un manège enchanté d'une pollution citadine. Délicatement, je lui pose un pansement sur le nez, pour protéger sa cicatrice des rayons du soleil. Je le lui mets mal, ça fait des plis un peu partout mais cela a l'air de lui convenir.

Nous décomptons les minutes amputées sur notre sommeil tout en retournant sur nos pas, nous rendant compte que notre fin de soirée correspond au réveil d'une ville entière.
Il me dit que de toutes façons, son coloc travaillant à la maison, il ne pourra même pas faire de sieste récupératrice.
Sans hésiter une seule seconde, je lui propose de partager mon lit, et une heure ou deux de répit avant son prochain rendez-vous. Il n'hésite pas longtemps non plus.

Allongés tous deux sur le matelas, partageant le même bout de drap, j'ai douze ans et demie.
Mon cœur bat à un rythme de croisière. Si intensément, qu'il couvre tous les bruits alentours en mes esgourdes.
Je ne réussirai pas à m'abandonner dans les bras de Morphée.
L'argentin non plus.
Nous resterons là, sous la lumière du matin, à ne pas oser bouger. A entendre nos ventres respectifs gargouiller, sans jamais se le dire. Je me retournerai et je prendrais le temps de l'observer à l’abri des regards, faire semblant de dormir. Puis, l'heure fatidique des adieux arrivée, il se lèvera doucement, dans une discrétion infinie. Mes yeux s'ouvrant sous son départ précipité, il me prendra les mains. Il y déposera un baiser d'une passion retenue. Je frissonnerai. Me mettrai en boule comme un chat qui ronronne. Alors, d'un élan insoupçonné, il replongera vers moi. Retenant mes doigts dans sa paume et les faisant dérouler, il lancera "Tu as de très belles mains, tu es au courant?". A moitié taquine, à moitié endormie, je répondrai oui. "J'essayerai de trouver autre chose la prochaine fois, alors." qu'il terminera d'un sourire malicieux, avant de porter une ultime fois l'objet du délit à ses lèvres, et filer pour de bon du meilleur coton.

Je prendrai plusieurs secondes avant de réaliser.
La fatigue, sûrement.

Mais lorsque je rouvris la porte d'entrée, intercepter un numéro de téléphone que l'on ne s'était pas échangé, il était déjà parti.

mercredi 25 juin 2014

Rester ouvert

Il m'a dit, reviens en septembre une semaine entière en résidence voir ce que tu peux apprendre du métier, quand tu te sens prête je fais venir les plus grands musiciens pour t'accompagner en studio, puis après je fais le tour des maisons de disque, avec le talent que tu as ça ne peut que marcher.
Il m'a dit, si je te fais toutes ces remarques ce n'est pas pour t'enfoncer, bien au contraire, c'est parce que j'ai de l'admiration pour ce que tu fais.
Il m'a dit, je trouve que c'est de la vraie musique.

Il m'a dit qu'il ne manquait plus qu'à rendre accessible mon travail au large public.
Il m'a dit, tu dis trop de choses. Tu dis en une chanson ce qu'on dit en un album.
Il m'a dit, je peux t'apprendre quelques trucs.

Je suis sortie de là un peu sonnée.
C'était si simple pour lui.
Si simple, puisqu'il en avait les moyens.
Il m'a énoncé ça comme une évidence, une impulsion systématique.
"Quoi, tu ne fais rien d'autre à côté que la musique? Mais on va s'occuper de toi alors. On va en faire quelque chose."

En vue du flot d'idées et de contraintes balancées à la volée, je n'avais pas tous les mots qui se mettaient dans le bon ordre. Mais. Quand je reverrai ce monsieur, je lui expliquerai.

Je ne chanterai pas quelque chose que je ne suis pas capable d'assumer, ou de défendre. Que je ne suis pas capable de porter de tout mon être, et pour lequel je n'ai pas donné mon meilleur.
Je ne jouerai pas quelque chose qui m'ennuie. D'une redondance qui m'exaspère, même si c'est un tube.
La musique est si riche et vaste, hors de question d'en soumettre un résultat pauvre et rébarbatif.

Et mon nom de scène.
Mon nom de scène n'est pas un concept.
Il représente un être humain. Qui peut le porter de longues années, voire tout au long de sa vie.
Mon nom de scène représente ce que je suis.
Alors il peut être chiant, inconsistant, pas vendeur, pas accrocheur...
...il est moi. Il est une partie de moi.
Il est une réalité.
Ni bonne, ni mauvaise.

Alors, il y a plusieurs façons d'amener un artiste à trouver son auditoire.
On peut adapter l'offre à une demande, même intemporelle. D'autant plus intemporelle.
Mais je crois que la musique parle d'elle-même. Et que lorsqu'elle est bonne, c'est l'oreille qui s'adapte.
Et que c'est elle qui peut créer des envies nouvelles.

Le tout étant de savoir lâcher prise dans ses exigences.
Et savoir discerner les concessions justes.

lundi 16 juin 2014

A tes risques et périls

Il a posé beaucoup de questions durant le trajet.
Après tout, on ne se connaissait pas. Ni d'Eve ni d'Adam, on était juste ensemble des enfants.
A marcher lentement, on s'est verbalement échangé nos C.V. . Puis, sur le pas de la porte et toutes ces curiosités mutuelles que nous n'avions pas encore assouvies, j'ai pensé à mon bordel monstre jonchant le sol de mon appartement, à toutes ces honteuseries que j'avais dû laisser en chemin d'un départ pressé, pour ensuite inviter cet argentin à la maison, lui donnant la consigne de fermer les yeux jusqu'à ce qu'il pénètre la terrasse.

Il s'est exécuté.

Il s'est allongé sur le plancher, face aux étoiles. Nous nous sommes effeuillés nos mémoires respectives, à cœur ouvert. Je ne m'étais jamais allongée sur ma terrasse. Un angle de vue différent sur les choses, et observer ma première étoile filante de la saison traverser l'écran de la nuit. Je lui ai demandé de me chanter une chanson. Il en a choisi une en espagnol, qui parle de ces petits rien qui nous rendent heureux. De circonstance. A mon tour, j'ai voulu savoir ce qu'il souhaitait entendre de moi. "Une chanson sans parole, tu peux, ça?"

Oui, je peux.

Le jour s'est levé sur nos confidences, nous n'avions même pas commencé à avoir sommeil.

A un moment donné, il m'a regardée dans les yeux, avant de se lancer :
- Est-ce que je peux t'avouer un truc? Cela fait plus de trois heures que je meurs d'envie de le faire mais je n'ose pas te demander...
J'ai senti le traquenard arriver, alors je l'ai coupé dans son élan :
- Quoi, tu es en train d'essayer de me dire que tu veux enlever tes chaussures, c'est ça?
- Ouuuii! Mais je n'ose pas à cause de l'odeur! Dis, tu me laisserais les quitter sur ton paillasson et rapidement aller me laver les pieds?

Je l'ai taquiné, "tu complexes pas, quand même?" mais apparemment, ça le gênait immensément, alors j'ai renchéri sur sa pudeur :
- Quoi, faudrait que je colle mon nez sur tes pieds pour te décomplexer une bonne fois pour toutes?
- Roh non, ça va vraiment sentir mauvais...
- Les pieds ça pue, c'est bien connu, et franchement on s'en fout. Ce ne sont que des pieds. Allez, fais-moi sentir et on en parle plus.
- Non mais je te jure que...
- Allez, ton pied, donne-le moi! Et plus vite que ça!

Il a tendu sa jambe vers moi complètement hésitant, mais intrigué. J'ai reniflé sa plante, au creux de ma main. Ça sentait les pieds, soit. Pas de quoi en faire un plat. On en a rit. Puis il a dit : "je peux sentir aussi?". J'ai répondu oui. Nous avons échangé nos places. Mon talon s'est glissé entre ses doigts. "C'est une odeur presque agréable", qu'il a consenti. Je l'ai rassuré :
- Tu sais, quand j'étais jeune, je complexais sur celle de mes d'aisselles. Je me souviens j'avais parfois quelques remarques de copines du genre "Anne, t'exagères!"...jusqu'à ce que ça me fatigue de me préoccuper de mes dessous de bras et de comment les autres les percevaient. D'ailleurs, à partir du moment où ça n'a plus eu d'importance pour moi, plus personne ne m'a fait de remarques.
- Et je peux sentir sous tes bras?

-A tes risques et périls...

Il a passé son visage entier sous mes dessous, dans de longues inspirations. Méticuleusement, il a promené son nez sur mon épaule, mon triceps, pour se faire une idée d'une senteur globale, puis il a reposé son faciès à l'endroit initial, installé entre mon intimité et ma timidité, dans ce creux jusqu'alors peu exploité par ses prédécesseurs.
- Je pourrais y rester des heures.
Qu'il a ajouté.

Et pendant ce temps moi, je riais.
Je riais pour l'absurdité du geste.
Et pour retenir mes élans.
Mes frissons, mes soubresauts.
Mes actes inconsidérés.
Je riais pour ne pas avoir à l'engloutir, le dévorer de toutes ces choses qui s'animaient en moi à ce contact inadéquat.


[à suivre....]

jeudi 12 juin 2014

Une surprise peut en cacher une autre. Une rencontre aussi.

Je ne vais pas réussir à fermer l'oeil.
Je suis larguée. Complètement, à la dérive.
A un jour d'intervalle, les rencontrer.
Deux hommes extras, sur des plans différents.
Qu'est-ce que c'est que ce binz?
Quel est le message à faire passer?

Il m'a demandé pourquoi j'avais ce sourire un peu résigné sur les lèvres. Il se trompait, pourtant. C'était de la plénitude. A se rendre compte qu'aujourd'hui j'étais debout pour observer le soleil se lever, alors qu'il y a un peu plus d'un jour je le voyais se coucher doucement, face à la mer. Lui aussi, ça lui est arrivé ce mardi, dans ces petites criques éloignées de la ville. J'ai souri de plus belle. Sans le savoir, nous avions assisté à ce coucher de soleil au même endroit, au même moment.

Et pour approfondir les synchronicités, ce mardi là dans le bus pour m'y rendre, j'ai croisé le joueur de go dont la date d'anniversaire a compté dans les coïncidences. Un bout de temps qu'on ne s'était pas vus, je lui annonce que je vais de ce pas à un rendez-vous, on évoque le bar associatif et ludique où on aime mutuellement se retrouver, je lui avoue que j'ai craqué pour le petit argentin qui anime les jeux. Il acquiesce, me concède que c'est un mec bien, avec un caractère et un état d'esprit de valeur, mais qu'il est avec quelqu'un et dans une relation sérieuse qui dure depuis longtemps. Je râle avec lui sur le mauvais sort, mais à moitié seulement, parce qu'aujourd'hui, je me rends à mon premier rendez-vous (galant, je l'espère) officiel depuis que je suis célibataire.

Le lendemain matin neuf heures, un texto du joueur de go :
- Apparemment, ton argentin est célibataire! Bonne nouvelle non?
- Oooooh!
- Il se sépare de sa copine.
- Comment t'as fait pour savoir ça au fait?
- C'est le gérant du bar qui me l'a dit par hasard ce matin, ça m'a bien fait rire!
- Purée c'est fou!
- Grave c'est un signe!
- Fous-toi de moi!
- Non non, vraiment.

La veille, j'avais promis au joueur de go que je ferais un saut au bar, ça me faisait une raison supplémentaire.
Peut-être cet argentin avait-il été mis au courant, qui sait.
Peut-être avait-il été briefé.
Il n'empêche que vers les une heure et demie du matin, il m'a demandé dans quelle direction je rentrais. Il était à vélo et moi à pied, mais il a rétorqué que c'était pas grave, qu'il pouvait marcher peu importe où, et qu'il avait le temps.

[à suivre...]

mercredi 11 juin 2014

Venir comme on est

Les odeurs des herbes séchées, fumées par le soleil le long de la corniche.
Sur son vélo en amazone, les images défilaient, comme une douce brise.
C'était simple.

C'était lent. Aussi infime que la terre qui tourne sous nos pieds. Sans crier gare, ni réaliser, tout se mouve, se remue en dedans.
C'était lent. Et le temps notre allié. Dans le respect de garder ses ailes intactes, savoir s'élancer parce qu'on le sent, pas parce qu'on le doit.
C'était droit. Dans nos baskets, rester tels quels.
Et venez comme vous êtes.

Il m'a avoué que je lui avais paru sauvage de prime abord, au concert, mais qu'assis tous deux devant la mer, il en était autrement. Qu'il fallait que l'on m'apprivoise. Je lui ai alors révélé que c'était lors de mes échanges avec le sexe opposé que je prenais mes distances, tombant trop souvent dans les pièges, me retrouvant acculée par de bonnes intentions au demeurant et sûrement (en vue des réactions) tous ces signaux opposés et confus que je devais renvoyer à la gente masculine. Il a fait des yeux étonnés avant de me certifier :

- Je n'ai pas du tout trouvé que tu envoyais des signaux confus.
- Alors, tu es bien le seul!
- Je t'assure, la manière dont tu m'as abordé, c'était très clair que ce n'était pas ambigu.

J'ai ri.
Et souri longtemps après.

- Bah tu vois, c'est bien ce que je disais. Mon attitude et mes actes sont mal interprétés. Toi, tu me plais!

Toi tu me plais et en moi c'est tout confus.
Tu n'as plus parlé après ça. Alors je me suis lancée dans de longues explications, par égard pour toi, le temps de combler, que tu te remettes du choc. Je t'ai évoqué notre première rencontre. Tu m'as dit que ce regard échangé lors de ma chanson avait fini par être troublant sur la durée. Et que pour l'invitation, c'était volontiers. De ta main, tu as remis en place les cheveux sur ma joue. Je me suis écartée.

Ce n'est pas parce que l'on se plait mutuellement que l'on doit fatalement se rapprocher l'un l'autre.
Un chemin systématique que j'ai choisi de ne plus emprunter.

Je préfère prendre le temps. Cultiver la patience, et voir ce qui en fleurit. Quelle couleur prend le lien qui nous suspend à nos lèvres, à nos regards, quelle forme a notre amour, et agir en conscience. Foncer à l'aveuglette dans les relations alors qu'il suffirait, parfois, d'attendre que le brouillard se lève pour comprendre, ce que l'on représente dans la vie de chacun. Je me suis trop souvent brulée, j'ai calciné mes sentiments à ne pas essayer de les définir, de les reconnaître parce que je voulais vivre avant tout, en premier lieu, je voulais vivre les histoires pour la beauté du geste.

Je me suis si peu écoutée par le passé, trouvant tout un tas de justifications à mes élans spontanés.
Je me suis butée à croquer la vie à pleines dents, sans même vérifier au préalable qu'elle était comestible.
Et se répéter en boucle : "Tu le savais. Tu étais au courant. Tu n'as juste pas voulu entendre.".

Côte à côte sur les rochers, tu as compris.
Entre deux bouchées de pique nique improvisé, tu m'as dit que j'avais tapé dans l’œil à tes deux copines de travail, que tu soupçonnais être en couple. Qu'elles n'avaient pas arrêté de te taquiner avec ça. De t'affirmer que j'étais bien pour toi, et qu'on irait bien ensemble. Mais pour toi, la différence d'âge...

Alors je me suis osée à te faire part des correspondances.
De cette vidéo de la veille. Comment attirer l'homme de sa vie.
Des listes à tirer. A rayer, à récrire.
Les hommes sont courageux.
Et toi.

Tu m'as répondu que ça ne signifiait pas rien pour toi.

vendredi 6 juin 2014

Je veux te retrouver

Ce soir j'écoute Seu Jorge.
Souvenirs d'il y a six ans, fête de la Bastille. Je rencontrais pour la première fois mon ami danseur manouche qui insérait sa playlist en mes oreilles, une rengaine qui m'accompagnera de bonnes années durant sur les traces de mes propres pas et des étés qui se chantonnent encore en mes fantaisies intérieures.

"A nos âges rien n'est stable", qu'il disait.

Et pourtant, nous sommes toujours là. A danser sur le fil de nos existences, les émois qui s'entrechoquent et nos bras pour mutuellement nous rattraper quand la chute déséquilibre.
Tu vois, ce soir j'écoute Seu Jorge en pensant à toi et à la sixième chanson, un appel de toi sur mon téléphone.

Je t'aime.
Tellement. Tellement.

Je ne sais pas comment entretenir une histoire.
Mais peut-être qu'il n'y a rien à faire de particulier.

Mon danseur à moi, ils me manquent tes bras. Tes déhanchés. Sur des estrades folles, courir jusqu'à toi et me sentir soulevée. Tournoyer. Ensemble, comme dans un film. Une fièvre du samedi soir. Et le dimanche matin, lorsque tu me reposes au sol, le retour à la normale d'un train train quotidien sans tes foulées.

Je t'aime.

Je t'en écrirais bien des dizaines d'autres, de chansons.

Tu te souviens cette fiesta d'un autre temps, les costumes des années 20, les musiciens jouant du swing et d'un coup, chacun trouve sa paire entamer des pas endiablés de charleston? Et nous au milieu, pas vraiment prévenus, les deux paumés des années 2010 dans cette ambiance codée au possible....on s'était bien marrés. On avait inventé notre propre danse. Jusqu'à plus d'heure, plus d'époque, plus pouvoir actionner le moindre muscle, s'écrouler de fatigue. Entre tes doigts, sentir mon corps se régénérer. Aux petits oignons. Je t'aime. Je veux te retrouver.

Nos jazzouillis improvisés dans les rues de Paris, dans les métros réinterpréter les tubes de nos adolescences, nos trompettes invisibles, les faire sonner, tu me manques. Tu me manques! Je veux vivre la scène dans la vie avec toi, comme avant. Quand c'était fusionnel. Quand les gens nous prenaient pour des amoureux transis. Parce qu'ils ne savaient pas où nous ranger. Parce qu'il n'y avait pas de case pour nous. Je t'aime, tu sais.

Mais je grandis aussi.
Aujourd'hui, quand je monte sur Paris on se fixe une date sur nos agendas. Nos instants de folies se planifient à l'avance et nos musiques s'écrivent à distance désormais. Nos vies se vivent chacune de notre côté et lorsque l'on tend enfin à se les raconter on se décourage parce qu'il y a beaucoup trop à en dire. Et qu'on n'était pas là pour voir.

Je pense à toi.
Quand tu m'as annoncé que mon cadeau t'avait fait pleurer, j'ai pleuré aussi.
Je suis si heureuse que tu existes. Que je suis prête à célébrer ta venue au monde autant de fois qu'il le faudra. Je t'aime. Tu me manques. Je ne trouve plus les mots. Ni le déclic, les phrases fulgurantes qui nous connectaient par le passé. Je ne trouve plus le geste naturel qui m'amenait contre toi, la tendresse qui te réconfortait. Les déclarations envolées que l'on pouvait se déclamer dans les bars complètement à jeun. J'ai perdu le chemin qui menait à ton cœur. Mais peut-être est-ce simplement celui qui menait à la facilité. Et devoir tout recommencer.

Je ne cesse de chanter cette chanson que tu m'as écrite il y a longtemps.
C'est peut-être pour ça. Que mon amour s'amplifie au son de tes sentiments.
Promis, la prochaine fois que l'on se voie, je t'exprimerai ce qui m'anime réellement.

En attendant, je regarde la petite croix sur mon agenda...

Tive Razão (I Was Right) by Seu Jorge on Grooveshark

mardi 3 juin 2014

Eco-sentiment

J'aurais quand même très envie d'embrasser quelqu'un là, tout de suite.
C'est à cause de mes rêves. Chaque matin, je me réveille avec ces pavés de vies supplémentaires à distiller dans le vague de mes souvenirs, ces romances entières, ces étreintes, ces feux vifs qui s'embrasent pour quelques visages méconnus, des greniers d'histoires et les yeux ouverts sur le réveil qui retentit je dois faire quoi, moi?
Faire le tri?
La tendresse dans la poubelle jaune, la passion dans la poubelle verte?

M'en fous, parce que le soir, je m'endors avec des mélodies plein la tête.
Des airs qui fourmillent au bout des doigts, qui se pressent, s'amassent à la commissure de mes lèvres.
J'ai peut-être pas d'amours à vivre, mais j'ai la musique qui me susurre des mots doux à l'oreille.
A la nuit tombée, elle me parle, impatiente de me raconter tout ce qu'elle n'a pas eu le temps de me dire la veille. Et la journée, je me hâte de prendre des notes sur le clavier pour ne pas oublier ses récits incroyables.
Alors soit, elle et moi on formera jamais un couple.
Parce qu'elle est libre.
Qu'elle se donne à qui veut bien l'écouter.

Et que je ne suis pas lesbienne.

lundi 2 juin 2014

C'est grave docteur?

Je me rends vraiment compte que je suis passée à un stade profond et irrécupérable de geekitude avancée quand j'appuie sur la barre espace de mon clavier d'ordi pour mettre en pause l'aspirateur que je suis en train de passer....

dimanche 1 juin 2014

Des torrents qui bouleversent

" Ma chère Anne,
Je rentre tout juste de la montagne où j'étais depuis mardi.
J'ai reçu ton beau cadeau d'anniversaire qui me tire de belles larmes qui font du bien. Un beau et grand merci à toi coupine, ça me vague, marée, mer, tempête... :-)
Je t'embrasse. "


Les cadeaux que l'on reçoit sont souvent ceux que l'on offre.