samedi 25 novembre 2017

Entre les peaux

Bon ok, je suis un peu amourachée.
Parfois lors d'une discussion marchant ensemble dans la rue, lorsque je tombais sur son profil et que j'en étais émue, je détournais le regard. Je n'ai pas envie de le trouver beau, ce serait trop dur.
J'ai déjà pris mon courage à deux main pour réitérer mon invitation. Ça m'a pris un an.

C'était génial tu sais. Le fait d'être avec toi, juste là à côté. De te dire ce que je pense, de t'écouter.
Les premières fois où tu as posé tes mains sur moi, c'était tellement familier. Contre ton torse, j'avais l'impression de retourner à la maison. J'avais l'impression que je te connaissais déjà, qu'on avait dépassé l'intime. Tes mains, elles étaient incroyables. Je me faisais des films. J'ai découvert des fantasmes quand tu me touchais. Tu aurais pu faire l'amour à mon cou, en le massant comme ça. C'était dingue, le feeling qui passait entre nous par la peau.

Je me demandais s'il était vraiment possible qu'une telle compatibilité soit si unilatérale.

Je me suis demandée ça à chaque fois que tu me massais. J'aurais aimé te rendre la pareille et comparer l'effet de mes mains sur ton dos, ta nuque. Comprendre le phénomène.
Je t'ai posé des milliers de questions, savoir si tu sentais les connexions, sonder ta sensibilité de toucher relative à ton regard sur les individus. Je t'ai expliqué que certains de tes mouvements physiques étaient source de désir pour moi. Je t'ai expliqué ça en toute décomplexion.

Et aujourd'hui t'es là, on boit ensemble, on se fait des confidences. Tu me dis, "c'est rare que je parle comme ça, tu devrais faire psy". Tu me dis que tu m'apprécies réellement beaucoup, que tu avais vraiment envie qu'on établisse un lien comme ça. Que tu t'es identifié à moi, à ma sensibilité. Que tu avais l'impression de te soigner à travers moi. Que tu m'as donné la tendresse et l'attention que tu aurais aimé qu'on te donne. Tu écoutes mes chansons. Plusieurs fois. Tu me dis que si tu ne le pensais pas, tu ne me ferais pas de compliment. Que tu aimes ma musique, mes mots, que ma voix te touche, que mon érotisme te parle. Et quand je te décris comment j'aurais aimé qu'on me fasse l'amour, tu me réponds "on se serait bien entendus, alors". Bien entendu. Ne sens-tu pas ce qui passe entre nos peaux? N'arrives-tu pas à pressentir l'immense potentiel?

Tu n'aurais pas été amoureux de quelqu'un d'autre, je ne t'aurais pas laissé la nuit.
Mais on ne joue pas avec la sincérité des gens.
Alors je me détournerai du potentiel pour apprécier le présent.
C'est vraiment sympa de discuter avec toi.

vendredi 15 septembre 2017

Vivre sa vie rêvée

Je chine sur la toile des photos de ce quartier là. Petits pincements au coeur.
Un goût de magie du bout de la rétine. Entre mes doigts, tenir encore les sensations, les ambiances, le décor d'une vie rêvée, au dessus de mes moyens. Les rencontres de films holywoodiens.

C'est incroyable. Depuis ce voyage là, depuis cette impression de rêver ma vie, bien réelle, c'est comme si je m'étais mise à vivre mon rêve, depuis. C'est incroyable. Comme si je n'avais qu'à le souhaiter.

Je n'en reviens pas. Pourvu que ça ne s'arrête jamais.

Peut-être que je n'avais jamais vécu au dessus de mes moyens, auparavant.
Que je pensais que c'était pas pour moi. Ni à portée de main.
Que les occasions ne pouvaient m'être données, que lorsque l'on me désignait du doigt, je regardais derrière moi s'il y avait quelqu'un, quelqu'un d'autre. Plus méritant. Plus légitime.

Je sens aujourd'hui l'appel de la vie. Elle me dit, c'est bon, tu peux y aller maintenant.

Tu peux vivre ta vie rêvée.

Aimer qui tu veux. Ce que tu veux.
Tu as le droit de prendre du plaisir et y trouver du sens. Une place.
Tu as le droit d'oser des projets qui te dépassent car tu es au bon endroit avec les bonnes personnes.
Tu peux tout imaginer. Tu y as droit.
Le bonheur, c'est pour toi.
C'est offert.

Vas-y maintenant.

Tu es libre.

mardi 8 août 2017

Une parenthèse dans l'été - Suite et fin

Tu t'es levé avant moi me préparer le petit déjeuner.
Je te trouve jeune pour vouloir t'occuper des autres de la sorte.

Quand je suis repartie sur ton dos en gyroroue vers le centre, tu m'as recommandé cette fois-ci de porter un casque. Nous avons arpenté la ville comme des cascadeurs et arrivés au théâtre, tu m'as souhaité un bon courage avant la représentation. J'avais si peu dormi. Mais j'étais comme soulagée d'un poids, celui de la fatigue psychologique, sans doute. Ce jour là, tu étais dans la salle. Cela m'avait porté.
Tu t'inquiétais pour ma voix, tu t'en voulais un peu.
C'était mignon.
C'était mignon tes étoiles dans les yeux, le spectacle t'avais ébloui et ému et en sortant de ce dernier tu as décidé de flyer pour nous et dire à tous les passants à quel point tu avais aimé nous écouter.

Tu avais deux jours de congés devant toi. Alors après les parades, on s'est donné rendez-vous à la terrasse du café. Il y avait encore tous tes collègues. Les nanas de la billetterie m'ont harcelées de questions, elles voulaient des potins qu'elles n'auront pas la chance d'obtenir. On était un peu incertains, je crois que tu voulais qu'on se retrouve juste tous les deux. On a fini par s’éclipser un peu tard chercher un restaurant. En marchant, tu m'as tenu la main. C'était bizarre. Moi je t'avais dit que j'avais potentiellement quelqu'un dans ma vie, toi que tu sortais tout juste d'une relation de cinq ans et que tu ne voulais pas t'engager et on se tenait la main. Tu m'as pris en photos à mon insu pendant qu'on mangeait et j'ai payé à ton insu pendant que tu allais récupérer ton matériel. On était quittes. Tu avais invité tellement de monde tellement de fois que je trouvais ça presque injuste qu'on ne t'offre rien en remerciement.

En sortant des toilettes, j'ai vu que tu discutais avec le régisseur. C'est lui qui tenait ce restaurant avec sa femme. Quand je suis arrivée dans la conversation, vous parliez de nos futurs enfants Circo et Maryl en vous moquant des mélanges de prénoms et après nous avoir fait visiter toute la propriété, il nous a serré dans les bras en nous disant qu'on était adorables et qu'il nous souhaitait bien du bonheur.

C'était encore étrange.
Quand on arrivait ensemble en giroroue on s'exclamait de nous "tiens, voilà les amoureux". Toi tu voulais rester discret. Je ne sais pas trop pourquoi, tout le monde était au courant.

Ça ne nous empêchait pas de nous asseoir en tailleur en pleine nuit devant le Palais des Papes l'un sur l'autre, profiter de l'Histoire et des paysages. De nous arrêter observer les étoiles et prendre des pauses farfelues quand une voiture nous surprenait en train de nous déshabiller derrière un arbre. De faire de la batterie sur nos corps respectifs. De s'improviser choristes avec les musiciens de rue et voler les applaudissements enfin, surtout toi. Tu me faisais danser sans cesse, et serrais fort ma poitrine pour me faire sortir des sons ridicules. Ça t'amusait qu'on se parle comme un vieux couple et de temps à autre tu t'exclamais pour le délire : "LES ENFANTS, ON A OUBLIE LES ENFANTS!!!". Ça me faisait mourir de rire. C'était si bien joué qu'à mon avis ce n'était pas une blague que tu faisais pour la première fois avec une nana, mais qu'importe. T'étais frais. T'étais fou. T'étais partant pour tout. On pouvait se marrer des heures sur une même chose, on aurait dit de vieux potes sans complexes qui continuent de rigoler même en se regardant pisser, le romantisme en plus. Avec ce petit côté léger de l'été. La palpitation des derniers jours, et l'envie de tout vivre à la fois. Les battements de cœur saisissant la fragilité de l'instant, se retenant d'exploser parce que... C'est comme ça. C'est voué à ne pas survivre au départ. 

Quand je t'ai dit que tu allais probablement un peu me manquer, je t'ai senti pris d'une angoisse.
Tu m'avais proposé de partir avec toi à la montagne après le festival mais tu avais finalement trop peur que je m'attache. Tu avais fait un sondage auprès de tes collègues et à l'unanimité, j'avais obtenu mon diplôme de fille géniale alors, tu ne voulais pas faire souffrir une telle personne. Tu étais d'un naturel attentionné et aimait séduire, tu avais peur que je confonde avec du sentimentalisme mais. Je savais. Bien que tu me dises en me serrant dans tes bras que tu étais heureux de partager ce bout d'existence avec moi, tu ne me regardais pas avec des yeux d'amoureux. Tout juste parfois, un semblant de désir qui s'échappait de tout ce que tu contenais. Même si tu me répétais que ce n'était pas que ça. Que tu pensais que c'était perdu d'avance, que je ne t'avais pas remarqué alors que toi. Dès les premiers jours dans les loges...

Tu me disais tout ça et ça sonnait comme un adieu.

Je suis remontée une dernière fois sur ton dos et lorsque le vent me caressait le visage, de mes lèvres je caressais ton cou. On a rejoint les autres et j'ai couru après la dernière navette. Je t'ai fait un signe d'au revoir un peu cocasse derrière la vitre mais je bouillais de frustration à l'intérieur. Un sentiment de déprime de tout quitter à la fois. Ma fantaisie, mes rêves, ma vie extraordinaire le temps d'un seul mois. J'ai pleuré pendant deux jours en rentrant dans mon petit appartement. Mes journées solitaires me paraissaient soudain fades et sans intérêt. Tu m'envoyais des photos des paysages que tu traversais. Tu continuais à me noyer d'images mais tu ne parlais presque jamais.

Je ne sais pas pourquoi tu continues à me contacter.

Probablement que tu te sens plus moral comme ça.
Je doute pas que tu sois un mec réglo, tu sais. Tu n'as rien à prouver.
Alors, puisque tu n'attends rien de moi, si tu pouvais arrêter de nourrir mes espoirs de la sorte, ça me rendrait service.
Je sais bien que c'est vain.
Je sais pourquoi je t'ai rencontré et en quoi cette complicité immédiate et follement juvénile a apaisé mes doutes.

C'est moi le cœur d'artichaut de l'histoire.
Laisse-moi au moins ce privilège là.

lundi 7 août 2017

Une parenthèse dans l'été - Part 1

Il fait chaud.
La sueur colle à ma peau.

J'ai mis quelques jours à m'en remettre, de ce mois incroyable. Le retour seule dans mon petit studio, loin de l'agitation et des lumières de la scène m'a soudain paru lourd et terriblement triste. C'était la première fois que je n'étais pas heureuse de retrouver mon appartement et ma solitude.

Peut-être que c'était trop pour moi.

Trop d'un coup. Moi la groupie dans un monde de vedettes, je me sentais grisée d'être observée de la sorte. Surement. Surement que ça me montait à la tête.

Devoir sans cesse décliner les invitations parce que mes collègues étaient beaucoup trop sérieux.
La frustration perpétuelle d'être à deux doigts à chaque fois.
Ça aura au moins eu la qualité de me garder en bonne santé physique jusqu'à la fin.

Et puis il y a eu toi.

Je ne t'avais pas cherché. T'es arrivé comme un cheveu dans la soupe à trois jours du départ. Tu m'as offert tes jambes pour m'assoir et tu m'as offert un massage. Ça ne m'avait rien fait de particulier, sur le coup.
C'était plutôt ta gentillesse, ton égard pour les autres et ton humour décalé qui me faisaient t'admirer.

Quand tu as vu que mes collègues souhaitaient rentrer avant le dernier bus, tu as proposé de me ramener plus tard. Délivrance, j'allais enfin pouvoir observer les nuits avignonnaises de mes propres yeux.
Tout le monde était à vélo, et toi sur ta gyroroue, tu t'es baissé devant moi et m'as demandé de monter sur ton dos. C'était très audacieux et un peu inconscient, comme geste. Sensation de liberté, et le vent qui caresse mon visage comme sur une moto sauf que c'est toi, c'est toi qui me portes, qui serres mes jambes sur ton torse, en équilibre.
C'était un drôle de spectacle et les gens nous prenaient pour des fous.

On s'est incrustés tous ensemble dans cette fête un peu jetset mais c'était la dernière chanson. Ensuite, le DJ s'est installé sur la scène et on est rentrés à 8 dans le photomaton qui jetait de l'eau et des confettis sur nos gueules puis on est allés faire les idiots sur la piste de danse. Vous bougiez vraiment comme des belges, sans crainte du regard extérieur.

On était à fond. Et, lorsque la musique a laissé place au silence, tu m'as pris les mains et tu as commencé à entonner les premières notes de Rock Around the Clock avec moi. Ton groupe a fait les instruments à la voix et les gens un cercle autour de nous pour nous laisser danser tous les deux un rock-charleston improvisé. Tu ne sais pas vraiment danser, mais tu as le rythme et la fantaisie nécessaire. A la fin du morceau, on s'est mis à faire une version beatbox déjantée de Sous les Sunlight des Tropiques et les gars de la sécurité nous ont demandé de nous diriger vers la sortie, parce qu'ils voulaient rentrer chez eux. On s'est alors tous donné rendez-vous dans votre maison pour un dernier verre et je suis remontée sur ton dos et toi sur ta gyroroue.

Tu n'as pas pris le même chemin que les autres. Dans une petite rue à l’abri, tu t'es arrêté et m'a reposé au sol. Je pensais que tu étais fatigué de tout ce trajet avec mon poids sur ta colonne. Mais tu m'as demandé si tu pouvais m'embrasser.
J'ai répondu non.
On a repris le chemin de la maison, comme ça, sans s'expliquer pourquoi.

T'étais tellement adorable, en vrai. C'était juste que c'était pas le moment pour moi.
Je me suis quand même laissé embarquer.
Et lorsque mes yeux se fermaient et que je t'ai demandé un couchage, tu es allé t'arranger avec tes collocs pour avoir une chambre tranquille, je le sais. Quand tu m'as expliqué que je prenais le lit deux places et que toi tu pouvais aussi t'assoupir sur le lit superposé avec un matelas de mauvaise qualité pour tes problèmes de dos j'ai haussé les épaules. Pas la peine d'en faire tout un plat, tu peux dormir avec moi tu sais. Tu étais jeune, cinq ans plus jeune que moi, encore tout frais. Tu as serré les poings et fais un "yeeesss" en guise de victoire quand tu as entendu ma réponse.

J'avais oublié un détail.
Je n'étais plus du tout habituée à la présence d'un homme sous le même drap que moi.
Et mon cycle d'abstinence prolongé rendait mes hormones complètement en émoi.
Tu ne t'en doutais pas encore et tu l'espérais peut-être, mais nous n'avons pas pu fermer l’œil de la nuit.



dimanche 11 juin 2017

Tell me are there all these rules in heaven? - Part 1

J'écoute leur album. Téléportation directe dans un vieux clip musical estival avec des ballons, des adolescents et une bagnole qui file à toute allure sur les routes en ligne droite d'America.

Rewind visuel, sac à dos, airplaine, NY, substation, brooklyn, très loin du côté de Wilson Ave.

Deuxième soir. Dans cette coloc complètement masculine.
Ils parlent tous anglais et je ne connais personne.

J'étais un peu perdue au début, je l'avoue. J'avais envie de vivre l'aventure mais partir en solo sur un autre continent, moi la petite française qui débarque chez des musiciens étrangers, moitié hip-hop moitié hipster....le premier soir, j'ai pensé que c'était peut-être trop ambitieux pour la casanière que j'étais.

Mon hôte avait certes un appartement à la propreté somme toute relative à une coloc de mecs dans la vingtaine, mais il avait son studio de répète à domicile et un piano au désaccord assez hypnotisant, la deuxième arabesque de Debussy ouverte sur son chevalet.
Peut-être que c'est ce qui m'a fait petit à petit me sentir comme chez moi.

Une après-midi sur le piano plus tard, je commençais à culpabiliser de m'enfermer dans cette ville aux mille découvertes, malgré la pluie battante. Mais j'avais la copine minette toute noire et adorable qui me tenait compagnie et courrait d'un bout à l'autre du studio de répète. J'entendais mon hôte se marrer avec ses deux potos dans sa chambre, ça m'a rendue une certaine forme de nostalgie.

Splix.io

Il leur manquait un quatrième joueur, j'ai osé m'incruster.
Pour les videogames, pas besoin de mots.
Tous serrés dans cette chambre d'étudiant qui a terminé ses études, je me sens projetée dans un autre film. Un de ceux dont on s'identifie quand on est ado et qu'on rêve de péripéties à l'américaine.

A un moment donné, quand il a commencé à être vingt heures, je me suis décidée à mettre le pied dehors, sous la pluie. J'avais trois heures devant moi et envie de marcher au hasard de ces rues croisant perpendiculairement les avenues. Entrer dans les restaurants. Des ambiances incroyables.

Je suis à New York.
C'est comme si c'était une nouvelle moi qui le réalisait.

La chance que j'ai.

Déambuler seule, sans carte ni GPS. Mercury Lounge, il est presque 23h et je suis dans les temps.
Je donne mon nom à l'entrée, on me fait le tampon du crew sur le dos de la main, je me sens une super VIP usurpatrice d'identité.

J'ai envie de me pincer, je n'arrive toujours pas à y croire. C'est l'atmosphère, ce petit truc qui roule dans l'air, qui me fait penser que je suis dans une surnaturelle réalité. Je voulais vivre la fantaisie de mes vingt ans, où tout peut arriver. J'y suis.

J'ai voyagé dans le temps.
A l'intérieur.


mardi 30 mai 2017

A 400 mètres, tournez à la prochaine étoile

Je ne sais pas comment te dire.
T'as un prénom qui ressemble à aucun autre.
Comme toi.

T'es arrivé comme ça dans mon existence, sans modèle, ni expérience.
Comme neuf.

Je me suis sentie attirée par toi dès la première seconde.
Sans réfléchir.

La vie est bien faite.

Je ne réfléchis pas, et t'es exactement ce que je voulais.
Je voulais toi.

Quelqu'un comme toi, mais j'en rencontrais pas.

Tu vois, on pourrait dire que j'aurais pas dû te rencontrer.

Qu'il y a eu des tas de petites embûches sur la route qui menait à cet appartement.
Que j'étais même pas invitée, à l'origine.
Et que sur cette route on m'en a proposé, des itinéraires alternatifs.

Mais je sais pas pourquoi.
Oui, sans savoir, je voulais aller là.

J'ai dit non à tout le reste.
A toutes ces invitations à l'aventure.
Assez folles, quand on y pense.

Ça avait tout pour me plaire.

Mais fallait que j'aille là.
Sans savoir.

Fallait que je marche à ta rencontre.

Fallait que tout le reste se décommande ensuite.
Que les portables se déconnectent.
Et que tu te lèves, seul.

Fallait toi, quoi.

Alors, je ne sais pas comment te le dire.
On parle même pas la même langue.

Mais dehors sur ma terrasse, je regarde la nuit peuplée d'étoiles.
Je me dis que tu la regardes peut-être toi aussi.
Que tu vois pas les mêmes.

Relier les points lumineux.
Un à un.

Qui sait, à nous deux.
Si on y pense fort.
Avec tous ces traits qu'on aura tiré dans le ciel...

...on se rejoindra peut-être.

mardi 16 mai 2017

Cette vie là

Le 15.05.17 à 08h50
De superbes chansons dans un superbe café, correspondance entre deux vols exotiques. Je prends mon english breakfast étalée dans ce grand fauteuil et je me dis que ma vie est incroyable.
Que c'est comme ça que je l'aime.
Que j'ai sacrément de la chance.

Je voulais vivre des histoires exaltantes?
Check.

C'est quand même autre chose de partir toute seule à la conquête d'existences humaines inexplorées.  Ne faire que des rencontres neuves. C'est galvanisant. Se laisser entraîner au rythme d'un autre continent, d'une autre richesse. Et la musique.
Elle est tellement belle, la musique.

Les visages. La langue. Les accents.
Cela me donne envie de partir.
A peine rentrée, de repartir.

Soulever les foules.

Tomber sur des inconnus.
Les suivre dans la rue.

Sur ces terres où l'improbable n'est pas l'impossible.
J'aime cette vie là.

Je m'y sens comme chez moi.

Here's to the fools who dream

Un 4 mai 2017 à 16h20.
Je suis dans l'avion pour New York.
Dans la navette qui me conduisait à l'aéroport, LalaLand à la radio.
C'est ce qui m'a donné envie de revoir le film sur ce siège 22E.
Les larmes qui reviennent dès les premières notes de musique.

Ces images, les images de ma vie manquée. Celle qui m'appelle dans mes rêves, qui se rappelle à mes songes. Mon miroir déformant, qui me faisait pleurer à gros sanglots dans la salle de cinéma la deuxième moitié du film entamée.

Où est passée ma fantaisie, celle qui me tenait debout toute ma jeunesse, malgré les coups durs, les creux de vagues et les ouragans. Celle qui rendait mes jours plus beaux, plus consistants, plus vivants.

Quel est le rêve?

Celui à suivre.

Les salles à moitié vides, on les connait trop bien. Bientôt 10 années à trimer sans gagner d'argent pour si peu d'avancée, je me reconnais, tellement. La somme d'investissement, pour ne plus parvenir à rêver quoi que ce soit. Ce quotidien là dénué de sens et de création.
J'avais pleuré. Qu'est-ce que j'avais pleuré devant LalaLand.

Maybe I'm not good enough.

Je ne m'étais jamais posée la question.
Parce qu'elle n'avait pas de sens.
Parce que j'étais sur autre chose, sur la mise en oeuvre de mon monde, sur l'alchimie des couleurs de toutes les formes d'expression.

And that's why they need us.
Here's to the fools who dream.

Qu'est-ce que j'ai pleuré pendant cette chanson. Si lourdement, que je n'ai pas pu regarder la fin de cette histoire, les yeux noyés par les larmes et la grosse claque existentielle dans la gueule.

Non, c'est dans cet avion en partance pour New York que je pourrai enfin savoir le fin mot de l'histoire.
Et vivre la mienne.

Quelques jours, seulement quelques jours de folie solitaire. Rencontrer des inconnus, parler une autre langue, arpenter les rues d'une ville nouvelle.
Tout ça c'est à moi.

C'est à moi de me le donner.

dimanche 30 avril 2017

L'eau noire

Mon idole de chanteur, j'écoute ton nouvel album.
Il me bouleverse, me crève le cœur.

Je me souviens, il y a trois années de cela, tes chansons, cela sonnait comme une douce mascarade.
Dans ce studio parisien qui n'était pas à toi, tu m'en avais joué quelques-unes en avance. Noires, ternes, sans saveur. Je m'étais détachée. Même ton baiser m'avait paru inapproprié. En retard.
Trop en retard.

Elles étaient marrantes, ces confidences au milieu de la nuit, dans cette chambre d'hôtel inattendue.
Toutes ces péripéties qu'on m'avait racontées sur toi. Et ce que je savais.
Faire s'entremêler les réalités.
Te demander tes versions.

Tu riais, de dépit.
Tu étais éberlué, perdu.
Désemparé.

Tout ce que tu m'as raconté. C'est là.
Dans ces chansons sombres, qui prennent soudain une nouvelle ampleur.
De la lumière, quand les années passent et le travail s'agite.
Une autre version de la même histoire.

jeudi 13 avril 2017

Du temps à vivre

Ca fait longtemps que je n'ai pas écrit.
En réalité, j'ai écrit, mais ayant peur d'être lue par un proche, je n'ai pas osé poster ici ni fixer les phrases sur le papier.
Au fur et à mesure, cette crainte en prétexte, mes mots se sont délassés et j'ai peu à peu abandonné l'acte d'écrire.





Ca fait quelques fois qu'on m'en parle.
"Tu devrais verbaliser tes maux quelque part."

Verbaliser mes maux, j'ai fait ça toute ma vie sur la toile anonyme.

Il est vrai que depuis quelques temps, j'avais perdu l'habitude du geste. Je m'étais dit que je changeais peut-être. Que j'avais trouvé d'autres manières d'exorciser. Que de toutes façons, c'était figer des pensées et envies qui n'étaient qu'en transit et peut-être détourner le cours d'une transformation, d'une réflexion. Qui perd alors en profondeur, en vérité.

En dehors, je ne parlais pas vraiment de mes problèmes.
Parce qu'après tout, ils existaient moins comme ça.
J'en causais quelques fois auprès de gens réfléchis qui me donnaient un coup de boost ou un coup de pied au cul, selon. Et ça suffisait.

De toute façon, je n'avais pas de temps à accorder à la rédaction introspective.
Je devais rédiger d'autres aventures.
Que je ne rédigeais pas.
Parce que bon.

J'avais une vie mouvementée.

Et une situation pourrie.

C'était peut-être trop dur à expliquer aux autres. Trop dur à voir soi-même.
A justifier.

Si j'en suis venue à penser me justifier, c'est que j'avais perdu en liberté sur ces pages au fil des années.

J'ai pensé redevenir anonyme.

Anne Onyme.

Mais du temps à vivre, ça me parle.

Du temps à vivre, j'en ai.

Je ne veux pas tout laisser tomber...