jeudi 26 février 2015

Un amour informe

Tu es vraiment un mec extraordinaire.
"Et comment ne pas t'aimer?"
Touchés, émus, en fait on est pareils. En fait on s'attendrit pour les mêmes raisons.
Je ne sais pas quoi dire de cette relation.
Moi aussi, je me pose sans cesse la question.
Amoureux ou amical, ce lien qui nous unit?

Peut-être que ce n'est juste que de l'amour.
Un amour indéfinissable, sans cadre ni contexte.
Un amour informe.
Informel.

C'est marrant, quand je l'écris, c'est comme si je perdais un peu de mes parcelles de cœur, qui venaient se coller sur le bout des doigts, s'insérer mal dans les contours des lettres. Il n'y a pas de lettre qui convienne. Il n'y a pas de mot qui m’époumone. Alors que tes yeux. Que de tes yeux, il y a toutes ces larmes. Tu sais, celles qui convergent vers le creux de mes cils.

A chaque fois que je te vois, c'est ce que je me dis.
Qu'à chaque fois, je pourrais tomber amoureuse.
C'est fou, toutes ces questions qui perdent de leur sens lorsqu'on prend le temps de se regarder.
Ce sont nos petits enfants intérieurs qui pleurent de se retrouver.

Tu as dit que c'était ce qui t'émouvait le plus. Voir émerger la petite fille en moi. Dans mon regard doux et triste à la fois, lancer un appel.
- Un appel à quoi?
- A la réparation.
D'un temps très ancien, as-tu dit. Tu pensais à la jeunesse, moi aux vies antérieures.

Comment l'exprimer?
Ce qui nous retient ensemble.
On n'a rien d'un couple, et on ne fait rien comme eux. De loin, on aurait l'air de bons potes.
Tout se passe dans tes yeux. Dans ce que l'on se laisse observer.
Oui, je me sens à ma place. Je me sens retourner à la maison.
Ce n'est pas une vibrance. Une passion, un appel de la chair. Ce n'est pas le discours des sens ou de l'instinct. C'est un chant. Un chant qui traverse, de l'oreillette au ventricule, toutes les couches les plus intimes de l'être. Une émotion qui fait moins de bruit qu'une vibration, moins extravertie, moins décelable, qui s'insère en douceur, profondément. Qui résonne. L'écho, de toi à moi. Qui libère.

Peut-être que j'ai retrouvé un jumeau.
Une origine embryonnaire. Le cordon ombilical où nous sommes connectés.
Parce que quand je me sens t'aimer, je me sens m'aimer.

C'est fort, le bonheur que l'on se porte.
Si l'on pouvait maintenant s'amener les sentiments....

vendredi 13 février 2015

Quand est-ce que tu l'accouches?

Je le préfère tellement lorsqu'il parle que lorsqu'il chante.
Je sais pas. C'est peut-être l'intelligence de ses mots qui donne le grain à sa voix envoutante.
Alors qu'est-ce qu'il fait. Qu'est-ce qu'il fait bordel. Pourquoi il m'écrit pas.
Il est passé où le gars "très touché" qui me disait "Ouah, ça mérite une belle réponse tout ça, ou en tout cas une attentionnée...", qui me demande mon adresse mail perso parce que "lui aussi il aimerait me souhaiter plein de choses, alors tachons de reprendre un peu contact" blablabla tagaga tsoin tsoin la tirade pour me vendre du rêve. Avec tout le temps qu'il a passé pour me rédiger son message pour m'informer qu'il allait me rédiger un message, il aurait dû le faire directement, au lieu de me balancer un teaser de la mort qui tue là!
J'en peux plus.
J'ai de la patience, mais deux semaines, quand même.
C'est long pour écrire une réponse, surtout lorsqu'on a prévenu l'intéressée, et qu'elle attend.
Dans son coin, pour faire genre.
Pour faire genre qu'elle est souple.
Qu'elle s'en soucie pas, mine de rien.
Que ça lui passe comme ça.
Au dessus de la tête.

Hahaha.

C'est pour me punir parce que c'est pas bien d'y penser, c'est ça?
Qu'il est peut-être toujours avec sa nana, qui sait.
J'aimerais tellement qu'il m'en parle. Qu'on en parle. Qu'on sache à quoi s'en tenir.
Même si c'est rien. Même si on n'est pas dispo chacun.
Qu'on communique le cœur lesté de toute ambiguïté.

Même s'il y en a toujours eu.
De mon côté, en tout cas.

Dès la première fois qu'il s'est présenté à moi, me confier à quel point il aimait ma musique.
Je ne pouvais m'empêcher de penser à ce que m'avait dit ma mère sur lui, quelques semaines plus tôt. C'est vrai qu'il ressemble à cette star de cinéma français. Et pendant que j'y pensais, je l'écoutais pas vraiment. J'essayais de me ressaisir, mais il avait des yeux. Des yeux... Un regard... Pour la première fois, j'ai eu une faiblesse, un désir autre que pour mon sorcier bienveillant, amoureux de l'époque.
Lorsqu'il est parti, après m'avoir promis de me produire dans sa région, j'ai soufflé un coup. Évacuer l'émoustillement.

Je l'ai revu des mois après, j'ai fait le covoiturage avec sa petite famille. J'ai rencontré sa compagne. Je l'ai trouvée tyrannique. Lui, exténué. Les gens ont leurs propres histoires, ce n'est pas à moi de juger. Quant aux autres, ils jasaient : "que se passe-t-il entre eux? sont-ils malheureux?".
Moi, j'en pipais pas mot.
Moi, j'essayais de refréner mes élans.
Mais la nuit, sous le même toit, j'en rêvais.
A chaque fois.

Aujourd'hui, je me prends à rêver de lui alors qu'il n'est pas là.
Je rêve que l'on est marié, la bague au doigt pour le prouver. Qu'il m'extirpe, me sauve de ces autres hommes insistants. Je rêve que l'on assiste à une expérience sur l'amour universel, que l'on en sort transformés. Grandis, touchés au plus profond d'avoir ressenti l'essence de quelque chose. Côte à côte, épaule contre épaule et juste l'émotion qui submerge. Et puis, encore un peu stone, pouvant difficilement m'extraire de l'euphorie et me lever pour partir, je rêve qu'il me soulève et me porte contre lui sur le trajet qui mène à notre maison. Complètement émue par sa gentillesse et son amour.

M'enfin.
Plutôt que de rêver, je préfèrerais qu'il m'écrive.