dimanche 28 août 2016

Persistences

En fait, ici, c'est un peu mon déversoir à nostalgie.
Je viens confier mes regrets et espoirs secrets, que l'on n'épanche plus aux amis parce qu'on est dans un tout autre monde, un tout autre rythme.

Un jour, tu m'avais dit "dans dix ans, quand je te rappellerai pour t'inviter à boire un verre tu verras, tu seras contente de me revoir!".

C'était il y a dix ans.

Tu es en retard.

Aujourd'hui, j'ai relu des textes de notre rencontre.
Je crois que j'ai compris ce qu'était un coup de foudre.

Peut-être pour ça que j'ai du mal à m'en détacher. D'avoir pu concevoir un jour que tu étais l'homme qui m'était destiné, ça ne sort pas de l'esprit si facilement.

Depuis la première fois que nos regards se sont croisés et jusqu'à ce que l'on devienne amis, j'ai rêvé de toi tous les jours. Sans même connaître ton nom, dans mes songes, tu venais me rendre visite. J'avais rêvé au tout début que l'on se faisait tatouer ensemble des tatouages immenses, sur tout le dos (et peut-être les bras) comme des yakuzas. Je me dis que ça ne sortait pas de nulle part. Ce truc qu'on s'inscrivait au corps, à l'encre indélébile.

J'ai continué à rêver de toi bien après ton passage, tes fiançailles, ton mariage, jusqu'à me supplier dans mes propres songes d'épargner mes rêves de ta présence, que c'était de la pure torture, te faire vivre en mon esprit à chaque cycle de sommeil, plusieurs fois par nuit, alors que la journée je m’efforçais de t'oublier. Renoncer à faire de toi l'homme de ma vie.

Parfois dans mes rêves, on discutait juste de ce qu'on était devenus. On se donnait des nouvelles de nos amoureux respectifs. Parfois, tu me rappelais que c'était ton anniversaire et à mon réveil dans la vie éveillée, je t'envoyais un petit message de fête. Parfois je te demandais si tu m'aimais. Ou juste, si on finirait par devenir amis, simplement amis.

Je t'ai revu une fois il y a deux ans, avec ta femme et un ami commun pour un concert à quelques heures de là, serrés dans la voiture, j'avais passé la soirée à être malade en silence, surement des réminiscences. Je ne te reconnaissais plus. Tu étais une toute autre personne que l'adolescent dont j'étais tombée amoureuse. Tu étais...un homme plutôt froid, plutôt distant et autoritaire. Tu étais...à une autre.

J'ai cessé de rêver de toi dès lors.
Les seules visites depuis que tu as pu rendre à mes songes, tu venais sous forme de spectre, sans enveloppe charnelle. Tu n'étais plus qu'un fantôme dans ma vie. Tu étais mort.

Mes vieux textes parlent de toi comme si j'y étais encore.
Alors, ça me touche.
Me donne envie de pleurer.

Est-ce que je pourrai aimer encore de la même manière?

Vivre après une telle conviction, et devoir continuer....
C'est dur.

Se dire que l'on s'est trompé.
Même si le cœur a toujours clamé le contraire.
C'est dur.

Mais je suppose que c'est ce qui forme la richesse et la profondeur d'un être humain.

Je ne verrai plus jamais la vie sous ce même regard.

Et les existences s'empilent.