vendredi 25 janvier 2013

La course poursuite des journées de février

Au début, je voulais planifier la sortie de la galette un trois février.
Le jour de son anniversaire.
Mais il s'était à peine marié l'année dernière et ça ne serait peut-être pas passé aussi inaperçu pour l'entourage, ce genre de référence.
C'est bizarre.
J'avais beau l'avoir entendu par d'autres, il fallait peut-être que je le voie de mes propres yeux placardé noir sur blanc sur la toile.
"Ils se sont unis."
Pour le croire réel.
Ce rêve de jeune fille amoureuse qui tombe à la renverse.
Éternellement.
Sans jamais entendre le bruit de la chute.

Pour rebondir de bonne heure, ce sera finalement pour la saint valentin que sonneront les cloches de ma première concrétisation musicale. Au lieu de célébrer l'anniversaire d'un seul amour, je célèbre celui de tous ceux qu'il me reste.

Quant à mon idole de chanteur, il a programmé la sienne un quatre février.
On se serait suivis, à un jour près.
Comme il y a deux ans.
Pour le mien, d'anniversaire.

lundi 21 janvier 2013

Expérimenter l'amour véritable mon cul

Le 09.12.12, en tout petit sur les dernières pages de mon carnet.

"En même temps, c'était dans ma prière.
Expérimenter l'amour véritable.
A peine prononcée et le doute qui s'installe, les projets bouleversés et les remises en question sur une éventuelle forme du couple.
Je ne parlais pas de cet amour véritable là.
Mais au moment où je l'ai scellé sur le papier j'ai pensé "n'est-ce pas risqué?".
Après tout, l'amour véritable pour toute la création et les êtres vivants qui la composent, inévitablement peut-être, implique des élans surprenants du cœur à l'échelle intime.

Expérimenter l'amour véritable.

Et immédiatement observer le détachement de l'autre, comme s'il devait céder la place malgré lui.
Parce qu'il n'en a pas envie, je le sais.
Mais qu'il s'y est senti obligé.

Dans la même fraction de temps, rassembler un courage moisi de deux ans et trouver les mots qui sonnent juste pour inviter mon idole de chanteur.
Timing incroyable pour les ruptures simultanées.

J'aurais essayé un autre moment, il aurait encore été avec elle, qui le suit depuis quatre ans, je me demandais bien pourquoi cela ne s'était pas fait avant, malgré les coïncidences de dates, les rêves prémonitoires et autres correspondances amusantes soufflées par ce taquin de destin. Au fond de moi je criais pourquoi, pourquoi tous ces signes qui n'aboutissent nulle part, qui viennent s'écraser contre le fond de l'horizon sans jamais rebondir et ramener du sens. Je me doutais bien qu'ils m'indiquaient quelque chose mais le temps se prolongeait tellement, je finissais pas ne plus trop y croire. Mais j'ai réussi à l'avoir, avec deux ans de retard, mon début d'histoire avec cette idole de chanteur et contre toute attente, c'est comme s'il l'avait espéré aussi depuis notre première rencontre.

Est-ce l'amour véritable?
Je ne sais pas.
Une espèce de coup de foudre?
Oui.

A en oublier de me sustenter et rendre mon non repas dans les WC avant d'aller le voir.
Ça me remue l'estomac, m'attaque la poitrine et lorsqu'il me serre dans ses bras c'est le cœur qui dégouline, les pores de ma peau en émoi et les poils qui s'inclinent. L'horloge interne ne peut que s'arrêter un instant de tourner et s'assoir sur les quais laisser passer les trains mais plus les chances. Silence, ça tourne la tête et retourne l'esprit autant de souhaits comblés en si peu de gestes. Le cœur se remet à battre la mesure du rythme de ma vie, en décalé, mais est peut-être arrivé ce jour où je rattraperai la cadence."

Tout est dans le titre...

dimanche 20 janvier 2013

Il est des notres

Je devais rentrer samedi et nous sommes mercredi soir.
Mon petit studio dans le sud, la solitude soufflée par les notes envolées des scherzos de Chopin.
Bredouille.

Le soir du réveillon, je m'étais enfuie par la porte de devant, pressentant l'entourloupe.
Tu revenais d'un tour du monde de 14 mois et à la question "maintenant quels sont tes projets?" tu avais annoncé "me barrer travailler au Brésil". Ça puait la redite. La veille d'un faux départ pour l'Australie. M'enticher d'un autre dont l'esprit est déjà loin. J'avais pas trop réfléchi, j'étais partie. Te laissant là où se posaient les draps, avant de m'attacher à ta chair. Je le savais. Que ça allait être rapide.

J'ai regretté, un peu.
Tu m'avais rallumée.

Après ça, je cherchais emprise. Un corps sur lequel m'agripper. Après toi, je faisais des vas-et-viens vers l'occasion innée, me prenant des râteaux à la pelle, comme rarement on repousse une fille. Peut-être visais-je trop haut, peut-être étais-je trop directe, effrayante dans l'assurance de mes envies. Peut-être que me faire courtiser, j'en avais rien à foutre. Que ce que je voulais moi, c'étaient des bras. Des bras qui ferment leurs bouches. Et ne parlent que d'eux-mêmes.

Puis ce weekend, comme une surprise d'anniversaire qui foire sur le palier de la porte, on me dit que tu montes sur Paris quelques jours sac de rando sur le dos explorer les pays du nord.
J'ai hésité.
Ai repoussé mon départ.
Nous nous sommes retrouvés là, à trois sur le canapé lit, les pieds sur la table basse, sans fermer l’œil de la nuit.

Je t'ai trouvé beau.

J'ai voulu te toucher.
Alors, dans le noir de ce troquet que je connais très bien, j'ai déroulé mes doigts sur ta jambe et lorsque tu as intercepté ma main pour la recueillir contre ta paume, ça m'a fait comme la première fois.
Des picotements entre les cuisses.

Tu n'es pas allé visiter les pays du nord.

A la place, tu as parcouru ma peau, toutes ces heures où tu ne trouvais pas le sommeil.
Je me suis attachée très vite, comme prévu.

C'était ta douceur, tes doigts qui filaient sans heurts le long des courbes et cette capacité instinctive à me saisir avec force lorsqu'il le faut. Mon coeur qui s'emballe à l'idée de se coller contre un autre battement, un autre rythme. Contre ton torse. Magnifique. Ta silhouette, ton corps entier. Je reste ébahie devant la précision anatomique de tes formes au toucher, à la vue, mes yeux se brouillent, soumis, mon être ronronne.
Charmée devant un physique comme cela m'arrive peu.

Nous ne nous mélangerons pas en entier.
Mauvais timing, mauvaises dispositions, mauvais contextes.
Ce n'est pas faute d'avoir essayé, ni tendu la perche.
Tu as bien quelques fois tenté de la prendre mais bon.
Tu n'avais pas le cœur à bondir.
Je m'en veux de ne pas l'avoir compris plus tôt.

Les rencontres ne sont-elles pas minutieusement orchestrées par la vie malicieuse?

Tu allais décoller en février pour la Colombie t'installer avec ton amoureuse qui t'attendait là-bas. Mais, quelques jours avant le nouvel an, elle t'annonce qu'on lui a proposé une mutation au Costa Rica et qu'elle compte s'y rendre sans toi. Ta superbe projection mentale s'écroule avec toi et tu te retrouves sans travail, sans amoureuse et sans lieu de vie pour les mois à venir. J'ai envie de dire...
...bienvenue au club coco.

Cette situation n'est quand même pas des plus banales, non?
C'est franchement incroyable qu'on se retrouve toi et moi simultanément dans le même embarras.
Évidemment, nous n'avions aucune idée de nos similitudes avant de se plaire l'un à l'autre.

On était mardi, je devais prendre mon train dans moins de deux heures quand je t'ai avoué la tête enfouie dans l'oreiller :
-"Je n'ai pas envie de rentrer. Je n'ai pas envie de te laisser. Parce que...je crois que je t'aime bien."
A cela, tu as répondu que tu étais complètement paumé.
Perdu dans tes doutes, éparpillé.
Que tu ne savais pas quoi faire de ta vie, que tu n'avais rien de concret à m'apporter, que tu n'avais pas de travail. J'ai été surprise :
-" Je n'attends pas de toi que tu travailles. En fait, je n'attends rien de toi."
Mais ça n'avait pas l'air de te consoler plus que ça.

Je le répète, je m'en veux de ne pas avoir compris sur le moment combien était puissant ton mal-être. Je soupçonnais que ça n'allait pas, mais je ne savais pas à quel point. Quand tu m'as demandé s'il m'était possible de faire s'évacuer les nœuds profonds de ton être. J'ai acquiescé. Je n'ai pas compris que tu voulais que je le fasse, maintenant. Parce que tu ne supportais plus ta douleur intérieure. Ce n'était alors pas la drogue qui t'empêchait de dormir. C'était toi-même. C'étaient tes questions incessantes qui parasitaient ton repos.

Moi, j'étais encrée dans mon désir.
Tu étais beau. Je voulais toucher.
Alors, je suis passée à côté.
A côté de l'interrupteur que tu me tendais précautionneusement pour que je fasse exploser toutes tes barrières et qu'enfin tu te livres à quelqu'un sans demi-mesure.

Pardon.

Pardon pour mon égoïsme.

La dernière nuit, en rentrant de nos soirées respectives, tu étais distant. Tu as dormi loin de moi en évitant les caresses. J'ai pensé que c'était parce que tu ne voulais pas que je me fasse de fausses idées, de vaines promesses. Je t'ai reproché en mon esprit de gâcher ce temps qu'il nous reste. Puis, assez déçue, je me suis rendue à la gare seule en esquissant un vague au revoir antisentimental. Faisant le point sur les faits, persuadée avec le recul de t'avoir un peu forcé la main et concluant que tu avais en premier lieu à te remettre sur pieds avant même de penser à prendre de mes nouvelles.

Deux jours plus tard, dans mon petit studio, je reçois une foule de textos en retard, un problème avec mon téléphone surement.
Des messages de toi datant de plusieurs jours qui criaient expressément, "je ne vais pas bien" et quelques autres où tu te souciais de comment j'allais et si j'avais pu avoir mon train dans les temps.
Je me suis sentie con.

J'ai cru que tu ne penserais pas à moi.

J'avais parié avec quelques amis que tu ne me contacterais plus.
Mais ce soir, c'est à moi que tu te confies en t'excusant.
"Je ne devrais pas te mêler à ça mais c'est comme si tout s'écroulait derrière moi."
Tu n'as pas l'air d'être quelqu'un qui quémande facilement de l'aide ou qui a l'habitude de se reposer sur les autres alors touchée que tu te tournes vers moi, je me suis engagée.
"Si tu as besoin d'un soutien, je veux bien me dévouer, le temps que tu te relèves."

Je me demande si ce n'est pas moi qu'il faudra ramasser une fois que tu t'en iras.

vendredi 18 janvier 2013

Le toc de ton éclat

Il s'est excusé de ne pas avoir répondu à mon invitation en me vouvoyant encore une fois. Je pensais avoir réussi à régler le problème de cette convenance fantaisiste mais du coup il s'emmêle plus les pinceaux qu'autre chose et me tutoie une fois sur deux. Pas grave, je me résous. Et lui envoie des pensées en ces semaines de planning chargé.

Moi : "Pas de soucis, bon courage à toi dans ces journées mouvementées, et peut-être à l'******** en février. Je t'embrasse."

Il m'avait déjà dit "à bientôt" dans le précédent message, mais mon portable vibre aussitôt.

Lui : "Merci et à bientôt. Des jours ou des nuits mouvementées c'est bien aussi."

Surprenant.
Ce serait presque ambigu. Je renchéris.

Moi : "Ça dépend du mouvement."

Lui : "Certes. Certains sont beaux."

Moi : "Certaines immobilités le sont tout autant. Tu vis aujourd'hui des nuits en mouvement?"

Lui : "Plutôt."

Moi : "Je t'envie. Toutes les miennes tombent à l'eau."

Lui : "Pour l'instant."

Et le dialogue rime. Et les vers s'inversent.
Ça ressemblerait plus à une poésie qu'à un langage sms.
M'enfin. J'avais dit que j'en voulais plus.
Que mon idole de chanteur, c'était rien qu'une photo mal prise sur papier brillant.
Le propos n'est pas beau.
Et la lueur ne vient que du support.

C'était la première fois que l'on échangeait simplement à l'écrit, comme ça. Haha. J'en veux plus, j'ai dit.
Alors, ne démarrons pas au quart de tour. Au demi tour, à la limite. Dos à toi, et ce chemin qui n'est plus si plaisant à fouler. Parce que j'ai eu l'impression de t'avoir vu véritablement la dernière fois et.
Que je n'ai rien vu.
Néant.
Du vide.
Des pacotilles.
Le toc de ton éclat.
J'en veux pas. Voilà.

Il y a que l'attachement reste et que deux ans d'émoi ça laisse des traces. Je me soucie de toi. De la merde que tu sèmes dans ta propre vie. Je nettoierai pas à ta place, sois-en certain. Mais de loin, je t'envoie. Prends soin de toi. Fais attention à ne pas trop perdre de parcelles d'existence à vouloir ne pas faire de choix, jamais. Je t'avais balancé, entre un double café et un jus d'orange : "en temps normal, tu représenterais tout ce que je déteste chez quelqu'un" et "j'aurais envie de te donner des claques pour te réveiller" et tu avais ris un peu, me demandant ce qu'il y avait bien à réveiller chez toi. Mais moi, j'ai pas trouvé ça drôle. Et même terriblement déprimant. Au point de verser quelques larmes refoulées assise seule dans Pigalle négligée sur un banc. T'étais mon prince charmant de conte de fée et tu ressembles à ça. Franchement, je rigole pas. T'aurais pu faire toutes les conneries du monde, si tu les assumais. Si tu faisais pas ton artiste bohème enfant gâté "c'est pas ma faute à moi, c'est la faute à comment je suis". T'as même pas l'âge pour te sauver des griffes de tes enfantillages. Et quand lors des au revoir, après avoir traversé la rue, tu l'as aussitôt parcouru en sens inverse revenir sur tes pas pressés avec un sourire m'attraper la tête avec tes mains poser un baiser sur ma joue et disparaître, c'était même plus marrant. C'étaient tous les rouages de ta vie scénarisée qui me sautaient à la gueule et j'avais pas envie d'être une figurante de ton navet en boîte de conserve.

Cette même soirée, je t'avais avoué, non sans une petite réticence :
-"Tu sais, je suis un peu empathe."
-"Moi aussi."
-"Je sens les émotions des gens. Parfois, je sens leurs problèmes, les nœuds qu'ils ont à démêler. Leurs sentiments, cela parvient comme une vague jusqu'à moi. D'une manière assez naturelle."
Il acquiesce.  Il avait l'air de comprendre sans me prendre encore trop pour une folle, je continue :
-"Eh bien tu vois avec toi, le problème, c'est que je ressens rien."
-"C'est normal."

As-tu répondu.
Le sourire aux lèvres, encore.

Non c'est pas normal.
C'est pas normal.



mercredi 9 janvier 2013

La frêle épave au fond du trou

Le 08.01.12 à 20h15, sur une feuille blanche dans un bar sombre.

Il faut que je l'écrive.
A quel point j'en ai les larmes aux yeux.
A quel point tout s'écroule, à gros coups de pieds dans le château de cartes.

Finalement, je vais tellement mieux lorsque je ne le vois pas.
Je me dis toujours, c'est qu'une question de choix.
D'ailleurs, c'était le sujet.
Le choix, une discussion de deux heures.
Où n'excelle pas mon idole de chanteur.

Où l'on se ressemble.
Ce putain de miroir grossissant mettant en avant tout ce vers quoi je ne souhaite pas tendre.
Mettant en évidence l'ordre du choix.

M'être éprise d'un sale petit con durant si longtemps, et si on arrêtait?

Et si, malgré cet attachement à résoudre le rêve et ce sentiment presque inconsolable de devoir le quitter, je décidais de ne pas prendre ce qui s'offrait à moi?
Et si j'en voulais pas?
Pas dans ces conditions pitoyables.

C'est encore une épreuve n'est-ce pas?
Emballer ce grand tas d'immondices que j'ai moi-même jeté dans le plus beau des papiers cadeaux. Dans celui-là même qui m'a fait envie, que j'ai voulu ouvrir, dès les premiers regards.
Ne nous y trompons plus.
C'est sûrement tout ce que je n'aime pas que transpire l'homme que j'aime.
Pourquoi.
Merde, pourquoi.

C'est pourtant simple à comprendre, je crois.
Voilà. Il n'est pas fait pour moi.

mardi 8 janvier 2013

J'ai fait une rencontre

J'ai fait une rencontre.
Dans ce bal effréné, quand emporté par la foule il s'est retrouvé derrière moi, j'ai senti son emprunte.
Solaire.

L'envie définitive de le connaître s'est installée en moi lorsque j'ai intercepté son accent québécois entre deux applaudissements. Il était un sourire. En tout cas sur mes lèvres.
Quand je suis sortie transpirante respirer un bol d'air frais, j'ai aperçu mon ami violoniste qui devait me rejoindre, en compagnie de cette idole de chanteur.
Surprise, qui n'en est plus vraiment une. Un peu comme le comique de répétition, ça finit par s'anticiper. Et à leur tablée, le troisième compagnon était ce québécois solaire qui me titillait l'esprit depuis.

Nous avons discuté, d'une manière tellement limpide et facile, décontractée. J'ai été répugnante dès les premières secondes, à enchaîner les blagues affreuses et il riait, il riait, de son humeur rayonnante. Nous avons dansé à deux la dernière danse, interrompus par l'annonce de la fermeture du bar et je suis repartie seule avec ma rose.

J'aurais voulu lui dire "hey toi, tu me plais, rentrons ensemble et faisons l'amour avec humour".

Mais il m'a coupé l'herbe sous le pied en noyant mes questions et mes propositions par du vague et de polis refus. Il ne m'a rien laissé, à part un "au prochain bal" qui a lieu dans deux mois. Quand j'ai rétorqué que deux mois c'était long il a répondu "non, ça va". Bide total.

Malgré tout, ayant récupéré la carte de visite qu'il avait donnée à mon ami violoniste, je lui ai envoyé un message le lendemain. Très courtois, concernant le groupe auprès duquel il devait m'introduire pour le boulot. C'est lui qui m'a rappelée plus tard me proposant de partager un café dans la soirée.

Etant vagabonde dans Paris, j'ai été assez directe en lui parlant avant toute chose de dormir chez lui, question pratique pour les sacs à dos encombrants. Il a refusé entre deux fous rires. C'est fou à quel point le ridicule des uns peut éclater les autres.

Nous avons arpenté les rues sous un ciel violet presque onirique, cherchant les recoins où se forment les musiques. Puis, entre deux sujets, il a avoué habiter avec une elle. Je comprends, je comprends...
J'ai envie de dire, pourquoi veut-il me revoir alors?
Puis, si je réfléchis, c'est tellement ce que j'attends de quelqu'un.
C'est tellement ce que je fais aussi.

Nous avons alors échangé une certaine beauté du geste.

Et nos pas sur le retour, sous le tunnel de la ligne 14, il a prononcé ces mots qui remettent le cœur en place.
Il a dit, à peu près :
- "Ce sont les gens comme toi, qui persistent à continuer leur non-projet, qui montent de grandes choses. Ceux qui refusent de vivre si ce n'est pas pour aimer ce qu'ils font. Ils attirent souvent la chance, et finissent par entraîner les autres avec eux, qui ressentent ce plaisir là qu'ils prennent à être. Pour en avoir déjà rencontré, je suis persuadé que tu vas aller loin dans ce non-projet que tu mènes."

Il n'a pas vraiment saisi ce que j'étais en train de lui répondre lorsque le métro s'est garé devant nous.
Je lui expliquais que si je transmettais les choses de cette manière particulière, c'était pour être utile. C'était pour servir. Parce qu'être sincère et entière dans ce qu'on donnait, ça aidait toujours quelqu'un. A réfléchir, encourager, se remettre en question, dans sa vie, que ça touchait, troublait, guérissait parfois. Que ce n'était pas qu'un cri dans l'immensité du monde. Et qu'il avait la possibilité d'être entendu.

Seule dans le wagon me ramenant à la vie normale, je lui ai écrit un dernier message.
"Et si jamais d'ici samedi en passant par Paris tu avais du temps à tuer, on pourrait toujours l'abattre ensemble."

J'ai fait une rencontre.
Elle a mis du baume sur mes doutes.
Et demain, s'il le veut bien, ce sera au tour de mon idole de chanteur.

jeudi 3 janvier 2013

Et qu'après l'apocalypse, il y ait du silence

J'écoute inlassablement la musique de cette liste écrite un soir de pluie fine dans une rue parisienne.
Tu t'étais étonné :
-"Oh mais vous êtes gauchère?"
Je t'avais répondu :
-"Non."
Et comme d'habitude, tu n'avais pas cerné l'absurde de ma réplique. Ce n'est pas la première fois.
Il faudrait décidément que j'arrête de lancer des "non" à tes questions évidentes qui sont sûrement davantage des exclamations qu'autre chose.

J'ai quand même moins peur à l'idée de te revoir, mon idole de chanteur.
Je crois brûler d'une certaine impatience et probablement que cette frénésie intérieure me ferait risquer d'être assez entreprenante la prochaine fois.

Gare à toi.

Je n'ai plus d'attache. Je gravite comme un électron libre autour du concept de ta chair et je suis carnivore.
La dernière nuit de 2012 a réveillé mon instinct de chasseuse et il me faut désormais le contrôler.
Je ne veux pas t'engloutir en une bouchée.
Gargantuesque.
J'ai attendu deux ans et des poussières. Tu comprends, la sensation serait trop furtive.
Tu mérites un minimum de saveur.

Il y a deux ans, j'écrivais :
"C'est un amour de secours. Le temps que ça passe."
Tu sais, comme quand on ne souhaite pas aborder un virage, solitaire. On fixe un point au loin, pour qu'il nous accompagne. Pour moi en l'occurrence, c'était ta gueule semi cadavérique en poster sur les murs blancs de ma chambre. Ils étaient toujours restés lisses, avant toi.

S'accrocher à une idole de chanteur, faut bien avoir conscience que c'est l'aire d'autoroute au milieu du trajet. La petite escale pipi, histoire de se remettre d'aplomb pour rouler jeunesse.
Ça n'a jamais mené nulle part.
Ni concrétisé quoi que ce soit.
Ni fait partie prenante du voyage.

Deux ans sur une aire d'autoroute.
J'ai l'impression d'être un chien en laisse noué à un arbre.
Là. Qu'on a volontairement oublié.

C'est moi qui me suis oubliée.

Sauf que j'y crois de plus en plus, à cette histoire.
Cette histoire d'idole de chanteur, et de rêve qui se réalise.
Je crois à la concrétisation de ce pari fantasque.
Allez, j'y suis presque.
Il a accepté de me revoir.
"Je serai pas mal occupé à cette période mais sans doute trouverai-je un moment de libre."
La dernière fois, il n'avait pas mis le "sans doute" et il en avait trouvé deux, des instants volés. Alors bon.
Peut-être faudra-t-il l'embrasser?

S'il a encore le courage de me serrer contre son cœur, je m'autoriserai à user de mes sens. A parcourir sa nuque de mes doigts et lui agripper les cheveux. Deux ans que j'y pense. Son cou, ses mèches, je veux les toucher. Mélanger. Je veux poser mes lèvres sur son ventre, sentir son désir me remonter l'échine, sentir, ses effluves après l'amour, sentir ses battements, sa poitrine palpiter, je veux entendre, comprendre, l'effet que je lui fais. Je veux le rendre fou. Je veux que l'on s'éclipse. Lui et moi, le soleil sur la lune, la lune dans le soleil.

Et qu'après l'apocalypse, il y ait du silence.

Il y ait le matin. Que l'on s'endorme le jour levé, après la tendresse. Je ne sais toujours pas s'il me voit comme un encas, comme un but à atteindre, ou une lueur à suivre. Comme une chaleur que l'on porte avec soi, une oasis à préserver, un compagnon d'infortune. Si c'est sur une certaine durée, ou un amour jetable. Il serait con de penser qu'il suffirait de ne plus me revoir pour se débarrasser de l'affaire une fois conclue. Une pure utopie. Puis en même temps, ce n'est pas vraiment ce qu'il met dans ses étreintes.

Dans ses étreintes, il y a l'intégrité.
La sincérité d'un émoi que j'ai du mal à envisager.

Le paradoxe de cette idylle trop grande pour moi, c'est qu'on n'y croit jamais vraiment.
Même quand c'est là sous nos yeux, on fait comme si elle n'était que mirage parce que ce n'est que comme ça qu'on a appris à la vivre. Je peux le dire. Je n'ai pas confiance en lui. En ses sentiments possibles.
Ça dépasse ce que j'ai pu imaginer.
Dans la pudeur de mes fantasmes.

Un ami musicien qui le connait bien m'a dit à son sujet :
-"C'est un être admirable. Autant en tant qu'artiste qu'en tant que personne."
Mon idole de chanteur lui-même m'a avancé :
-"J'essaie du mieux que je peux d'être sincère."
Et c'est ce que je ressens, là, lorsqu'il me serre dans ses bras. Lorsqu'il lâche la rampe du métro pour me rendre l'étreinte. Lorsqu'il court dans les escaliers pour me rattraper et recommencer. Je sais qu'il essaie, oui. Je sais qu'il fait des efforts pour dépasser ses réserves, décupler son courage et prendre les devants.
C'est juste qu'il y a ce chaînon manquant, ce trou dans la réflexion qui ne parvient à lier les faits à la réalité.

Pourquoi moi?

mercredi 2 janvier 2013

Je ne te dirai pas reviens

Tu m'as manqué. A travers les vitres du taxi pour rentrer, tu m'as manqué. T'étais pas là pour voir le premier soir de 2013, l'aube d'un nouveau souffle, et se serrer dans les bras de bonheur et de plénitude d'exister.
Non, à la place, tu l'écris de ton côté de l'hémisphère. Tout ce que j'aurais rêvé partager avec toi, tu le vis maintenant, à une distance imbécile et narquoise.

Et quand j'ai posé ma bouche sur des lèvres de réveillon, quand j'ai aventuré ma langue au fond d'un palais étranger caresser ce corps de jeunesse et d'évasion, tu m'as manqué. Parce que c'était pas toi.
Puis lorsque le piano de cet être du passé a entonné les notes d'une autre escapade romantique allemande, tu m'as manqué aussi. Parce que je ne souhaite pas revenir en arrière m'enfouir la tête pleine de poussière au fond des vieilles histoires.

Je ne te dirai pas reviens.
C'est juste le point de chute, la mise en forme concrète de la rupture.
Entre le passé et le futur, c'était toi.
Voilà.

Il me faut l'accepter.

C'était la première fois que je touchais à d'autres lèvres que les tiennes.
Ca ne m'a pas déplu. Ca m'a rendue mélancolique. Changer de cap si vite sans en cerner les raisons.
Te reléguer au rang de souvenir pour ne garder que les bons moments.
Holly shit.

Mais si les larmes après la soirée tendaient à vouloir se laisser glisser par les interstices, je me dis que c'est une chose que je n'aurai plus à faire pour la prochaine fois.
Pleurer sur la page qui se tourne sans toi.

Je m'attacherai facilement.

C'est triste.
Je trouve cela presque irrespectueux vis à vis de ce que l'on a vécu, de ce que tu m'as donné.
Mais ce n'est pas à moi d'en juger.
Qui le pourrait?


Un souffle dans la nuit

J'ai envie de chanter.
Je sais bien que c'est dérisoire.
Un souhait lancé dans l'infini des aspirations humaines.
Mais il existe.
Perdu au milieu des autres, il a sa place dans tout ce foutoir.
Il a sa voix.
Qui crie de bon cœur, à qui veut l'entendre.

J'ai envie de chanter.