jeudi 3 janvier 2013

Et qu'après l'apocalypse, il y ait du silence

J'écoute inlassablement la musique de cette liste écrite un soir de pluie fine dans une rue parisienne.
Tu t'étais étonné :
-"Oh mais vous êtes gauchère?"
Je t'avais répondu :
-"Non."
Et comme d'habitude, tu n'avais pas cerné l'absurde de ma réplique. Ce n'est pas la première fois.
Il faudrait décidément que j'arrête de lancer des "non" à tes questions évidentes qui sont sûrement davantage des exclamations qu'autre chose.

J'ai quand même moins peur à l'idée de te revoir, mon idole de chanteur.
Je crois brûler d'une certaine impatience et probablement que cette frénésie intérieure me ferait risquer d'être assez entreprenante la prochaine fois.

Gare à toi.

Je n'ai plus d'attache. Je gravite comme un électron libre autour du concept de ta chair et je suis carnivore.
La dernière nuit de 2012 a réveillé mon instinct de chasseuse et il me faut désormais le contrôler.
Je ne veux pas t'engloutir en une bouchée.
Gargantuesque.
J'ai attendu deux ans et des poussières. Tu comprends, la sensation serait trop furtive.
Tu mérites un minimum de saveur.

Il y a deux ans, j'écrivais :
"C'est un amour de secours. Le temps que ça passe."
Tu sais, comme quand on ne souhaite pas aborder un virage, solitaire. On fixe un point au loin, pour qu'il nous accompagne. Pour moi en l'occurrence, c'était ta gueule semi cadavérique en poster sur les murs blancs de ma chambre. Ils étaient toujours restés lisses, avant toi.

S'accrocher à une idole de chanteur, faut bien avoir conscience que c'est l'aire d'autoroute au milieu du trajet. La petite escale pipi, histoire de se remettre d'aplomb pour rouler jeunesse.
Ça n'a jamais mené nulle part.
Ni concrétisé quoi que ce soit.
Ni fait partie prenante du voyage.

Deux ans sur une aire d'autoroute.
J'ai l'impression d'être un chien en laisse noué à un arbre.
Là. Qu'on a volontairement oublié.

C'est moi qui me suis oubliée.

Sauf que j'y crois de plus en plus, à cette histoire.
Cette histoire d'idole de chanteur, et de rêve qui se réalise.
Je crois à la concrétisation de ce pari fantasque.
Allez, j'y suis presque.
Il a accepté de me revoir.
"Je serai pas mal occupé à cette période mais sans doute trouverai-je un moment de libre."
La dernière fois, il n'avait pas mis le "sans doute" et il en avait trouvé deux, des instants volés. Alors bon.
Peut-être faudra-t-il l'embrasser?

S'il a encore le courage de me serrer contre son cœur, je m'autoriserai à user de mes sens. A parcourir sa nuque de mes doigts et lui agripper les cheveux. Deux ans que j'y pense. Son cou, ses mèches, je veux les toucher. Mélanger. Je veux poser mes lèvres sur son ventre, sentir son désir me remonter l'échine, sentir, ses effluves après l'amour, sentir ses battements, sa poitrine palpiter, je veux entendre, comprendre, l'effet que je lui fais. Je veux le rendre fou. Je veux que l'on s'éclipse. Lui et moi, le soleil sur la lune, la lune dans le soleil.

Et qu'après l'apocalypse, il y ait du silence.

Il y ait le matin. Que l'on s'endorme le jour levé, après la tendresse. Je ne sais toujours pas s'il me voit comme un encas, comme un but à atteindre, ou une lueur à suivre. Comme une chaleur que l'on porte avec soi, une oasis à préserver, un compagnon d'infortune. Si c'est sur une certaine durée, ou un amour jetable. Il serait con de penser qu'il suffirait de ne plus me revoir pour se débarrasser de l'affaire une fois conclue. Une pure utopie. Puis en même temps, ce n'est pas vraiment ce qu'il met dans ses étreintes.

Dans ses étreintes, il y a l'intégrité.
La sincérité d'un émoi que j'ai du mal à envisager.

Le paradoxe de cette idylle trop grande pour moi, c'est qu'on n'y croit jamais vraiment.
Même quand c'est là sous nos yeux, on fait comme si elle n'était que mirage parce que ce n'est que comme ça qu'on a appris à la vivre. Je peux le dire. Je n'ai pas confiance en lui. En ses sentiments possibles.
Ça dépasse ce que j'ai pu imaginer.
Dans la pudeur de mes fantasmes.

Un ami musicien qui le connait bien m'a dit à son sujet :
-"C'est un être admirable. Autant en tant qu'artiste qu'en tant que personne."
Mon idole de chanteur lui-même m'a avancé :
-"J'essaie du mieux que je peux d'être sincère."
Et c'est ce que je ressens, là, lorsqu'il me serre dans ses bras. Lorsqu'il lâche la rampe du métro pour me rendre l'étreinte. Lorsqu'il court dans les escaliers pour me rattraper et recommencer. Je sais qu'il essaie, oui. Je sais qu'il fait des efforts pour dépasser ses réserves, décupler son courage et prendre les devants.
C'est juste qu'il y a ce chaînon manquant, ce trou dans la réflexion qui ne parvient à lier les faits à la réalité.

Pourquoi moi?

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Du temps à tuer?