vendredi 18 janvier 2013

Le toc de ton éclat

Il s'est excusé de ne pas avoir répondu à mon invitation en me vouvoyant encore une fois. Je pensais avoir réussi à régler le problème de cette convenance fantaisiste mais du coup il s'emmêle plus les pinceaux qu'autre chose et me tutoie une fois sur deux. Pas grave, je me résous. Et lui envoie des pensées en ces semaines de planning chargé.

Moi : "Pas de soucis, bon courage à toi dans ces journées mouvementées, et peut-être à l'******** en février. Je t'embrasse."

Il m'avait déjà dit "à bientôt" dans le précédent message, mais mon portable vibre aussitôt.

Lui : "Merci et à bientôt. Des jours ou des nuits mouvementées c'est bien aussi."

Surprenant.
Ce serait presque ambigu. Je renchéris.

Moi : "Ça dépend du mouvement."

Lui : "Certes. Certains sont beaux."

Moi : "Certaines immobilités le sont tout autant. Tu vis aujourd'hui des nuits en mouvement?"

Lui : "Plutôt."

Moi : "Je t'envie. Toutes les miennes tombent à l'eau."

Lui : "Pour l'instant."

Et le dialogue rime. Et les vers s'inversent.
Ça ressemblerait plus à une poésie qu'à un langage sms.
M'enfin. J'avais dit que j'en voulais plus.
Que mon idole de chanteur, c'était rien qu'une photo mal prise sur papier brillant.
Le propos n'est pas beau.
Et la lueur ne vient que du support.

C'était la première fois que l'on échangeait simplement à l'écrit, comme ça. Haha. J'en veux plus, j'ai dit.
Alors, ne démarrons pas au quart de tour. Au demi tour, à la limite. Dos à toi, et ce chemin qui n'est plus si plaisant à fouler. Parce que j'ai eu l'impression de t'avoir vu véritablement la dernière fois et.
Que je n'ai rien vu.
Néant.
Du vide.
Des pacotilles.
Le toc de ton éclat.
J'en veux pas. Voilà.

Il y a que l'attachement reste et que deux ans d'émoi ça laisse des traces. Je me soucie de toi. De la merde que tu sèmes dans ta propre vie. Je nettoierai pas à ta place, sois-en certain. Mais de loin, je t'envoie. Prends soin de toi. Fais attention à ne pas trop perdre de parcelles d'existence à vouloir ne pas faire de choix, jamais. Je t'avais balancé, entre un double café et un jus d'orange : "en temps normal, tu représenterais tout ce que je déteste chez quelqu'un" et "j'aurais envie de te donner des claques pour te réveiller" et tu avais ris un peu, me demandant ce qu'il y avait bien à réveiller chez toi. Mais moi, j'ai pas trouvé ça drôle. Et même terriblement déprimant. Au point de verser quelques larmes refoulées assise seule dans Pigalle négligée sur un banc. T'étais mon prince charmant de conte de fée et tu ressembles à ça. Franchement, je rigole pas. T'aurais pu faire toutes les conneries du monde, si tu les assumais. Si tu faisais pas ton artiste bohème enfant gâté "c'est pas ma faute à moi, c'est la faute à comment je suis". T'as même pas l'âge pour te sauver des griffes de tes enfantillages. Et quand lors des au revoir, après avoir traversé la rue, tu l'as aussitôt parcouru en sens inverse revenir sur tes pas pressés avec un sourire m'attraper la tête avec tes mains poser un baiser sur ma joue et disparaître, c'était même plus marrant. C'étaient tous les rouages de ta vie scénarisée qui me sautaient à la gueule et j'avais pas envie d'être une figurante de ton navet en boîte de conserve.

Cette même soirée, je t'avais avoué, non sans une petite réticence :
-"Tu sais, je suis un peu empathe."
-"Moi aussi."
-"Je sens les émotions des gens. Parfois, je sens leurs problèmes, les nœuds qu'ils ont à démêler. Leurs sentiments, cela parvient comme une vague jusqu'à moi. D'une manière assez naturelle."
Il acquiesce.  Il avait l'air de comprendre sans me prendre encore trop pour une folle, je continue :
-"Eh bien tu vois avec toi, le problème, c'est que je ressens rien."
-"C'est normal."

As-tu répondu.
Le sourire aux lèvres, encore.

Non c'est pas normal.
C'est pas normal.



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