lundi 7 août 2017

Une parenthèse dans l'été - Part 1

Il fait chaud.
La sueur colle à ma peau.

J'ai mis quelques jours à m'en remettre, de ce mois incroyable. Le retour seule dans mon petit studio, loin de l'agitation et des lumières de la scène m'a soudain paru lourd et terriblement triste. C'était la première fois que je n'étais pas heureuse de retrouver mon appartement et ma solitude.

Peut-être que c'était trop pour moi.

Trop d'un coup. Moi la groupie dans un monde de vedettes, je me sentais grisée d'être observée de la sorte. Surement. Surement que ça me montait à la tête.

Devoir sans cesse décliner les invitations parce que mes collègues étaient beaucoup trop sérieux.
La frustration perpétuelle d'être à deux doigts à chaque fois.
Ça aura au moins eu la qualité de me garder en bonne santé physique jusqu'à la fin.

Et puis il y a eu toi.

Je ne t'avais pas cherché. T'es arrivé comme un cheveu dans la soupe à trois jours du départ. Tu m'as offert tes jambes pour m'assoir et tu m'as offert un massage. Ça ne m'avait rien fait de particulier, sur le coup.
C'était plutôt ta gentillesse, ton égard pour les autres et ton humour décalé qui me faisaient t'admirer.

Quand tu as vu que mes collègues souhaitaient rentrer avant le dernier bus, tu as proposé de me ramener plus tard. Délivrance, j'allais enfin pouvoir observer les nuits avignonnaises de mes propres yeux.
Tout le monde était à vélo, et toi sur ta gyroroue, tu t'es baissé devant moi et m'as demandé de monter sur ton dos. C'était très audacieux et un peu inconscient, comme geste. Sensation de liberté, et le vent qui caresse mon visage comme sur une moto sauf que c'est toi, c'est toi qui me portes, qui serres mes jambes sur ton torse, en équilibre.
C'était un drôle de spectacle et les gens nous prenaient pour des fous.

On s'est incrustés tous ensemble dans cette fête un peu jetset mais c'était la dernière chanson. Ensuite, le DJ s'est installé sur la scène et on est rentrés à 8 dans le photomaton qui jetait de l'eau et des confettis sur nos gueules puis on est allés faire les idiots sur la piste de danse. Vous bougiez vraiment comme des belges, sans crainte du regard extérieur.

On était à fond. Et, lorsque la musique a laissé place au silence, tu m'as pris les mains et tu as commencé à entonner les premières notes de Rock Around the Clock avec moi. Ton groupe a fait les instruments à la voix et les gens un cercle autour de nous pour nous laisser danser tous les deux un rock-charleston improvisé. Tu ne sais pas vraiment danser, mais tu as le rythme et la fantaisie nécessaire. A la fin du morceau, on s'est mis à faire une version beatbox déjantée de Sous les Sunlight des Tropiques et les gars de la sécurité nous ont demandé de nous diriger vers la sortie, parce qu'ils voulaient rentrer chez eux. On s'est alors tous donné rendez-vous dans votre maison pour un dernier verre et je suis remontée sur ton dos et toi sur ta gyroroue.

Tu n'as pas pris le même chemin que les autres. Dans une petite rue à l’abri, tu t'es arrêté et m'a reposé au sol. Je pensais que tu étais fatigué de tout ce trajet avec mon poids sur ta colonne. Mais tu m'as demandé si tu pouvais m'embrasser.
J'ai répondu non.
On a repris le chemin de la maison, comme ça, sans s'expliquer pourquoi.

T'étais tellement adorable, en vrai. C'était juste que c'était pas le moment pour moi.
Je me suis quand même laissé embarquer.
Et lorsque mes yeux se fermaient et que je t'ai demandé un couchage, tu es allé t'arranger avec tes collocs pour avoir une chambre tranquille, je le sais. Quand tu m'as expliqué que je prenais le lit deux places et que toi tu pouvais aussi t'assoupir sur le lit superposé avec un matelas de mauvaise qualité pour tes problèmes de dos j'ai haussé les épaules. Pas la peine d'en faire tout un plat, tu peux dormir avec moi tu sais. Tu étais jeune, cinq ans plus jeune que moi, encore tout frais. Tu as serré les poings et fais un "yeeesss" en guise de victoire quand tu as entendu ma réponse.

J'avais oublié un détail.
Je n'étais plus du tout habituée à la présence d'un homme sous le même drap que moi.
Et mon cycle d'abstinence prolongé rendait mes hormones complètement en émoi.
Tu ne t'en doutais pas encore et tu l'espérais peut-être, mais nous n'avons pas pu fermer l’œil de la nuit.



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