vendredi 6 juin 2014

Je veux te retrouver

Ce soir j'écoute Seu Jorge.
Souvenirs d'il y a six ans, fête de la Bastille. Je rencontrais pour la première fois mon ami danseur manouche qui insérait sa playlist en mes oreilles, une rengaine qui m'accompagnera de bonnes années durant sur les traces de mes propres pas et des étés qui se chantonnent encore en mes fantaisies intérieures.

"A nos âges rien n'est stable", qu'il disait.

Et pourtant, nous sommes toujours là. A danser sur le fil de nos existences, les émois qui s'entrechoquent et nos bras pour mutuellement nous rattraper quand la chute déséquilibre.
Tu vois, ce soir j'écoute Seu Jorge en pensant à toi et à la sixième chanson, un appel de toi sur mon téléphone.

Je t'aime.
Tellement. Tellement.

Je ne sais pas comment entretenir une histoire.
Mais peut-être qu'il n'y a rien à faire de particulier.

Mon danseur à moi, ils me manquent tes bras. Tes déhanchés. Sur des estrades folles, courir jusqu'à toi et me sentir soulevée. Tournoyer. Ensemble, comme dans un film. Une fièvre du samedi soir. Et le dimanche matin, lorsque tu me reposes au sol, le retour à la normale d'un train train quotidien sans tes foulées.

Je t'aime.

Je t'en écrirais bien des dizaines d'autres, de chansons.

Tu te souviens cette fiesta d'un autre temps, les costumes des années 20, les musiciens jouant du swing et d'un coup, chacun trouve sa paire entamer des pas endiablés de charleston? Et nous au milieu, pas vraiment prévenus, les deux paumés des années 2010 dans cette ambiance codée au possible....on s'était bien marrés. On avait inventé notre propre danse. Jusqu'à plus d'heure, plus d'époque, plus pouvoir actionner le moindre muscle, s'écrouler de fatigue. Entre tes doigts, sentir mon corps se régénérer. Aux petits oignons. Je t'aime. Je veux te retrouver.

Nos jazzouillis improvisés dans les rues de Paris, dans les métros réinterpréter les tubes de nos adolescences, nos trompettes invisibles, les faire sonner, tu me manques. Tu me manques! Je veux vivre la scène dans la vie avec toi, comme avant. Quand c'était fusionnel. Quand les gens nous prenaient pour des amoureux transis. Parce qu'ils ne savaient pas où nous ranger. Parce qu'il n'y avait pas de case pour nous. Je t'aime, tu sais.

Mais je grandis aussi.
Aujourd'hui, quand je monte sur Paris on se fixe une date sur nos agendas. Nos instants de folies se planifient à l'avance et nos musiques s'écrivent à distance désormais. Nos vies se vivent chacune de notre côté et lorsque l'on tend enfin à se les raconter on se décourage parce qu'il y a beaucoup trop à en dire. Et qu'on n'était pas là pour voir.

Je pense à toi.
Quand tu m'as annoncé que mon cadeau t'avait fait pleurer, j'ai pleuré aussi.
Je suis si heureuse que tu existes. Que je suis prête à célébrer ta venue au monde autant de fois qu'il le faudra. Je t'aime. Tu me manques. Je ne trouve plus les mots. Ni le déclic, les phrases fulgurantes qui nous connectaient par le passé. Je ne trouve plus le geste naturel qui m'amenait contre toi, la tendresse qui te réconfortait. Les déclarations envolées que l'on pouvait se déclamer dans les bars complètement à jeun. J'ai perdu le chemin qui menait à ton cœur. Mais peut-être est-ce simplement celui qui menait à la facilité. Et devoir tout recommencer.

Je ne cesse de chanter cette chanson que tu m'as écrite il y a longtemps.
C'est peut-être pour ça. Que mon amour s'amplifie au son de tes sentiments.
Promis, la prochaine fois que l'on se voie, je t'exprimerai ce qui m'anime réellement.

En attendant, je regarde la petite croix sur mon agenda...

Tive Razão (I Was Right) by Seu Jorge on Grooveshark

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