jeudi 8 mai 2014

Une porte entrouverte

Écrit sur un vieux canapé, une vieille lueur, un 8 mai 2014 à 02h10 du matin.

Une porte entrouverte.
Flot de pensées qui s'attardent sur l'envers des possibles d'une porte entrouverte.
De cet espace là, sombre, obscur, qui nous sépare du coup d'état d'esprit, d'être et de ressenti.
Tu vois, de toi à moi, il n'y a qu'un pas, une feinte, une fente sujette aux courants d'air, si fébrile, si légère...

Il n'en faudrait pas plus pour tomber amoureux.

De la fabuleuse idylle à l'histoire de fesses dégueulasse, une subtile ligne, et quand sait-on qu'on la dépasse? Je ne vais pas pouvoir dormir.
J'en ai rêvé, les deux fois où j'ai été logée sous le même toit.
Dans mes songes, de l'aimer.
Et au réveil, le retour au bercail d'une réalité refroidie.
Je m'étais dit, en vue des circonstances : "n'essaie même pas d'y penser".

Mon sorcier bienveillant la veille m'avait fait remarquer :
- En voilà un type bien pour toi.
J'avais dû rétorquer :
- Comment tu sais qu'il me plait?

"C'est parce que quand tu en parles, ta voix sourit.
"

Et alors que ma retenue se justifiait uniquement par les contextes, les voilà qu'ils s'ébranlent un à un. Et les lapsus qui ne trompent personne : "Machine (prénom de chanson et d'actuelle copine), vous la trouvez vraiment indispensable?". Les phrases qui en disent long : "J'ai trébuché parce qu'Anne m'a fait un clin d'oeil.", "Pourquoi Machine a acheté ton disque alors qu'on l'a déjà à la maison? Je sais pas, c'est parce qu'on se sépare?". Et les quiproquos sur le partage des lits et des salles de bain que les autres n'oublient pas de relever. Sans y prêter attention plus que ça, les mots, ces sournois, tendent à nous réunir aux mêmes endroits. Et je me tais. Parce que si je l'ouvrais, ce ne serait probablement pas pour refuser l'invitation.

Comment procéder?
Mon cœur s'emballe, court après l'amour.
Tellement, que je ne parviens plus à distinguer une morale, de ce qui est respectueux, de ce qui n'appartient qu'à moi, des envies que je m'impose. La pression d'un résultat sentimental.
Derrière ce brouhaha, une porte entrouverte, sur l'envers des possibles et au devant, la seule chose qui tient encore la route, qui réussit malgré le brouillard à me porter aujourd'hui.

La patience.


3 commentaires:

  1. "Vois maintenant droit devant toi, et cette voie qui s’enfonce dans les ombres dont on ne saurait dire ce qu’elles peuvent dissimuler. Il n’est rien sur cette route pour rassurer le voyageur, comme sa peur de l’inconnu saurait l’en faire se détourner. C’est pourtant elle qui se trouve sous tes pas si tu te bornes à avancer. Elle est la voie la plus évidente, celle qu’il n’est pas nécessaire de voir pour pouvoir l’emprunter."

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    1. C'est très beau. Et encourageant.

      Ce soir là, la porte se manifestait concrètement à moi, mais elle exprimait davantage la route, les voies que l'on choisit d'emprunter. Parfois, on se tue à s'obliger d'avancer, de choisir, alors qu'il faut simplement faire confiance.

      La vie est un jeu de clair-obscur...

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  2. Et un jeu total où toute forme de règle, de morale, de code, semblent tomber en un souffle face à des je ne sais quoi de plus essentiel que, parfois, l'on parvient à sentir. Jeu que l'on peut parfois croire de dupes, mais qui, si l'on regarde bien...Tombe bien souvent très juste...

    Content de "t'accompagner" dans le flou, celui-là, d'un anonymat et immatérialité quasi-spectrale sur ce bout de route que tu décris.

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Du temps à tuer?