jeudi 22 mai 2014

Peu importe les raisons

Je me rends compte que je suis plutôt heureuse en ce moment.
Je crois que cela a un lien avec cet élan créatif qui m'anime depuis plus d'une semaine.
Qui de l’œuf ou la poule est arrivé le premier? Lequel de ces deux sentiments a engendré le second?
Ce n'est peut-être pas très important. De savoir.

J'ai de quoi bosser toutes les journées. Ça me remplit. Véritablement. Une sorte d'extatisme du quotidien, où chaque petite chose de la vie pourrait me faire sauter au plafond, un alcool joyeux qui se distille dans l'air ambiant. Je bondis sur ma chaise impatiente de répéter sans cesse les mêmes refrains et cela me convient plus que bien.

Et c'est officiel.
Je me trouve belle telle quelle.
Assise au fond de cette salle obscure, je crevais l'écran. C'était magique, savoir que lors de ce tournage là ma fièvre carabinée m'avait laissé un jour de congé, par bonté de coeur, je tenais debout, et sans maquillage je n'étais pas livide. Les titres tournaient derrière l'histoire et la musique s'harmonisait parfaitement avec le propos. Je suis sortie de là, je n'avais pas de mots, encore moins de critique constructive à prononcer tant tout m'allait, comme sur un nuage. C'était pourtant il n'y a pas si longtemps, que j'avais du mal à me voir et m'écouter. Un pas de plus vers soi, je crois.

Je n'ai maintenant plus qu'à trouver suffisamment de confiance en moi pour répondre à la question : "Et tu fais quoi dans la vie sinon?" sans me plaindre par habitude, énoncer les difficultés du métier comme pour justifier nos moments sans et rabaisser les efforts et espoirs conçus à une simple chimère, impalpable, un rêve irrattrapable car trop grand pour ceux qui n'ont pas toutes les cartes en main, qui ne trichent pas, et au fond, les meilleurs joueurs, on le sait que c'est ceux qui gagnent peu importe les cartes.
J'aimerais, pour une fois, ne pas rentrer dans cette coutume systématique lorsque l'on croise un confrère artiste "c'est dur d'être qui on est et de s'en sortir", "on n'a pas choisi le chemin le plus facile" parce que, quand même, quelle chance! Quelle chance on a de pouvoir choisir!

Tout individu pourrait s’apitoyer sur son sort ainsi que la rudesse de son travail. Quand on veut se trouver des raisons, on en a toujours. On a toujours tant d'obstacles sur notre route quand on a envie de s'en créer soi-même pour ne pas réussir. Et puis, qu'est-ce que c'est, réussir?

Finalement, puisque tout le monde a la possibilité de se plaindre de sa condition, que font ceux qui se taisent?


Ils profitent, non?


2 commentaires:

  1. Oui on peut toujours trouver les raisons de se plaindre d'à peu près tout.

    Quand ne serait-ce que sourire ne demande pas la moindre justification. Si si, essaie, ça marche, et très bien :-)

    C'est à cet instant que tu peux te rendre compte que s'apitoyer, pour te reprendre, tourner les choses côté sombre demande toujours un effort, une énergie...Alors que l'inverse ne demande rien, et oui, sait souvent naître dans le silence.

    Qui de la poule ou qui de l’œuf ? Même si la question n'a pas grande importance, je suis d'accord, on va peut-être s'axer sur leur facteur commun : toi. Et il semble bien qu'il n'y ait que toi que tu puisses dès lors remercier.

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    1. Je ne pense pas que sourire ne demande pas d'effort. Je crois que cela est aussi difficile que de se plaindre pour d'autres, voire plus difficile encore. C'est juste que chaque geste en engendre un autre, et que la graine du sourire ou de la plainte ne fait pas pousser le même fruit.
      On peut trouver toutes les raisons de se plaindre.
      On peut trouver toutes les raisons de sourire.
      C'est en général le même processus.

      Mais c'est également un peu plus complexe. Pour ma part, je remarque que la plupart de mes plaintes se font en souriant. Par le biais de l'humour, parce que ça passe mieux, ou alors en énonçant une vérité implacable (même noble, parfois) pour justifier mon discours : l'interlocuteur ne peut qu'être d'accord avec moi et compatir aux problèmes, les miens et ceux de l'existence.

      Eh bien je crois que même ces plaintes là, énoncée dans la bonne humeur, ne me sont pas utiles. D'ailleurs, depuis que j'ai décidé de faire ce travail là sur moi, si tu savais le nombre de gens qui me le font remarquer et qui me remettent à ma place, c'est impressionnant! En temps normal, ça aurait pu être vexant, mais en ayant conscience de mon envie de progresser, je ne peux que leur dire merci!

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Du temps à tuer?