mardi 27 novembre 2012

Qui de l'homme ou du chanteur

Allez, c'est reparti pour un tour et comme en quarante.

Je me repasse en boucle ses vidéos sur mon ordinateur essayant d'en tirer quelque chose. Un souvenir commun, ou partagé. Ses nouvelles chansons résonnent comme des réminiscences de conversations récentes et j'aime sur scène le voir exploser d'un charisme inné. Je suis tombée amoureuse du chanteur je crois il y a deux ans de ça. De son visage qui s'illumine sous les couleurs des projecteurs.

En vrai, sa trogne n'a pas le même éclat.
En vrai, il n'est pas si drôle. Il est même un peu lent, et sa voix est enrouée.
Il est bavard. Sans forcément être des plus intéressants, même s'il l'est. Il touche une profondeur frileuse dans ses réflexions pures et même s'il n'est pas dans l'erreur ne palpe que le concret de l'humain et ça lui convient.
Il n'est pas éclatant, ni même extravagant, il garde ses émotions pour lui la plupart du temps. Même s'il tend à être sincère. Même s'il aime les gens, ne peut s'empêcher de ne pas aimer ce qu'ils construisent de leurs propres mains, a la critique facile et l'estime peu haute. Les mœurs légères bien malgré lui. Le sourire facile, la colère étouffée remplacée par la froideur perceptible de l'être.
En vrai, il dégagerait presque une fadeur tiède qui dissuaderait plus d'un curieux.

Il y a deux ans de ça, je suis tombée amoureuse du chanteur, pas de l'homme.
Je me suis éprise du rêve qu'il projetait sur l'écran de mes rétines. De la situation magique engendrée par la rencontre matérialisée d'un prince tout droit sorti de mes contes de fées.

Aujourd'hui il est là, de plain-pied, et il n'est plus un prince.
Il est lui.
Et ça m'aurait suffit à tourner la page.
S'il n'avait pas intercepté mon cœur au creux de ses bras.
S'il ne m'avait pas transmis son amour simple sur la courbe de ma nuque.
S'il n'était pas si généreux dans ses émotions, dans ses actes, par explosions soudaines.
Je n'aurais pas cru qu'il pouvait donner autant en si peu de gestes.
Je suis encore touchée par la pureté de son sentiment.
De sa neutralité, rare.

C'est comme ça qu'il est en émoi alors?
Mais c'est magnifique.
Tellement juste.
Modeste.
Que j'aurais envie d'apprendre l'homme, même si je connais l'histoire par cœur.
J'aurais envie d'étudier avec lui cette finesse du tremblement de l'âme qui trouve en l'autre sa résonance.
Je suis émue.
Par l'être, seul.

Et quand je visionne ses passages concert pour me rappeler, le chanteur fait la grimace et l'homme me manque. Impossible à rabibocher, les bouts d'images, de personnalités tangentes qui s'effacent plus les informations s'empilent, s'amoncellent lorsque s'impose à moi son art, s'esquive timidement celui qui m'a confié ses envies, ses doutes et ses douleurs, qui a lâché tout ancrage pour me rendre l'étreinte.
Très vite, les souvenirs s'effacent.
Au point qu'il n'est plus si évident d'avoir partagé conjointement les mêmes intensités.

Il faut alors accepter que le soufflé retombe.
Que les liens se distendent.
Pour un jour, peut-être, se renouer.
Un jour qui n'est pas demain.

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