samedi 10 novembre 2012

Rouge gorge, comme la braise

En relisant de vieilles conversations je tombe sur des fragments qui résonnent :

"Merci
un jour j'essaierai de te remercier dignement
mais pour l'instant je peux pas
j'y arrive pas
mais sache au moins que j'aimerais bien le faire."


C'était il y a six ans.
Depuis, j'attends toujours qu'un jour, il s'exécute.
J'attends son merci qui vient du cœur.
Même si, en écrivant cela, il a déjà fait tout le trajet.
Jusqu'au mien, c'est certain.

Je me dis que c'est loin tout ça. Qu'on était jeunes. Quand je me remémore les rencontres et les gestes, ils étaient insouciants, vifs, audacieux et illogiques. Irréfléchis. C'était quand on voulait simplement impressionner l'autre par nos talents pas naturels, et qu'on s'essayait à l'exprimer. Sans la contrepartie en tête. On avait peur bien sûr, pour des trucs bateaux qui aujourd'hui nous feraient rire en nous émouvant un peu. Alors on tournait autour du pot, en se chamaillant de tout ce qu'on pouvait. Avec toutes nos tripes, se les lancer à la gueule. S'éclabousser le visage des couleurs de nos entrailles.

Mais je ne me souviens pas avoir aimé quelqu'un de cette manière. Si jouissive. Vivante.
Cette attirance, elle prenait parti de l'ardeur de la jeunesse.
M'y replonger dans tous ses textes, c'est comme palper un cœur rigide.
Un souffle posthume d'une histoire vite oubliée.
Pour l'autre, bien sûr.
Pour l'autre.

Et ce soir, lorsque je soulèverai le drap, il y aura luisant comme un astre mon garçon des étoiles blotti tout contre la place qu'il me tenait au chaud. Je le regarderai un instant dormir, le sourire attendri et je lui caresserai le visage en lui murmurant tout un tas de superlatifs. Alors, encore dans son rêve, il embrassera l'air pour répondre à la tendresse. Il fait toujours ça. Des baisers dans le vide.

On ne peut pas comparer toutes les histoires.
C'est parfois une peine inutile.
C'est parfois même incomparable.
Le temps, les contextes et les prises de conscience.
Le chemin parcouru.
Seulement, de temps en temps, il m'arrive d'avoir l'impression qu'en sachant moins de choses, j'en comprenais plus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Du temps à tuer?