vendredi 14 décembre 2012

Une soirée comme une autre

Un petit goût d'inachevé qui me reste en travers de la gorge.

C'est officiel, nous n'arrivons pas à nous délier en public. Rien à faire, nous nous tournons autour sans jamais nous dire bonjour, nous nous suivons à l'intérieur à l'extérieur par des va-et-viens incessants et infructueux, nous nous envoyons des œillades au loin, peu probantes et même un peu fuyantes, nous nous défilons. Oserais-je dire que c'est complètement ridicule.

Oserais-je dire une deuxième chose?

J'en suis peut-être amoureuse.

Mais plus si malade.
La preuve, j'ai réussi à partager un repas avec les autres après le concert. Bon, je me suis un peu forcée, mais sans nausée ni dégout, j'ai pu me sustenter d'une manière saine. Ça ne me noue plus l'estomac si fort, la perspective de le retrouver.
Même si je n'ose toujours pas le regarder, même lorsqu'il ne me voit pas.
Alors que l'on s'est serrés plus d'une fois de tout notre saoul, repartir à zéro à chaque rencontre.

Il y a quand même qu'il se confie à moi plus aisément. Qu'il vient me dire "le concert, c'était pas terrible hein". Que lorsqu'il me demande "et toi, tu tiens le choc?" j'hésite à lui répondre un "oui ça va" de convenance. Alors je lui précise que c'est assez horrible, mais que je le vis plutôt bien. Il rétorque un "je comprends tout à fait ce que tu ressens". Parce qu'on se ressemble dans le fond, vraiment. Et quand j'enchaîne sur un "et toi?", pour une fois, il ne répond pas "ça va". Il m'explique qu'il est sur la tangente des émotions, qu'il oscille très vite d'un extrême à l'autre en faisant avec les mains le trajet d'une vague, même s'il voulait plutôt dessiner la montagne à gravir et les grands huit à descendre. Et même si je m'abstiens, j'ai envie de lui faire la remarque, "dis donc toi, tu n'aurais pas des difficultés dans la vie à exprimer ce que tu ressens?", parce qu'au début, il me le dit comme ça :
-"Des fois ça va, des fois ça va pas et puis....et puis voilà."
Et on sent que c'est rare qu'il le signale alors on est obligé de poser les questions pour trouver les réponses à sa place. De peaufiner ses intentions, façonner ses phrases pour qu'elles collent à ses sensations. Heureusement que je suis empathe et analytique. Quel merdier là dessous.
Lui aussi, sacré débarras insalubre.

Alors, je ne lui ai pas dit que j'étais là parce que je voulais le voir.
Je n'ai pas eu l'occasion de le plaquer contre un mur, lui avouer à quel point ça me démange de découvrir son corps. Je n'ai pas passé ma main sur ses reins, l'inviter à la danse. Ni réitéré les embrassades.
Je lui ai juste demandé si durant ces trois jours il faisait halte sur ma ville.
Il m'a informée qu'il ne s'y rendrait que pour prendre son train.
J'ai ainsi proposé, s'il lui restait du temps, de le prendre ensemble.
En insistant sur le fait que du temps pour lui, j'en avais.

Je ne crois pas qu'il ait véritablement saisi le message.
Mais sait-on jamais, il suffit d'une fois.

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Du temps à tuer?