samedi 20 septembre 2014

Tant pis pour nous, alors

Je relis de vieux textes à moi.

"J’aurais voulu au moins une fois que l’on fredonne à deux, sur les quais de la Seine, ça aurait pu être un air à toi, ou à d’autres, on aurait marché ensemble, j’aurais aimé te prendre la main. Mais c’est inutile. Je dois cesser de m’agripper à ton image, mon prince de l’amour au romantisme discret. J’aurais été ta Lara Croft toi mon beau mon fort mon Shaft. Je ne suis que celle qui s’imagine mille contextes pour une seule fin improbable."

Si j'avais su, à l'époque. Si j'avais eu la possibilité de voir mes souhaits se réaliser.
Aujourd'hui, je suis une autre personne.
Le genre de paroxysme qui n'atteint plus sa cible.

Mon idole de chanteur, s'il savait le nombre de fois où je l'ai quitté dans mon imaginaire. Où j'ai vécu des ruptures de raison, et des deuils de son absence. S'il savait la violence des claques que je m'assénais pour faire un pas, aller à sa rencontre, et les autres, pour partir. Pour l'oublier une dernière fois. A chaque fois.
Pour vivre dans l'échec de cette impossible idylle. Malgré les signes, les correspondances, les hasards, malgré les rêves qui peuplaient ma mémoire.

Hier, c'était salvateur. Et minable.
Le voir dans un tel état de déperdition amoureuse. J'aurais pu le prédire, en vue de notre dernière rencontre. Mais le sentir si triste, presque inconsolable, je n'ai pas eu envie de rire de lui. C'est un mal-être très intérieur, même s'il en parle. Qui devait arriver. A force de jouer. Première fois qu'il est tout seul. Mais il s'en réjouit :

- Ca tombe bien, aucune fille ne me plait! Et celles qui peuvent me plaire, je ne les intéresse pas...

Je reste perplexe face à ce genre de discours, qu'il m'a déjà sorti plus d'une fois.

- Tu vois V., le chanteur de mercredi soir? Toi même tu dis qu'il dégage quelque chose de très séduisant. Eh bien, toi l'idole de chanteur, c'est pareil.
- Ca n'a rien à voir! V. est un tombeur, il a eu des centaines de nanas, elles grappillent toutes autour de lui à la fin de ses concerts! Alors que moi, à chaque fois, je rentre seul. Même mes musiciens se font draguer à ma place!
- Mais tu vois bien, quand-même, elles sont toutes amoureuses! Les hommes aussi, ils sont tous amoureux de toi! Tu dégages un truc, une sorte d’appât qui crie "aime-moi"...
- Tu dois exagérer. Pourquoi alors personne ne vient me parler? Moi je ne sais pas draguer, et les filles ne viennent pas vers moi.
- Elles se sentent surement la millième de plus sur la liste d'attente. A chaque fois que je parle de toi à quelqu'un qui te connait il me dit "ah lui? j'en ai déjà entendu parler, j'avais des amies qui en étaient complètement amoureuses"...
- Je ne sais pas, ce n'est pas la première fois qu'on me le dit. Mais en moi, j'ai l'impression que je n'ai rien pour plaire à quelqu'un. Quand j'en causais à V. il se foutait de moi, il pensait que je lui racontais des salades. Mais avec le temps il a compris que je n'avais pas de raison de lui mentir, je me sens vraiment comme ça. Je suis très perspicace quand il s'agit d'autrui mais quand il s'agit de moi, je ne pige rien.
- Regarde-toi déjà, tu es aussi beau que V., et tu as autant de succès dans le public, crois-moi! Tu me plais même à moi!
- Ah bon?
- Quoi, tu ne vas pas dire que tu ne l'avais pas remarqué. Ça fait quatre ans que je te tourne autour!
- Mais non, je n'ai rien vu!
- Toutes les fois où je suis venue...je t'ai écrit des tonnes de lettres, j'ai fait des reprises de tes chansons...
- D'autres aussi ont fait des reprises de mes chansons....
- Sauf que je n'en ai pas fait une, mais six que je t'ai envoyées! Faut être un peu toquée quand même...
- Mais Anne, t'aurais dû me le dire! T'aurais dû venir me parler!
- Tu vois pas que j'étais complètement paralysée en ta présence? J'arrivais pas à aligner deux phrases correctes. Je n'arrivais pas à manger quand t'étais là, d'ailleurs, je préférais m'enfuir plutôt que d'être dans la même pièce que toi, tellement l'air en devenait irrespirable.... J'ai essayé pourtant de te dire, de t'amener mon coeur, mes sentiments de façon détournée, je pensais que c'était flagrant, que tu avais deviné depuis longtemps, que tu t'en fichais...eh bien, tant pis pour moi.
- Non, tant pis pour moi!

- Tant pis pour nous, alors...

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