mercredi 5 février 2014

L'absurde des situations

Je ne sais pas trop ce que j'ai avec les anniversaires.
Je crois que ça fait huit ans maintenant que je lui écris à cette date.
Alors que je ne l'ai probablement pas revu depuis cinq ans.
Une coutume, peut-être.
Peut-être qu'un jour, il répondra.

En réalité, avec le temps, cela m'est devenu égal. Je n'essaie plus de renouer contact. Bien que parfois, je trouve ce constat un peu dommage. Je ne lui parle pas de moi. Je ne lui demande pas comment il va, où si un jour nous aurons l'occasion de casser la croûte ensemble à nouveau.
Je lui souhaite juste un bon anniversaire.
Sincèrement.

Je repense à ces années fac.
Mes histoires étaient teintées de romance. D'une nostalgie anticipée. C'est assez étrange.
Cette impression de vivre à fond l'instant.
Sur le palier de la porte.
Sans jamais oser entrer.
Mettre un pied dans l'antre du palpable.

Faut dire qu'ils ne m'ont pas vraiment aidés, les garçons de l'époque.
Ou peut-être était-ce moi. Oui, surement.
Je devais le faire exprès.

J'ai toujours eu un faible pour les surdoués.
La peur de ne pas avancer assez vite, qu'en sais-je.
Chercher à se confronter à un esprit compétitif.
Fallait-il qu'ils soient misanthropes sur les bords...
Je me suis cassé un paquet de dents sur des têtes dures.
Et puis je les impressionnais, je crois.

Ils s'en sont posé, des questions. C'est ça, les intellectuels. Même si ça a un grand cœur, ça réfléchit avant d'agir, ça pèse le pour et le contre et ça fait des listes imaginaires.
Je les rendais fous.
J'étais aussi logique que j'étais aberrante. C'était dans ma nature.
Aujourd'hui, j'apprends davantage à trouver les mots pour chacun. Mais à l'époque, ça sonnait incompréhensible pour beaucoup. Enfin, ceux à qui j'osais ouvrir un début d'âme.
C'est la jeunesse aussi. On cherche une cohérence.
Eux, ils cherchaient l'incohérence. L'absurde.

Oui. Ensemble, nous étions une sorte de grosse farce absurde.

J'aimais ça.

Le genre de rencontre complètement décalée de la réalité.
Ça me manque.
Les contextes.

Bon, les êtres un peu aussi.

J'ai retrouvé le disque de ce pianiste surdoué et depuis quelques jours ça tourne en boucle dans mes esgourdes. Il était pas mauvais, ce con. Même qu'il me dégoute un peu.
A l'heure qu'il est, Dieu sait quel chemin a-t-il parcouru, et combien d'étoiles a-t-il rejointes...
Le genre de type qui va trop vite pour moi.
Je me dis qu'on n'est pas fait pour tous aller à la même allure.
On habite à côté maintenant, en plus. A une rue d'écart.
Je ne pense pas que ça change grand chose à ce gouffre qui nous sépare.
La dernière fois qu'on s'était revus, on avait parlé onze heures et oublié de dormir.
J'ai envie d'encore parler à quelqu'un onze heures durant sans m'ennuyer une seule seconde.
J'ai envie d'apprendre, que l'on m'amène des points de vue que je n'envisageais pas déjà. Et rentrer chez moi murir les réflexions. J'ai envie qu'on m'éveille à ce que je ne vois pas.
Alors je cherchais ceux dont la pensée va plus loin et plus vite que les autres.

Je me persuadais qu'ils étaient un puits à réponses.

Tout en évitant soigneusement de les trouver en moi-même.

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