jeudi 20 février 2014

Appeau à peau

Marmonné le jeudi 13 février à 5 heures 40 du matin :

Comment peut-on s'amouracher autant d'un type qu'on a vu deux fois trente secondes?
C'est chiant là!
C'est n'importe quoi ça m'énerve.

Enfin, ça m'énerve surtout qu'il ait pas répondu à mon invitation de ce soir...
C'est pas des films que je me fais, c'est le studio Warner.

J'avoue ne pas trop comprendre de quelles entrailles viennent cet appel qui m'aimante à lui.
Ce Peter me fait tourner la tête avec le minimum d'outillage permis.
Un visage qui s'efface, deux pauvres phrases échangées, des souvenirs à moitié oubliés avec deux ans de décalage. Y'a rien, il se passe rien.

Et pourtant, il n'avait pas oublié, lui.
Je crois que la première fois, il était un peu amoureux.

Je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être parce que j'étais une sorte d'intruse dans son milieu social?
On avait attendu que la fête se tasse, que les stands se remballent pour partager quelques mots. Mais je l'avais remarqué assez tôt, lui aussi détonnait dans son propre cercle d'amis. Beaucoup trop doux pour ces instincts primitifs et ancestraux de capoeiristes. A l'époque, il lui manquait encore quelques notions infimes de français et c'était déjà craquouillant. En fait, en y réfléchissant, je l'avais remarqué avant ça. Je me mélange très peu avec ces gens là parce que je me protège encore de notre passif commun et de mes anciennes rancœurs mais je me souviens qu'il était là, sur la petite scène, avec sa guitare. Je l'avais trouvé tout simplement beau et surtout, je n'avais aucune idée de comment il avait atterri ici. (par avion, maintenant je sais) Alors je me demandais, qui le connait? Qui l'a amené dans cette cave paumée? J'avais vaguement questionné ma pote à ce sujet. Il ne ressemblait tellement pas à l'endroit. Quand j'ai pris mon courage à deux mains pour monter moi aussi sur scène lui donner la réplique, il était parti. Je suis restée bien une heure à boeuffer avec mes compères musiciens, au cas où il n'avait fait qu'une pause. Mais il n'est pas revenu, ce soir là. C'était il y a un bail.

C'est marrant quand j'y repense, ce sont toujours des situations où je n'aurais pas dû me mêler.
Ce vieux local j'avais juré de ne plus y mettre un pied.
Cette autre fête il y a deux ans je m'étais disputée avec ma pote qui m'avait laissé faire le sale boulot à sa place pour finalement être démotivée au dernier moment j'étais prête à partir et qu'elle fasse ce qu'elle veut mais sans moi puis elle m'a rattrapée, m'a promis qu'elle s'investirait, j'avais plus du tout envie de le tenir ce stand mais bon, j'ai parlé à Peter pour la première fois à ce festival là.
Et puis il y a maintenant une semaine, pour le vernissage de ma copine (toujours la même), je voulais m'y rendre dans l'après midi pour éviter de croiser des veilles têtes reconnaissables et puis, le planning, le timing, je me retrouve pile poil à l'heure d'affluence, fort heureusement mes indésirables ne sont pas là, non à la place, je vois Peter.
Je ne vois que Peter.

Étrange comme mon cœur a vite réagi.
D'ailleurs, très dangereuse première impression :
"Oh, tu vois Anne, ça va, il est paaas siiiiiii...."
Signe fatal de crush, de crash.
A chaque fois que je tente de me rassurer sur mes intuitions intérieures, c'est le guet-apens émotionnel. A force, je devrais savoir comment je fonctionne.

Mais Peter me fait craquer et il me faut de la matière à me mettre sous la dent. Du concret, du palpable. Parce là, c'est du pur délire fantasmagorique.

Néanmoins, je ne crois pas me tromper. Il y a deux ans, il était resté avec moi. Il devait rentrer mais avait finalement dormi chez ma copine pour repartir le matin à la première heure, dans une maisonnée embrassée par Morphée. Il s'attendait probablement à partager ses draps avec moi, mais j'avais fui dans une chambre déjà occupée, je ne voulais pas attiser un quelconque désir inaccessible. Le pauvre, il n'avait pas sommeil et moi non plus mais tous deux seuls à l'étage, propice aux dérapages qui ne respectent personne, je n'avais pas envie de jouer. Je ne saurai jamais si lui non plus.

Enfin, je saurai peut-être un jour...

En attendant, j'écoute Doris Day qu'honte à moi, je ne découvre qu'aujourd'hui.
J'adoooore. L’Amérique, la musique de ces années là, les sujets d'époque, l'humour, les codes de là-bas, un monde parallèle. Ça me fait penser à lui.

"I've got a maaaan, his name is Peeeeete...."

Allez, je frétille de le rencontrer véritablement.

Pete by Doris Day on Grooveshark

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