mardi 12 février 2013

En catimini

Ce soir il y avait ce jeune homme taillé comme un Apollon grec qui dansait à oilpé juste en face de ma fenêtre.

dimanche 10 février 2013

Une histoire de chaleur

Je suis assez bouleversée.
Je n'ose pas trop en parler. Et à qui.
Ça me poursuit. Où que j'aille, qu'importe le choix entrepris. Ils s'avancent jusqu'à moi, et je suis attirée par eux. Mais celui-là, quand même. Je peux l'avouer.
Je n'avais rien vu venir.

Il y a un an et demi, lorsqu'il a levé sa paume de mes épaules, j'ai senti une boule en moi bouger, un serpent se faufiler entre mes côtes et ensemble, nous l'avons suivi. Jusqu'à ce qu'il se libère. Ce fut une expérience troublante car elle était très concrète et physique dans son immatérialité. Une expérience partagée. Nous vivions la même chose, nous pouvions la décrire en même temps, bien que ni l'un ni l'autre ne puissions la voir.

Ce garçon remuait quelque chose en moi. Je me sentais proche. Enveloppée par un amour bienveillant. Mais il brillait trop. Il était trop lumineux, incandescent et propre. A côté, une impression de souillée. De souillon. Je n'osais pas l'approcher.
Je l'évitais même un peu.
Je lui souriais de loin, lorsqu'il prenait les devants pour me dire bonjour, dans sa grande gentillesse.
Je me sentais proche et si loin.
Parfois, lorsqu'il se proposait de me rendre service, je lui indiquais quelqu'un d'autre, qui avait sûrement plus besoin d'aide que moi.

Hier, pour la deuxième fois, il a reposé sa main au dessus de mes épaules.
La chaleur s'est emparée de moi. Il a senti qu'il était brûlé.
Bien que je reçoive souvent, ça ne me fait pas ça avec les autres. Ce n'est pas si fort, si intense.
Démonstratif.
Comme nous n'avions que peu de temps, il m'a promis qu'il continuerait aujourd'hui.

Et nous y sommes.

Toujours le même effet.
Alors je me suis retournée, lui ai demandé, est-ce normal?
Moi ça fait dix ans et toi, combien de temps?
Un an et demi? Juste avant que nous nous soyons rencontrés, incroyable. Quelle force en toi.
Il me répond. J'ai les anges avec moi. Je suis guidé. J'ai fait beaucoup d'autres choses avant cela.
Et il me parle. Du feu. Du magnétisme. Des esprits. De la médiumnité.
Et alors qu'il me souffle ses mots derrière l'oreille, je suis médusée.

J'en ai vu passer des sorciers dans ma vie.
Mais lui. Il n'a vraiment pas la tête de l'emploi.
A des kilomètres pourtant, je les sens s'approcher de moi.
A petits pas, m'amadouer avec leurs phrases évasives sur les intentions réelles, leurs tours de magie, de passe-passe pour dissimuler l'essentiel avec leur gros égo qui cacherait des montagnes entières s'ils savaient. Je fuis ceux qui causent trop.
Mais lui.

Il a dit : "D'habitude, je n'en parle pas. Mais pour toi, on m'a autorisé."
Évidemment.
Ça me tombe toujours dessus.
Ça me suit jusque dans ce lieu où c'est pratiquement interdit.

Il ne ressemble tellement pas aux sorciers que je connais.
Il ne dégage pas cette force oppressante parfois, fascinante à d'autres, cette puissance guerrière de l'aura qui cherche à imposer son pouvoir. Pas toujours de manière consciente.
Lui, il est juste pur. Généreux. Pas du tout imbus de lui-même, il s'oublie, peut-être un peu trop pour les autres. L'énergie qui emplissait mes cellules m'a complètement remué le corps et l'esprit, m'a émue. Je me sentais trembler de l'intérieur. A cela, il a répondu que c'étaient mes parcelles de froid qui commençaient à bouillir, les sentiments se dégeler au fur et à mesure.
"Entre nous, il y a une histoire de chaleur".

J'ai pensé, la chaleur d'un amour.
Il a pensé, la chaleur d'une brûlure.

Qui sait, elles sont peut-être semblables.

vendredi 8 février 2013

Un arrière goût de bon vieux temps

Le 11.01.13 à 14h10 sur un calepin sponsorisé par le forum mondial de l'eau, entre deux gribouillages inachevés.

Porte de la Villette, il est bientôt midi.
Les soirées irréelles et exquises. Renouer avec les temps révolus, les pieds dans le plat de raviolis chinois à jouer les poupées russes de l'existence. A Paris, le train de vie file à toute allure, les histoires se superposent, les temporalités aussi.
Tellement, que je ne peux plus quitter la ville.

L'amour m'y attend sûrement quelque part.
Combien d'histoires. Et de pudeur.
Et de folies.

vendredi 1 février 2013

Déchirances épistolaires

"J'avais commencé à t'écrire un mail l'autre jour, et puis je l'ai effacé...
Ça allait parler du fait que dans ma tête émergeait le concept de deux sexes, le pervers et le sale, du porno, des trucs dont on a honte, et celui de l'amour et du partage, du tantrisme et de l'union, et je me disais que le sale je voulais le partager avec toi, parce que tu es ouverte et qu'avec toi je n'ai pas honte de me laisser aller dans les combles de mes fantasmes tordus. Et je me disais que le pur, le beau, je voulais le partager avec toi, parce que je te trouve belle, et parce que c'est sans doute toi qui a pratiqué une inception dans ma tête et a semé cette graine de concept de fusion et de partage pur, et que pour toi comme pour moi ça aurait une signification importante et belle. Je repense à toi qui me dis que je ne vois pas quand tu veux t'unir à moi, et ça me surprend. Je revois nos instants ensemble comme une histoire magnifique où les contrariétés sont bien secondaires par rapport à l'idylle de nos "moi" éthérés s'unissant entre le Ciel et la Terre et créant l'Univers.

Je retourne souvent dans les Blue Mountains voir mes amis qui sont aussi très spirituels, parfois un peu trop pour moi mais ce n'est pas très important. Je pense à toi. Je me dis aussi que tu serais tombée sous le charme de l'un d'eux, un invisible de mon monde, et qu'alors je ne serai à tes yeux qu'un morceau d'homme.

Je me pose des questions sur la sécurité, les étiquettes, la créativité.

Je pense à toi, comme un idéal auquel on renonce pour un temps, on sait qu'on sait qu'on n'est pas assez fort mais que quand on aura appris, on voudra y revenir.

Ce genre de choses.

Je pense à toi, la squaw aux pieds divins. Ta tendresse et ta folie me manquent.

Je t'embrasse."


"C'est beau.
C'est beau mais c'est fini.
Quelque chose que j'aurais aimé que tu écrives de notre vivant.
Mais nous deux c'est une petite mort, et il faut en faire le deuil. J'espère que tu comprends. Que tu l'entends.
Je n'ai pas envie que l'on me rappelle à quel point c'était bien lorsqu'on ne peut m'y remettre à nouveau.
C'est presque du sadisme.
Du sadisme bien intentionné certes.

J'aimerais pouvoir aller de l'avant. Même si tes déclarations me font très plaisir, je ne suis pas sure qu'elles soient saines. Je dis que je ne suis pas sure, parce que je me pose encore la question de ce qui est réellement sain.

Je vois maintenant la différence de point de vue lorsque nous nous sommes quittés aux abords de l'Australie. Je pleurais parce que c'était terminé et tu me disais que ce n'était pas fini.

Pour moi c'est fini.
Pour moi, il n'y a ni projections, ni projets.
Ni souhaits, ni envies dirigées vers toi.
Tu n'es pas là. Tu es parti.
Je ne pense jamais à quand tu reviendras.
En fait, je n'imagine pas que tu reviennes. Et c'est carrément mieux pour ma santé mentale car de ce fait, je n'attends rien, et je ne t'attends pas.

Alors, quand je lis que le sale comme le pur tu voulais le partager avec moi, quand je lis "je pense à toi, comme un idéal auquel on renonce pour un temps, on sait qu'on sait qu'on n'est pas assez fort mais que quand on aura appris, on voudra y revenir." j'ai envie de te répondre.

NON.

NON NON et NON.

Même si ça m'arrache le cœur.
Même si tes mots je les trouve magnifiques et qu'ils touchent à ma corde sensible.
Je ne suis pas d'accord avec ça. Tu es parti.
C'était ton choix.
Je le respecte.
Respecte le mien. Ne me fais pas regretter de ne pas être là-bas avec tes beaux sentiments.
Ne me rattache pas à toi parce que tu m'aimes.
Arrête de me le dire.
Parce qu'alors, je ne peux pas t'oublier.
Je ne peux pas tirer un trait, et continuer ma propre histoire.

Je penserai à toi lorsque le concept de ton être ne sera plus incorporé au mien.

Ainsi, je serai libre de t'aimer d'une autre manière."

vendredi 25 janvier 2013

La course poursuite des journées de février

Au début, je voulais planifier la sortie de la galette un trois février.
Le jour de son anniversaire.
Mais il s'était à peine marié l'année dernière et ça ne serait peut-être pas passé aussi inaperçu pour l'entourage, ce genre de référence.
C'est bizarre.
J'avais beau l'avoir entendu par d'autres, il fallait peut-être que je le voie de mes propres yeux placardé noir sur blanc sur la toile.
"Ils se sont unis."
Pour le croire réel.
Ce rêve de jeune fille amoureuse qui tombe à la renverse.
Éternellement.
Sans jamais entendre le bruit de la chute.

Pour rebondir de bonne heure, ce sera finalement pour la saint valentin que sonneront les cloches de ma première concrétisation musicale. Au lieu de célébrer l'anniversaire d'un seul amour, je célèbre celui de tous ceux qu'il me reste.

Quant à mon idole de chanteur, il a programmé la sienne un quatre février.
On se serait suivis, à un jour près.
Comme il y a deux ans.
Pour le mien, d'anniversaire.

lundi 21 janvier 2013

Expérimenter l'amour véritable mon cul

Le 09.12.12, en tout petit sur les dernières pages de mon carnet.

"En même temps, c'était dans ma prière.
Expérimenter l'amour véritable.
A peine prononcée et le doute qui s'installe, les projets bouleversés et les remises en question sur une éventuelle forme du couple.
Je ne parlais pas de cet amour véritable là.
Mais au moment où je l'ai scellé sur le papier j'ai pensé "n'est-ce pas risqué?".
Après tout, l'amour véritable pour toute la création et les êtres vivants qui la composent, inévitablement peut-être, implique des élans surprenants du cœur à l'échelle intime.

Expérimenter l'amour véritable.

Et immédiatement observer le détachement de l'autre, comme s'il devait céder la place malgré lui.
Parce qu'il n'en a pas envie, je le sais.
Mais qu'il s'y est senti obligé.

Dans la même fraction de temps, rassembler un courage moisi de deux ans et trouver les mots qui sonnent juste pour inviter mon idole de chanteur.
Timing incroyable pour les ruptures simultanées.

J'aurais essayé un autre moment, il aurait encore été avec elle, qui le suit depuis quatre ans, je me demandais bien pourquoi cela ne s'était pas fait avant, malgré les coïncidences de dates, les rêves prémonitoires et autres correspondances amusantes soufflées par ce taquin de destin. Au fond de moi je criais pourquoi, pourquoi tous ces signes qui n'aboutissent nulle part, qui viennent s'écraser contre le fond de l'horizon sans jamais rebondir et ramener du sens. Je me doutais bien qu'ils m'indiquaient quelque chose mais le temps se prolongeait tellement, je finissais pas ne plus trop y croire. Mais j'ai réussi à l'avoir, avec deux ans de retard, mon début d'histoire avec cette idole de chanteur et contre toute attente, c'est comme s'il l'avait espéré aussi depuis notre première rencontre.

Est-ce l'amour véritable?
Je ne sais pas.
Une espèce de coup de foudre?
Oui.

A en oublier de me sustenter et rendre mon non repas dans les WC avant d'aller le voir.
Ça me remue l'estomac, m'attaque la poitrine et lorsqu'il me serre dans ses bras c'est le cœur qui dégouline, les pores de ma peau en émoi et les poils qui s'inclinent. L'horloge interne ne peut que s'arrêter un instant de tourner et s'assoir sur les quais laisser passer les trains mais plus les chances. Silence, ça tourne la tête et retourne l'esprit autant de souhaits comblés en si peu de gestes. Le cœur se remet à battre la mesure du rythme de ma vie, en décalé, mais est peut-être arrivé ce jour où je rattraperai la cadence."

Tout est dans le titre...

dimanche 20 janvier 2013

Il est des notres

Je devais rentrer samedi et nous sommes mercredi soir.
Mon petit studio dans le sud, la solitude soufflée par les notes envolées des scherzos de Chopin.
Bredouille.

Le soir du réveillon, je m'étais enfuie par la porte de devant, pressentant l'entourloupe.
Tu revenais d'un tour du monde de 14 mois et à la question "maintenant quels sont tes projets?" tu avais annoncé "me barrer travailler au Brésil". Ça puait la redite. La veille d'un faux départ pour l'Australie. M'enticher d'un autre dont l'esprit est déjà loin. J'avais pas trop réfléchi, j'étais partie. Te laissant là où se posaient les draps, avant de m'attacher à ta chair. Je le savais. Que ça allait être rapide.

J'ai regretté, un peu.
Tu m'avais rallumée.

Après ça, je cherchais emprise. Un corps sur lequel m'agripper. Après toi, je faisais des vas-et-viens vers l'occasion innée, me prenant des râteaux à la pelle, comme rarement on repousse une fille. Peut-être visais-je trop haut, peut-être étais-je trop directe, effrayante dans l'assurance de mes envies. Peut-être que me faire courtiser, j'en avais rien à foutre. Que ce que je voulais moi, c'étaient des bras. Des bras qui ferment leurs bouches. Et ne parlent que d'eux-mêmes.

Puis ce weekend, comme une surprise d'anniversaire qui foire sur le palier de la porte, on me dit que tu montes sur Paris quelques jours sac de rando sur le dos explorer les pays du nord.
J'ai hésité.
Ai repoussé mon départ.
Nous nous sommes retrouvés là, à trois sur le canapé lit, les pieds sur la table basse, sans fermer l’œil de la nuit.

Je t'ai trouvé beau.

J'ai voulu te toucher.
Alors, dans le noir de ce troquet que je connais très bien, j'ai déroulé mes doigts sur ta jambe et lorsque tu as intercepté ma main pour la recueillir contre ta paume, ça m'a fait comme la première fois.
Des picotements entre les cuisses.

Tu n'es pas allé visiter les pays du nord.

A la place, tu as parcouru ma peau, toutes ces heures où tu ne trouvais pas le sommeil.
Je me suis attachée très vite, comme prévu.

C'était ta douceur, tes doigts qui filaient sans heurts le long des courbes et cette capacité instinctive à me saisir avec force lorsqu'il le faut. Mon coeur qui s'emballe à l'idée de se coller contre un autre battement, un autre rythme. Contre ton torse. Magnifique. Ta silhouette, ton corps entier. Je reste ébahie devant la précision anatomique de tes formes au toucher, à la vue, mes yeux se brouillent, soumis, mon être ronronne.
Charmée devant un physique comme cela m'arrive peu.

Nous ne nous mélangerons pas en entier.
Mauvais timing, mauvaises dispositions, mauvais contextes.
Ce n'est pas faute d'avoir essayé, ni tendu la perche.
Tu as bien quelques fois tenté de la prendre mais bon.
Tu n'avais pas le cœur à bondir.
Je m'en veux de ne pas l'avoir compris plus tôt.

Les rencontres ne sont-elles pas minutieusement orchestrées par la vie malicieuse?

Tu allais décoller en février pour la Colombie t'installer avec ton amoureuse qui t'attendait là-bas. Mais, quelques jours avant le nouvel an, elle t'annonce qu'on lui a proposé une mutation au Costa Rica et qu'elle compte s'y rendre sans toi. Ta superbe projection mentale s'écroule avec toi et tu te retrouves sans travail, sans amoureuse et sans lieu de vie pour les mois à venir. J'ai envie de dire...
...bienvenue au club coco.

Cette situation n'est quand même pas des plus banales, non?
C'est franchement incroyable qu'on se retrouve toi et moi simultanément dans le même embarras.
Évidemment, nous n'avions aucune idée de nos similitudes avant de se plaire l'un à l'autre.

On était mardi, je devais prendre mon train dans moins de deux heures quand je t'ai avoué la tête enfouie dans l'oreiller :
-"Je n'ai pas envie de rentrer. Je n'ai pas envie de te laisser. Parce que...je crois que je t'aime bien."
A cela, tu as répondu que tu étais complètement paumé.
Perdu dans tes doutes, éparpillé.
Que tu ne savais pas quoi faire de ta vie, que tu n'avais rien de concret à m'apporter, que tu n'avais pas de travail. J'ai été surprise :
-" Je n'attends pas de toi que tu travailles. En fait, je n'attends rien de toi."
Mais ça n'avait pas l'air de te consoler plus que ça.

Je le répète, je m'en veux de ne pas avoir compris sur le moment combien était puissant ton mal-être. Je soupçonnais que ça n'allait pas, mais je ne savais pas à quel point. Quand tu m'as demandé s'il m'était possible de faire s'évacuer les nœuds profonds de ton être. J'ai acquiescé. Je n'ai pas compris que tu voulais que je le fasse, maintenant. Parce que tu ne supportais plus ta douleur intérieure. Ce n'était alors pas la drogue qui t'empêchait de dormir. C'était toi-même. C'étaient tes questions incessantes qui parasitaient ton repos.

Moi, j'étais encrée dans mon désir.
Tu étais beau. Je voulais toucher.
Alors, je suis passée à côté.
A côté de l'interrupteur que tu me tendais précautionneusement pour que je fasse exploser toutes tes barrières et qu'enfin tu te livres à quelqu'un sans demi-mesure.

Pardon.

Pardon pour mon égoïsme.

La dernière nuit, en rentrant de nos soirées respectives, tu étais distant. Tu as dormi loin de moi en évitant les caresses. J'ai pensé que c'était parce que tu ne voulais pas que je me fasse de fausses idées, de vaines promesses. Je t'ai reproché en mon esprit de gâcher ce temps qu'il nous reste. Puis, assez déçue, je me suis rendue à la gare seule en esquissant un vague au revoir antisentimental. Faisant le point sur les faits, persuadée avec le recul de t'avoir un peu forcé la main et concluant que tu avais en premier lieu à te remettre sur pieds avant même de penser à prendre de mes nouvelles.

Deux jours plus tard, dans mon petit studio, je reçois une foule de textos en retard, un problème avec mon téléphone surement.
Des messages de toi datant de plusieurs jours qui criaient expressément, "je ne vais pas bien" et quelques autres où tu te souciais de comment j'allais et si j'avais pu avoir mon train dans les temps.
Je me suis sentie con.

J'ai cru que tu ne penserais pas à moi.

J'avais parié avec quelques amis que tu ne me contacterais plus.
Mais ce soir, c'est à moi que tu te confies en t'excusant.
"Je ne devrais pas te mêler à ça mais c'est comme si tout s'écroulait derrière moi."
Tu n'as pas l'air d'être quelqu'un qui quémande facilement de l'aide ou qui a l'habitude de se reposer sur les autres alors touchée que tu te tournes vers moi, je me suis engagée.
"Si tu as besoin d'un soutien, je veux bien me dévouer, le temps que tu te relèves."

Je me demande si ce n'est pas moi qu'il faudra ramasser une fois que tu t'en iras.

vendredi 18 janvier 2013

Le toc de ton éclat

Il s'est excusé de ne pas avoir répondu à mon invitation en me vouvoyant encore une fois. Je pensais avoir réussi à régler le problème de cette convenance fantaisiste mais du coup il s'emmêle plus les pinceaux qu'autre chose et me tutoie une fois sur deux. Pas grave, je me résous. Et lui envoie des pensées en ces semaines de planning chargé.

Moi : "Pas de soucis, bon courage à toi dans ces journées mouvementées, et peut-être à l'******** en février. Je t'embrasse."

Il m'avait déjà dit "à bientôt" dans le précédent message, mais mon portable vibre aussitôt.

Lui : "Merci et à bientôt. Des jours ou des nuits mouvementées c'est bien aussi."

Surprenant.
Ce serait presque ambigu. Je renchéris.

Moi : "Ça dépend du mouvement."

Lui : "Certes. Certains sont beaux."

Moi : "Certaines immobilités le sont tout autant. Tu vis aujourd'hui des nuits en mouvement?"

Lui : "Plutôt."

Moi : "Je t'envie. Toutes les miennes tombent à l'eau."

Lui : "Pour l'instant."

Et le dialogue rime. Et les vers s'inversent.
Ça ressemblerait plus à une poésie qu'à un langage sms.
M'enfin. J'avais dit que j'en voulais plus.
Que mon idole de chanteur, c'était rien qu'une photo mal prise sur papier brillant.
Le propos n'est pas beau.
Et la lueur ne vient que du support.

C'était la première fois que l'on échangeait simplement à l'écrit, comme ça. Haha. J'en veux plus, j'ai dit.
Alors, ne démarrons pas au quart de tour. Au demi tour, à la limite. Dos à toi, et ce chemin qui n'est plus si plaisant à fouler. Parce que j'ai eu l'impression de t'avoir vu véritablement la dernière fois et.
Que je n'ai rien vu.
Néant.
Du vide.
Des pacotilles.
Le toc de ton éclat.
J'en veux pas. Voilà.

Il y a que l'attachement reste et que deux ans d'émoi ça laisse des traces. Je me soucie de toi. De la merde que tu sèmes dans ta propre vie. Je nettoierai pas à ta place, sois-en certain. Mais de loin, je t'envoie. Prends soin de toi. Fais attention à ne pas trop perdre de parcelles d'existence à vouloir ne pas faire de choix, jamais. Je t'avais balancé, entre un double café et un jus d'orange : "en temps normal, tu représenterais tout ce que je déteste chez quelqu'un" et "j'aurais envie de te donner des claques pour te réveiller" et tu avais ris un peu, me demandant ce qu'il y avait bien à réveiller chez toi. Mais moi, j'ai pas trouvé ça drôle. Et même terriblement déprimant. Au point de verser quelques larmes refoulées assise seule dans Pigalle négligée sur un banc. T'étais mon prince charmant de conte de fée et tu ressembles à ça. Franchement, je rigole pas. T'aurais pu faire toutes les conneries du monde, si tu les assumais. Si tu faisais pas ton artiste bohème enfant gâté "c'est pas ma faute à moi, c'est la faute à comment je suis". T'as même pas l'âge pour te sauver des griffes de tes enfantillages. Et quand lors des au revoir, après avoir traversé la rue, tu l'as aussitôt parcouru en sens inverse revenir sur tes pas pressés avec un sourire m'attraper la tête avec tes mains poser un baiser sur ma joue et disparaître, c'était même plus marrant. C'étaient tous les rouages de ta vie scénarisée qui me sautaient à la gueule et j'avais pas envie d'être une figurante de ton navet en boîte de conserve.

Cette même soirée, je t'avais avoué, non sans une petite réticence :
-"Tu sais, je suis un peu empathe."
-"Moi aussi."
-"Je sens les émotions des gens. Parfois, je sens leurs problèmes, les nœuds qu'ils ont à démêler. Leurs sentiments, cela parvient comme une vague jusqu'à moi. D'une manière assez naturelle."
Il acquiesce.  Il avait l'air de comprendre sans me prendre encore trop pour une folle, je continue :
-"Eh bien tu vois avec toi, le problème, c'est que je ressens rien."
-"C'est normal."

As-tu répondu.
Le sourire aux lèvres, encore.

Non c'est pas normal.
C'est pas normal.



mercredi 9 janvier 2013

La frêle épave au fond du trou

Le 08.01.12 à 20h15, sur une feuille blanche dans un bar sombre.

Il faut que je l'écrive.
A quel point j'en ai les larmes aux yeux.
A quel point tout s'écroule, à gros coups de pieds dans le château de cartes.

Finalement, je vais tellement mieux lorsque je ne le vois pas.
Je me dis toujours, c'est qu'une question de choix.
D'ailleurs, c'était le sujet.
Le choix, une discussion de deux heures.
Où n'excelle pas mon idole de chanteur.

Où l'on se ressemble.
Ce putain de miroir grossissant mettant en avant tout ce vers quoi je ne souhaite pas tendre.
Mettant en évidence l'ordre du choix.

M'être éprise d'un sale petit con durant si longtemps, et si on arrêtait?

Et si, malgré cet attachement à résoudre le rêve et ce sentiment presque inconsolable de devoir le quitter, je décidais de ne pas prendre ce qui s'offrait à moi?
Et si j'en voulais pas?
Pas dans ces conditions pitoyables.

C'est encore une épreuve n'est-ce pas?
Emballer ce grand tas d'immondices que j'ai moi-même jeté dans le plus beau des papiers cadeaux. Dans celui-là même qui m'a fait envie, que j'ai voulu ouvrir, dès les premiers regards.
Ne nous y trompons plus.
C'est sûrement tout ce que je n'aime pas que transpire l'homme que j'aime.
Pourquoi.
Merde, pourquoi.

C'est pourtant simple à comprendre, je crois.
Voilà. Il n'est pas fait pour moi.

mardi 8 janvier 2013

J'ai fait une rencontre

J'ai fait une rencontre.
Dans ce bal effréné, quand emporté par la foule il s'est retrouvé derrière moi, j'ai senti son emprunte.
Solaire.

L'envie définitive de le connaître s'est installée en moi lorsque j'ai intercepté son accent québécois entre deux applaudissements. Il était un sourire. En tout cas sur mes lèvres.
Quand je suis sortie transpirante respirer un bol d'air frais, j'ai aperçu mon ami violoniste qui devait me rejoindre, en compagnie de cette idole de chanteur.
Surprise, qui n'en est plus vraiment une. Un peu comme le comique de répétition, ça finit par s'anticiper. Et à leur tablée, le troisième compagnon était ce québécois solaire qui me titillait l'esprit depuis.

Nous avons discuté, d'une manière tellement limpide et facile, décontractée. J'ai été répugnante dès les premières secondes, à enchaîner les blagues affreuses et il riait, il riait, de son humeur rayonnante. Nous avons dansé à deux la dernière danse, interrompus par l'annonce de la fermeture du bar et je suis repartie seule avec ma rose.

J'aurais voulu lui dire "hey toi, tu me plais, rentrons ensemble et faisons l'amour avec humour".

Mais il m'a coupé l'herbe sous le pied en noyant mes questions et mes propositions par du vague et de polis refus. Il ne m'a rien laissé, à part un "au prochain bal" qui a lieu dans deux mois. Quand j'ai rétorqué que deux mois c'était long il a répondu "non, ça va". Bide total.

Malgré tout, ayant récupéré la carte de visite qu'il avait donnée à mon ami violoniste, je lui ai envoyé un message le lendemain. Très courtois, concernant le groupe auprès duquel il devait m'introduire pour le boulot. C'est lui qui m'a rappelée plus tard me proposant de partager un café dans la soirée.

Etant vagabonde dans Paris, j'ai été assez directe en lui parlant avant toute chose de dormir chez lui, question pratique pour les sacs à dos encombrants. Il a refusé entre deux fous rires. C'est fou à quel point le ridicule des uns peut éclater les autres.

Nous avons arpenté les rues sous un ciel violet presque onirique, cherchant les recoins où se forment les musiques. Puis, entre deux sujets, il a avoué habiter avec une elle. Je comprends, je comprends...
J'ai envie de dire, pourquoi veut-il me revoir alors?
Puis, si je réfléchis, c'est tellement ce que j'attends de quelqu'un.
C'est tellement ce que je fais aussi.

Nous avons alors échangé une certaine beauté du geste.

Et nos pas sur le retour, sous le tunnel de la ligne 14, il a prononcé ces mots qui remettent le cœur en place.
Il a dit, à peu près :
- "Ce sont les gens comme toi, qui persistent à continuer leur non-projet, qui montent de grandes choses. Ceux qui refusent de vivre si ce n'est pas pour aimer ce qu'ils font. Ils attirent souvent la chance, et finissent par entraîner les autres avec eux, qui ressentent ce plaisir là qu'ils prennent à être. Pour en avoir déjà rencontré, je suis persuadé que tu vas aller loin dans ce non-projet que tu mènes."

Il n'a pas vraiment saisi ce que j'étais en train de lui répondre lorsque le métro s'est garé devant nous.
Je lui expliquais que si je transmettais les choses de cette manière particulière, c'était pour être utile. C'était pour servir. Parce qu'être sincère et entière dans ce qu'on donnait, ça aidait toujours quelqu'un. A réfléchir, encourager, se remettre en question, dans sa vie, que ça touchait, troublait, guérissait parfois. Que ce n'était pas qu'un cri dans l'immensité du monde. Et qu'il avait la possibilité d'être entendu.

Seule dans le wagon me ramenant à la vie normale, je lui ai écrit un dernier message.
"Et si jamais d'ici samedi en passant par Paris tu avais du temps à tuer, on pourrait toujours l'abattre ensemble."

J'ai fait une rencontre.
Elle a mis du baume sur mes doutes.
Et demain, s'il le veut bien, ce sera au tour de mon idole de chanteur.