lundi 29 octobre 2012

Du di@ble au sortir du b@in

Je me sens loin de tout ça maintenant.
Enfin, en réalité, je ne me sens en retrait qu'au début. La première heure passée, mon corps est en charpie, gisant par petits bouts sur le parquet n'attendant que de se reconstituer sur sa silhouette de chanteur le dévorant de l'intérieur. C'est fou à quel point ça ne passe pas, ce genre d'attirance.

Il y aurait beaucoup de choses à raconter sur les différentes formes d'amour.
Mais l'heure n'est plus aux bavardages.

Minauder.
J'aime bien ce mot.
Il est aussi distrayant qu'inutile mais on s'y attache.

Et puis je ne sais pas. Les moments les plus marquants de ces derniers jours se sont déjà broyés contre les parois de mes rétines. Ne reste plus que des vieux éclats de couleur. M*se était, bleu électrique qui t'en met plein la vue. Bl*es, plutot vert d'eau, d'eaux marécageuses. Mes parents ocre, leur visite douce comme la lumière du matin.
L'Australie est orange.
Comme lui.

Une couleur chaude et complémentaire.

dimanche 7 octobre 2012

Mascarade

Ah, mon chanteur me manque, cette idole des jeunes. J'aimerais revenir à l'époque où je pouvais lui écrire des lettres naïves d'inspirations nocturnes et l'attendre, comme ça, des mois entiers.
Maintenant je suis grillée.
J'ai trop tiré sur la corde sensible et usé mes cartouches une à une.

Me restera ce goût âpre d'inachevé et de sable qui s'échappe d'entre mes doigts, me dire que j'aurais pu, quinze fois, si j'avais pas piétiné chacun de ses élans, marché sur son courage pourtant pris à deux mains et remis au lendemain les miens, d'efforts. J'ai été naze, je le sais. Mais un peu amoureuse. Alors, ça vaut peut-être une excuse.

Au fond de moi, je n'arrive pas à tirer un trait sur l'histoire, passer sereinement à autre chose. Parce que je n'ai pas réussi. Être moi-même, faire du mieux que je peux. Je ne peux m'empêcher d'avoir envie d'y retourner, et retenter ma chance, parce que cette fois-ci, j'aurais vraiment essayé, ça aurait été la bonne.
Ce sont à chaque fois les mêmes sensations qui se pointent à la fin.
Sentiment de vague déception. De n'avoir vécu que le commencement alors que. Youhou. Ils sont tous partis. Tu t'es plantée. Le temps de te mettre à l'aise et merci bonsoir.

La dernière fois était criante de vérité. A anticiper le malaise et tenter de l'éviter tout du long avant son concert. Lui tourner le dos, constamment. Pour ne pas qu'il me remarque. Pour ne pas qu'il vienne. Me parler. Planter sa face d'ange à ma cornée et me couper le sifflet. Il a quand même fini lui, le grand timide, par me toquer l'épaule pour lui claquer la bise et là, mascarade, les mots s'emmêlent, mon verre déborde lorsqu'il m'aborde "vous vous êtes coupée les cheveux?", -"bien sûr que non" répondis-je sur une ironie massacrante qui méritait même pas un sourire, sur cette phrase maladroite d'accroche, je vois qu'il se fait tomber sa cendre sur la veste et je rigole en le pointant légèrement du doigt mais il n'a pas vu son geste, juste mon doigt, et mon rire, sans savoir pourquoi, et me regarde comme ça, interloqué, et je ravale mon éclat en pivotant vers mon voisin de droite entamer une conversation mettre un terme à la torture de son être désarmant face à ma verve incapable. Et là je pense : "tout à l'heure, à la fin du concert". Tout à l'heure, j'irai lui causer tranquille. La pression retombée. Comme au début, où c'était facile. Où sans m'en rendre compte, le charme opérait. Sans moi. Même sans moi.

Existe-t-il réellement d'erreur de timing?

Le spectacle terminé, je me suis fait trente millions d'amis. Parce qu'à part lui c'est facile, tellement facile, et que je suis du genre accueillante. Et qu'on discutaille peut-être une plombe voire davantage devant les portes du théâtre avec A***s B**l et les autres et que pas là, l'idole des jeunes (des surtout moins jeunes, entre parenthèses). Et que quelqu'un devait passer me prendre, à contrario des autres soirs. Et que, ne pouvant plus repousser l'heure, j'ai vu la voiture rentrer dans l'allée en même temps que mon chanteur dans mon petit cercle d'entourage, vaillamment lancer "bon eh bien, moi je vais finir la soirée dans un bar, si jamais quelqu'un veut suivre..." pendant que la portière s'ouvrait à mes pieds j'ai dû répondre à l'offre par un "bon eh bien, moi je rentre" savamment placé et un geste de la main à la peuplade. J'ai observé sa mine moitié déconfite, moitié rien d'autre articuler un "au plaisir" et je me suis engouffrée dans la bagnole frustrée, furax, farouche et fauchée en plein vol par l'inexactitude des horaires qui tombent pile poil ensemble au même moment, au même endroit.

C'est assez nul.

mercredi 3 octobre 2012

Et l'amour me manque

Brad Mehldau, et le soleil décline. Peu à peu. L'Italie de Bologne. L'étudiant en musique. L'amphithéâtre vide, ses doigts sur le piano, Brad Mehldau. Dans la cuisine.

Les souvenirs ne m'aident pas à arrêter d'écrire.

Le poulet au gingembre mijote au chaud dans la mienne. Si on m'avait dit il y a un mois de ça que je serais une fervente -et douée cuisinière, j'aurais pu parier de me couper un bras. Avouons-le, ça aurait été dommage pour la suite.

Je pense à plein de choses.
Peur de les immortaliser sur la toile.
Dit comme ça, on pourrait croire que je cause peinture.
M'enfin.

Je pense surtout à des choses interdites. Des hommes proscrits qui me serrent dans leurs bras. Faut pas.
Je me rassure en faisant passer ça pour des rêves. Des petits écarts de pensées matinales. Rien de bien grave.

Pourquoi mon imagination fertile ne cesse de vouloir aller voir ailleurs?
Il est vrai qu'ailleurs est un endroit que j'affectionne.
Un endroit.
En va-t-il de même pour les êtres?

Mon corps se languit Paris. L'élan de liberté qui m'emplit lorsque je pose un pied là-bas. Et ce type. Pas bien pour moi.
Ils ne le sont jamais.
C'est quoi alors? C'est le frisson de l'éventualité, c'est ça? Ce n'est même pas quelqu'un, finalement. Ce n'est encore qu'une histoire de contexte.

Malgré tout, ce qui se noue est bien réel. Il l'est, si on veut lui donner l'ampleur d'un impact. Et pour ça, on n'est jamais tout seul. Si seulement chacun était raisonnable.
Mais peut-être que je les choisis en fonction. Insouciants et insoupçonneux. Elle me gonfle cette loi qui fait qu'on n'aimera jamais qu'une seule personne à la fois. Je ne veux trahir personne.

Alors je suis heureuse de ne pas avoir dépassé les stades.
Même si, il manque quelque chose.
C'est sur.

Il manque l'amour.

Trois mois

Here I am. Retour à la case foyer. A la casa.
A peine le temps de le dire qu'il me faudra déjà m'en aller.

Je n'ai pas envie de partir. J'aime cette ville. Quand je sors dans la rue, j'entends ces vieux airs de cool jazz New-Orleans oui tout ça à la fois. Alors je m'arrête quelques instants et j'ai la larme à l’œil qui me titille parce que. J'aime ces moments là. Où je suis ailleurs. Où je suis ailleurs juste en bas de chez moi.

Je n'ai pas envie de partir. Je serpente à travers les allées dans les petits quartiers à deux pas de mon appartement et c'est comme un rêve. Je veux dire, c'est vraiment comme un rêve. Que j'aurais déjà fait. Je reconnais quelques paysages. Des cours d'eau minces se frayant une nouvelle existence sous les ponts de la ville. Nous sommes en automne. Déjà, mince. C'est trop tôt. Je n'ai pas eu le temps de m'y résoudre.

Je n'ai pas envie de partir. L'Australie c'est trop loin, trop éloigné de moi. Trop peu charmant à mes yeux.
Et de là où je viens, les gens sont devenus fous. Ce serait comme faire un pas en arrière vers les mauvaises habitudes. Alors. Ici, c'est mon entre-deux. Mon asile.

Je ne veux pas. Trois mois. C'est rien trois mois.
Qu'est-ce que je pourrais imaginer? Envisager? Mettre en place, construire?
En seulement trois mois.

Même pas le temps de m'estimer heureuse.

samedi 22 septembre 2012

Nos propres eaux

Le froid dans le bas des reins. La pluie qui s'écoule entre les poils hérissés. J'ai aimé hier. Avant hier, aussi. Sentir cette liberté de côtoyer et sourire à des non-inconnus, à des dangereux, à partager une couette contre un aveu et laisser nos chairs collées à nos propres os. Nos propres eaux.

Je suis bien, là. J'ai rencard dans une heure avec un crane rasé et une petite qui ne peut que cligner de l'oeil pour s'exprimer. Z*mbie W*lk dans les rues de Paris. Et il refait soleil. Je ne veux pas rentrer dans les hantises passées. C'est comme si je m'y étais attachée, à mes travers. Qu'ils avaient pris un côté charmant et douillet. Je suis mieux sans, c'est juste que je ne sais pas à quoi ressemblera ma vie auprès d'un certain lâcher prise sur les êtres. Purée, pourquoi toujours vouloir pousser les limites d'une histoire?

jeudi 20 septembre 2012

Un air de quena

Paris regorge de curiosités. De curiosités humaines.
J'ai toujours l'impression, le pied à peine posé sur le sol de la capitale, qu'elle m'a préparé son lot de surprises, de mystères. Les secrets de ses habitants qui viennent à ma rencontre. A Paris, les gens me parlent et me sourient. Ces gens là, qui s'amènent à moi, sont toujours des illuminés d'artistes.

Je me suis déjà demandé par le passé si les êtres à la fibre similaire étaient capables de se sentir à des kilomètres et se reconnaître à travers les obstacles. Parce qu'à Paris, ce sont à chaque fois les mêmes qui m'abordent, des musiciens au parcours dense et aux histoires intenses. Des sorciers aussi. Ils pensent que personne ne les remarque.Ou ne se posent pas la question... Bref.

Aujourd'hui, c'était Alb*rto D* Rob*rtis qui me disait bonjour dans la rue parce qu'il s'interrogeait sur la provenance de mon pantalon. Que les paysans pour monter à cheval avaient les mêmes en Argentine, mais qu'il n'en avait jamais vu de cette couleur. C'est un vieil homme, il pourrait être mon grand père. Sauf qu'au milieu des rues on se confie l'un à l'autre avec du baume au coeur. Il me dit qu'il a été auteur-compositeur aussi. Et me fait part de son amour pour la flute indienne. Les groupes pour lesquels il a joué sonnent comme des rengaines d'antan, des images en noir et blanc, des contines de mon enfance. Je n'étais même pas née. C'était une autre époque. Mais.

C'était chouette à entendre.

samedi 15 septembre 2012

Une de ces soirées où...

Il est de ces soirées où l'on plaquerait tout pour une vie intense de solitude, à une table où la place n'est donnée qu'au hasard des rencontres. Eh bien voilà. J'ai tout plaqué mon ordi sous le bras et je suis à cette table. Ecrire. Regarder la vie en bas au premier rang du podium et la voir défiler vêtue de tous ses apparats, les uns après les autres.

Je craque. Ca y est. Je crois que je suis venue à bout de l'asociabilité. Envie d'une diversité de profils à piocher pour agrémenter les instants et s'en instruire. Et si ce soir je suis en colère, ce n'est pas de sa faute. C'est juste qu'après une journée difficile il n'était pas là et que mes rêves d'escapade se sont effondrés net parce qu'à part lui, je n'ai personne. Zéro possibilité de partage. Dans cette ville nouvelle qui me remplit d'allégresse, je virevolte au dessus des occasions sans jamais pouvoir m'y fondre.
Je ne veux pas d'amis. Je m'en vais dans trois mois.
Mais jusque là, j'aurais besoin, d'au moins, quelques échanges.

Je redoute toujours de découvrir après coup que mon instinct premier n'était pas d'échanger mais de séduire. Je crains la séduction. Je la rejette. La fuis. Parce qu'en sa présence, je me sens faible et déformée. Sous son emprise.

Je veux être libre.
Libre de ne pas plaire.
Libre de ne pas désirer d'un bel homme qu'il m'appartienne.
Alors.
Pour l'instant.
Je ne veux pas d'amis.

Parce qu'on sait bien. Vous comme moi.

mercredi 12 septembre 2012

L'insignifiance des heures

Il y a des barreaux à ma fenêtre.
Mais de là où je suis, je marcherais presque sur les tuiles orange rouille des voisins. De là où je suis, je suis libre et je vole au dessus des toits avec mon esprit et c’est comme un rêve. Je rêve souvent que je vis sur les toits. Que je les traverse, et que, de maison en maison, de ville en ville, je voyage. Lorsque je suis fatiguée, je me pose sur l’un d’eux, un confortable, j’en fais une grande terrasse de détente sereine. Une escale. Une ouverture sur l’horizon pas toujours accessible.

Il y a des jours comme ça où il ne se passe rien de grave.
C’est aussi un travail personnel de les écrire.
Accepter que l’on a pas toujours quelque chose à dire de spécial, une palpitation, une réflexion, du suspense. Et faire avec. Ici, je suis à ma fenêtre. Il n’y a nulle part où aller mais mon esprit s’attarde. Il voyage dans une immensité qui ressemble au vide. Qui ressemble.

lundi 10 septembre 2012

Carte postale

Je pensais à ce brésilien rencontré au Japon le visage collé contre la vitre du tramway. J'avais dû oublier le fait même de son existence depuis bien un an. Lorsque je suis descendue au terminus, c'est une brésilienne qui m'a accueillie et amenée à destination. J'ai trouvé la coïncidence étrange et belle, comme un petit pincement, une main au fond du coeur qui me fait des coucous lorsque je la regarde. L'émotion qui palpite, j'ai eu envie de lui demander si elle ne connaissait pas l'homme qui avait hanté mes pensées durant mon trajet, comme si le Brésil n'était qu'un village de 30 habitants qui se croisaient inlassablement tous les jours.

Je regrette de ne pas avoir immortalisé les instants humains à travers l'objectif.
Résultat, les images se froissent. Trop vite.

vendredi 7 septembre 2012

Zéro

Du temps à perdre.
Comme des gouttes qui se gaspillent, et laisser l'encre couler.

Je crois qu'un jour, il faut recommencer quelque part. J'ai cherché où mais pas très longtemps. Parce que ce n'est pas si important. Recommencer quelque part. Peut-être ailleurs. Dans une autre ville. Un pays étranger à mon langage. J'aime les carrés de toile perdus dans l'immensité des lignes. Ici, je suis nulle part. Et n'importe qui. Ici, je suis Anne O. Et personne ne le sait.