dimanche 30 mars 2014

Si seulement j'avais appris à travailler...

Je viens de finir Bref.
J'en garde quelque chose d'émouvant à l'intérieur.

J'avais pas voulu me pencher sur la série à l'époque, parce que je fais toujours ce blocage un peu chiant quand une peuplade entière me recommande la même chose dans le même laps de temps. Pour peu que quelqu'un ajoute "je suis sur que ça va te plaire", vous pouvez être certain que je mettrai toute ma mauvaise volonté à ne jamais regarder. C'est pour ça que les films, bouquins, musiques cultes et compagnie, je ne connais rien de tout ça.

C'est aussi pourquoi j'ai attendu de perdre certains amoureux ou amis pour prêter attention à leurs références culturelles. Je ne sais pas, j'avais un poids en moins et pas de culpabilité. Je me sentais libre d'apprécier un artiste pour lui-même et non pas parce que j'apprécie celui qui me l'a conseillé.
C'est tordu, oui. Mon esprit est tordu.

Je lisais un peu le parcours de Kyan Khojandi. Bon, déjà il a l'oreille absolue, de quoi le jalouser jusqu'à la fin de sa vie... Et puis le fait qu'entre des gens simples mais pas intellectuels et ceux du conservatoire, cultivés mais un peu bourgeois, il n'arrivait pas à trouver son groupe à lui. Mais il avait un meilleur ami. Je ne sais pas si j'en ai véritablement eu. Il y a certaines personnes qui m'ont considérée comme tel. Qui se sont plus tard éloignées, ça m'a fait un creux, quand même. Du coup aujourd'hui, je suis assez prudente sur les termes.

Il faut dire que moi non plus, j'avais pas de groupe à moi. Pas de meilleur ami pour autant. Seulement des extraterrestres aux relations fusionnelles bien qu'éphémères. J'aurais aimé réunir ces extraterrestres là et en faire un groupe soudé. Mais ils ne se mélangeaient pas entre eux. C'était même un certain miracle qu'ils souhaitaient me côtoyer. Toute mon adolescence, j'ai cherché des gens qui pouvaient me ressembler. Un semblant d'appartenance, dans le fond de l'être. J'avais trouvé ces saugrenus là, un peu génies sur les bords. C'était vers ça que je tendais. Pas la mode, pas la popularité, pas le fun. Je voulais toucher du doigt le génie.

J'ai fréquenté des garçons agaçants et extraordinaires. J'étais tellement frustrée qu'ils n'aient jamais autant de temps pour moi. Ils avaient constamment quelque chose sur le feu, dans leurs mains, dans leurs yeux, dans leur esprit vivace. Ils avaient constamment des priorités autres que d'entretenir une amitié. Je ne comprenais pas, à l'époque. Ça me dépassait, de placer quelque chose plus haut, plus important que la relation humaine. Ça m'a souvent brisée aussi, de ces "pourquoi" qui revenaient sans cesse. Des fois, j'en dormais pas. Le reste, j'en rêvais la nuit. Et pendant longtemps, ça m'a poursuivie.

Aujourd'hui, je comprends. On n'est pas tous fait pour avoir le même parcours. Et c'est tant mieux.
Je comprends que cette distance qui nous sépare dans le présent, elle est due en partie à cela. Que s'ils sont loin dans leurs objectifs dorénavant, et presque irrattrapables, c'est qu'ils n'ont pas mis les priorités aux mêmes endroits que moi. Ça a ses avantages et ses inconvénients, comme pour tout. Mais aujourd'hui, je comprends. Parce que je le ressens en moi. Tous ces projets sur le feu qui n'attendent qu'à être égouttés. Je ressens en mes paumes la montagne de travail que j'ai à accomplir. Et plus qu'un seul cri d'élan.

"Au boulot."

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