mardi 30 mai 2017

A 400 mètres, tournez à la prochaine étoile

Je ne sais pas comment te dire.
T'as un prénom qui ressemble à aucun autre.
Comme toi.

T'es arrivé comme ça dans mon existence, sans modèle, ni expérience.
Comme neuf.

Je me suis sentie attirée par toi dès la première seconde.
Sans réfléchir.

La vie est bien faite.

Je ne réfléchis pas, et t'es exactement ce que je voulais.
Je voulais toi.

Quelqu'un comme toi, mais j'en rencontrais pas.

Tu vois, on pourrait dire que j'aurais pas dû te rencontrer.

Qu'il y a eu des tas de petites embûches sur la route qui menait à cet appartement.
Que j'étais même pas invitée, à l'origine.
Et que sur cette route on m'en a proposé, des itinéraires alternatifs.

Mais je sais pas pourquoi.
Oui, sans savoir, je voulais aller là.

J'ai dit non à tout le reste.
A toutes ces invitations à l'aventure.
Assez folles, quand on y pense.

Ça avait tout pour me plaire.

Mais fallait que j'aille là.
Sans savoir.

Fallait que je marche à ta rencontre.

Fallait que tout le reste se décommande ensuite.
Que les portables se déconnectent.
Et que tu te lèves, seul.

Fallait toi, quoi.

Alors, je ne sais pas comment te le dire.
On parle même pas la même langue.

Mais dehors sur ma terrasse, je regarde la nuit peuplée d'étoiles.
Je me dis que tu la regardes peut-être toi aussi.
Que tu vois pas les mêmes.

Relier les points lumineux.
Un à un.

Qui sait, à nous deux.
Si on y pense fort.
Avec tous ces traits qu'on aura tiré dans le ciel...

...on se rejoindra peut-être.

mardi 16 mai 2017

Cette vie là

Le 15.05.17 à 08h50
De superbes chansons dans un superbe café, correspondance entre deux vols exotiques. Je prends mon english breakfast étalée dans ce grand fauteuil et je me dis que ma vie est incroyable.
Que c'est comme ça que je l'aime.
Que j'ai sacrément de la chance.

Je voulais vivre des histoires exaltantes?
Check.

C'est quand même autre chose de partir toute seule à la conquête d'existences humaines inexplorées.  Ne faire que des rencontres neuves. C'est galvanisant. Se laisser entraîner au rythme d'un autre continent, d'une autre richesse. Et la musique.
Elle est tellement belle, la musique.

Les visages. La langue. Les accents.
Cela me donne envie de partir.
A peine rentrée, de repartir.

Soulever les foules.

Tomber sur des inconnus.
Les suivre dans la rue.

Sur ces terres où l'improbable n'est pas l'impossible.
J'aime cette vie là.

Je m'y sens comme chez moi.

Here's to the fools who dream

Un 4 mai 2017 à 16h20.
Je suis dans l'avion pour New York.
Dans la navette qui me conduisait à l'aéroport, LalaLand à la radio.
C'est ce qui m'a donné envie de revoir le film sur ce siège 22E.
Les larmes qui reviennent dès les premières notes de musique.

Ces images, les images de ma vie manquée. Celle qui m'appelle dans mes rêves, qui se rappelle à mes songes. Mon miroir déformant, qui me faisait pleurer à gros sanglots dans la salle de cinéma la deuxième moitié du film entamée.

Où est passée ma fantaisie, celle qui me tenait debout toute ma jeunesse, malgré les coups durs, les creux de vagues et les ouragans. Celle qui rendait mes jours plus beaux, plus consistants, plus vivants.

Quel est le rêve?

Celui à suivre.

Les salles à moitié vides, on les connait trop bien. Bientôt 10 années à trimer sans gagner d'argent pour si peu d'avancée, je me reconnais, tellement. La somme d'investissement, pour ne plus parvenir à rêver quoi que ce soit. Ce quotidien là dénué de sens et de création.
J'avais pleuré. Qu'est-ce que j'avais pleuré devant LalaLand.

Maybe I'm not good enough.

Je ne m'étais jamais posée la question.
Parce qu'elle n'avait pas de sens.
Parce que j'étais sur autre chose, sur la mise en oeuvre de mon monde, sur l'alchimie des couleurs de toutes les formes d'expression.

And that's why they need us.
Here's to the fools who dream.

Qu'est-ce que j'ai pleuré pendant cette chanson. Si lourdement, que je n'ai pas pu regarder la fin de cette histoire, les yeux noyés par les larmes et la grosse claque existentielle dans la gueule.

Non, c'est dans cet avion en partance pour New York que je pourrai enfin savoir le fin mot de l'histoire.
Et vivre la mienne.

Quelques jours, seulement quelques jours de folie solitaire. Rencontrer des inconnus, parler une autre langue, arpenter les rues d'une ville nouvelle.
Tout ça c'est à moi.

C'est à moi de me le donner.

dimanche 30 avril 2017

L'eau noire

Mon idole de chanteur, j'écoute ton nouvel album.
Il me bouleverse, me crève le cœur.

Je me souviens, il y a trois années de cela, tes chansons, cela sonnait comme une douce mascarade.
Dans ce studio parisien qui n'était pas à toi, tu m'en avais joué quelques-unes en avance. Noires, ternes, sans saveur. Je m'étais détachée. Même ton baiser m'avait paru inapproprié. En retard.
Trop en retard.

Elles étaient marrantes, ces confidences au milieu de la nuit, dans cette chambre d'hôtel inattendue.
Toutes ces péripéties qu'on m'avait racontées sur toi. Et ce que je savais.
Faire s'entremêler les réalités.
Te demander tes versions.

Tu riais, de dépit.
Tu étais éberlué, perdu.
Désemparé.

Tout ce que tu m'as raconté. C'est là.
Dans ces chansons sombres, qui prennent soudain une nouvelle ampleur.
De la lumière, quand les années passent et le travail s'agite.
Une autre version de la même histoire.

jeudi 13 avril 2017

Du temps à vivre

Ca fait longtemps que je n'ai pas écrit.
En réalité, j'ai écrit, mais ayant peur d'être lue par un proche, je n'ai pas osé poster ici ni fixer les phrases sur le papier.
Au fur et à mesure, cette crainte en prétexte, mes mots se sont délassés et j'ai peu à peu abandonné l'acte d'écrire.





Ca fait quelques fois qu'on m'en parle.
"Tu devrais verbaliser tes maux quelque part."

Verbaliser mes maux, j'ai fait ça toute ma vie sur la toile anonyme.

Il est vrai que depuis quelques temps, j'avais perdu l'habitude du geste. Je m'étais dit que je changeais peut-être. Que j'avais trouvé d'autres manières d'exorciser. Que de toutes façons, c'était figer des pensées et envies qui n'étaient qu'en transit et peut-être détourner le cours d'une transformation, d'une réflexion. Qui perd alors en profondeur, en vérité.

En dehors, je ne parlais pas vraiment de mes problèmes.
Parce qu'après tout, ils existaient moins comme ça.
J'en causais quelques fois auprès de gens réfléchis qui me donnaient un coup de boost ou un coup de pied au cul, selon. Et ça suffisait.

De toute façon, je n'avais pas de temps à accorder à la rédaction introspective.
Je devais rédiger d'autres aventures.
Que je ne rédigeais pas.
Parce que bon.

J'avais une vie mouvementée.

Et une situation pourrie.

C'était peut-être trop dur à expliquer aux autres. Trop dur à voir soi-même.
A justifier.

Si j'en suis venue à penser me justifier, c'est que j'avais perdu en liberté sur ces pages au fil des années.

J'ai pensé redevenir anonyme.

Anne Onyme.

Mais du temps à vivre, ça me parle.

Du temps à vivre, j'en ai.

Je ne veux pas tout laisser tomber...

vendredi 7 octobre 2016

Qui de l'oeuf ou la poule?

Lorsqu'il m'a demandé de fermer les yeux, j'ai senti ce gros bloc de larmes me monter et j'ai chuchoté à moi-même un :
- Houlàlà, je sens que je vais être émue, moi...
Qu'il a intercepté et demandé de répéter.
- Je suis émue...
Ai-je annoncé un peu gênée par ce qui allait, probablement, débouler dans pas très longtemps.

Je ne m'étais pas trompée.
Assez vite, l'émotion dévalait mes joues.
Mais ce n'était pas comme un torrent impétueux. C'était doux, aimant. Gracieux.

Ca faisait longtemps que l'état de gratitude et moi, nous nous étions un peu perdus de vue.

Je cherchais ce sentiment de joie profonde d'exister et d'avoir cette chance de travailler à devenir quelqu'un de meilleur. Depuis quelques temps, je ne me sentais plus reconnaissante de plancher sur moi-même, de me rendre utile à un but commun, au point de perdre mes sensations, au point de ne plus ressentir l'énergie d'amour parcourant les choses, mais seulement les nœuds du corps qui obstruaient mon air. Je me sentais sceptique et éteinte, mais dans une certaine forme d'observation et d'attente. Je lançais des prières désespérées à la vie, lui demandant comment me remettre à croire en elle et me reconnecter à ce qui lui appartient. Elle me répondait, et je pouvais parfois entendre, mais seulement avec l'esprit, pas avec le cœur.

J'avançais sur pas mal de points dans ma vie, mais sans amour et sans joie de le faire.
Il me manquait la gratitude.
Et elle me manquait.
C'est incroyable à quel point on peut vivre la même existence pas de la même manière.

Et pendant que mes larmes coulaient sur mes joues doucement, comme une caresse, les yeux fermés, je l'entendais murmurer quelque chose pianissimo devant moi. C'était à voix si basse que je ne distinguais pas les mots, juste le flot d'une bienveillance attentive, et le mystère. Peut-être que j'ai halluciné. Peut-être qu'il m'a récité une prière. Peut-être qu'il a parlé à une autre de mes consciences, dont la subtilité m'échappe.

Peu importe.

J'ai retrouvé une des sensations de bonheur que je préfère.
En fait, ressentir au plus profond cette joie immense d'exister et en être reconnaissant, c'est un peu être en état amoureux perpétuel.
Ou peut-être est-ce l'état amoureux qui rend reconnaissant...

Sur ce point, je m'embrouille un peu.

Et si j'étais en train de tomber amoureuse?
Que ça m'ouvrait, redonnait plus de texture, de relief à ma vie?
Et si je faisais des amalgames avec mon ouverture du coeur, et l'être qui accompagne mes prises de conscience?
Ca parait évident et logique. Courant. Que ce soit un risque, dans ce genre de situation.
Que je compense la distance dans mon couple actuel.
Que je cherche encore un sauveur à l'extérieur, décharger mes responsabilités intimes.
Je sais tout ça, je connais les tendances de mes constructions émotionnelles.

Mais l'amour qui m'emplit est d'une pureté déconcertante dans la conjoncture actuelle.

Ce n'est probablement qu'un tout.
Qu'un reflet de comment je me sens rejaillissant sur ce qui m'entoure.

Enfin, c'est ce que je me dis pour l'instant.
Parce que sinon, va y avoir de sacrées restructurations à faire...

lundi 3 octobre 2016

Et je fais des rêves qui flottent sans jamais accoster

Il fait nuit.
J'ai amarré Laurène Lhorizon du bout des doigts sans voir le soleil tomber.
Des nouvelles notes me rentrent par la tête, elles sont pourtant toujours au même endroit sur le clavier. J'entends les perspectives. L'horizon. Se profiler.

Tiens, mes voisins d'en face doivent revenir de la mer.
C'est marrant, ces intimités qui se chevauchent d'une fenêtre à l'autre.
Et sous chaque lumière, des vies pleines, qui ne se rencontrent probablement jamais.
Même dans une cage d'escalier.

Je suis un peu tombée en amour cette semaine.
Je me demande pourquoi chez moi, lorsqu'il y a un élan naissant, il se fait submerger d'une mélancolique tristesse. Mon cœur se tord lorsqu'il s'anime. Depuis longtemps.
J'ai de la peine d'aimer.

Sur le retour et durant le millier de kilomètre où j'ai laissé le paysage défiler, je me suis demandée.
Est-ce que ce n'est pas venu de là. De mon premier coup de foudre il y a onze années de cela.
De cette conviction même d'avoir trouvé l'homme d'une vie. Et de lutter contre elle, la vie, au nom d'une intime conviction, tout essayer, s'acharner pour de vrai, pour cette vérité qui s'est transformée en bonne paire de claques dans la gueule lorsqu'acculée contre le mur il n'était plus possible de détourner les yeux. L'homme de ma vie s'était marié à une autre, et c'est bien le seul homme de mon entourage à s'être marié d'ailleurs.

Jusque là, j'avais vécu des histoires amoureuses. En croyant que l'amour triomphait toujours, je me suis laissé piétiner, concentrée sur l'avenir radieux que pourrait m'apporter mon courage lorsqu'il vaincrait mes problèmes. Je me suis laissé abuser, croyant que l'important c'était d'aimer sans concession. Je me suis méprisée moi-même en clamant des phrases comme "je choisis d'aimer plutôt que d'être aimée", peu importe les contextes.

Je survivais parce que, j'avais toujours quelqu'un à aimer. Quelqu'un à qui rêver. Quelqu'un en qui placer mes espoirs.
J'étais constamment, depuis le plus jeune de mes souvenirs, dans un état amoureux.
Mais lorsque l'on croit avoir trouvé l'homme de sa vie, le seul.
Et qu'il se marie à une autre.
Il y a un gros caillou qui vient défoncer la machine.

Je n'avais soudain plus personne à aimer, puisque mon coeur s'était arrêté sur lui et ne souhaitait plus recommencer le processus de tomber à nouveau en amour. Puisqu'il s'était persuadé avoir tiré le bon numéro, sans aucun doute.
Je me retrouvais dans un état amoureux paradoxal. Où le simple fait d'aimer procure l'espoir, espoir qui vient se fracasser contre une réalité irréfutable. C'était pas le bon.

C'était pas le bon, quoi.

Le coeur ne veut pas admettre qu'il a eu tort.
Il ne souhaite plus aimer personne d'autre, mais l'état amoureux le fait vivre.
Et l'espoir qu'il lance contre les murs finit de l'achever.

Il y en a eu, des relations après.
Mais avec une ombre. Toujours la même, qui vient hanter mes rêves.
J'aimais toujours plus ou moins deux hommes à la fois.
Cet homme de ma vie, et les autres.
Une sorte d'ambivalence, et l'impression de me tromper.
D'être infidèle à mes intimes convictions.

Mais il fallait continuer à vivre. Tourner les pages...tourner les pages....
Ce n'était pas difficile de s'amouracher. J'aimais les hommes, ce sentiment qui transporte ailleurs.
Mais j'avais mal.
Ca m'était difficile d'aimer.
Ca me rendait triste, me rendre compte que je commençais à me laisser submerger par l'espoir.
Peut-être...comme un réflexe de protection. On a déjà mal avant de recevoir la baffe.
Je m'étais probablement trop habituée à souffrir d'espérer.

J'avais, qui sait, trop tiré sur la corde de l'émoi.
J'avais pas eu peur de me prendre des coups, et je m'étais pas rendu compte tout de suite que j'étais amochée. Je m'étais malmenée toute seule.
Je n'avais pas eu cette priorité de me respecter face aux blessures d'autrui, face aux aléas.

Quand je faisais une rencontre, quand je tombais amoureuse, il y avait ce grand vide qui se rappelait à moi. Qui me disait, il n'y a plus rien. Il n'y a pas d'espoir. Tu te trompes, tu vas te tromper, tu t'es déjà trompée. Tu vas dans le mur.

Aimer, c'est aller dans le mur.

Peut-être.
Peut-être que c'est la petite voix qui me fait de la peine quand les papillons s’immiscent en mon ventre.
Peut-être que je ne sais pas comment dérouiller la machine.
Peut-être que je fais semblant de le vivre bien, et que mon corps subit le choc constant d'être en état amoureux. Qu'il est sans cesse en souffrance, reflet de ma voix intérieure.

"Toi Anne, tu es faite pour aimer."
C'est ce qu'on m'avait dit un jour.

Comment peut-on se saboter une raison de vivre de la sorte?


dimanche 28 août 2016

Persistences

En fait, ici, c'est un peu mon déversoir à nostalgie.
Je viens confier mes regrets et espoirs secrets, que l'on n'épanche plus aux amis parce qu'on est dans un tout autre monde, un tout autre rythme.

Un jour, tu m'avais dit "dans dix ans, quand je te rappellerai pour t'inviter à boire un verre tu verras, tu seras contente de me revoir!".

C'était il y a dix ans.

Tu es en retard.

Aujourd'hui, j'ai relu des textes de notre rencontre.
Je crois que j'ai compris ce qu'était un coup de foudre.

Peut-être pour ça que j'ai du mal à m'en détacher. D'avoir pu concevoir un jour que tu étais l'homme qui m'était destiné, ça ne sort pas de l'esprit si facilement.

Depuis la première fois que nos regards se sont croisés et jusqu'à ce que l'on devienne amis, j'ai rêvé de toi tous les jours. Sans même connaître ton nom, dans mes songes, tu venais me rendre visite. J'avais rêvé au tout début que l'on se faisait tatouer ensemble des tatouages immenses, sur tout le dos (et peut-être les bras) comme des yakuzas. Je me dis que ça ne sortait pas de nulle part. Ce truc qu'on s'inscrivait au corps, à l'encre indélébile.

J'ai continué à rêver de toi bien après ton passage, tes fiançailles, ton mariage, jusqu'à me supplier dans mes propres songes d'épargner mes rêves de ta présence, que c'était de la pure torture, te faire vivre en mon esprit à chaque cycle de sommeil, plusieurs fois par nuit, alors que la journée je m’efforçais de t'oublier. Renoncer à faire de toi l'homme de ma vie.

Parfois dans mes rêves, on discutait juste de ce qu'on était devenus. On se donnait des nouvelles de nos amoureux respectifs. Parfois, tu me rappelais que c'était ton anniversaire et à mon réveil dans la vie éveillée, je t'envoyais un petit message de fête. Parfois je te demandais si tu m'aimais. Ou juste, si on finirait par devenir amis, simplement amis.

Je t'ai revu une fois il y a deux ans, avec ta femme et un ami commun pour un concert à quelques heures de là, serrés dans la voiture, j'avais passé la soirée à être malade en silence, surement des réminiscences. Je ne te reconnaissais plus. Tu étais une toute autre personne que l'adolescent dont j'étais tombée amoureuse. Tu étais...un homme plutôt froid, plutôt distant et autoritaire. Tu étais...à une autre.

J'ai cessé de rêver de toi dès lors.
Les seules visites depuis que tu as pu rendre à mes songes, tu venais sous forme de spectre, sans enveloppe charnelle. Tu n'étais plus qu'un fantôme dans ma vie. Tu étais mort.

Mes vieux textes parlent de toi comme si j'y étais encore.
Alors, ça me touche.
Me donne envie de pleurer.

Est-ce que je pourrai aimer encore de la même manière?

Vivre après une telle conviction, et devoir continuer....
C'est dur.

Se dire que l'on s'est trompé.
Même si le cœur a toujours clamé le contraire.
C'est dur.

Mais je suppose que c'est ce qui forme la richesse et la profondeur d'un être humain.

Je ne verrai plus jamais la vie sous ce même regard.

Et les existences s'empilent.

jeudi 26 mai 2016

Chanter

Dépoussiérer les tables et les chaises.
Retrouver le ciel couchant de ma terrasse.
Ca y est, je suis presque en été.
Satisfaction intérieure.

Cela me manquait beaucoup. Fixer la course des nuages, tout en restant dans son territoire, chez soi, en hauteur.
J'en rêve souvent la nuit.
M'établir sur les toits, et parcourir les frontières, briques par briques.

Je me sens bien.
Je me sens déjà ailleurs.
Dans cet ailleurs que j'affectionne.
Une terre étrangère et accueillante.

Dans cinq jours, je pars pour l'Amérique.
Jouer mes françaises de chansons.

Et ce soir je reviens de Lyon.
Des portes ce sont ouvertes. Laissant entrer les réussites.

Il y a des moments où tout fonctionne en même temps, à la même vitesse.
Où les succès s'enchaînent par effet boule de neige.

Je veux profiter de cet instant pour me sentir heureuse d'être à ma place.
Emmagasiner la reconnaissance, pour en garder un peu les jours où il fait moins beau.
Où c'est plus dur. Où on perd courage.
Où on travaille, aveugle, sans jamais voir murir le fruit de notre labeur.

Ca y est.
Après bientôt dix ans d'efforts.
Des bourgeons éclosent.

Aujourd'hui, on m'a dit que mon professionnalisme avait fait la différence.

Et qui sait, un jour j'avouerai peut-être la tête haute que c'est mon vrai métier.

mercredi 2 mars 2016

Tive Razao

Ça y est, j'ai la nostalginite qui me reprend.
Plus de dix ans.

Une décennie bien entamée que je déverse ma petite vie sur les toiles anonymes.
Wow.

Y'a tout là dedans.
Un bloc compact d'existence.
Dans la petite boite.
Entre les lignes, des morceaux de sensations palpables pour celle qui les a déjà tenus au creux de son poignet. Dix années, merde.

Comme on vit plus pareil.

Comme les voyages se passent différemment.
Et le temps n'est plus le même.

Tu sais, quand tu cherches l'instant le plus fort, le présent indélébile, et tant pis si l'on crève dès demain. Quand tu veux voyager plus loin, toujours plus loin, dans le danger de l'inconnu, quitte à se laisser des traces, et pas des plus belles. Parce que le beau a une autre valeur.

Tu sais, c'est un peu le propre de la jeunesse.

Ensuite, on court après d'autres choses.
Ensuite, ce n'est plus le sens de la vie que l'on cherche.
C'est la place que l'on s'y donne.
C'est s'y implanter.
Ce n'est plus se laisser des traces sur la peau, c'est laisser une trace. Juste.
Tu sais.

Mais ce soir, j'ai la nostalginite qui refait surface à l'orée du printemps et j'écoute Seu Jorge en me remémorant nos voyages dans la ville. Nos danses spontanées. Ton sourire. En haut de la Bastille, ton premier regard. Les lettres inespérées.

Qu'est-ce que tu me manques.

Qu'est-ce que je me sens loin.

Comment a-t-on pu laisser s'enfuir cela, dans ce quotidien traitre, et la volonté de ranger pour grandir, de se ranger, nous même dans une case, comment a-t-on pu laisser filer cela sans réagir, sans se rebeller, contre nous-même et ce lien qui se distend à force de tirer, laisser les choses s'étirer d'elles-même, comme le temps. Et le silence.

C'était un amour véritable.

C'était une bouffée d'air frais et un tour de magie, les moments que l'on s'accordait à deux. Mon ami, c'était un pansement, un peu d'eau et d'engrais sur le cœur à chacune de nos rencontres. C'était pur et profond, ce qui nous tenait unis et je pensais que c'était indissociable. Je pensais que la qualité de nos souvenirs ne nous laisserait jamais creuser l'écart. Ou le doute.
Je pensais que c'était essentiel, et nécessaire.
Que se voir, c'était.
C'était. Comme un état d'être. Comme ce qui existe de soi.
Comme le fait de respirer.

Je croyais.

Je repense à nos marches bras dessus bras dessous, à nos chants qui résonnent dans les grands couloirs souterrains des métros parisiens.
Peut-être que c'est ça, dans le fond.

Qu'aujourd'hui, nos chants encore résonnent.
Mais qu'avec les obligations de la vie, ils demeurent souterrains.

Qu'on les entend plus vraiment parce que tu comprends, on est des gens occupés, occupés à compter ce que l'on donne et à prendre nos responsabilités d'adultes au sérieux.
Or, même si l'on n'entend plus les sons, ça continue de vibrer.
Par secousses, ça nous rappelle.

Il y a des musiques qui ne peuvent s'oublier.