vendredi 7 octobre 2016

Qui de l'oeuf ou la poule?

Lorsqu'il m'a demandé de fermer les yeux, j'ai senti ce gros bloc de larmes me monter et j'ai chuchoté à moi-même un :
- Houlàlà, je sens que je vais être émue, moi...
Qu'il a intercepté et demandé de répéter.
- Je suis émue...
Ai-je annoncé un peu gênée par ce qui allait, probablement, débouler dans pas très longtemps.

Je ne m'étais pas trompée.
Assez vite, l'émotion dévalait mes joues.
Mais ce n'était pas comme un torrent impétueux. C'était doux, aimant. Gracieux.

Ca faisait longtemps que l'état de gratitude et moi, nous nous étions un peu perdus de vue.

Je cherchais ce sentiment de joie profonde d'exister et d'avoir cette chance de travailler à devenir quelqu'un de meilleur. Depuis quelques temps, je ne me sentais plus reconnaissante de plancher sur moi-même, de me rendre utile à un but commun, au point de perdre mes sensations, au point de ne plus ressentir l'énergie d'amour parcourant les choses, mais seulement les nœuds du corps qui obstruaient mon air. Je me sentais sceptique et éteinte, mais dans une certaine forme d'observation et d'attente. Je lançais des prières désespérées à la vie, lui demandant comment me remettre à croire en elle et me reconnecter à ce qui lui appartient. Elle me répondait, et je pouvais parfois entendre, mais seulement avec l'esprit, pas avec le cœur.

J'avançais sur pas mal de points dans ma vie, mais sans amour et sans joie de le faire.
Il me manquait la gratitude.
Et elle me manquait.
C'est incroyable à quel point on peut vivre la même existence pas de la même manière.

Et pendant que mes larmes coulaient sur mes joues doucement, comme une caresse, les yeux fermés, je l'entendais murmurer quelque chose pianissimo devant moi. C'était à voix si basse que je ne distinguais pas les mots, juste le flot d'une bienveillance attentive, et le mystère. Peut-être que j'ai halluciné. Peut-être qu'il m'a récité une prière. Peut-être qu'il a parlé à une autre de mes consciences, dont la subtilité m'échappe.

Peu importe.

J'ai retrouvé une des sensations de bonheur que je préfère.
En fait, ressentir au plus profond cette joie immense d'exister et en être reconnaissant, c'est un peu être en état amoureux perpétuel.
Ou peut-être est-ce l'état amoureux qui rend reconnaissant...

Sur ce point, je m'embrouille un peu.

Et si j'étais en train de tomber amoureuse?
Que ça m'ouvrait, redonnait plus de texture, de relief à ma vie?
Et si je faisais des amalgames avec mon ouverture du coeur, et l'être qui accompagne mes prises de conscience?
Ca parait évident et logique. Courant. Que ce soit un risque, dans ce genre de situation.
Que je compense la distance dans mon couple actuel.
Que je cherche encore un sauveur à l'extérieur, décharger mes responsabilités intimes.
Je sais tout ça, je connais les tendances de mes constructions émotionnelles.

Mais l'amour qui m'emplit est d'une pureté déconcertante dans la conjoncture actuelle.

Ce n'est probablement qu'un tout.
Qu'un reflet de comment je me sens rejaillissant sur ce qui m'entoure.

Enfin, c'est ce que je me dis pour l'instant.
Parce que sinon, va y avoir de sacrées restructurations à faire...

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