Je ne sais pas.
Il sentait plus la merde que cette petite pouponne qui avait chié dans son froc un peu plus tôt dans l'après-midi, que j'ai pourtant gardé aux bras vingt bonnes minutes.
Est-ce que c'est son odeur qui faisait que je ne voulais pas de lui ou est-ce que je ne voulais pas de lui à cause de son odeur?
Il a pourtant tout pour plaire ce garçon. Il est beau et charmant, sensible, drôle, intelligent, il a mon âge, il danse, chante, multi-instrumentiste, fait du théâtre, écrit, compose. Il est sportif. Il est kiné, bonjour la dextérité. Et surtout, il est intéressé. Sous couvert de l'humour, il me fait des avances. Pas très fines, les avances...que je ne peux m'empêcher d'être saisie par le fou-rire lorsqu'il tente des rapprochements peu discrets. Pardon à lui.
En ce moment, je n'ai pas envie que l'on m'invite à danser.
En ce moment, j'ai pas mal d'occasions. Mais même quand je joue avec le feu, quand je me pose moi-même au bord du précipice, que je me pousse un peu, pour voir, l'adrénaline. Je n'ai pas envie de sauter. Je n'ai pas envie que d'autres me prennent dans leurs bras, ne serait-ce que pour avoir moins froid.
Je crois qu'à sa manière, il a rehaussé ma barre d'exigences, et celle de mes valeurs.
Pas plus tard que tout à l'heure, lorsque je disais au gérant de ce café que j'étais en couple avec mon mec extra, il m'a fait de grands yeux :
- LE mec extra? Celui que je connais? Ouaouh. C'est pas n'importe qui. C'est un homme précieux. Il a de la chance de t'avoir. Mais tu en as aussi. Si j'étais une femme, je crois que je serais amoureuse de lui.
Les gens continuent à me raconter à quel point il a été un tremplin, un soutien dans leurs vies, à quel point ils sont admiratifs de ce qu'il est, de ce qu'il fait. Moi aussi, je suis admirative, pleine de respect. Lorsqu'il prend la parole, et que mon épaule doucement touche la sienne, je me sens un renfort silencieux. Une allié à sa cause, comme il peut formidablement l'être à la mienne.
J'aime qu'il se réalise.
Je trouve ça rare. Et quand je sais qu'il n'a pas eu d'histoires depuis bien six ans, qu'il est farouche et exigeant, je me sens emplie de reconnaissance. Qu'il m'ait choisie moi. Et pas quelqu'un d'autre.
Qu'il m'ait fait de la place dans sa vie, si complète.
Je ne sais pas.
Ce n'est pas comme si j'étais davantage rassurée.
Je sais qu'avec lui, tout peut se terminer du jour au lendemain.
C'est juste que je ne sens plus le besoin de me rassurer en les autres.
"Tu sais ce que les gens faisaient autrefois, lorsqu'ils avaient des secrets qu'ils ne voulaient pas partager? Ils gravissaient une montagne, trouvaient un arbre, y taillaient un trou, et y murmuraient leur secret. Ils le couvraient ensuite de boue. De cette façon, personne d'autre ne le découvrait jamais." 2046, Wong Kar Wai
dimanche 30 novembre 2014
mercredi 19 novembre 2014
Il est beaucoup trop tard pour être philosophe
Tu me manques.
Je me réécoute ton vieux message sur mon répondeur en me marrant comme une débile quand tu prends ton accent du sud à peine exagéré pour déclarer "salut, c'est la bichounette! la bichounette des quartiers qui appelle sa panthérounette!".
Tu me manques. Tes fous-rires solitaires me manquent. Ils sont contagieux. J'ai terriblement envie de te regarder sur le lit te plier en deux, la crampe du sourire. Tu me manques. Nos combats de tétons me manquent. Tels des gamins, se donner des défis bizarres à relever. C'est un peu comme si c'était ta première histoire, n'est-ce pas? Comme si tu découvrais ce qu'était l'amour à deux, partager, s'ouvrir sans honte, sans débat. Tout ça. T'es un peu mon renard à apprivoiser à moi. Cela prend du temps, pour te découvrir. T'effeuiller au fur et à mesure. Doucement, passer le savon sur ta peau. Effarouché. Et le fait de savoir que ce simple geste là dans ta vie, tu ne l'as accordé que très peu de fois, ça le rend précieux. Ça rend tout précieux. Chaque étape anodine de franchie, un véritable trésor à mes yeux.
Tu sais, j'ai mon coeur qui vadrouille un peu partout à la fois, et j'ai pas les yeux dans la poche pour autant. Mais je crois que tu le sais. Je crois que tu vois les serrages de bras à la fin des concerts, et que ça te va bien comme ça. Après tout, tu la vis toi aussi, la place de tous les regards. Tu la connais. Elle et ce qu'elle implique, ce qu'elle remue en les autres. Moi j'ai confiance en toi. Mais c'est pas difficile, t'es du genre admirable alors. J'ai confiance en toi pour ce qui est de moi. J'ai confiance en ce que tu peux m'apporter. Me transmettre. J'ai confiance en l'amour, le respect, la vertu que tu me portes. J'ai confiance en mes faiblesses parce que je te les communique. Je te les offre. Sans m’apitoyer, ni me conforter dans mes erreurs. Juste, ensemble, se donner le courage d'être ce que l'on est, tout en continuant nos efforts pour évoluer vers d'autres choses.
En ce moment, je lis, écoute, regarde pas mal d'informations sur divers courants de pensées et leurs dérives. Aussi éloignés soient-ils.
Je me dis qu'on dit tous la même idée avec des mots différents.
Qu'on va tous au même endroit sur des routes variées.
Je me dis que le monde n'est pas si incohérent, que le reflet de la société non plus, vis à vis du reste.
Je me dis qu'on a souvent ce que l'on veut, mais qu'on ne désire pas forcément les bonnes choses de la vie.
Toi, je t'ai souhaité. Lorsque j'ai écrit sur le petit papier "les hommes sont courageux".
Lorsque j'ai désiré très fort "je veux prendre le temps".
Tu étais la formulation de mon vœu.
Alors au fond, même si c'est difficile à admettre pour moi, ça ne regarde personne.
Parce que c'est au fond, justement.
Bien là. Dans l'intimité de chacun.
Je me réécoute ton vieux message sur mon répondeur en me marrant comme une débile quand tu prends ton accent du sud à peine exagéré pour déclarer "salut, c'est la bichounette! la bichounette des quartiers qui appelle sa panthérounette!".
Tu me manques. Tes fous-rires solitaires me manquent. Ils sont contagieux. J'ai terriblement envie de te regarder sur le lit te plier en deux, la crampe du sourire. Tu me manques. Nos combats de tétons me manquent. Tels des gamins, se donner des défis bizarres à relever. C'est un peu comme si c'était ta première histoire, n'est-ce pas? Comme si tu découvrais ce qu'était l'amour à deux, partager, s'ouvrir sans honte, sans débat. Tout ça. T'es un peu mon renard à apprivoiser à moi. Cela prend du temps, pour te découvrir. T'effeuiller au fur et à mesure. Doucement, passer le savon sur ta peau. Effarouché. Et le fait de savoir que ce simple geste là dans ta vie, tu ne l'as accordé que très peu de fois, ça le rend précieux. Ça rend tout précieux. Chaque étape anodine de franchie, un véritable trésor à mes yeux.
Tu sais, j'ai mon coeur qui vadrouille un peu partout à la fois, et j'ai pas les yeux dans la poche pour autant. Mais je crois que tu le sais. Je crois que tu vois les serrages de bras à la fin des concerts, et que ça te va bien comme ça. Après tout, tu la vis toi aussi, la place de tous les regards. Tu la connais. Elle et ce qu'elle implique, ce qu'elle remue en les autres. Moi j'ai confiance en toi. Mais c'est pas difficile, t'es du genre admirable alors. J'ai confiance en toi pour ce qui est de moi. J'ai confiance en ce que tu peux m'apporter. Me transmettre. J'ai confiance en l'amour, le respect, la vertu que tu me portes. J'ai confiance en mes faiblesses parce que je te les communique. Je te les offre. Sans m’apitoyer, ni me conforter dans mes erreurs. Juste, ensemble, se donner le courage d'être ce que l'on est, tout en continuant nos efforts pour évoluer vers d'autres choses.
En ce moment, je lis, écoute, regarde pas mal d'informations sur divers courants de pensées et leurs dérives. Aussi éloignés soient-ils.
Je me dis qu'on dit tous la même idée avec des mots différents.
Qu'on va tous au même endroit sur des routes variées.
Je me dis que le monde n'est pas si incohérent, que le reflet de la société non plus, vis à vis du reste.
Je me dis qu'on a souvent ce que l'on veut, mais qu'on ne désire pas forcément les bonnes choses de la vie.
Toi, je t'ai souhaité. Lorsque j'ai écrit sur le petit papier "les hommes sont courageux".
Lorsque j'ai désiré très fort "je veux prendre le temps".
Tu étais la formulation de mon vœu.
Alors au fond, même si c'est difficile à admettre pour moi, ça ne regarde personne.
Parce que c'est au fond, justement.
Bien là. Dans l'intimité de chacun.
samedi 25 octobre 2014
Décontractés du gland
Ce matin était un beau cadeau.
Ses bras qui reviennent me tenir chaud alors que je me rendors doucement contre son cœur. C'étaient des gestes qu'il ne se permettait pas forcément, avant. Je le vois prendre confiance, s'ouvrir à moi. Étendu dans mes draps, je le vois chez lui. En sécurité, dans son petit cocon intérieur qui se superpose à mon être. Je lui ai dit, depuis quelques temps, tu me touches différemment. Dans tes mains, c'est toujours aussi doux, mais il y a quelque chose de plus. Une certaine valeur ajoutée. Comme si mon visage entre tes doigts, c'était précieux. Je le sens. Tu es de plus en plus libre. Léger. Tu te permets de vrais fous-rire à gorge déployée. Tu te permets de jubiler à mes couillonnades, sans bienséance. Tu te permets de lâcher des caisses en me regardant dans les yeux. Parce qu'il n'y a pas de honte. Il n'y a pas de peur. Il n'y a que toi et moi. Tels que nous sommes.
Ses bras qui reviennent me tenir chaud alors que je me rendors doucement contre son cœur. C'étaient des gestes qu'il ne se permettait pas forcément, avant. Je le vois prendre confiance, s'ouvrir à moi. Étendu dans mes draps, je le vois chez lui. En sécurité, dans son petit cocon intérieur qui se superpose à mon être. Je lui ai dit, depuis quelques temps, tu me touches différemment. Dans tes mains, c'est toujours aussi doux, mais il y a quelque chose de plus. Une certaine valeur ajoutée. Comme si mon visage entre tes doigts, c'était précieux. Je le sens. Tu es de plus en plus libre. Léger. Tu te permets de vrais fous-rire à gorge déployée. Tu te permets de jubiler à mes couillonnades, sans bienséance. Tu te permets de lâcher des caisses en me regardant dans les yeux. Parce qu'il n'y a pas de honte. Il n'y a pas de peur. Il n'y a que toi et moi. Tels que nous sommes.
vendredi 17 octobre 2014
Les rencontres incongrues à la première heure
Ils sont marrant ces gens qui peuplent ma rue à une heure du matin.
J'avais pu côtoyer un de ces soirs ceux qui essaient de t'intimider mais qui n'y parviennent qu'à moitié.
Je découvre ceux qui essaient de te rassurer mais qui n'y parviennent qu'à moitié.
Mise en situation :
Je rentre chez moi, il est bientôt une heure, le quartier est désert.
J'entends quelqu'un derrière moi qui court d'un pas vif mais discret dans ce qui semble être ma direction. En même temps, il n'y a que moi...
Je me retourne.
L'homme comprenant mon inquiétude, m'aborde en continuant sa course :
- N'aie pas peur! C'est juste qu'avec le bracelet (il me montre sa jambe) je suis en retard pour rentrer à la maison...
- Ah! Je comprends. Bon courage!
Je lui fais un signe cordial de la main tout en m'apercevant qu'il s'arrête et sort ses clefs....pour ouvrir la porte à côté de la mienne...
Bon...
J'avais pu côtoyer un de ces soirs ceux qui essaient de t'intimider mais qui n'y parviennent qu'à moitié.
Je découvre ceux qui essaient de te rassurer mais qui n'y parviennent qu'à moitié.
Mise en situation :
Je rentre chez moi, il est bientôt une heure, le quartier est désert.
J'entends quelqu'un derrière moi qui court d'un pas vif mais discret dans ce qui semble être ma direction. En même temps, il n'y a que moi...
Je me retourne.
L'homme comprenant mon inquiétude, m'aborde en continuant sa course :
- N'aie pas peur! C'est juste qu'avec le bracelet (il me montre sa jambe) je suis en retard pour rentrer à la maison...
- Ah! Je comprends. Bon courage!
Je lui fais un signe cordial de la main tout en m'apercevant qu'il s'arrête et sort ses clefs....pour ouvrir la porte à côté de la mienne...
Bon...
dimanche 5 octobre 2014
La vie est un théâtre, tout proche de La Scala de Milan
25/09/14, 14h26
En tailleur sur la Piazza del Duomo.
Les dalles sont chaleureuses et les pigeons me tournent autour.
"Assise comme cela, tu fais venir l'inspiration, n'est-ce pas?" me demande un vendeur de bracelets porte-bonheur.
Je viens de rencontrer mon cousin musicien milanais.
Emotions.
C'est la première fois que nos générations se côtoient.
C'est la première fois pour moi que le contact s'établit d'une frontière à une autre.
Les pigeons sont étranges. Il y en a un tout rabougri qui essaie de me monter dessus. Il y en a un autre qui est amoureux. Tout près de moi, il reste sans bouger. A me regarder.
Les gens nous prennent en photo.
En réalité, impossible de rester assise par terre sur cette place del Duomo, sans rameuter les foules...
Elles sont bien trop curieuses.
Il est 16h00. Une heure et demi que j'essaie d'écrire ce texte.
C'est très amusant.
Pour les autres surtout, apparemment.
Un bel italien aux yeux bleus de folie m'invite à boire un verre. Des jeunes filles veulent savoir si tout va bien, si je suis assise, là, de mon plein gré. Un grand père de Como à l'humour acéré me demande lui aussi s'il peut me photographier, se moquant de l'attraction que je suis, et me raconte sa vie pendant toute l'heure.
En italo-franco-anglais.
J'ai la mission de transmettre à mes parents de sa part que je suis une véritable MERAVIGLIA GENETICA!!
Avec deux points d'exclamation.
J'ai l'impression d'être en représentation.
La vie est un théâtre, tout proche de La Scala de Milan.
Les dalles sont chaleureuses et les pigeons me tournent autour.
"Assise comme cela, tu fais venir l'inspiration, n'est-ce pas?" me demande un vendeur de bracelets porte-bonheur.
Je viens de rencontrer mon cousin musicien milanais.
Emotions.
C'est la première fois que nos générations se côtoient.
C'est la première fois pour moi que le contact s'établit d'une frontière à une autre.
Les pigeons sont étranges. Il y en a un tout rabougri qui essaie de me monter dessus. Il y en a un autre qui est amoureux. Tout près de moi, il reste sans bouger. A me regarder.
Les gens nous prennent en photo.
En réalité, impossible de rester assise par terre sur cette place del Duomo, sans rameuter les foules...
Elles sont bien trop curieuses.
Il est 16h00. Une heure et demi que j'essaie d'écrire ce texte.
C'est très amusant.
Pour les autres surtout, apparemment.
Un bel italien aux yeux bleus de folie m'invite à boire un verre. Des jeunes filles veulent savoir si tout va bien, si je suis assise, là, de mon plein gré. Un grand père de Como à l'humour acéré me demande lui aussi s'il peut me photographier, se moquant de l'attraction que je suis, et me raconte sa vie pendant toute l'heure.
En italo-franco-anglais.
J'ai la mission de transmettre à mes parents de sa part que je suis une véritable MERAVIGLIA GENETICA!!
Avec deux points d'exclamation.
J'ai l'impression d'être en représentation.
La vie est un théâtre, tout proche de La Scala de Milan.
16h29
Une revendicatrice raffinée.
Je me souviendrai longtemps de ce qualificatif.
En attendant, je suis dans la Santa Maria Presso San Satiro, et j'ai la main qui me brûle énormément.
Je me souviendrai longtemps de ce qualificatif.
En attendant, je suis dans la Santa Maria Presso San Satiro, et j'ai la main qui me brûle énormément.
dimanche 28 septembre 2014
Les madones et leurs blonds bambini
24/09/14, 14h18
Les gens parlent cette langue qui chante autour de moi.
J'ai cru, il y a bien trois ans, parvenir à en cerner les prémices. Mais aujourd'hui je me fais bien embrouiller quand il s'agit de commandes et je n'ai pas tant de jours que ça devant moi pour ne plus me faire avoir comme une bleue.
Des petites boucles blondes à l'accent à croquer.
Elles me pointent du doigt, m'appellent signorina mais je ne comprends pas un traître mot de ce qu'elles me racontent.
C'est frustrant, assez.
Je suis au parc. Indro Montanelli.
En face de la fontaine, et de cette grande bâtisse qui ne porte pas de nom sur Google Maps.
Je reconnais les lieux, même si je ne les ai physiquement jamais traversés.
C'est parce que tout se ressemble?
Ou bien que mes visites se font en rêve?
Je trouve les artères principales et les rues beaucoup trop grandes pour une ville italienne.
Puisque c'est comme ça, je pars en quête d'une gelateria.
J'ai cru, il y a bien trois ans, parvenir à en cerner les prémices. Mais aujourd'hui je me fais bien embrouiller quand il s'agit de commandes et je n'ai pas tant de jours que ça devant moi pour ne plus me faire avoir comme une bleue.
Des petites boucles blondes à l'accent à croquer.
Elles me pointent du doigt, m'appellent signorina mais je ne comprends pas un traître mot de ce qu'elles me racontent.
C'est frustrant, assez.
Je suis au parc. Indro Montanelli.
En face de la fontaine, et de cette grande bâtisse qui ne porte pas de nom sur Google Maps.
Je reconnais les lieux, même si je ne les ai physiquement jamais traversés.
C'est parce que tout se ressemble?
Ou bien que mes visites se font en rêve?
Je trouve les artères principales et les rues beaucoup trop grandes pour une ville italienne.
Puisque c'est comme ça, je pars en quête d'une gelateria.
17h44
Seule à la Pinacoteca di Brera.
La ventilation pour unique amie, ou en tout cas, un bourdon qui y ressemble.
Je ne sais pas quand ce dédale prendra fin.
Déjà plus de trois heures que je déambule.
Tombée amoureuse de Cima, Bellini, Crivelli.
Hayez.
La ventilation pour unique amie, ou en tout cas, un bourdon qui y ressemble.
Je ne sais pas quand ce dédale prendra fin.
Déjà plus de trois heures que je déambule.
Tombée amoureuse de Cima, Bellini, Crivelli.
Hayez.
samedi 27 septembre 2014
Changer d'égard
23/09/14, 20h55
Piazza del Duomo. Les pirouettes lumineuses qui s'élancent jusqu'aux pointes de la cathédrale font de bien originaux feux d'artifices.
Il manque quelque chose, quand même.
Il manque toi.
A quoi ça sert, tous ces magnifiques paysages urbains, si t'es pas là à côté de moi pour en perdre les mots ensemble? Pour se poser sur les marches un instant, comater. Comme de gros oreillers mutuels.
J'ai froid.
C'est beau.
Un murmure à l'abandon. Une extase sourde et solitaire.
Ce n'est peut-être plus de mon âge, les voyages esseulés.
jeudi 25 septembre 2014
Changer de gare
23/09/2014, 15h00
On pourra dire ce qu'on veut, l'Italie c'est quand même
quelque chose.
Premier jour d'automne, je suis dans un train. Les sommets défilent, c'est un chemin qui m'est étranger.
Je m'y rends toujours dans ces eaux là. Je crois que c'est parce qu'il me faut bien tout l'été pour me décider.
Pour me résoudre à partir seule.
J'ai 150€ en poche.
Une de mes activités préférées? Déambuler. Anonyme dans la ville.
A la recherche d'un son, d'une odeur, d'une couleur. D'un fragment de chez soi dans le cœur.
Je ne peux pas lutter contre l'appel romain.
Hâte de m'y perdre. Et de me retrouver. Me ressourcer dans la surprise de l'instant.
Ça faisait au moins trois ans.
Et tous les ans, je rêvais de repartir. Plus forcément pour un ailleurs. Mais pour là-bas.
Stazione Bardonecchia.
Et la suivante?
Premier jour d'automne, je suis dans un train. Les sommets défilent, c'est un chemin qui m'est étranger.
Je m'y rends toujours dans ces eaux là. Je crois que c'est parce qu'il me faut bien tout l'été pour me décider.
Pour me résoudre à partir seule.
J'ai 150€ en poche.
Une de mes activités préférées? Déambuler. Anonyme dans la ville.
A la recherche d'un son, d'une odeur, d'une couleur. D'un fragment de chez soi dans le cœur.
Je ne peux pas lutter contre l'appel romain.
Hâte de m'y perdre. Et de me retrouver. Me ressourcer dans la surprise de l'instant.
Ça faisait au moins trois ans.
Et tous les ans, je rêvais de repartir. Plus forcément pour un ailleurs. Mais pour là-bas.
Stazione Bardonecchia.
Et la suivante?
16h35
Milano. Panini Durini.
Je me sens amoureuse.
Mais d'un peu tout le monde à la fois.
Les italiens sont choupinets. Craquounous.
Et déjà se prendre en pleine poire de larges sourires ravageurs.
Sentiment de liberté conquise, là, à nos pieds.
Marcher.
Des heures, d'une foulée lointaine.
Se laisser faire. Les feux rouges virer au vert.
Les piétons ont les mêmes feux de circulation que les véhicules à moteur, et les cyclistes traversent au passage clouté. Au début c'est assez déroutant, à ne plus savoir où regarder, où se placer dans le trafic.
Je me sens bêta, le genre de gentille fille à qui il faut lentement lui expliquer comment ça fonctionne, la vie.
C'est plutôt inédit.
Ou disons ancien, au point de ne pas récupérer en sa mémoire de frais souvenirs.
Milano. Enchantée de te retrouver.
Je me sens amoureuse.
Mais d'un peu tout le monde à la fois.
Les italiens sont choupinets. Craquounous.
Et déjà se prendre en pleine poire de larges sourires ravageurs.
Sentiment de liberté conquise, là, à nos pieds.
Marcher.
Des heures, d'une foulée lointaine.
Se laisser faire. Les feux rouges virer au vert.
Les piétons ont les mêmes feux de circulation que les véhicules à moteur, et les cyclistes traversent au passage clouté. Au début c'est assez déroutant, à ne plus savoir où regarder, où se placer dans le trafic.
Je me sens bêta, le genre de gentille fille à qui il faut lentement lui expliquer comment ça fonctionne, la vie.
C'est plutôt inédit.
Ou disons ancien, au point de ne pas récupérer en sa mémoire de frais souvenirs.
Milano. Enchantée de te retrouver.
lundi 22 septembre 2014
Cruel timing
Exorciser encore.
Après toutes ces déclarations déversées dans le blanc de tes yeux, nous nous sommes mis à longer le canal. Doucement. Nous nous sommes légèrement perdus aussi. Mais c'est un peu pareil à chaque fois.
Nous avons marché longtemps, comme à notre jeune habitude. Une satisfaction sourde, la réalisation de mes desseins romanesques. Le bruit des voitures commençant sérieusement à nous agresser les tympans, nous nous sommes posés à l'ombre d'un parc, comme tant d'autres. Tu m'as tout raconté. Et pendant ce temps là, je t'ai dévoré du regard. On a rarement une telle occasion de dévisager d'aussi près son idole de la sorte.
Je comprends enfin la tristesse dans tes yeux. Ton corps d'enfant. Ton sourire frileux et ton dos vouté. Je comprends ton faux optimisme qui ressemblait davantage à de l'indifférence par défaut. Ta solitude, ta timidité, ton incapacité à faire un choix. Ta blessure d'abandon. Ca me saute à la gueule maintenant, dans chacune de tes photos. Moi qui étais subjuguée par ton charme et ta beauté, je passais bêtement à côté de tout le reste. Pardon. Tellement pardon.
Tu m'as tout confié. Tu avais sans doute besoin de t'épancher quelque part. En vue du poids de ces secrets là, je compatis. A ton histoire, à ton parcours. Ton complexe, moi qui le pensais surjoué pour la passion du drame et de la séduction, n'est peut-être pas si factice. Peut-être même que tu es sincère.
J'avais envie de faire pipi, tu avais froid. Bien qu'à deux reprises, tu t'es dit que ce serait une bonne chose que tu rentres seul pour écrire, tu m'as proposé de t'accompagner chez toi. Feux d'artifices en mon crâne. Découvrir ton intérieur. Mes rêves en orbite, qui bientôt planteront leur drapeau sur le flanc de la réalité. J'enlève mes chaussures sur ton canapé. Des disques partout, empilés sur eux-mêmes. Tu entames un défilé musical. Je réussis même à te faire chanter avec ta guitare des bribes de nouvelles chansons. Ça sent la dépression. Tu me feras écouter tes artistes préférés. Tu danseras aussi. Nous fredonnerons ensemble, des improvisations ragtimesque. Tu me liras Léonard Cohen. Je t'aimerai comme avant, dans un lointain souvenir. Et quelques heures après, les albums commençant à s'épuiser, les métros aussi, je déciderai de rentrer. Tu ne me proposeras pas de rester chez toi dormir. Tu t'inquièteras seulement de mon moyen de retrouver le chemin.
Et, nos pas s'entassant dans le couloir de l'entrée, après les deux bises de convenance, tu reviendras m'embrasser. Je perdrai pieds, un peu, en m'enfuyant dans la cage d'escalier. Tu me demanderas plus tard si cela m'a mise mal à l'aise. Je te répondrai que non, que ça m'a juste éveillée à des désirs enfouis, des envies de te pétrir très fort.
- Mais tu ne l'as pas fait.
- Apparemment non.
- Je n'insisterai pas, alors.
On parlera brièvement de mon mec extra, tu te féliciteras de n'avoir eu à attrister personne. Et moi, je resterai seule sur ma faim, me mordillant les lèvres derrière mon écran de téléphone.
- Les actes manqués de timing... C'est pas comme si je l'avais envisagé depuis quatre ans...
- Tu relieras sûrement ça à quelque chose...
Après toutes ces déclarations déversées dans le blanc de tes yeux, nous nous sommes mis à longer le canal. Doucement. Nous nous sommes légèrement perdus aussi. Mais c'est un peu pareil à chaque fois.
Nous avons marché longtemps, comme à notre jeune habitude. Une satisfaction sourde, la réalisation de mes desseins romanesques. Le bruit des voitures commençant sérieusement à nous agresser les tympans, nous nous sommes posés à l'ombre d'un parc, comme tant d'autres. Tu m'as tout raconté. Et pendant ce temps là, je t'ai dévoré du regard. On a rarement une telle occasion de dévisager d'aussi près son idole de la sorte.
Je comprends enfin la tristesse dans tes yeux. Ton corps d'enfant. Ton sourire frileux et ton dos vouté. Je comprends ton faux optimisme qui ressemblait davantage à de l'indifférence par défaut. Ta solitude, ta timidité, ton incapacité à faire un choix. Ta blessure d'abandon. Ca me saute à la gueule maintenant, dans chacune de tes photos. Moi qui étais subjuguée par ton charme et ta beauté, je passais bêtement à côté de tout le reste. Pardon. Tellement pardon.
Tu m'as tout confié. Tu avais sans doute besoin de t'épancher quelque part. En vue du poids de ces secrets là, je compatis. A ton histoire, à ton parcours. Ton complexe, moi qui le pensais surjoué pour la passion du drame et de la séduction, n'est peut-être pas si factice. Peut-être même que tu es sincère.
J'avais envie de faire pipi, tu avais froid. Bien qu'à deux reprises, tu t'es dit que ce serait une bonne chose que tu rentres seul pour écrire, tu m'as proposé de t'accompagner chez toi. Feux d'artifices en mon crâne. Découvrir ton intérieur. Mes rêves en orbite, qui bientôt planteront leur drapeau sur le flanc de la réalité. J'enlève mes chaussures sur ton canapé. Des disques partout, empilés sur eux-mêmes. Tu entames un défilé musical. Je réussis même à te faire chanter avec ta guitare des bribes de nouvelles chansons. Ça sent la dépression. Tu me feras écouter tes artistes préférés. Tu danseras aussi. Nous fredonnerons ensemble, des improvisations ragtimesque. Tu me liras Léonard Cohen. Je t'aimerai comme avant, dans un lointain souvenir. Et quelques heures après, les albums commençant à s'épuiser, les métros aussi, je déciderai de rentrer. Tu ne me proposeras pas de rester chez toi dormir. Tu t'inquièteras seulement de mon moyen de retrouver le chemin.
Et, nos pas s'entassant dans le couloir de l'entrée, après les deux bises de convenance, tu reviendras m'embrasser. Je perdrai pieds, un peu, en m'enfuyant dans la cage d'escalier. Tu me demanderas plus tard si cela m'a mise mal à l'aise. Je te répondrai que non, que ça m'a juste éveillée à des désirs enfouis, des envies de te pétrir très fort.
- Mais tu ne l'as pas fait.
- Apparemment non.
- Je n'insisterai pas, alors.
On parlera brièvement de mon mec extra, tu te féliciteras de n'avoir eu à attrister personne. Et moi, je resterai seule sur ma faim, me mordillant les lèvres derrière mon écran de téléphone.
- Les actes manqués de timing... C'est pas comme si je l'avais envisagé depuis quatre ans...
- Tu relieras sûrement ça à quelque chose...
samedi 20 septembre 2014
Tant pis pour nous, alors
Je relis de vieux textes à moi.
"J’aurais voulu au moins une fois que l’on fredonne à deux, sur les quais de la Seine, ça aurait pu être un air à toi, ou à d’autres, on aurait marché ensemble, j’aurais aimé te prendre la main. Mais c’est inutile. Je dois cesser de m’agripper à ton image, mon prince de l’amour au romantisme discret. J’aurais été ta Lara Croft toi mon beau mon fort mon Shaft. Je ne suis que celle qui s’imagine mille contextes pour une seule fin improbable."
Si j'avais su, à l'époque. Si j'avais eu la possibilité de voir mes souhaits se réaliser.
Aujourd'hui, je suis une autre personne.
Le genre de paroxysme qui n'atteint plus sa cible.
Mon idole de chanteur, s'il savait le nombre de fois où je l'ai quitté dans mon imaginaire. Où j'ai vécu des ruptures de raison, et des deuils de son absence. S'il savait la violence des claques que je m'assénais pour faire un pas, aller à sa rencontre, et les autres, pour partir. Pour l'oublier une dernière fois. A chaque fois.
Pour vivre dans l'échec de cette impossible idylle. Malgré les signes, les correspondances, les hasards, malgré les rêves qui peuplaient ma mémoire.
Hier, c'était salvateur. Et minable.
Le voir dans un tel état de déperdition amoureuse. J'aurais pu le prédire, en vue de notre dernière rencontre. Mais le sentir si triste, presque inconsolable, je n'ai pas eu envie de rire de lui. C'est un mal-être très intérieur, même s'il en parle. Qui devait arriver. A force de jouer. Première fois qu'il est tout seul. Mais il s'en réjouit :
- Ca tombe bien, aucune fille ne me plait! Et celles qui peuvent me plaire, je ne les intéresse pas...
Je reste perplexe face à ce genre de discours, qu'il m'a déjà sorti plus d'une fois.
- Tu vois V., le chanteur de mercredi soir? Toi même tu dis qu'il dégage quelque chose de très séduisant. Eh bien, toi l'idole de chanteur, c'est pareil.
- Ca n'a rien à voir! V. est un tombeur, il a eu des centaines de nanas, elles grappillent toutes autour de lui à la fin de ses concerts! Alors que moi, à chaque fois, je rentre seul. Même mes musiciens se font draguer à ma place!
- Mais tu vois bien, quand-même, elles sont toutes amoureuses! Les hommes aussi, ils sont tous amoureux de toi! Tu dégages un truc, une sorte d’appât qui crie "aime-moi"...
- Tu dois exagérer. Pourquoi alors personne ne vient me parler? Moi je ne sais pas draguer, et les filles ne viennent pas vers moi.
- Elles se sentent surement la millième de plus sur la liste d'attente. A chaque fois que je parle de toi à quelqu'un qui te connait il me dit "ah lui? j'en ai déjà entendu parler, j'avais des amies qui en étaient complètement amoureuses"...
- Je ne sais pas, ce n'est pas la première fois qu'on me le dit. Mais en moi, j'ai l'impression que je n'ai rien pour plaire à quelqu'un. Quand j'en causais à V. il se foutait de moi, il pensait que je lui racontais des salades. Mais avec le temps il a compris que je n'avais pas de raison de lui mentir, je me sens vraiment comme ça. Je suis très perspicace quand il s'agit d'autrui mais quand il s'agit de moi, je ne pige rien.
- Regarde-toi déjà, tu es aussi beau que V., et tu as autant de succès dans le public, crois-moi! Tu me plais même à moi!
- Ah bon?
- Quoi, tu ne vas pas dire que tu ne l'avais pas remarqué. Ça fait quatre ans que je te tourne autour!
- Mais non, je n'ai rien vu!
- Toutes les fois où je suis venue...je t'ai écrit des tonnes de lettres, j'ai fait des reprises de tes chansons...
- D'autres aussi ont fait des reprises de mes chansons....
- Sauf que je n'en ai pas fait une, mais six que je t'ai envoyées! Faut être un peu toquée quand même...
- Mais Anne, t'aurais dû me le dire! T'aurais dû venir me parler!
- Tu vois pas que j'étais complètement paralysée en ta présence? J'arrivais pas à aligner deux phrases correctes. Je n'arrivais pas à manger quand t'étais là, d'ailleurs, je préférais m'enfuir plutôt que d'être dans la même pièce que toi, tellement l'air en devenait irrespirable.... J'ai essayé pourtant de te dire, de t'amener mon coeur, mes sentiments de façon détournée, je pensais que c'était flagrant, que tu avais deviné depuis longtemps, que tu t'en fichais...eh bien, tant pis pour moi.
- Non, tant pis pour moi!
- Tant pis pour nous, alors...
"J’aurais voulu au moins une fois que l’on fredonne à deux, sur les quais de la Seine, ça aurait pu être un air à toi, ou à d’autres, on aurait marché ensemble, j’aurais aimé te prendre la main. Mais c’est inutile. Je dois cesser de m’agripper à ton image, mon prince de l’amour au romantisme discret. J’aurais été ta Lara Croft toi mon beau mon fort mon Shaft. Je ne suis que celle qui s’imagine mille contextes pour une seule fin improbable."
Si j'avais su, à l'époque. Si j'avais eu la possibilité de voir mes souhaits se réaliser.
Aujourd'hui, je suis une autre personne.
Le genre de paroxysme qui n'atteint plus sa cible.
Mon idole de chanteur, s'il savait le nombre de fois où je l'ai quitté dans mon imaginaire. Où j'ai vécu des ruptures de raison, et des deuils de son absence. S'il savait la violence des claques que je m'assénais pour faire un pas, aller à sa rencontre, et les autres, pour partir. Pour l'oublier une dernière fois. A chaque fois.
Pour vivre dans l'échec de cette impossible idylle. Malgré les signes, les correspondances, les hasards, malgré les rêves qui peuplaient ma mémoire.
Hier, c'était salvateur. Et minable.
Le voir dans un tel état de déperdition amoureuse. J'aurais pu le prédire, en vue de notre dernière rencontre. Mais le sentir si triste, presque inconsolable, je n'ai pas eu envie de rire de lui. C'est un mal-être très intérieur, même s'il en parle. Qui devait arriver. A force de jouer. Première fois qu'il est tout seul. Mais il s'en réjouit :
- Ca tombe bien, aucune fille ne me plait! Et celles qui peuvent me plaire, je ne les intéresse pas...
Je reste perplexe face à ce genre de discours, qu'il m'a déjà sorti plus d'une fois.
- Tu vois V., le chanteur de mercredi soir? Toi même tu dis qu'il dégage quelque chose de très séduisant. Eh bien, toi l'idole de chanteur, c'est pareil.
- Ca n'a rien à voir! V. est un tombeur, il a eu des centaines de nanas, elles grappillent toutes autour de lui à la fin de ses concerts! Alors que moi, à chaque fois, je rentre seul. Même mes musiciens se font draguer à ma place!
- Mais tu vois bien, quand-même, elles sont toutes amoureuses! Les hommes aussi, ils sont tous amoureux de toi! Tu dégages un truc, une sorte d’appât qui crie "aime-moi"...
- Tu dois exagérer. Pourquoi alors personne ne vient me parler? Moi je ne sais pas draguer, et les filles ne viennent pas vers moi.
- Elles se sentent surement la millième de plus sur la liste d'attente. A chaque fois que je parle de toi à quelqu'un qui te connait il me dit "ah lui? j'en ai déjà entendu parler, j'avais des amies qui en étaient complètement amoureuses"...
- Je ne sais pas, ce n'est pas la première fois qu'on me le dit. Mais en moi, j'ai l'impression que je n'ai rien pour plaire à quelqu'un. Quand j'en causais à V. il se foutait de moi, il pensait que je lui racontais des salades. Mais avec le temps il a compris que je n'avais pas de raison de lui mentir, je me sens vraiment comme ça. Je suis très perspicace quand il s'agit d'autrui mais quand il s'agit de moi, je ne pige rien.
- Regarde-toi déjà, tu es aussi beau que V., et tu as autant de succès dans le public, crois-moi! Tu me plais même à moi!
- Ah bon?
- Quoi, tu ne vas pas dire que tu ne l'avais pas remarqué. Ça fait quatre ans que je te tourne autour!
- Mais non, je n'ai rien vu!
- Toutes les fois où je suis venue...je t'ai écrit des tonnes de lettres, j'ai fait des reprises de tes chansons...
- D'autres aussi ont fait des reprises de mes chansons....
- Sauf que je n'en ai pas fait une, mais six que je t'ai envoyées! Faut être un peu toquée quand même...
- Mais Anne, t'aurais dû me le dire! T'aurais dû venir me parler!
- Tu vois pas que j'étais complètement paralysée en ta présence? J'arrivais pas à aligner deux phrases correctes. Je n'arrivais pas à manger quand t'étais là, d'ailleurs, je préférais m'enfuir plutôt que d'être dans la même pièce que toi, tellement l'air en devenait irrespirable.... J'ai essayé pourtant de te dire, de t'amener mon coeur, mes sentiments de façon détournée, je pensais que c'était flagrant, que tu avais deviné depuis longtemps, que tu t'en fichais...eh bien, tant pis pour moi.
- Non, tant pis pour moi!
- Tant pis pour nous, alors...
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