lundi 5 avril 2021

Step by step, day by day

 Un pas après l'autre, Anne. Concentre-toi sur tes pieds, le droit qui dépasse le gauche, le gauche qui rattrape le droit. Comme ça. Petit à petit. 

Une chose après l'autre, me souffle ma conscience. Alors que mes pensées se déchaînent et hurlent en arrière plan. 

Les larmes se dévalent et le gouffre se crée, tu sais ce trou noir du plexus qui aspire tout jusqu'à se manger lui-même. Pas après pas, Anne. C'est la seule réponse qui me vient lorsque j'ai envie d'en finir avec toutes ces histoires d'existence.

Comme l'impression que l'erreur dans la matrice c'est de vouloir voir trop loin trop large tout le temps. Qu'on est conçu pour anticiper sur une certaine distance et qu'au delà, les effets bénéfiques de la projection s'inversent, que c'est la boite de pandore qui nous tombe sur la tronche et son bordel incommensurable dont il est impossible de s'extraire.

Prendre le jour tel qu'il vient. 

Ca commence à se compter en années, et toujours pas vu le soupçon d'une lumière. 
Il est où le bout de ce foutu tunnel ? 

Je suis fatiguée. 
Fatiguée de patauger dans le noir, sans idée de s'il existe une solution à mon trouble, de si je trouverai un jour l'étincelle d'un nouveau sens à ma vie et de si ce jour est programmé pour ce temps d'existence qu'il me reste.

Je n'espère plus.
J'ai démoli trop fort les fondements de mon esprit.
Cela me rend plus perspicace, plus pertinente. 
Et en même temps, profondément inutile.

Est-ce que ce temps là se rattrape ? 
Je ne suis même pas à la moitié de mon espérance de vie. Pourquoi suis-je déjà si épuisée d'avoir essayé ?
J'ai tellement essayé. 
Je n'en peux plus. 

Est-ce qu'il ne faudrait pas se rendre à l'évidence ? 
T'as fait ce que t'as pu, Anne. T'as tenté ta chance maintes et maintes fois. T'as choppé les mains qu'on te tendait, tu t'es laissé tenter par les heureux hasards parce que tu ne voulais pas te laisser aveugler par une vision trop étriquée de tes rêves, parce que tu sais que tu ne peux pas tout savoir. T'as essayé de développer tes points forts, t'as bossé d'arrache pied sur tes points faibles, tu t'es débarrassée des démons de ton enfance, des croyances et concepts qu'on avait gravé sur ton image, tu t'es questionnée, t'es allé chercher tes véritables envies et besoins, tu les as comparés avec ce que t'avais déjà construit et ce en quoi tu plaçais tes efforts, tu t'es entraînée à les exprimer au plus juste, t'as cherché la justesse, toute ta vie t'as cherché la putain de justesse, dans tes actes, dans tes mots, en cohérence avec tes valeurs, t'as remis en question ce que tu pensais vrai, ce que tu pensais bon et mauvais, tu t'es demandée pour toi ce que c'était être un adulte ou même juste, un être humain et qu'est-ce que ça t'a apporté ?  L'envie d'en finir ? 

C'est ça, la réponse ? 
Ce jeu de la vie, il est vraiment nul. Il est pas fun quand t'as pas les bonnes cartes en main et plus t'avances dans le jeu, plus l'écart se creuse et à quoi bon si on prend aucun plaisir avec ces règles à la con. J'ai envie de balancer la table et mes cartes contre le mur tellement je suis énervée, je suis pas compétitrice, je me bats contre personne, je veux juste un tant soit peu y trouver un sens. 
Mais j'ai beau chercher. 
Et je vous jure, je cherche.

A quoi bon tout ça. 

Un pas après l'autre, qu'elle disait la petite voix de mon cerveau.
C'est le seul argument qu'elle ait trouvé pour que je ne me flingue pas ici et maintenant.

lundi 30 mars 2020

La vacuité d'un discours

Je crois que je ne suis pas vraiment là.

A force de poser ses rêves dans des cases insolubles. Je suis tellement pas là que j'ai du mal à en finir mes phrases. Un peu partout.

J'ai perdu mes structures. Depuis que j'ai souhaité tester la solidité de mes piliers intérieurs. Un vrai château de sable, cette merde. Y'a rien qui tenait droit. Qui tenait tout court d'ailleurs. Mais dans le fond, ça aurait été la tour de Pise, j'aurais démoli pareil. Je ne supporte plus les raisonnements bancals de mon cerveau qui s'évertuait à justifier comme il pouvait mon besoin de sens mêlé à mon envie de grandeur.

Du coup, je ne suis plus trop là.
J'ai du mal à croire.
A espérer.
Et l'espoir c'était un peu mon moteur.
Chaud de changer de carburant en milieu de course, d'autant plus quand on n'a pas vu la panne venir.

C'est l'occasion de se mettre aux énergies renouvelables, alors ?

J'ai pas à me plaindre, j'ai quand même bien vécu.
J'ai l'impression d'avoir tout cramé trop vite, mais ce sera aussi la preuve que je n'aurai pas été une anorexique de la vie.

Il faut que je couche mes mots quelque part.
Si je parviens à surmonter ce No Man's Land de la pensée, j'aurai acquis l'expérience nécessaire pour construire mon futur sur des bases saines et solides.

Mais le temps est le souffre douleur de l'âge. Il se fait petit face à la pression des années. Il se rétrécit, souhaite disparaître. Bientôt, il n'y aura plus de pourparler entre l'âge et le temps. Et on connait déjà la fin de l'embrouille. On la connait tous.

Enfin, c'est faux. C'est même le contraire. Je sais pas la fin et pour l'instant, l'idée d'y aller sans raison, sans logique narrative apparente m'emballe pas de ouf. J'aime pas les fins sans queue ni tête. Les fins bâclées. Et je tolère les fins absurdes lorsqu'elles sont ficelées. Quand l'absurde est réfléchi, quand il est tout sauf absurde lors de sa conception, finalement.

En fait c'est fou, une décennie écoulée et c'est toujours le même besoin qui se hurle en interne.
Du Temps à Vivre.
Je veux du temps à vivre.

Il porte vraiment bien son nom, celui-là.

vendredi 23 novembre 2018

Mon prénom sur un porte-manteau

Pourquoi il fait ça?
Pourquoi est-ce qu'il m'envoie une photo d'un porte manteau d'école primaire avec au dessus d'une veste d'enfant, un dessin de feuillage avec mon prénom écrit?
Quel est le message?
Est-ce qu'il est si peu conscient de l'effet qu'il me fait, malgré toutes mes déclarations et efforts pour me détacher de lui?

Qu'est-ce que tu veux me dire, Wind? Que tu penses à moi? Que tu as vu mon prénom quelque part et qu'il fallait absolument que tu me le signifies en prenant cette photo? C'est un prénom plutôt ordinaire en plus, ce ne sera ni la première ni la dernière fois qu'il passera sous ton regard tu sais…

Il n'y a probablement rien à comprendre, mais moi ça me rend dingue. Ca me rend dingue parce que je t'ai informé que j'essayais d'oublier mes sentiments pour toi, pour le bien de nos futurs projets professionnels et toi tu m'envoies mon prénom. La prochaine fois envoie-moi juste un "hey, j'existe" ou achève-moi directement avec un "miss you". Je comprends pas, sérieux. T'es un mec réglo à ce qui parait, alors laisse-moi tranquille. Ayons la relation pro que tu as choisie et cantonnons-nous à cela. Des rapports cordiaux.

Merde.

Tout est adorable chez toi. Dans mes yeux, là, tu es la mignonnerie incarnée sur Terre. C'est impossible que mon cœur ne batte pas quand tu me signifies de près où de loin que quelque chose ou quelqu'un t'a fait penser à moi. Quand tu m'envoies des vidéos ou des chansons parce que tu veux que je les écoute, parce que tu crois que ça pourrait me plaire. Arrête enfin. Sinon, je ne serai moi-même jamais capable de stopper le processus.

T'imagines, tu m'as même dit "trouve-toi un copain". Que ça irait mieux si j'avais quelqu'un.
Mais m'écris pas alors. M'envoies pas des trucs sans prétextes, sans but. M'envoies pas des trucs juste comme ça, sinon je vais croire qu'il y a plus, sinon je vais croire que tu ne veux pas vraiment que je tire un trait sur toi.

Tu peux être fier en tout cas, ça marche. J'ai beau chercher des hommes pour te remplacer, je me défile. J'annule les rendez-vous. Je trouve des étrangers qui repartent le lendemain. Je fais des demi-tours pour rentrer dans la nuit m'engouffrer seule dans mon lit parce que j'ai l'impression qu'il y a un truc qui cloche. Que je ne suis pas au bon endroit. Pas à ma place. J'hésite pendant des heures, je fais des pour et des contre en mon esprit, j'essaie de me convaincre mais j'ai pas envie de me donner raison. Parce que j'ai l'impression d'avoir trouvé. Parce que j'ai pas de doute sur toi. Parce que mon cœur il m'a dit "c'est lui là, ça y est c'est lui" et que ça faisait un bail qu'il m'avait pas parlé de la sorte. Si franchement, sans faire de chichi, sans faire de "oui mais bon...peut-être que...je sais pas trop…". Moi mon cœur, pour la première fois depuis longtemps il m'avait dit "fonce", il m'avait même assuré que j'étais en terrain conquis. La manière dont tu t'étais présenté à moi, la manière dont tu me dévorais du regard, tes gestes, tes attentions, tes prétextes pour me toucher, ta façon de rester tout le temps, un peu plus que ce qu'il ne faudrait, m'accompagner jusqu'à la dernière limite, prendre des heures de retard sur ton planning pour être avec moi, juste à parler, juste à se manger des yeux putain. A Halloween, me laisser me déshabiller sous ta soutane de prêtre. Avec toi dedans. Quand tu me tenais la main pour me diriger à travers la foule, sans la lâcher quand il n'y avait plus personne. On ne tient pas la main d'une collègue. C'est pas la manière la plus claire pour démarrer une relation non ambiguë je crois. Alors quoi.

Tu fais chier de pas être célib.

samedi 10 novembre 2018

Tu es le vent

C'était couru d'avance que découper ces bouts de papier me ferait quelque chose.
J'ai appelé Wind.

Je l'ai supplié de me mettre un vent.

C'est marrant les coïncidences de nom, non?
Tu es le vent.

Je t'ai dit, s'il te plait, cesse les arguments circonstanciels.
Car j'ai eu beau me répéter que tu avais une copine et que les sentiments ne font pas bon ménage avec le travail, mon cœur a besoin d'un rejet personnel.

C'était fou.
J'appelais pour mettre les choses à plat. Pour te donner l'opportunité d'être franc avec moi. Pour ne plus cacher la séduction derrière des non-dits et s'offrir la possibilité de repartir sur des bases saines.
Mais j'ai toujours pas compris en fait et quand j'ai raccroché, je t'ai trouvé encore plus adorable.

J'ai pourtant insisté lourdement. S'il te plait, mets moi un vent Wind. 
- J'ai besoin d'entendre que je te ne plais pas.
- Eh bien, tu n'es pas mon type de fille.
- Génial, quoi d'autre?
- Je sais pas, je vais pas mentir non plus. Je suis un gentil, je peux pas...

J'ai bien entendu que tu n'avais jamais rencontré de fille comme moi auparavant. C'est ce que tu as dit, mot pour mot. Pour rajouter que c'était une rencontre professionnelle incroyable. J'ai compris que tu m'as tout de suite vu comme un potentiel, que c'est ce qui t'a stimulé et ce sur quoi tu t'es focalisé.

Je l'avais entendu mais ensuite t'enchaînes avec des lapsus de merde. Et qui écouter, ton inconscient ou ta conscience?

Quand tu me dis "Anne, j'ai une copine. Entre nous c'est impossible pour l'inst….enfin...tout court" tu gâches tout. Tous mes efforts pour tuer mon espoir. Pourquoi tu lâches un "pour l'instant" que je dois moi-même te faire corriger? Quand tu me dis "comme ça ça nous permettra d'être proches….pardon, un futur proche, ça nous permettra dans un futur proche de…" je me demande comment tu peux confondre deux choses si lointaines dans la syntaxe. Tu veux me torturer, c'est ça? Tu veux me montrer qu'à l'intérieur, ton message n'est pas le même?

Tu fais chier.
Il n'était pas unidirectionnel du tout ce vent.
C'était un mistral. Ca partait dans tous les sens. Et je ne savais plus quoi penser.

Je t'ai appelé pour y voir plus clair et casser mes illusions.
Et alors que tu me disais que toi et moi c'était impossible, j'ai réussi à me construire de nouveaux films. Et quand je t'ai avoué que je t'ai aimé avant même que l'on se rencontre tu m'as répondu qu'il n'y avait pas de hasard.

Alors je t'ai fait promettre de ne plus me toucher. De ne plus être si tactile avec moi, au moins le temps que je m'en remette. Tu vois, ça me crève un peu le cœur mais j'essaie d'y mettre du mien pour dénouer les liens.

Je veux qu'on soit heureux.
Je veux qu'on fasse de jolies choses de nos substantifiques moelles. 

vendredi 9 novembre 2018

Découper les papiers

Tu vois, on me dit que l'amour ça ne se contrôle pas.
Si si, dans les films ils le disent. Ils le disent toujours, on ne peut luter contre l'amour.

Moi, je fais des petits papiers avec deux bonhommes connectés que je découpe.
Pour tenter de rompre les liens. Tenter de lancer un canot de sauvetage à mon petit cœur qui s'est jeté à l'eau avant même d'entrevoir un rivage.

C'est la merde en mon esprit.

Je remets tout le temps tout en question.
Et comme je ne peux t'avoir toi, je sors en quête d'une stimulation intellectuelle, appâter des cerveaux et perdre mes heures à refaire le monde un millier de fois. Je me dis, tu vois Anne, au moins ton imagination affamée un instant est dirigée ailleurs, vers des idées plus grandes que toi, vers un idéalisme, des valeurs. Les gens te demandent conseils et plus les gens te demandent, plus tu trouves de solutions, comme si tu t'échauffais et qu'une fois prête, tes pensées, elles faisaient la course, d'un rythme frénétique vers un objectif mais sans couloir, c'est toi qui choisis le chemin que tu souhaites emprunter en fonction des obstacles. Toutes ces réponses que tu apportes, elles sont simples et claires, elles font sens chez autrui quand tu les prononces. Elles t'occupent quand toi t'essaies de découper ce papier dessiné avec deux bonhommes dessus, incapable de lâcher prise ton obscur coup de foudre.

J'en suis pas à mon premier coup de foudre.

Je les rencontre à peine que je sais déjà que je vais tout aimer ce que je vais découvrir en eux.
Parfois, ils n'ont même pas le temps de parler que je sais qu'on va vivre une histoire ensemble.
J'aimerais bien apprendre à connaître la personne pour réaliser qu'un jour, j'en suis tombée amoureuse.
Mais souvent, je savais depuis le premier jour. Et comment rationnaliser une telle audace de cœur?
Où trouver la logique à tout ça?

Cela sonne comme de la folie et de l'ignorance.
Ou une autre forme de sagesse.

Quoi faire de toi, Wind?
Tu es le vent. Dois-je luter ou me laisser emporter?
Je sais que tu ne mènes nulle part.
Tu me l'as dit.
Tu me l'as dit, mais je t'aime déjà.

Je t'aimais avant de t'avoir rencontré.
Et tellement plus fort encore lorsque nous nous sommes croisés pour la première fois.
Et encore plus fort la seconde. Et encore, et encore.
Ca augmente. A une vitesse et une intensité fulgurante.

Tu dois bien le voir comme moi, Wind. On commence si distant, on finit si près.
Si proches. Nos corps cherchent à se mettre côte à côte. Avoir un point de contact. Je sens un réel soulagement lorsqu'un bout de mon être partage la surface d'un bout de ton être. Je me sens apaisée. A ma place. Je vois bien tes gestes d'attention, Wind. Naturellement, on a envie de prendre soin l'un de l'autre, car toute mon attention est tournée vers toi, je ne peux ignorer tes préoccupations.
Wind, est-ce que tu la sens? Cette difficulté à s'éloigner? Ces temps que l'on prolonge devant le palier de la porte à se dire au revoir, puis dans les couloirs, puis devant l'ascenseur? On a gratté des heures de la sorte. A être prêts à partir pour se donner bonne conscience mais à rester encore. Tu le sens ce dynamisme? Cette énergie folle qui nous anime lorsque l'on est ensemble? A sautiller partout, à bouillonner d'idées nouvelles, d'idées communes, à penser aux mêmes choses en même temps, à rire comme des enfants, des enfants qu'on a trop excités et qui ne se contrôlent plus et lorsqu'on a trop tiré sur la corde, se dire "à demain?" parce qu'on est impatients de se revoir? Tu les sens ces gestes d'affection? Quand tu touches mes cheveux, que tu caresses mon visage, que tu me parles très près en me dévorant des yeux? On s'est déjà cognés d'être trop près de nos bouches. Comme si on cherchait l'accident. Le baiser non coupable.

Quand deux êtres passionnés se rencontrent, il est difficile de discerner la passion globale d'une passion unique. Vis-tu de manière passionnée ou m'aimes-tu passionnément?
Ca fait une énorme différence.
Ca fait que dans un cas il y a un lien, et dans l'autre des films.

Le problème c'est que je connais la chanson.
Moi je suis instantanément tombée amoureuse, et toi tu n'es pas disponible.
Alors je reprends mes papiers. Et je coupe.
Je coupe.

Parce que j'ai vertu à trouver le bonheur.

lundi 17 septembre 2018

Du temps qui court

Il y a finalement une sacrée nuance entre du temps à vivre et du temps pour vivre.

C'est comme si je courrais constamment d'un point à un autre, sans pause, sans jamais avoir le geste d'observer le parcours accompli, sans boire une seule gorgée d'eau, en misant tout sur une endurance féroce et la beauté des paysages traversés pour me permettre de continuer à avancer.

Plus le temps passe plus je me rends compte que je suis une personnalité atypique, qui a du mal à se fondre dans la masse. Un atypisme dur à revendiquer, avec d'autres contraintes. Quand les lumières se rivent sur moi, je ne me sens pas calibrée pour certains contextes. Pour briller, il faudrait que je sois également derrière les projecteurs, diriger les faisceaux, créer d'autres ambiances.

Je n'aime pas ce milieu de paillettes, où l'on évolue si proches en communiquant si peu. Je n'aime pas devoir mériter que l'on m'adresse la parole. Ni que l'on me juge à ma reconnaissance. Je n'aime pas que la seule manière d'échanger avec un être doive d'abord passer par moi qui rentre dans le jeu. Je n'aime pas le jeu. Une relation, ce n'est pas un jeu. Je ne suis pas un jeu. Ni un divertissement.

"Tu es étonnante."

Eh bien génial. Que veux-tu que je fasse de cette information?
Où sont les gens sincères et aimants?

Dis, est-ce que tu m'attends quelque part?

J'ai toujours voulu voir de mes propres yeux ce monde scintillant, ces personnalités uniques qui m'ont vendues du rêve derrière un écran. Je voulais vivre des histoires magiques et magistrales qui ont un goût de film. A la place, je ne fais que palper le poids d'une hiérarchie solidement ancrée où l'on te ponctionne jusqu'à l'os l'essence même de ce qui fait que tu n'es qu'un produit à leurs yeux. Ton être reflète la demande du marché. Sois vendeur. Fais ce qui doit être fait pour attirer le maximum d'acheteurs.

Ces gens se rendent-ils compte que rien ne leur appartient?

J'aimerais trouver l'amour.
Une très mauvaise idée par les temps qui courent.

samedi 25 novembre 2017

Entre les peaux

Bon ok, je suis un peu amourachée.
Parfois lors d'une discussion marchant ensemble dans la rue, lorsque je tombais sur son profil et que j'en étais émue, je détournais le regard. Je n'ai pas envie de le trouver beau, ce serait trop dur.
J'ai déjà pris mon courage à deux main pour réitérer mon invitation. Ça m'a pris un an.

C'était génial tu sais. Le fait d'être avec toi, juste là à côté. De te dire ce que je pense, de t'écouter.
Les premières fois où tu as posé tes mains sur moi, c'était tellement familier. Contre ton torse, j'avais l'impression de retourner à la maison. J'avais l'impression que je te connaissais déjà, qu'on avait dépassé l'intime. Tes mains, elles étaient incroyables. Je me faisais des films. J'ai découvert des fantasmes quand tu me touchais. Tu aurais pu faire l'amour à mon cou, en le massant comme ça. C'était dingue, le feeling qui passait entre nous par la peau.

Je me demandais s'il était vraiment possible qu'une telle compatibilité soit si unilatérale.

Je me suis demandée ça à chaque fois que tu me massais. J'aurais aimé te rendre la pareille et comparer l'effet de mes mains sur ton dos, ta nuque. Comprendre le phénomène.
Je t'ai posé des milliers de questions, savoir si tu sentais les connexions, sonder ta sensibilité de toucher relative à ton regard sur les individus. Je t'ai expliqué que certains de tes mouvements physiques étaient source de désir pour moi. Je t'ai expliqué ça en toute décomplexion.

Et aujourd'hui t'es là, on boit ensemble, on se fait des confidences. Tu me dis, "c'est rare que je parle comme ça, tu devrais faire psy". Tu me dis que tu m'apprécies réellement beaucoup, que tu avais vraiment envie qu'on établisse un lien comme ça. Que tu t'es identifié à moi, à ma sensibilité. Que tu avais l'impression de te soigner à travers moi. Que tu m'as donné la tendresse et l'attention que tu aurais aimé qu'on te donne. Tu écoutes mes chansons. Plusieurs fois. Tu me dis que si tu ne le pensais pas, tu ne me ferais pas de compliment. Que tu aimes ma musique, mes mots, que ma voix te touche, que mon érotisme te parle. Et quand je te décris comment j'aurais aimé qu'on me fasse l'amour, tu me réponds "on se serait bien entendus, alors". Bien entendu. Ne sens-tu pas ce qui passe entre nos peaux? N'arrives-tu pas à pressentir l'immense potentiel?

Tu n'aurais pas été amoureux de quelqu'un d'autre, je ne t'aurais pas laissé la nuit.
Mais on ne joue pas avec la sincérité des gens.
Alors je me détournerai du potentiel pour apprécier le présent.
C'est vraiment sympa de discuter avec toi.

vendredi 15 septembre 2017

Vivre sa vie rêvée

Je chine sur la toile des photos de ce quartier là. Petits pincements au coeur.
Un goût de magie du bout de la rétine. Entre mes doigts, tenir encore les sensations, les ambiances, le décor d'une vie rêvée, au dessus de mes moyens. Les rencontres de films holywoodiens.

C'est incroyable. Depuis ce voyage là, depuis cette impression de rêver ma vie, bien réelle, c'est comme si je m'étais mise à vivre mon rêve, depuis. C'est incroyable. Comme si je n'avais qu'à le souhaiter.

Je n'en reviens pas. Pourvu que ça ne s'arrête jamais.

Peut-être que je n'avais jamais vécu au dessus de mes moyens, auparavant.
Que je pensais que c'était pas pour moi. Ni à portée de main.
Que les occasions ne pouvaient m'être données, que lorsque l'on me désignait du doigt, je regardais derrière moi s'il y avait quelqu'un, quelqu'un d'autre. Plus méritant. Plus légitime.

Je sens aujourd'hui l'appel de la vie. Elle me dit, c'est bon, tu peux y aller maintenant.

Tu peux vivre ta vie rêvée.

Aimer qui tu veux. Ce que tu veux.
Tu as le droit de prendre du plaisir et y trouver du sens. Une place.
Tu as le droit d'oser des projets qui te dépassent car tu es au bon endroit avec les bonnes personnes.
Tu peux tout imaginer. Tu y as droit.
Le bonheur, c'est pour toi.
C'est offert.

Vas-y maintenant.

Tu es libre.

mardi 8 août 2017

Une parenthèse dans l'été - Suite et fin

Tu t'es levé avant moi me préparer le petit déjeuner.
Je te trouve jeune pour vouloir t'occuper des autres de la sorte.

Quand je suis repartie sur ton dos en gyroroue vers le centre, tu m'as recommandé cette fois-ci de porter un casque. Nous avons arpenté la ville comme des cascadeurs et arrivés au théâtre, tu m'as souhaité un bon courage avant la représentation. J'avais si peu dormi. Mais j'étais comme soulagée d'un poids, celui de la fatigue psychologique, sans doute. Ce jour là, tu étais dans la salle. Cela m'avait porté.
Tu t'inquiétais pour ma voix, tu t'en voulais un peu.
C'était mignon.
C'était mignon tes étoiles dans les yeux, le spectacle t'avais ébloui et ému et en sortant de ce dernier tu as décidé de flyer pour nous et dire à tous les passants à quel point tu avais aimé nous écouter.

Tu avais deux jours de congés devant toi. Alors après les parades, on s'est donné rendez-vous à la terrasse du café. Il y avait encore tous tes collègues. Les nanas de la billetterie m'ont harcelées de questions, elles voulaient des potins qu'elles n'auront pas la chance d'obtenir. On était un peu incertains, je crois que tu voulais qu'on se retrouve juste tous les deux. On a fini par s’éclipser un peu tard chercher un restaurant. En marchant, tu m'as tenu la main. C'était bizarre. Moi je t'avais dit que j'avais potentiellement quelqu'un dans ma vie, toi que tu sortais tout juste d'une relation de cinq ans et que tu ne voulais pas t'engager et on se tenait la main. Tu m'as pris en photos à mon insu pendant qu'on mangeait et j'ai payé à ton insu pendant que tu allais récupérer ton matériel. On était quittes. Tu avais invité tellement de monde tellement de fois que je trouvais ça presque injuste qu'on ne t'offre rien en remerciement.

En sortant des toilettes, j'ai vu que tu discutais avec le régisseur. C'est lui qui tenait ce restaurant avec sa femme. Quand je suis arrivée dans la conversation, vous parliez de nos futurs enfants Circo et Maryl en vous moquant des mélanges de prénoms et après nous avoir fait visiter toute la propriété, il nous a serré dans les bras en nous disant qu'on était adorables et qu'il nous souhaitait bien du bonheur.

C'était encore étrange.
Quand on arrivait ensemble en giroroue on s'exclamait de nous "tiens, voilà les amoureux". Toi tu voulais rester discret. Je ne sais pas trop pourquoi, tout le monde était au courant.

Ça ne nous empêchait pas de nous asseoir en tailleur en pleine nuit devant le Palais des Papes l'un sur l'autre, profiter de l'Histoire et des paysages. De nous arrêter observer les étoiles et prendre des pauses farfelues quand une voiture nous surprenait en train de nous déshabiller derrière un arbre. De faire de la batterie sur nos corps respectifs. De s'improviser choristes avec les musiciens de rue et voler les applaudissements enfin, surtout toi. Tu me faisais danser sans cesse, et serrais fort ma poitrine pour me faire sortir des sons ridicules. Ça t'amusait qu'on se parle comme un vieux couple et de temps à autre tu t'exclamais pour le délire : "LES ENFANTS, ON A OUBLIE LES ENFANTS!!!". Ça me faisait mourir de rire. C'était si bien joué qu'à mon avis ce n'était pas une blague que tu faisais pour la première fois avec une nana, mais qu'importe. T'étais frais. T'étais fou. T'étais partant pour tout. On pouvait se marrer des heures sur une même chose, on aurait dit de vieux potes sans complexes qui continuent de rigoler même en se regardant pisser, le romantisme en plus. Avec ce petit côté léger de l'été. La palpitation des derniers jours, et l'envie de tout vivre à la fois. Les battements de cœur saisissant la fragilité de l'instant, se retenant d'exploser parce que... C'est comme ça. C'est voué à ne pas survivre au départ. 

Quand je t'ai dit que tu allais probablement un peu me manquer, je t'ai senti pris d'une angoisse.
Tu m'avais proposé de partir avec toi à la montagne après le festival mais tu avais finalement trop peur que je m'attache. Tu avais fait un sondage auprès de tes collègues et à l'unanimité, j'avais obtenu mon diplôme de fille géniale alors, tu ne voulais pas faire souffrir une telle personne. Tu étais d'un naturel attentionné et aimait séduire, tu avais peur que je confonde avec du sentimentalisme mais. Je savais. Bien que tu me dises en me serrant dans tes bras que tu étais heureux de partager ce bout d'existence avec moi, tu ne me regardais pas avec des yeux d'amoureux. Tout juste parfois, un semblant de désir qui s'échappait de tout ce que tu contenais. Même si tu me répétais que ce n'était pas que ça. Que tu pensais que c'était perdu d'avance, que je ne t'avais pas remarqué alors que toi. Dès les premiers jours dans les loges...

Tu me disais tout ça et ça sonnait comme un adieu.

Je suis remontée une dernière fois sur ton dos et lorsque le vent me caressait le visage, de mes lèvres je caressais ton cou. On a rejoint les autres et j'ai couru après la dernière navette. Je t'ai fait un signe d'au revoir un peu cocasse derrière la vitre mais je bouillais de frustration à l'intérieur. Un sentiment de déprime de tout quitter à la fois. Ma fantaisie, mes rêves, ma vie extraordinaire le temps d'un seul mois. J'ai pleuré pendant deux jours en rentrant dans mon petit appartement. Mes journées solitaires me paraissaient soudain fades et sans intérêt. Tu m'envoyais des photos des paysages que tu traversais. Tu continuais à me noyer d'images mais tu ne parlais presque jamais.

Je ne sais pas pourquoi tu continues à me contacter.

Probablement que tu te sens plus moral comme ça.
Je doute pas que tu sois un mec réglo, tu sais. Tu n'as rien à prouver.
Alors, puisque tu n'attends rien de moi, si tu pouvais arrêter de nourrir mes espoirs de la sorte, ça me rendrait service.
Je sais bien que c'est vain.
Je sais pourquoi je t'ai rencontré et en quoi cette complicité immédiate et follement juvénile a apaisé mes doutes.

C'est moi le cœur d'artichaut de l'histoire.
Laisse-moi au moins ce privilège là.

lundi 7 août 2017

Une parenthèse dans l'été - Part 1

Il fait chaud.
La sueur colle à ma peau.

J'ai mis quelques jours à m'en remettre, de ce mois incroyable. Le retour seule dans mon petit studio, loin de l'agitation et des lumières de la scène m'a soudain paru lourd et terriblement triste. C'était la première fois que je n'étais pas heureuse de retrouver mon appartement et ma solitude.

Peut-être que c'était trop pour moi.

Trop d'un coup. Moi la groupie dans un monde de vedettes, je me sentais grisée d'être observée de la sorte. Surement. Surement que ça me montait à la tête.

Devoir sans cesse décliner les invitations parce que mes collègues étaient beaucoup trop sérieux.
La frustration perpétuelle d'être à deux doigts à chaque fois.
Ça aura au moins eu la qualité de me garder en bonne santé physique jusqu'à la fin.

Et puis il y a eu toi.

Je ne t'avais pas cherché. T'es arrivé comme un cheveu dans la soupe à trois jours du départ. Tu m'as offert tes jambes pour m'assoir et tu m'as offert un massage. Ça ne m'avait rien fait de particulier, sur le coup.
C'était plutôt ta gentillesse, ton égard pour les autres et ton humour décalé qui me faisaient t'admirer.

Quand tu as vu que mes collègues souhaitaient rentrer avant le dernier bus, tu as proposé de me ramener plus tard. Délivrance, j'allais enfin pouvoir observer les nuits avignonnaises de mes propres yeux.
Tout le monde était à vélo, et toi sur ta gyroroue, tu t'es baissé devant moi et m'as demandé de monter sur ton dos. C'était très audacieux et un peu inconscient, comme geste. Sensation de liberté, et le vent qui caresse mon visage comme sur une moto sauf que c'est toi, c'est toi qui me portes, qui serres mes jambes sur ton torse, en équilibre.
C'était un drôle de spectacle et les gens nous prenaient pour des fous.

On s'est incrustés tous ensemble dans cette fête un peu jetset mais c'était la dernière chanson. Ensuite, le DJ s'est installé sur la scène et on est rentrés à 8 dans le photomaton qui jetait de l'eau et des confettis sur nos gueules puis on est allés faire les idiots sur la piste de danse. Vous bougiez vraiment comme des belges, sans crainte du regard extérieur.

On était à fond. Et, lorsque la musique a laissé place au silence, tu m'as pris les mains et tu as commencé à entonner les premières notes de Rock Around the Clock avec moi. Ton groupe a fait les instruments à la voix et les gens un cercle autour de nous pour nous laisser danser tous les deux un rock-charleston improvisé. Tu ne sais pas vraiment danser, mais tu as le rythme et la fantaisie nécessaire. A la fin du morceau, on s'est mis à faire une version beatbox déjantée de Sous les Sunlight des Tropiques et les gars de la sécurité nous ont demandé de nous diriger vers la sortie, parce qu'ils voulaient rentrer chez eux. On s'est alors tous donné rendez-vous dans votre maison pour un dernier verre et je suis remontée sur ton dos et toi sur ta gyroroue.

Tu n'as pas pris le même chemin que les autres. Dans une petite rue à l’abri, tu t'es arrêté et m'a reposé au sol. Je pensais que tu étais fatigué de tout ce trajet avec mon poids sur ta colonne. Mais tu m'as demandé si tu pouvais m'embrasser.
J'ai répondu non.
On a repris le chemin de la maison, comme ça, sans s'expliquer pourquoi.

T'étais tellement adorable, en vrai. C'était juste que c'était pas le moment pour moi.
Je me suis quand même laissé embarquer.
Et lorsque mes yeux se fermaient et que je t'ai demandé un couchage, tu es allé t'arranger avec tes collocs pour avoir une chambre tranquille, je le sais. Quand tu m'as expliqué que je prenais le lit deux places et que toi tu pouvais aussi t'assoupir sur le lit superposé avec un matelas de mauvaise qualité pour tes problèmes de dos j'ai haussé les épaules. Pas la peine d'en faire tout un plat, tu peux dormir avec moi tu sais. Tu étais jeune, cinq ans plus jeune que moi, encore tout frais. Tu as serré les poings et fais un "yeeesss" en guise de victoire quand tu as entendu ma réponse.

J'avais oublié un détail.
Je n'étais plus du tout habituée à la présence d'un homme sous le même drap que moi.
Et mon cycle d'abstinence prolongé rendait mes hormones complètement en émoi.
Tu ne t'en doutais pas encore et tu l'espérais peut-être, mais nous n'avons pas pu fermer l’œil de la nuit.