lundi 18 mars 2013

Ame sensible

Kidnapping immédiat dans le couloir d'entrée:
-"Tu es Anne, n'est-ce pas? Sa copine! On a beaucoup entendu parler de toi!"
Déjà, première nouvelle.
Je suis sa copine.

Apparemment.

Des bruits de couloir.

Ils sont tous plus âgés. Déguisés, et bourrés.
Ils ont leurs mômes qui dorment à l'étage.
Ils m'assurent tous que ce type là, ils le chérissent.
Même si je le leur ai pas demandé.

Ils nous regardent nous embrasser avec des sourires béats. Ils ont des perruques, des fleurs dans les cheveux et des "zob" au marqueur noir sur le front. Bonjour le public. Ils m'amènent tout content près de leur piano intégralement désaccordé, où le ré sonne plus haut que le ré dièse. Ils font des câlins collectifs, qui se transforment en catch collectif, qui se transforme en bataille de chantilly collective. Mais j'étais déjà sortie du local lorsque je croise le voisin à trois heures et demi du matin qui en plein raffut incroyable au lieu de se plaindre du bruit m'invite à boire un ti-punch chez lui.

Je vois mon saltimbanque de jongleur tituber pour la première fois.
Je le vois beau et mon cœur vaciller à m'en faire perdre l'équilibre, moi qui ne bois pas.
Je nous vois danser sans musique. Mal.
Mais heureux.

Et ses yeux qui brillent. Ma main qui serre son bras. Les concours débiles de celui qui tient sa jambe le plus tendu, le pied posé sur les poteaux des trottoirs. Ces tentatives pas furtives de se faire l'amour dans la rue, sans cesse interrompues par la ville animée du samedi soir. Et ça fait rire les gens.
Et même qu'on se marre bien aussi.

Puis.

Les discussions sous la pluie le vent le froid des abcès que l'on se devait de percer pour. Rien. Pour du beurre, parce que ça ne résout pas les situations, ça ne fait que les rendre plus intelligibles. Malgré tout, on se sent davantage perdu lorsqu'on a déballé son balluchon à conneries sentimentales et autres doutes affreusement inutiles et existentiels. Et maintenant?

Et maintenant.

Maintenant j'ai les bras qui s'ouvrent. L'émotion qui m'emplit lorsqu'ils se referment sur toi. Le regard attiré par ta chair, la bouche par ta peau tendre, et le temps qui s'oublie lorsque c'est le matin et que ton visage dors entre mes doigts. Je ne discerne plus tes dents sales et tordues. Je ne vois que ton sourire. Ça me fait l'effet d'un coup de soleil sur le cœur, sauf que j'ai jeté la crème protectrice. Parce que je veux pas prévenir plutôt que guérir. Parce que je veux brûler. D'une chaleur douce. D'un amour sincère.

Je m'éprends, t'entends?
Et parce que c'est de toi, c'est peut-être un cadeau.








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Du temps à tuer?