mercredi 2 juillet 2014

A toi que les rêves inspirent

Je passerai l'amourette de préambule, liée à ma vie du quotidien. Avec les protagonistes de "Secret Story", le nom est déjà tellement parlant. Se faire surprendre autour de la table de la cuisine, en chaussettes, puis discussion franche avec l'intéressée qui me confirmera qu'effectivement, ce n'était que lui qui craignait une hypothétique souffrance, et qu'elle, pour sa part, avait déjà tourné sa page.

Dans la suite du songe, qui est toujours un petit clin d’œil à ma journée, je cherche un endroit posé où faire atterrir mes heures de déambulation citadine. Quelqu'un me conseille cette grande bibliothèque nouvellement ouverte, qui possède en son rez-de-chaussée un superbe bistrot/salon de thé bio d'une déco d'un bois naturel somptueux lui aussi (décidément). Je marche un certain temps pour m'y rendre, puis attends devant l'entrée. En réalité, je crois que j'avais un rendez-vous important.

L'homme débarque, d'un pas assez franc, voire pressé. C'est une personnalité qui évoque le respect lorsqu'il me serre la main pour se présenter. Il est chercheur. En temps et en espace.
Un savant fou? Peut-être.
Des recherches dans le temps et l'espace, ça me fait penser à quelque chose....Steins Gate, les voyages dans le temps. C'est de cette trempe? Il me répond :

- Non, pas vraiment. Mais le sujet vous intéresse?

J’acquiesce. J'ai toujours eu une certaine fascination pour ce genre de concepts métaphysiques.
Continuant sa trajectoire d'une allure vive, son esprit déjà occupé à un millier d'idées qui se chevauchent, il me fait signe de le suivre. M'entraine dans la bibliothèque. Nous montons les étages. Au dessus, des espèces de blocs. Des locaux hospitaliers? Des bureaux administratifs? Je ne sais plus trop.

Le professeur s'arrête devant une porte avec un petit hublot rectangulaire. Regarde au travers. Dans la pièce fermée, deux personnes, qu'il fixe discrètement, pendant quelques secondes pendant que je l'observe procéder en silence. Puis il décide d'ouvrir la porte. D'un élan précis et rapide, pointe de son index et son majeur joints en l'air le bras tendu, la silhouette des deux personnes l'une après l'autre, puis fait ce geste simple avec les doigts, comme une gomme, de les effacer.

Les deux êtres se dissolvent par magie de notre champ de vision. Impassible, le chercheur entre dans leur bureau qu'il fait automatiquement sien. En fait, ce bureau était déjà sien. Et pendant qu'il retrouve ses repères dans son antre, il m'explique.

Ces deux personnes n'ont pas disparues de la surface de la Terre de manière absolue. Il les a simplement effacé de son regard. En les effaçant de son regard, il s'est lui-même effacé de leur regard. Cela veut dire que ces deux personnes et lui peuvent évoluer dans le même bureau sans jamais interférer, puisqu'ils coexistent sur des plans différents, bien que simultanés. Pour un regard extérieur (sauf moi, apparemment, qui vit la scène en même temps qu'eux), il y aurait trois personnes dans la pièce. Pour les deux personnes, elles seraient deux. Et lui se perçoit seul.

Unique témoin de cette scène surnaturelle, je reste scotchée.
Je deviendrai son disciple. Il sera mon directeur de thèse.
Il y aura peut-être entre nous une relation d'amour assez profonde et inconventionnelle. Mais les souvenirs sont flous, et ce n'est ici pas ce qui compte véritablement.

Je passerai de nombreuses journées à apprendre les techniques. Dans les rêves, elles sont pour la plupart fondées sur le ressenti. Je m'entraine. Deux points à maîtriser : d'abord, mémoriser l'être, en son entier. Cela, en une seconde à peu près. Ensuite, l'effacer. De sa réalité. De sa mémoire, presque. Tendre les doigts en même temps. Faire le geste de la gomme. Ça fonctionne. C'est incroyable, ça fonctionne!

Dès lors, une immense liberté s'offre à moi. Je peux entrer par toutes les portes, tous les accès, au gré de mes envies. Sans aucune contrainte, je peux me rendre dans tous les endroits. Le monde entier s'ouvre à moi! Dans cette grande bibliothèque, une rumeur commence à circuler. On aurait volé les clés du bloc 8. C'est nous. Notre bureau. Oui, nous avons bel et bien dérobé les clés de l'infini!

Une deuxième étudiante vient se greffer au projet. Elle est jeune, blonde la coupe au carré, un peu naïve et insouciante. Complètement subjuguée. C'est moi qui suis en charge de sa formation. Pas après pas, je lui montre les ficelles du métier. Je l'entraine avec moi à l'extérieur du complexe, pour un exercice en plein air. Il y a de larges pelouses bien vertes où des écoles sortent se détendre et faire des activités tout autour du lac, car il y a un vaste lac aussi, prospère, que quelques canoés traversent paisiblement.

Bien que je sois la seule à faire les gestes, les gens disparaissent sous les yeux de l'étudiante spectatrice.
Peut-être qu'en prenant le même point de regard que moi, elle s'inclut automatiquement dans ma réalité, et donc sur le même plan que moi?

Je commence à la laisser faire ses premiers pas seule. Nous nous baladons ensemble et à tour de rôle, comme un exercice imposé, nous nous dissimulons des réalités d'autrui. Je l'encourage dans ses efforts. Mais un manque d'attention lorsque vient son tour vient contrebalancer la donne lorsque nous rouvrons la porte du complexe. L'étudiante ne s'étant pas suffisamment protégée de l'être à effacer, les regards se croisent. L'être surprend l'étudiante en train de faire son geste de la gomme, avant de disparaitre. Ce qui veut dire que par réciprocité, l'être nous a vu nous extraire de son champ de vision, devant lui, il a pu observer ce phénomène jusque là tenu secret. L'étudiante panique, commet l'erreur deux fois de suite.

L'affolement s'empare de la bibliothèque. On commence à dire qu'on a aperçu les voleurs de la clé du bloc 8, et qu'ils sont en cavale. Des groupes se mettent assidument à notre recherche.

Poursuivies, nous nous enfuyons par le lac. L'adrénaline monte, nous n'avons ni le temps ni la compétence de devenir invisibles pour des classes entières d'écoliers. Néanmoins, la course est enivrante, presque jouissive de challenge. Nous touchons enfin les frontières du complexe. D'immenses grillages argentés d'une maille très fine nous barrent la route. Ils sont hauts de plusieurs dizaines de mètres. N'ayant plus rien à perdre, nous décidons de les escalader. J'appelle mon professeur directeur de thèse sur mon portable, lui explique la situation d'urgence, pendant que mes pieds et mes mains tentent maladroitement de trouver des prises pour grimper. Le chercheur me rassure, nous n'avons plus qu'à sortir du complexe. Pour le reste, il s'occupera de venir nous chercher. Le temps presse, nos poursuivants ne sont pas loin. J'ai encore le téléphone à l'oreille lorsque nous atteignons le sommet des barrières. Si nous tombons maintenant, la chute aurait de bonnes chances d'être mortelle. L'étudiante, plus agile et confiante de moi (insouciante aussi), enjambe le sommet, pour se retrouver de l'autre côté du grillage, et le redescendre doucement. Moi, j'hésite. Je crois que c'est ce qu'il y a de plus difficile pour moi. Me retrouver de l'autre côté des limites, des frontières. Je lâche le téléphone, je crois que je n'ai plus le choix.


Je me réveille.

Hacking to the Gate " by いとうかなこ on Grooveshark

2 commentaires:

  1. Je me permets de mettre mon grain de sel...mais je comprends pourquoi tes rêves peuvent inspirer....!

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Du temps à tuer?