jeudi 26 mai 2016

Chanter

Dépoussiérer les tables et les chaises.
Retrouver le ciel couchant de ma terrasse.
Ca y est, je suis presque en été.
Satisfaction intérieure.

Cela me manquait beaucoup. Fixer la course des nuages, tout en restant dans son territoire, chez soi, en hauteur.
J'en rêve souvent la nuit.
M'établir sur les toits, et parcourir les frontières, briques par briques.

Je me sens bien.
Je me sens déjà ailleurs.
Dans cet ailleurs que j'affectionne.
Une terre étrangère et accueillante.

Dans cinq jours, je pars pour l'Amérique.
Jouer mes françaises de chansons.

Et ce soir je reviens de Lyon.
Des portes ce sont ouvertes. Laissant entrer les réussites.

Il y a des moments où tout fonctionne en même temps, à la même vitesse.
Où les succès s'enchaînent par effet boule de neige.

Je veux profiter de cet instant pour me sentir heureuse d'être à ma place.
Emmagasiner la reconnaissance, pour en garder un peu les jours où il fait moins beau.
Où c'est plus dur. Où on perd courage.
Où on travaille, aveugle, sans jamais voir murir le fruit de notre labeur.

Ca y est.
Après bientôt dix ans d'efforts.
Des bourgeons éclosent.

Aujourd'hui, on m'a dit que mon professionnalisme avait fait la différence.

Et qui sait, un jour j'avouerai peut-être la tête haute que c'est mon vrai métier.

mercredi 2 mars 2016

Tive Razao

Ça y est, j'ai la nostalginite qui me reprend.
Plus de dix ans.

Une décennie bien entamée que je déverse ma petite vie sur les toiles anonymes.
Wow.

Y'a tout là dedans.
Un bloc compact d'existence.
Dans la petite boite.
Entre les lignes, des morceaux de sensations palpables pour celle qui les a déjà tenus au creux de son poignet. Dix années, merde.

Comme on vit plus pareil.

Comme les voyages se passent différemment.
Et le temps n'est plus le même.

Tu sais, quand tu cherches l'instant le plus fort, le présent indélébile, et tant pis si l'on crève dès demain. Quand tu veux voyager plus loin, toujours plus loin, dans le danger de l'inconnu, quitte à se laisser des traces, et pas des plus belles. Parce que le beau a une autre valeur.

Tu sais, c'est un peu le propre de la jeunesse.

Ensuite, on court après d'autres choses.
Ensuite, ce n'est plus le sens de la vie que l'on cherche.
C'est la place que l'on s'y donne.
C'est s'y implanter.
Ce n'est plus se laisser des traces sur la peau, c'est laisser une trace. Juste.
Tu sais.

Mais ce soir, j'ai la nostalginite qui refait surface à l'orée du printemps et j'écoute Seu Jorge en me remémorant nos voyages dans la ville. Nos danses spontanées. Ton sourire. En haut de la Bastille, ton premier regard. Les lettres inespérées.

Qu'est-ce que tu me manques.

Qu'est-ce que je me sens loin.

Comment a-t-on pu laisser s'enfuir cela, dans ce quotidien traitre, et la volonté de ranger pour grandir, de se ranger, nous même dans une case, comment a-t-on pu laisser filer cela sans réagir, sans se rebeller, contre nous-même et ce lien qui se distend à force de tirer, laisser les choses s'étirer d'elles-même, comme le temps. Et le silence.

C'était un amour véritable.

C'était une bouffée d'air frais et un tour de magie, les moments que l'on s'accordait à deux. Mon ami, c'était un pansement, un peu d'eau et d'engrais sur le cœur à chacune de nos rencontres. C'était pur et profond, ce qui nous tenait unis et je pensais que c'était indissociable. Je pensais que la qualité de nos souvenirs ne nous laisserait jamais creuser l'écart. Ou le doute.
Je pensais que c'était essentiel, et nécessaire.
Que se voir, c'était.
C'était. Comme un état d'être. Comme ce qui existe de soi.
Comme le fait de respirer.

Je croyais.

Je repense à nos marches bras dessus bras dessous, à nos chants qui résonnent dans les grands couloirs souterrains des métros parisiens.
Peut-être que c'est ça, dans le fond.

Qu'aujourd'hui, nos chants encore résonnent.
Mais qu'avec les obligations de la vie, ils demeurent souterrains.

Qu'on les entend plus vraiment parce que tu comprends, on est des gens occupés, occupés à compter ce que l'on donne et à prendre nos responsabilités d'adultes au sérieux.
Or, même si l'on n'entend plus les sons, ça continue de vibrer.
Par secousses, ça nous rappelle.

Il y a des musiques qui ne peuvent s'oublier.

vendredi 25 septembre 2015

Lucky star

Je t'aime.

Les jours où je passe devant chez toi, ce chez toi vide qui attend ton retour depuis deux mois, je prends tes clefs, je m'immisce. Ces jours là, je nettoie. Je nettoie ton intérieur.

Et plus je frotte, plus je t'aime.

C'est comme ça.
C'est mon amour que je fais briller.
Pièce par pièce, j'aspire la poussière accumulée.
Je reviens avec des cadeaux, que je dissimule dans chaque recoin de ton appartement. Je me dis, comme ça quand tu rentreras, ce sera chaleureux. Ce sera comme tu avais envie que ce soit, sans jamais avoir eu le courage de t'y coller. Ce sera un environnement amical pour travailler, t'épanouir, te sentir accueilli. Chez toi, véritablement.

Je ne serai pas là, bien sur.
Moi je veille en silence.
Derrière, invisible.

Parce que je t'ai dit de ne pas m'appeler.
Parce que toi et moi et les amours d'été, c'est terminé.
Qu'il faut passer à autre chose.
Qu'il faut cesser de se détruire inutilement.

Alors je nettoie chez toi.
Je t'aime dans mon ménage.
Je t'aime partout, dans chaque carreau de carrelage.
Je t'aime entier quand t'es pas là.

C'est encore le mieux que j'ai trouvé pour ne pas nous faire souffrir.

Je veux continuer à nourrir mon sentiment. A l'entretenir et le voir grandir avec le temps.
Mais pour ça, il a fallu tailler.
Ça se cassait trop la gueule.

M'en veux pas, Lucky.
Je préfère t'aimer de loin.
Parce que tu verrais, quand on s'acharne pas à s'enfoncer le couteau dans la plaie, dans mon cœur...

...tu verrais comme tu brilles...






dimanche 20 septembre 2015

De passage

C'est fou cette idée là, qu'on n'est qu'un passage dans la vie des gens.
Je regarde tes photos.
Il y en a qui restent.
Dans ta vie.

Je veux dire, des gens. Il y en a qui restent. Qui te peuplent. Qui t'emplissent.
Il y a des amours qui ne partent pas.
Et ton sourire.
Qui ne peut tromper personne.

Tu l'aimes. Et c'est un de ces êtres que tu as refusé d'expulser de ces moments là.
Et moi, eh bien. Je le sais.

Je suis un passage.

Je le sais, mais ça me fait pleurer.

J'aimerais bien pour une fois, m'arrêter déposer mes bagages.
Faire une pause sur la route.
Contempler.
Le temps qu'on me rejoigne.

J'aimerais bien rester dans la vie de quelqu'un.

jeudi 27 août 2015

En rafale

Je suis chez toi.
Dans une sorte d'obscurité contemplative.
Et dans le silence de la nuit, la flamme de ton chauffe-eau brille comme un feu de cheminée.

Je suis chez toi, ça doit bien faire une semaine.
J'écris.
J'ai ce temps là d'écrire parce qu'on ne s'écrit pas.
J'ai envie de parler de toi.
Un mois que j'ai tant de choses à déclarer.

Les émotions virevoltent, ne savent pas sur quelle tranche se poser.
J'oscille.

Tout est tellement intense lorsque t'es concerné.
A l'intérieur, cet effet boule de neige devient un jeu de quilles.

Alors j'ai bien conscience que quelque chose se trame.
Un vieil enjeu non résolu dont les fondations émergent ici.
Pile entre toi et moi.
Tu sais, ces blessures du passé qui cherchent à se réduire.

Le cœur, ça ne cicatrise pas comme ça.

Des flash-back, en rafale.
Des images, des sensations furtives de déjà-vu.
Celles d'un cauchemar que l'on avait enterré.
Celui qui faisait qu'on en dormait plus.

Fallait au moins que t'en vaille carrément la peine pour que je m'autorise à revivre ces cauchemars là.
Je me dis que c'est la case obligatoire.
Un jour ou l'autre.
Faut repasser par ses doutes.
Et raser les parts d'ombre, pour faire de la place.
Pour y laisser entrer d'autres lumières.
Toi, par exemple.

Tu ressembles à personne.
A aucune autre histoire.

Mais comme j'ai encore leur calque collé contre mes rétines, je ne peux voir qu'à travers le filtre de mes erreurs.
De mes angoisses.

Au moins, je vois mes angoisses.

Et si elles me paraissent nettes aujourd'hui, c'est peut-être enfin que j'ai le courage de les regarder.
Grâce à toi.
Grâce à ce que tu remues.
Suffisamment pour que je ne puisse pas esquiver la douleur, sans pour autant faire que je ne puisse plus en sortir.

Je te remercie, pour cet instant de vie difficile.
Car il est nécessaire.
Que t'es un chouette compagnon de route.
Et que tu me permets de pardonner.

A tous ces autres.

dimanche 5 juillet 2015

Departures & Arrivals

J'ai hâte d'être à demain.
Entendre le son de ta voix au téléphone.
En attendant, j'écoute ton album.
Encore et encore.
Je souris. J'aime ta manière de chanter. Je trouve ça attachant.
Cette semaine m'a paru une éternité.
T'as décollé et je suis tombée amoureuse.
Un jeudi, mine de rien.
Ça m'a fait une espèce de bonheur immense toute seule dans ma maison.
Une euphorie de sens, de vérité dans ma poitrine.
Un cœur qui bat pour toi.
Alors bien sûr que je me pose des questions. Toujours, je n'ai pas cessé de m'en poser.
Peut-être que quand tu reviendras, je trouverai ça banal.
Que quand je te reverrai, rien n'aura changé.
Et ça me blasera probablement, et j'oublierai ce jeudi là où je suis tombée amoureuse, je le rangerai dans un coin comme un secret à sortir les soirs de confessions.
En attendant, j'écoute ton album.
Je me dis que tes mots légers et dérisoires sont plus intelligents que les miens.
Qu'il y ait quelque chose ou rien derrière, un sens caché, rien ne laisse présumer quoi que ce soit.
Mais moi je sais.
Je sais que tu es profond.
Éclaté.
Je t'ai trouvé un nom.
Lucky.
C'est toi.
Pour que je puisse me rappeler. Que l'on regarde dans la même direction. Mon allié, que l'on continue à s'entraider, malgré nos blessures et nos contradictions. Nos barrages. Et le temps.
Le temps.
Je me demande ce qu'il nous ramène.
J'ai hâte d'être à demain.

vendredi 3 juillet 2015

Chaleur

Merde, je crois bien que je t'aime.
Du moins pour ce soir.

Ça te poserait problème si jamais j'étais heureuse de tomber amoureuse?
Je veux dire....ça te gâcherait le plaisir?
Si j'étais euphorique de vivre cet instant là auprès de toi...
...ça t'embêterait plus que ça?

J'aimerais bien qu'on profite du présent pour ce qu'il est.
Extatique.
Et pas qu'on s'inquiète déjà du ciel qui nous tombera un jour sur la terre, pour sûr. Pas qu'on se ronge les sangs à l'idée de souffrir, à l'idée de ne plus pouvoir s'arrêter, d'aimer trop, trop fort, sans relâche, sous l'emprise.

Je suis de bonne humeur.
Je trouve que nos voix se marient bien ensemble. Sans nous, elles ont formulé leurs vœux, ont fait leurs noces. Elles sont belles. A deux, elles fondent quelque chose qu'elles ne touchent pas seules.
Je veux chanter avec toi.

Qu'on se suive sur le même chemin, pendant longtemps.
Ce soir je crois bien que je t'aime et que t'es trop loin pour que je puisse te le dire.

Alors je le crie très fort.

Dans mes pensées je t'envoie des cartes postales.
Reviens vite.
On fera de la musique.
On fera comme d'habitude.
Et ce sera parfait comme ça.

mercredi 1 juillet 2015

A une mer d'écart

C'est quand tu es là bas que ton coeur se libère. L'esprit de contradiction, tout ça.
Tu sais, je suis ton alliée. Je suis ton alliée autant que tu es le mien. Je l'ai compris hier soir, je n'ai pas besoin d'entendre tes versions des faits pour les deviner, je les connais, parce que je te connais toi, parce que je te fais confiance, et que j'ai conscience de tes faiblesses. J'ai aussi réalisé ta réelle bienveillance à mon égard, ton envie de me faire du bien, parce que tu m'aimes.
Tu ne m'aimes probablement pas de la manière qui m'arrangerait, mais cet amour, quel qu'il soit, n'est pas feint. Ni accommodant.

Quand tu m'as glissé à l'oreille dans une grande étreinte "tu sais, je t'aime" les yeux mouillés par nos larmes mutuelles, je ne l'ai pas interprété  comme un "je suis amoureux de toi". Je sais à quel point je ne dois pas me faire de films, parce que tes mises en garde ne se sont pas immiscées dans l'oreille d'un sourd. Parce que moi aussi je me réserve, je suis prudente et je me protège.

Mais hier, après une heure et demi de rédactions téléphoniques d'expatriés, où l'on s'avoue nos bienveillances, où l'on se donne notre courage, nos encouragements, que l'on s'écrit à commencer par moi :

- Franchement, j'aimerais te donner mes yeux l'espace d'une seconde. Tu pourrais ainsi voir que tu mérites ton respect.
- T'es vraiment chouette avec moi tu sais.
- Je suis chouette tout court!
- C'est pas faux...
Tu m'as fait bander à force de me toucher!
C'est bizarre.
- Ça s'appelle les sentiments...

Tu ne réponds pas à ma dernière phrase. Tu l'ignores et prétextes devoir aller te coucher.
Peut-être que tu gamberges. Où que tu ne souhaites pas y penser.
Envisager qu'un jour ça changera.
Toi et moi.

Qu'un jour comme un autre, l'idée s'effondre sur toi...
...tu es déjà amoureux.

dimanche 14 juin 2015

A moitié

J'ai besoin de te parler. J'ai besoin de te parler. J'ai besoin de te dire, que ça va pas, que ça va pas, que j'serre les dents, que j'mords mes draps, de dépit, de frustration, d'amertume, que je me tue, je me tue, je suicide mes émois, à chaque fois, à chaque matin, tous les jours, les larmes au réveil, parce que c'est le réveil, le retour, à tout ce qui ne m'appartient pas et ne m'appartiendra jamais, à ces espoirs qui pendent au cou comme des cordes qui n'attendent qu'à être tendues, j'en peux plus. De vivre les ascensions en même temps que les descentes, le grand huit de mes envies qui s'entrechoquent avec tes silences, j'en peux plus. Que ça se passe si bien. J'en peux plus. Que l'on soit si conformes, identiques, alors qu'on ne peut se donner les mêmes choses, alors qu'il ne faut attendre plus rien d'un cœur comme le tien, offert à des instants puant la poussière, à des fantômes, qui t'accaparent, te maintiennent à la surface, à moitié en apnée dans ta manière d'aimer, à moitié. Une vie en accéléré, implacable immobile. Le soir je tombe amoureuse de toi, le matin c'est un enfant mort né. J'aurais dû avorter. J'aurais dû avorter. Il est peut-être encore temps.

Bouscule-toi.

mercredi 10 juin 2015

Farniente

Les odeurs.
Le pain qui cuit dans le four du boulanger.
Le repas plein d'amour des mères de famille.
Le parfum dont on se vaporise pour attirer l'élu.
Sur ma terrasse, les odeurs me submergent.

Je leur ai toujours été très sensible. Tiens, ça sent la béchamel. C'est incroyable à quel point ça me transporte. J'ai enfin démarré mon petit potager. Quel bonheur, d'observer la vie pousser. De lui parler, de l'encourager à grandir. De participer à son expansion. Je regarde mes tomates rougir au soleil. Quelle chance j'ai. Le parfum relevé de leurs feuilles m'enivre. Et celles de mes pieds de basilic me soufflent toutes ces nouvelles recettes à élaborer.

En amour aussi, je cherche les recettes.

En attendant, je laisse pousser. Qui vivra verra. Je ne me laisse pas submerger par le temps. Je le prends, sans culpabiliser. Des instants de bonheur auxquels je goute comme une gastronome, je savoure les textures d'existence. Les couleurs de ce ciel qui décline. C'est beau partout, à chaque fois.

Je suis heureuse.