dimanche 20 septembre 2015

De passage

C'est fou cette idée là, qu'on n'est qu'un passage dans la vie des gens.
Je regarde tes photos.
Il y en a qui restent.
Dans ta vie.

Je veux dire, des gens. Il y en a qui restent. Qui te peuplent. Qui t'emplissent.
Il y a des amours qui ne partent pas.
Et ton sourire.
Qui ne peut tromper personne.

Tu l'aimes. Et c'est un de ces êtres que tu as refusé d'expulser de ces moments là.
Et moi, eh bien. Je le sais.

Je suis un passage.

Je le sais, mais ça me fait pleurer.

J'aimerais bien pour une fois, m'arrêter déposer mes bagages.
Faire une pause sur la route.
Contempler.
Le temps qu'on me rejoigne.

J'aimerais bien rester dans la vie de quelqu'un.

jeudi 27 août 2015

En rafale

Je suis chez toi.
Dans une sorte d'obscurité contemplative.
Et dans le silence de la nuit, la flamme de ton chauffe-eau brille comme un feu de cheminée.

Je suis chez toi, ça doit bien faire une semaine.
J'écris.
J'ai ce temps là d'écrire parce qu'on ne s'écrit pas.
J'ai envie de parler de toi.
Un mois que j'ai tant de choses à déclarer.

Les émotions virevoltent, ne savent pas sur quelle tranche se poser.
J'oscille.

Tout est tellement intense lorsque t'es concerné.
A l'intérieur, cet effet boule de neige devient un jeu de quilles.

Alors j'ai bien conscience que quelque chose se trame.
Un vieil enjeu non résolu dont les fondations émergent ici.
Pile entre toi et moi.
Tu sais, ces blessures du passé qui cherchent à se réduire.

Le cœur, ça ne cicatrise pas comme ça.

Des flash-back, en rafale.
Des images, des sensations furtives de déjà-vu.
Celles d'un cauchemar que l'on avait enterré.
Celui qui faisait qu'on en dormait plus.

Fallait au moins que t'en vaille carrément la peine pour que je m'autorise à revivre ces cauchemars là.
Je me dis que c'est la case obligatoire.
Un jour ou l'autre.
Faut repasser par ses doutes.
Et raser les parts d'ombre, pour faire de la place.
Pour y laisser entrer d'autres lumières.
Toi, par exemple.

Tu ressembles à personne.
A aucune autre histoire.

Mais comme j'ai encore leur calque collé contre mes rétines, je ne peux voir qu'à travers le filtre de mes erreurs.
De mes angoisses.

Au moins, je vois mes angoisses.

Et si elles me paraissent nettes aujourd'hui, c'est peut-être enfin que j'ai le courage de les regarder.
Grâce à toi.
Grâce à ce que tu remues.
Suffisamment pour que je ne puisse pas esquiver la douleur, sans pour autant faire que je ne puisse plus en sortir.

Je te remercie, pour cet instant de vie difficile.
Car il est nécessaire.
Que t'es un chouette compagnon de route.
Et que tu me permets de pardonner.

A tous ces autres.

dimanche 5 juillet 2015

Departures & Arrivals

J'ai hâte d'être à demain.
Entendre le son de ta voix au téléphone.
En attendant, j'écoute ton album.
Encore et encore.
Je souris. J'aime ta manière de chanter. Je trouve ça attachant.
Cette semaine m'a paru une éternité.
T'as décollé et je suis tombée amoureuse.
Un jeudi, mine de rien.
Ça m'a fait une espèce de bonheur immense toute seule dans ma maison.
Une euphorie de sens, de vérité dans ma poitrine.
Un cœur qui bat pour toi.
Alors bien sûr que je me pose des questions. Toujours, je n'ai pas cessé de m'en poser.
Peut-être que quand tu reviendras, je trouverai ça banal.
Que quand je te reverrai, rien n'aura changé.
Et ça me blasera probablement, et j'oublierai ce jeudi là où je suis tombée amoureuse, je le rangerai dans un coin comme un secret à sortir les soirs de confessions.
En attendant, j'écoute ton album.
Je me dis que tes mots légers et dérisoires sont plus intelligents que les miens.
Qu'il y ait quelque chose ou rien derrière, un sens caché, rien ne laisse présumer quoi que ce soit.
Mais moi je sais.
Je sais que tu es profond.
Éclaté.
Je t'ai trouvé un nom.
Lucky.
C'est toi.
Pour que je puisse me rappeler. Que l'on regarde dans la même direction. Mon allié, que l'on continue à s'entraider, malgré nos blessures et nos contradictions. Nos barrages. Et le temps.
Le temps.
Je me demande ce qu'il nous ramène.
J'ai hâte d'être à demain.

vendredi 3 juillet 2015

Chaleur

Merde, je crois bien que je t'aime.
Du moins pour ce soir.

Ça te poserait problème si jamais j'étais heureuse de tomber amoureuse?
Je veux dire....ça te gâcherait le plaisir?
Si j'étais euphorique de vivre cet instant là auprès de toi...
...ça t'embêterait plus que ça?

J'aimerais bien qu'on profite du présent pour ce qu'il est.
Extatique.
Et pas qu'on s'inquiète déjà du ciel qui nous tombera un jour sur la terre, pour sûr. Pas qu'on se ronge les sangs à l'idée de souffrir, à l'idée de ne plus pouvoir s'arrêter, d'aimer trop, trop fort, sans relâche, sous l'emprise.

Je suis de bonne humeur.
Je trouve que nos voix se marient bien ensemble. Sans nous, elles ont formulé leurs vœux, ont fait leurs noces. Elles sont belles. A deux, elles fondent quelque chose qu'elles ne touchent pas seules.
Je veux chanter avec toi.

Qu'on se suive sur le même chemin, pendant longtemps.
Ce soir je crois bien que je t'aime et que t'es trop loin pour que je puisse te le dire.

Alors je le crie très fort.

Dans mes pensées je t'envoie des cartes postales.
Reviens vite.
On fera de la musique.
On fera comme d'habitude.
Et ce sera parfait comme ça.

mercredi 1 juillet 2015

A une mer d'écart

C'est quand tu es là bas que ton coeur se libère. L'esprit de contradiction, tout ça.
Tu sais, je suis ton alliée. Je suis ton alliée autant que tu es le mien. Je l'ai compris hier soir, je n'ai pas besoin d'entendre tes versions des faits pour les deviner, je les connais, parce que je te connais toi, parce que je te fais confiance, et que j'ai conscience de tes faiblesses. J'ai aussi réalisé ta réelle bienveillance à mon égard, ton envie de me faire du bien, parce que tu m'aimes.
Tu ne m'aimes probablement pas de la manière qui m'arrangerait, mais cet amour, quel qu'il soit, n'est pas feint. Ni accommodant.

Quand tu m'as glissé à l'oreille dans une grande étreinte "tu sais, je t'aime" les yeux mouillés par nos larmes mutuelles, je ne l'ai pas interprété  comme un "je suis amoureux de toi". Je sais à quel point je ne dois pas me faire de films, parce que tes mises en garde ne se sont pas immiscées dans l'oreille d'un sourd. Parce que moi aussi je me réserve, je suis prudente et je me protège.

Mais hier, après une heure et demi de rédactions téléphoniques d'expatriés, où l'on s'avoue nos bienveillances, où l'on se donne notre courage, nos encouragements, que l'on s'écrit à commencer par moi :

- Franchement, j'aimerais te donner mes yeux l'espace d'une seconde. Tu pourrais ainsi voir que tu mérites ton respect.
- T'es vraiment chouette avec moi tu sais.
- Je suis chouette tout court!
- C'est pas faux...
Tu m'as fait bander à force de me toucher!
C'est bizarre.
- Ça s'appelle les sentiments...

Tu ne réponds pas à ma dernière phrase. Tu l'ignores et prétextes devoir aller te coucher.
Peut-être que tu gamberges. Où que tu ne souhaites pas y penser.
Envisager qu'un jour ça changera.
Toi et moi.

Qu'un jour comme un autre, l'idée s'effondre sur toi...
...tu es déjà amoureux.

dimanche 14 juin 2015

A moitié

J'ai besoin de te parler. J'ai besoin de te parler. J'ai besoin de te dire, que ça va pas, que ça va pas, que j'serre les dents, que j'mords mes draps, de dépit, de frustration, d'amertume, que je me tue, je me tue, je suicide mes émois, à chaque fois, à chaque matin, tous les jours, les larmes au réveil, parce que c'est le réveil, le retour, à tout ce qui ne m'appartient pas et ne m'appartiendra jamais, à ces espoirs qui pendent au cou comme des cordes qui n'attendent qu'à être tendues, j'en peux plus. De vivre les ascensions en même temps que les descentes, le grand huit de mes envies qui s'entrechoquent avec tes silences, j'en peux plus. Que ça se passe si bien. J'en peux plus. Que l'on soit si conformes, identiques, alors qu'on ne peut se donner les mêmes choses, alors qu'il ne faut attendre plus rien d'un cœur comme le tien, offert à des instants puant la poussière, à des fantômes, qui t'accaparent, te maintiennent à la surface, à moitié en apnée dans ta manière d'aimer, à moitié. Une vie en accéléré, implacable immobile. Le soir je tombe amoureuse de toi, le matin c'est un enfant mort né. J'aurais dû avorter. J'aurais dû avorter. Il est peut-être encore temps.

Bouscule-toi.

mercredi 10 juin 2015

Farniente

Les odeurs.
Le pain qui cuit dans le four du boulanger.
Le repas plein d'amour des mères de famille.
Le parfum dont on se vaporise pour attirer l'élu.
Sur ma terrasse, les odeurs me submergent.

Je leur ai toujours été très sensible. Tiens, ça sent la béchamel. C'est incroyable à quel point ça me transporte. J'ai enfin démarré mon petit potager. Quel bonheur, d'observer la vie pousser. De lui parler, de l'encourager à grandir. De participer à son expansion. Je regarde mes tomates rougir au soleil. Quelle chance j'ai. Le parfum relevé de leurs feuilles m'enivre. Et celles de mes pieds de basilic me soufflent toutes ces nouvelles recettes à élaborer.

En amour aussi, je cherche les recettes.

En attendant, je laisse pousser. Qui vivra verra. Je ne me laisse pas submerger par le temps. Je le prends, sans culpabiliser. Des instants de bonheur auxquels je goute comme une gastronome, je savoure les textures d'existence. Les couleurs de ce ciel qui décline. C'est beau partout, à chaque fois.

Je suis heureuse.

vendredi 29 mai 2015

What are you so afraid of ?

Tu m'as manqué.
Ça ne fait pourtant qu'un pauvre jour et demi d'absence.
C'est fou.
Je crois qu'on ne s'est jamais laissé aussi longtemps sans nouvelle l'un de l'autre.
Mine de rien. En catimini, tu t'es incrusté dans mon cœur.
Et ce n'était pas faute de m'être protégée.
Je m'en rends compte maintenant que tu as pris le large.
Tu me faisais du bien.
Tes rires, ta joie de vivre, ta générosité naturelle, ta bonté de cœur.
La lucidité de ton jugement, le grain de folie de tes actes.
C'était simple.

Je n'adhère cependant pas forcément à tout.
Il y a des traits communs que j'aurais aimé ne pas partager avec toi.
Je sais qu'ils ne nous aident pas à aller de l'avant.

Et lorsque je l'écris, je prends conscience de mes travers.
Je n'arrête pas de répéter que j'ai envie qu'on me choisisse, en amour.
Alors que j'ai moi même du mal à te choisir. A arrêter mon choix sur toi.
L'autodéfense, sans doute.
Tous ces à priori négatifs qui me faisaient fuir notre rencontre. Protection indice 50 contre l'éclat de ton intérieur.
J'y peux rien. T'es pas ouvert, et ça me fait peur.
Ça me fait peur d'embrasser le vide.

Mais maintenant que t'es pas là, c'est flagrant.
C'est flagrant à quel point t'as tout embaumé de ta présence.
Y'a de toi partout dans mon quotidien. Et pas seulement de l'éphémère.
Y'a tous ces projets qu'on a dessinés ensemble. Les chansons que l'on a écrites à deux. Les voyages que l'on s'est promis. En fait, tu penses à moi tout le temps. Tu m'as déjà incluse dans ta vie.
Mais j'étais incapable de voir.
Parce que c'est moi.

C'est moi qui suis fermée à ton amour.

Tu te rappelles quand je te disais que de toi ou moi, je ne savais pas à qui cette chanson s'adressait?
Je ne pensais pas avoir autant raison...

dimanche 24 mai 2015

Lonely, Lonely

Je le sais, maintenant, de toute façon.
Ils n'arrêtent pas de me le répéter après les ruptures.
Je suis une fille cool. C'était chouette avec moi.
Blablabla.
Ça, on pourra pas me l'enlever.

Et puis, c'est toujours utile pour encaisser les coups durs.
J'ai mis trois jours à me donner le courage de sortir les mots. Entre deux délires et chansonnades envolées, je lui ai finalement balancé "j'aimerais qu'on arrête".

Parce que j'ai envie, voire besoin qu'on me choisisse en amour.
Parce que je me sentais limitée, bridée par ces élans qui ne trouvaient la place de s'exprimer, extérioriser librement mes sentiments, et donner à la mesure de ce que j'avais à donner. Je voulais être entière. Je voulais avoir le champ libre de tomber amoureuse.

Il s'est excusé de me laisser en plan sur son terrain miné. Miné par les vieilles histoires, et la peur de faire souffrir à nouveau. Il se sentait un peu profiteur de tout ce que j'avais à lui offrir, sans échange équitable. Sans ouverture du coeur.

On a sourit. On s'est serré dans les bras. Puis on a continué nos rigolades et nos musiques.
Comme si cela n'avait pas changé ce qui circulait entre nous.

Je le sais, ça aussi.
C'est moi qui ai posé les mots, mais c'est lui qui me largue.
Et si je m'en vais, ce n'est pas parce que ce n'est pas bien, ou parce que c'est moins bien qu'avant.
Si je m'en vais, c'est parce que mon intérieur commence à nécroser, et qu'il peine à survivre.

Même si quand il chantait ce matin dans le salon, j'ai souhaité me réveiller tous les matins prochains de la même façon.

Or, lorsqu'il relance la conversation par texto :
- Moi j'aime vraiment ça être avec toi. Voilà.
- Moi aussi. D'ailleurs je me sens un peu con.
- Un peu coin comment? Pourquoi?
- Un peu coincoin.
- Hahahahaha t'es connnnn... Allez, con comment?
- J'me sens con quand t'es pas là.
- Moi aussi un peu. Faut qu'on se ressaisisse. :-)

Je me demande.
S'éloigner des gens les aide-t-il à saisir la valeur d'une présence?

J'aimerais bien qu'il me dise qu'il a envie de m'aimer.




mercredi 20 mai 2015

Où est-ce que tu t'en vas comme ça, dis moi?

J'écoute Michel.
J'ai l'impression que ça fait des années.
Que j'avais pas vingt ans. Ou à peine.

Ça fait bientôt dix ans que j'ai vingt ans.

Je prenais des trains rendre visite à des presque inconnus.
J'en récupérais quelques musiques.

Elles me font penser à toi.

Tu chantes pareil. Avec tes phrases minimalistes.
Ta voix feutrée, d'une réserve subtile.
Qui pénètre. On ne sait pas trop comment.

Je ne sais pas trop comment l'on s'est pénétrés.

Ça me fait penser à toi et à tout un pan de ma vie.
Une vie sur les rails. A quelle station descendre?

Je voyage.
Trop vite.

Et dans mon cœur.
Une ribambelle de racines.